cauchemars

Oui, nous entrons désormais dans la nuit du monde.
Prenez garde, mes frères, voici la bête immonde.
LA bête immonde ? Aveugles, aveugles que vous êtes,
Elles sont légion à s'être invitées à la fête…

La dictature d'abord, les places financières.
Le monde de l'argent a déclaré la guerre
À ceux qui n'en n'ont pas, à ceux qui n'ont plus rien
Et qu'il envoie mourir sur le bord des chemins.

Le choix qu'il nous impose : mourir, ou se soumettre.
Ne vouloir que survivre, pour tout dire ne plus être
Qu'un de ces numéros gérés par des machines,
Acceptant l'esclavage et de courber l'échine.

Oui, nous entrons désormais dans la nuit du monde.
Prenez garde, mes frères, voici la bête immonde.
LA bête immonde ? Regardez mieux : elle n'est pas seule,
Et se repaît des hommes qu'elle broie dans sa gueule…

La liberté se meurt sous des lois délétères
Prises par des États qu'on veut autoritaires,
Qui, prétextant de vouloir mieux nous protéger,
N'ont d'autres volontés que de nous enchaîner.

Un fascisme rampant a recouvert l'Europe
Qui transforme le citoyen en misanthrope ;
Patriotisme aveugle sorti des enfers
Qui amène le sage à cracher sur son frère.

Oui, nous entrons désormais dans la nuit du monde.
Prenez garde, mes frères, voici la bête immonde.
La bête immonde ? Aveugles êtes-vous, mes amis :
Les loups ne sont plus seuls à entrer dans Paris.

Voici les fous de Dieu… Musulmans intégristes
En guerre contre tous ceux portant la croix du Christ.
Dans les deux camps, on voit comment l'ostentation
Se marie toujours mal avec la compassion.

Car le Dieu unique est toujours totalitaire :
L'amour dans une main, et dans l'autre les fers
Qui enchaînent les âmes… Le Paradis perdu,
Pour ceux qui le refusent ou bien qui n'y croient plus.

Oui, nous entrons désormais dans la nuit du monde.
Prenez garde, mes frères, voici la bête immonde.
La bête immonde… N'ayez pas peur : elle est mortelle.
Les muses sont toujours du côté des rebelles !

Poètes, écrivains, philosophes, faiseurs de rimes,
L'ignorer, sachez-le, ne sera pas un crime.
Nos pensées sont des ailes et nos mots sont des armes ;
Notre amour a la force de sécher les larmes.

Vivre en marge est le lot béni des libertaires ;
Et si demain nous ne trouvons plus sur la Terre
Un lieu pour s'abriter de leurs lois inutiles,
Nous trouverons un ciel… nous trouverons une île…

Oui, nous entrons désormais dans la nuit du monde.
Ne tremblez pas, mes frères, parce que la bête immonde
Se nourrit de vos peurs. Nous savons qu'au matin
Les cauchemars s'en vont, et qu'il n'en reste rien.