Sur l'autel des amours nouvelles, les anciennes sont sacrifiées ;
Pour que vivent les années à venir, il délaissait tes plus belles.
Et voici que ton prénom si souvent prononcé s'est fait la belle
Pour d'autres courbes, ou encore de plus jolis pleins et déliés.

Ce ventre trop souvent revisité par ses douces mains habiles
N'attend donc plus ces jouissances qui viennent de le quitter.
Avec ses doigts éloignés par cet autre merveilleux bonheur subtil,
C'est aussi ta vie qui s'est détournée en petits souvenirs étriqués.

Ta poitrine gonflée ne l'est plus que par tes immenses larmes,
Sanglots inutiles que tu laisses, comme une musique, s'échapper.
Et il en sourit de tes peines, t'inondant de ses pires sarcasmes ;
Tes seins n'ont plus vraiment d'attraits pour de partir l'empêcher.

Dans tes cheveux défaits, la main qui ce soir s'y plonge en neige
Remonte une frange sur un front plissé, ridules d'amour creusées
Par des nuits blanches à l'aimer, ce délicat fantôme en habits grège
Parti pour toujours vers une autre, celle qui a bien su l'apprivoiser.

Alors tu restes sans dire un mot, sans faire un geste, attendant un retour,
Gardant un inutile et vain espoir, pareil à une bougie allumée qui brûle.
Et les moissons de l'amour qui finissent ne laissent pour tout atour
Que ces rivières coulant de tes yeux vers ton menton en perles minuscules.

C'est bien pour un ventre bien rond que toi tu n'auras jamais pu lui offrir
Qu'il délaisse tes trésors. Ceux que tu donnais sans vraiment compter,
Ployant ton corps sous son jonc ardent qui souvent savait si bien t'ouvrir :
Cette bête même qu'une intruse vient de cueillir, et surtout de t'arracher !

Le visage baigné de tes pleurs, tu vois s'éloigner rapidement, les poings serrés,
Ce grand morceau de toi qui riait, chantait, te rendait attirante et souriante.
Il te délaisse pour une autre île, un second port où il va rapidement s'amarrer,
Et c'est ton bateau à toi qui quitte le quai pour une vie désormais inquiétante.