Il est au milieu d'une des innombrables allées du magasin,
L'air accablé, le regard vide
Comme un zombie, un mort-vivant,
Et il porte au bout de chacune de ses mains
Les sacs emplis de fringues
Que sa femme est en train de choisir…

Je regarde à côté, devant, derrière,
Et c'est toujours le même spectacle qui s'offre à moi :
Des types sans expression
Avec des rêves de bières bien fraîches,
De cul posés sur le canapé du salon,
D'yeux fermés et d'esprit ouvert sur le…
LAISSEZ-MOI PASSER MA JOURNÉE À RIEN FOUTRE,
S'IL VOUS PLAÎT !

Il y a même quelques martyrs
À qui leur femme demande ce qu'ils pensent
De telle ou telle robe.
S'ils répondent POSITIVEMENT,
Voilà qu'on les accuse de dire ça pour finir les achats au plus vite ;
S'ils répondent NÉGATIVEMENT,
Voilà qu'on les accuse de vouloir foutre l'après-midi en l'air.

Tous vaincus,
Définitivement,
Pour toujours…
Et j'aimerais ricaner en les regardant,
Obligés de perdre leur temps dans ce putain de magasin
Sous peine, en cas de refus, que leur nana
Décide de mettre sa chatte en grève
Et de les laisser s'endormir le soir
Avec la queue derrière l'oreille.

Je voudrais leur crier :
UN VRAI MEC NE SUIT PAS
SA FEMME COMME UN TOUTOU
EN PORTANT DES SACS DE FRINGUES
À BOUT DE BRAS !

Mais alors, ils me demanderaient
Pourquoi je marche à quatre pattes
Au bout d'une laisse
Avec un bâillon-boule en guise de muselière
Et un string de cuir noir
Cachant ma cage de chasteté.

Et j'aurais envie de les mordre !