Février mil neuf cent soixante-huit,
Fin d'après-midi, il fait déjà nuit.
Il émerge au son d'une lointaine musique.
Que s'était il passé ? Était il amnésique ?

Dans son brouillard, il entendait parler,
Comprenant qu'il ne devait pas bouger.
Peu à peu, il revenait à la réalité,
Voulant comprendre ce qui s'était passé.

Il pensait avoir fait un rêve assez dur,
Se revoyant sans cesse s'écraser contre ce mur.
C'était bien là son seul et unique passé,
Sa mémoire semblait bien effacée.

Depuis combien de temps était il dans ce lit ?
Qui avait bien pu le conduire jusque ici ?
Il n'y avait plus personne pour lui répondre,
Il ne pouvait que rester là à se morfondre.

Ses poignets et ses mains étaient bandés,
Le bras avec la perfusion immobilisés.
Il n'était pas capable de se mouvoir,
Et aurait bien aimé pouvoir se voir.

Sans faire de bruit, une personne entra
Qui semblait venir s'assurer de son état.
Avec la gorge serrée, il essaya de lui dire
Qu'il voudrait s'en aller, qu'on le laisse partir.

En souriant, elle lui dit : « Pour aller où ?
Vous tenez à peine debout, reposez vous !
On vous garde quelques jours en observation,
Et vous avez aussi de nombreuses contusions. »

On le fit manger, on le lava comme un bébé.
Cette dépendance le gênait, il voudrait décider.
Les examens se poursuivaient régulièrement,
Petit à petit, on retira fils et pansements.

Peu à peu le passé revint en mémoire,
Mais il resterait toujours un grand trou noir,
Avec ces quelques cicatrices tenaces,
Que même le temps jamais n'efface.

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