Après nous, le néant.
Morts, les flamants.
Rose dégoulinant
Dans le confortable cyan,
La peinture est le sang
Du portrait de l'amant
Qui s'efface lentement.
L'heure du verdict sonnant,
Les murs rapetissant,
Et tombe le jugement :
Tout doit devenir blanc,
Immaculé, jusqu'à transparent,
Gommé par l'amie d'antan,
Invisible et inexistant,
Coincé dans l'espace-temps,
Le chagrin envahissant,
Les machines accueillant,
Écrasant et broyant
Les beaux jours du vivant,
Les espoirs élevants
De l'apprenti s'envolant
Vers le ciel époustouflant,
De l'immense évènement.
Le cerveau implosant
Par les mots du tyran
En échos aveuglants,
Brise en moi le brillant
De l'aliéné diamant.
Coupé dans mon élan
Et déporté par son vent,
Son cruel harmattan,
Mes ailes s'enflammant
Sous la lune et son noir penchant,
Disparaît la magie de l'instant,
Brise l'horloge et le cadran,
Et interrompt le palpitant.
Le temps se noyant
Dans les rivières de carcan,
L'infini torrent
Sous les ponts brûlants
Coulant et dérivant
Vers l'immense océan
Dans les griffes du Lévia-temps.
Retrouver mon âme d'enfant
Et devenir le commandant,
En nouveau Peter Pan,
De Syd, David et Roger, du clan,
Les musiciens artistes-capitans,
Pour jouer le requiem lent
Au pied du vieux volcan.
Ma fin approchant,
Le joueur de pipeau m'invitant
Au seuil de l'ultime levant,
Et de son air entraînant,
Vers les étoiles d'argent,
Au-delà de tout moment,
Ni passé, ni futur, ni présent,
Rien, ici tout est absent,
Rongé par les vers luisants
Après le solitaire enterrement.
J'étais l'humain indigent,
Pitoyable marchant,
Zombiesque existant…
Il aura fallut 39 ans
Pour devenir flamant.
Mais, morts, les flamants,
Rose ange maintenant,
Dans l'après-nous, le néant.