Enfin, j'ai réussi à t'attraper ;
Et maintenant, puisque je l'ai décidé,
Je vais te placer cette petite cage
Car je te veux pour moi, sans partage.

Te voilà désormais privé de liberté ;
Reconnais que tu l'as bien mérité :
Par ta faute, il me fallait vite agir
Puisque tu ne peux te contenir.

Ce n'est pas moi qui, chaque jour,
Sautait de fleur en fleur, sans détour,
En s'abreuvant dans chaque calice
De ces rosées avec tant de délice.

Je ne veux pas d'un ami volage
Qui vivrait dans son petit nuage.
C'est pour ton bien que je t'encage ;
Remercie-moi d'avoir ce courage !

Cesse donc de geindre sur ton sort ;
Tu n'es pas à plaindre, fais un effort !
Porter cela n'est pas une torture :
J'aurais pu être beaucoup plus dure.

Imprègne au fond de ton esprit
Que d'aller courir chaque nuit
Est devenu impossible et sans intérêt,
Car de ton inutile objet on se moquerait.

J'espère que tu as bien compris
Que la seule image de tes folles envies
Devra être uniquement le nectar de ma rose,
Car moi seule peut te libérer de cette chose.