Si doux et si cruel, le reflux
De mon cœur lourd dans mon corps nu :
À peine un frisson dans mes seins tendus
Une larme sur mon visage joufflu.
Vivre pour survivre devient un crève-cœur
Le supplice qu'est le doute durant des heures.
Je tords mon âme pour en extraire la suée,
Ce suc infâme que l'amertume a bistrée ;
J'y lirai quel martyre je devrai crucifier
Où et quand serai-je contrainte de l'exécuter.
Qu'on en finisse !
Qu'on en finisse !
Arrachez-moi le cœur, et alors, les yeux fermés,
J'ignorerai ce qu'est la terreur d'aimer.
Arrachez-moi le cœur et je me tairai
À l'écoute du silence à l'intérieur,
Et la douleur sera dissoute, et mes peurs,
Et mes peurs
S'évanouiront dans la noirceur sans fin du vide
De mon corps lourd jusqu'au cœur nu.
Si fluide et si amer, le reflux :
À peine un sursaut courant sur ma peau,
Une peine profonde qui s'éteint enfin.