L'ours ne peut admettre sa blessure ;
Il renie, véhément, cette meurtrissure
Et préfère s'enfermer dans sa caverne
Pour rester là, hagard, le regard terne.

Malgré tout, il reste très attentif aux bruits,
Les sens en éveil, aux sons de la galerie.
Il voudrait croiser l'Amitié – ce serait fortuit –
Mais redoute aussi qu'on puisse le voir ainsi.

Il a pourtant besoin d'un tel réconfort
Mais n'en fera pas le moindre effort,
Cloîtré dans sa bouderie mélancolique,
Se forçant même à être antipathique.

Avec le temps la douleur s'est atténuée ;
Enfin il se décide à se détendre, à bouger.
Regardant la vie inondée de soleil au dehors,
Il sourit, car il aperçoit l'Amitié dans son décor.