S'il me prenait l'envie d'écrire une poésie
dans laquelle je voudrais peindre le visage
de la bête immonde,
je ne la peindrais pas avec la mèche
et la moustache du Célèbre Gnome allemand,
ni avec le masque de commediante
d'un Duce d'opérette,
ni sous la casquette d'un petit père des peuples
ou d'une de ces quelconques charognes
pourrissant sous terre…

Je la décrirais inculte, et ignorante
de son passé,
de son histoire,
des besoins du peuple,
des réalités sociales,
des souffrances des petites gens…

Je la décrirais arrogante,
sûre d'elle-même,
méprisant le suffrage universel,
prompte à manier l'injure,
faisant appel à la censure,
s'arrogeant le droit
de dire ce qui est bien ou mal,
et partageant les richesses du pays
avec ceux qui la servent…

Je la décrirais augmentant les impôts des pauvres
au nom de la Justice Sociale,
persécutant les religions
au nom de la laïcité,
permettant des injections létales aux vieillards
devenus une charge pour l’État,
dépeçant les morts sans leur permission
pour utiliser à nouveau leurs organes,
préférant parler de la vie sexuelle de Proust
plutôt que de La recherche du temps perdu,
lisant les Cinquante nuances de Grey
plutôt que Le portrait de Dorian,
incitant nos petits garçons à jouer
à la poupée
et à porter des robes,
et nos petites filles à jouer aux camionneurs,
se préparant à interdire le vin
après avoir interdit le tabac…

Et on me répondrait que j'exagère, bien sûr…
Que personne, jamais, n'oserait aller jusque là.
On se demanderait si c'est bien du café
qui sort de ma cafetière…
Et on aurait raison… bien sûr.