Dans la luminosité éclatante du jour,
Tu es là depuis longtemps : un jour,
Peut-être un mois, une année, un siècle
À attendre en silence que l'impossible
Finisse, même une seconde, par arriver.

En attendant, tu restes là à te consumer,
Petite bougie que nul ne remarque,
Condamnée à éclairer sans marque.
Malgré cette flamme qui scintille,
Très jolie, mais ô combien inutile.

Les larmes de cire roulent sur ton corps
Pour s'étaler en corolle dans la vasque d'or,
Ce qui exacerbe cet horrible sentiment
De voir s'écouler inexorablement le temps.
Afin d'accentuer encore l'inanité de tes efforts,

On te laisse seule, sans le moindre réconfort.
Tu continues ainsi à brûler très lentement
En te disant que tu auras brillé vainement,
Mais gardant, en secret, cet infime espoir
Que l'on découvre enfin ce joli bougeoir.

Parviendras-tu à rester longtemps allumée
Jusqu'à la lointaine venue de l'obscurité
Pour que l'on puisse enfin te remarquer
Et s'extasier sur ta beauté et ton utilité ?