Si tu avais su qu'un bandit
Comme moi te rendrait hommage,
Sûrement que t'aurais rien écrit
Ou t'aurais déchiré tes pages ;
Mais l'hommage, tu l'auras quand même :
J't'ai bien niqué, mon vieux Papy !
En plus, je vais dire que je t'aime ;
Tu boiras tout jusqu'à la lie.

Quand j'ai lu ton premier bouquin,
J'ai kiffé ta gueule de poivrot.
Tu racontais les bons à rien
Qui se bagarrent dans les bistrots
Mais il y avait de la tendresse
Bien planquée derrière tes mots crus
Et de l'amour pour la faiblesse
De ce monde peuplé de vaincus.

J'ai pas vraiment compris pourquoi
On t'appelait vieux dégueulasse ;
Ces femmes dont tu parlais parfois,
Qui aimaient jouer les pouffiasses,
C'est sûr qu'elles méritaient pas mieux
Que tes écrits provocateurs
Et cet humour un peu vicieux
Où tu laissais parler ton cœur.

T'as enterré tous les poètes,
Tous ces trous du cul prétentieux
Qui écrivent et qui se la pètent
Passant la main dans leurs cheveux,
Tous ces bouffons prenant la pose
Et qui se prennent pour l'élite
Avec leurs mots sucrés et roses
Méprisant le cul et la bite.

Tu savais, comme tous les sages,
Que le travail est une horreur,
Le salariat un esclavage
Et qu'on avait droit au bonheur.
Tu le trouvais dans la picole
Et dans les femmes, et dans l'amour ;
T'aurais dû ouvrir une école
De philosophie et d'humour.

Je vais bientôt atteindre l'âge
Auquel t'es devenu un roi
En éclusant sur ton nuage.
S'il te plaît, Papy, pense à moi :
Je voudrais juste une michetonne
Avec une jolie paire de fesses ;
Pas grave si elle est un peu conne
Pourvu qu'elle baise comme une princesse.

Saint Bukowski, priez pour moi.
Fais de moi un grand écrivain
Riche et célèbre, et donne-moi
Des putes et des bouteilles de vin ;
Donne-moi le mépris des cons
Et l'amour de tous les cinglés.
J'ai ton portrait dans mon salon ;
Je lève mon verre à ta santé !