Anarchie, mon amour, ne soit pas dépitée ;
Je t'aime encore, vois-tu, malgré le temps qui passe,
Malgré les calomnies des bourgeois dégueulasses :
Toi seule a su garder un goût de liberté.

Ils voudraient te faire taire et te tordre les bras,
Ils ont peur du drapeau noir flottant dans le vent ;
Mais pour toi mon amour, couteau entre les dents,
Je ressusciterai une makhnovtchtchina.

La vérité n'est pas la vertu des vainqueurs :
Ce sont leurs injustices qui fabriquèrent tes bombes
Et qui creusent encore ces innombrables tombes
Où reposent les corps de ceux qui n'ont plus peur.

La révolte est l'espoir de l'homme qui dit non
À un pouvoir qui veut pour toujours le soumettre ;
Mais tes partisans ont pour cri Ni dieu ni maître !
Quand leur démocratie pue la poudre à canon.

Anarchie, mon amour, le monde est un jardin
Et nous ferons pousser des fleurs sous le béton
Tandis qu'un peuple uni chantera ta chanson
De sa plus belle voix en se donnant la main :

Makhnovtchtchina, makhnovtchtchina,
Tes drapeaux sont noirs dans le vent ;
Ils sont noirs de notre peine,
Ils sont rouges de notre sang…