L’horoscope. Vous y croyez ? Jusque-là, je pensais que c’était un truc pour les gogos ! J’écoutais toujours quand même d’une oreille distraite, une Haas ou autre madame Soleil ; enfin, sur RTL, il n’en manque pas pour raconter ce que prétendent les astres. Mais il y a eu ce matin-là ; et coïncidence ou justesse de vue, je n’arrive toujours pas à me décider.

Je finis mon raccord de rouge dans ma voiture, coincée comme d’habitude à un feu rouge. J’ai beau me lever plus tôt, j’arrive toujours à la bourre à mon bureau. Michel, qui fait vingt kilomètres de plus que moi, a moins de difficultés pour se rendre au sien. Je suis un peu fébrile ; il faut dire aussi que le petit câlin matinal qui nous a rapprochés a été un peu trop musclé. J’en avais envie, lui aussi, alors de temps en temps quelque chose d’un peu plus… sport, n’est pas pour nous contrarier, ni nous déplaire. Ce qui explique en partie – mais seulement en partie – mon retard. Et les feux rouges qui ne m’aident pas, en plus ! La musique vient de s’arrêter et la voix féminine égrène sa litanie de bêtises. Mais comme sans doute des millions de Français, quand c’est mon signe astral, j’écoute ; enfin, j’ouvre plus grand mes oreilles.

Je suis née le dix-huit novembre d’une autre année, il y a déjà quelque temps. C’est l’heure du Scorpion, et la voix de Christine qui débite sans interruption ses prédictions m’annonce une journée calamiteuse si j’en juge par ses propos. Elle me prédit des problèmes pour la journée, mais elle dit aussi que les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques !

Je reprends ma route, le feu vert libérant la circulation vers mon lieu de travail. Il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, mon petit mari, ce matin ! Nous nous sommes réveillés avec un appétit féroce de sexe. Mais pas du sexe feutré comme parfois nous le pratiquons au réveil, non : nous avons eu une bouffée d’adrénaline, et je ne rechigne jamais à une petite fessée. La levrette qu’il a pratiquée sur moi tout en me claquant les fesses me les a laissées quelque peu endolories. Mais quel pied, mes amis, quel bonheur ! Cet intermède nous a pris quand même une bonne heure, pendant laquelle nous avons joui intensément tous les deux. Le feu m’est, pour partie, resté sur le cul. Je me dis que ça passera.

Enfin le but de mon trajet est atteint ; la place de parking arborant mon numéro minéralogique n’attend que ma voiture. Un salut à toutes les filles que je croise et me voici dans le lieu qui me prend le plus de temps au monde après ma maison. Un rendez-vous à neuf heures, pour voir une cliente qui veut refaire un intérieur. Puis un autre à dix heures trente, celui-là, pour vérifier l’avancée des travaux chez une abonnée, et enfin un déjeuner d’affaires avec Dominique, une amie de mon associée ; toujours pour un travail à prévoir pour l’automne. Nos carnets de commandes sont bien remplis, et c’est parfait. Je réponds aux quelques messages qui sont en instance dans ma boîte mail, satisfaite que nos affaires aillent aussi bien.

Je suis avec ma première cliente et je griffonne à main levée quelques croquis de ce qu’elle désire pour son intérieur ; elle a apporté les plans de sa maison. Je lui promets de mettre tout cela au propre et nous nous fixons une prochaine rencontre pour laquelle je lui soumettrai des projets concrets. Ensuite, je file voir à l’autre bout de la ville pour me rendre compte de visu où en sont nos poseurs. Tout se déroule dans le meilleur des mondes ; pas vraiment les problèmes en cascade prévus par notre astrologue. Sur le chemin du retour, cependant, un premier couac : je sens le volant de la voiture qui réagit bizarrement. Je stoppe le véhicule et là, une roue avant à plat. Me voilà bien, tiens ! Si je sais où se trouve la roue de secours dans le coffre, je n’ai pas la moindre idée de la place du cric. Il me faut l’aide d’un brave passant ; c’est lui qui change ma roue, mais j’ai perdu plus d’une demi-heure. Et c’est toute énervée que j’arrive au restaurant pour rencontrer l’amie de ma collègue.

À l’entrée je m’annonce, et la serveuse me dirige vers une table déjà occupée. Mais par un homme ! Je me dis qu’elle doit se tromper et je réalise soudain que Dominique, comme Claude, sont des prénoms aussi bien féminins que masculins. Danièle ne m’a jamais dit non plus que son amie est un ami. Tant pis, je ferai avec ce léger détail. L’homme qui me regarde prendre place est d’une taille moyenne ; il a des cheveux relativement courts et ses tempes sont argentées. Je lui donnerais entre quarante et cinquante ans, mais ce n’est qu’une estimation.

— Bonjour, je suis Dominique, un ami de Danièle. J’aurais voulu qu’elle s’occupe de ma maison, mais apparemment c’est vous la spécialiste « terrain » et elle ne veut pas marcher sur vos plates-bandes.
— Enchantée ; Claude. Effectivement, je gère tout ce qui est plans et travaux ; Danièle est plus chargée de la partie organisation et finances de notre petite maison. Elle avait omis de me dire que vous étiez un homme : je m’attendais à une cliente.
— Vous êtes contrariée ? Que je ne sois pas une femme vous embête vraiment ?
— Non, pas vraiment, c’est juste la surprise.
— Moi, je suis ravi de déjeuner en si bonne compagnie.

Le type en face de moi a un beau sourire. Il est direct, mais je suis sur mes gardes. Depuis vingt-cinq ans que Michel et moi sommes ensemble, notre mariage fonctionne parfaitement. Je sens comme un malaise diffus, quelque chose qui me dit « attention ! » ; un sixième sens qui vient d’ouvrir une porte dans mon crâne. Il m’explique en quelques mots que ce n’est qu’un premier contact, qu’il veut redécorer toute sa maison et qu’il a de ce fait besoin de notre cabinet d’architecture d’intérieur. Aucun problème là-dedans. Il me dit n’avoir qu’une vague idée de ce qu’il désire exactement, et qu’il nous laissera toute latitude pour faire au mieux. Qu’il a confiance et que nous pourrons y mettre autant d’argent que nécessaire. J’adore ce genre de client !

Nous déjeunons tranquillement, mais je sens bien que ses regards ne me quittent guère. J’ai la curieuse impression que parfois un pied se glisse sous mon siège, et celle-ci est vite confirmée par la rencontre de mon escarpin avec une chaussure. Je retire ma jambe, évitant ainsi un autre contact.
J’ai toujours dans la tête cette petite phrase de ce matin, prédictions matinales : « Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! »

Pourquoi ces quelques mots me tournent-ils dans le crâne tout au long du repas ? Les regards de cet homme sont insistants, presque gênants. Mais comment lui faire comprendre que je ne veux rien d’autre que son travail ? S’imagine-t-il que je suis là pour un rencard amoureux ? Sa voix est pourtant agréable, son sourire aussi. Alors que nous en sommes au dessert, il pose sans fioriture sa main sur la mienne, ne me quitte absolument plus des yeux et jette tout de go :

— Si vous avez un mari, ce que semble prouver cette alliance que je vois à votre doigt, il a bien de la chance ! Vous n’avez pas envie d’aventure ? De quelque escapade extraconjugale ? Vous êtes belle, et vous le savez ; je lis dans vos yeux que vous êtes faites pour l’amour et le sexe : ce doit être un plaisir d’entrer en vous… Allons, ne faites pas cette mine déconfite ; je sais, je sens que vous aimez cela.

« Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! » a dit l’horoscope.

Eh bien, il est tout trouvé. En plus, il ne manque pas d’aplomb ! Je ne sais pas quoi répondre à cela. Je n’ai qu’une hâte, celle de prendre le café que nous avons commandé et de filer le plus loin possible de cet emmerdeur. Mais c’est qu’il insiste, le bougre.

— J’aime vos mains, et je les imagine sur moi ; vous devez savoir en faire des choses avec elles… Et cette bouche, hum ! Vous vous en servez souvent pour faire du bien à votre compagnon ? Eh bien, répondez ; vous avez une langue, non ?
— Ça ne vous regarde pas. Du reste, je préférerais que nos rapports se résument à un plan strictement professionnel ; est-ce possible ? Vous voulez que je repasse votre dossier à Danièle ? Peut-être avez plus l’habitude de traiter de ce genre de sujet avec elle ?
— Non, c’est bien à vous que je veux avoir à faire ; mais si vous voulez lui en parler, elle est au courant de mes petites… disons… manies. Elle s’y plie parfois. Mais cela peut n’être qu’un jeu, ou un art de vivre ; j’aime assez quand il faut débroussailler, défricher le terrain : ce n’en est que meilleur pour tous !

« Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! » Phrase maudite qui revient encore…

Je suis tombée sur un cas. Il se croit irrésistible, ce type-là ! Et il en remet une couche avant même que mon café ne soit totalement englouti, trop chaud. Servi bien trop chaud. Il me faut bien une excuse pour me tirer vite fait d’ici, mais je n’en trouve aucune. Il me regarde toujours, et ses yeux sombres me donnent des crampes d’estomac.

— Tenez, voici ma carte, je vous la laisse ; vous y trouverez mon adresse et mon téléphone. Appelez-moi et venez voir ces travaux à réaliser dans la maison. Je vous invite à venir avec votre mari ou compagnon s’il en exprime le désir ; je suppose que ce déjeuner lui sera intégralement rapporté ? En attendant, ce tête-à-tête a été un véritable plaisir pour moi.
— Merci pour la carte, mais je pense la donner à Danièle ; elle peut aussi gérer votre chantier.
— Mais moi, c’est vous que je veux ! Vous voyez, j’ai compris le potentiel existant en vous, et c’est seulement vous que je veux. Pour tout !

Je ne sais plus quoi répondre. Il se trompe s’il pense qu’il aura autre chose que mon travail. Ses paroles sont, bien entendu, ambiguës et elles me ramènent à cette Haas qui me martèle sa phrase dans la tête : « Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! »

Connerie que cela ! Balivernes ! Et pourtant, elle colle à ce moment si précis du repas où l’autre, face à moi, me considère comme sa chose. Pourquoi pense-t-il un seul instant que je vais ennuyer Michel avec cette histoire abracadabrante ? Voilà que je m’énerve toute seule maintenant.
Le repas est terminé ; je règle la partie qui m’incombe, refusant tout net qu’il le fasse pour moi.

— Vous savez c’est juste un peu d’argent ; j’attends tellement de vous… On vous a déjà dit que vous êtes faite pour l’amour ?

Il revient sur le sujet. Ça commence à me prendre la tête, cette conversation qui lui paraît naturelle à lui, et pourtant déplaisante pour moi. Qu’est-ce qu’il cherche à la fin ? Je prends mon sac, range mon portefeuille et ma carte bancaire puis, sans le saluer, je file vers ma voiture mais il me rattrape sur le parking du restaurant.

— Attendez ! Ne fuyez pas ainsi ! De toute façon, vous ne pouvez plus m’échapper. Je ferai de vous une belle esclave, une jolie chienne, une salope. Je vous ferai vous rouler dans le stupre ; vous m’obéirez, vous me mangerez dans la main ! C’est sûr que ce jour viendra ; vous, les petites putes de votre genre, vous y venez toujours à un moment ou à un autre : il me suffit d’être patient. Mais commençons par mes travaux, et ensuite nous aviserons.
— Rêvez autant que vous voulez, mais les poules auront des dents le jour où je vous serai obéissante et servile. Vous êtes un mythomane, ma parole ! Votre travail, vous pouvez bien vous le mettre où je pense : je n’attends pas après vous pour vivre. Allez-vous faire foutre, vous et vos paroles de cinglé !
— Nous en reparlerons, et ces paroles-là, un jour, vous rentreront dans la gorge. Tu peux relever la tête : tu es une esclave-née, tu es une salope de première catégorie ! Je suis certain qu’un jour ou l’autre tu ramperas devant moi. Tu prendras du plaisir à être humiliée, à être fouettée, à être promenée en laisse, et tu en redemanderas toute seule. À bientôt ma jolie !
— Qui vous permet de me tutoyer ? Qui vous autorise à me traiter ainsi de tous les noms d’oiseaux qui vous viennent à l’esprit ? Il faut vous faire soigner, pauvre type ! Et si vous saviez comme je vous emmerde…
— À très bientôt, la gazelle ; à très bientôt, mais l’addition sera pour toi ! Promis que nous prendrons du plaisir à jouer sur tes côtes une musique que seul le cuir sait rendre gracieuse et élégante…


Je suis dans ma voiture et j’enrage d’avoir été ainsi traitée en objet par ce mec qui sort de je ne sais où. Au bureau, je fonce voir mon associée Danièle.

— Dan, c’est quoi ce type que tu m’as demandé de voir ? Il est complètement fou, ma parole ! Il m’a traitée comme la dernière des putes ! Tu crois que je vais bosser pour un cinglé pareil ? Mon Dieu, qu’il est odieux…
— Ah bon ? Il est pourtant d’un naturel agréable. Calme-toi et explique-moi un peu ce qui s’est passé au restaurant.

C’est vrai que je bous de colère, alors je tente de reprendre mon calme et je lui résume en deux ou trois mots l’entrevue avec son pote. Elle est attentive, et je vois que par instants un petit sourire naît au coin de ses lèvres. J’en suis surprise, mais je ne pose pas de questions ; je devrais, sans doute, mais je ne veux pas d’une nouvelle altercation, surtout avec Danièle.

— C’est ma faute : je t’ai présentée comme une amie, et comme lui et moi aimons certaines choses, il a dû penser que tu les aimais également.
— Tu aimes certaines choses ? Quelles choses ? Que peux-tu bien avoir en commun avec cet individu ? Je ne comprends pas tout, il faut que tu m’expliques !
— Disons que lui et moi nous adonnons parfois à de petites séances d’un genre très spécial… Tu ne veux quand même pas que je te fasse un dessin ?
— Attends, tu veux me faire comprendre que tu te laisses baiser, voire dominer par ce type ? Qu’il te donne des coups de fouet ou de je ne sais quoi ? Enfin, ce n’est pas possible ! Je n’ai jamais rien deviné, jamais rien senti, ni vu.
— Parce que tu penses que je l’affiche partout que c’est un bourreau ? Ce n’est qu’un jeu. Nous aimons cela, et j’y prends un pied magistral ; je t’assure que c’est somptueux : j’ai des orgasmes énormes avec ces petites manies que nous avons. Oui, j’adore être soumise, qu’il me mette sur une croix… tu connais la croix ? Je te conseille d’essayer un jour avec Michel. Les sensations que l’on a sont mille fois supérieures à celles que je ressens quand je fais l’amour de manière plus classique. Puis, bon ! Je vais le rappeler, je vais lui dire que tu n’es pas avertie de ce que nous faisons et qu’il cesse de t’importuner. Ses travaux, ce sont des centaines de milliers d’euros, quelque chose de colossal pour notre petite boîte ! Un avenir assuré pour trois années au moins. Du travail pour nos salariés pour la même période, et je t’assure que nous aurions tort de cracher dessus.
— D’accord, mais il ne me traite plus jamais comme il l’a fait. Je t’assure que je lui aurais bien donné une gifle !
— Il te l’aurait rendue immédiatement, et en y prenant un certain plaisir… Et si un jour tu étais tentée, tu peux toujours le voir en cachette ; il t’apprendra bien des trucs que tu ne connais sans doute pas.

Je sors de son bureau, un peu calmée. Le reste de l’après-midi se déroule dans mon bureau ; de coup de fil en coup de fil, l’heure de rentrer arrive. Les derniers lacets de la route m’offrent le spectacle d’un lac de Gérardmer ensoleillé. Je me dis que je vais finir par calmer mes nerfs en piquant une tête dans l’eau fraîche et que le soleil sera le bienvenu sur ma peau.

Tu es déjà rentré, et ton baiser sur la bouche achève de me remettre d’aplomb.

— Bonne journée, ma chérie ?
— Non, pas vraiment. Je te raconterai cela, mais pour le moment je veux me baigner. Tu viens avec moi dans l’eau ?
— Oui. Allons passer un maillot de bain.
— Non, je veux y aller nue ; tu en es toi aussi ?
— Ben, c’est comme tu veux ; tes désirs sont des ordres.
— Ne parle pas d’ordres, veux-tu ! Sois gentil, oublions les ordres et autres bêtises.
— Houlà ! Ça a dû être difficile pour que tu parles comme ça… Tu me le diras, pour que j’en profite un peu également. Ce n’est pas trop grave, du moins je l’espère ?

L’eau du lac est très fraîche ; c’est vrai qu’elle ne dépasse jamais les dix-huit/vingt degrés en plein été. Nous nageons pendant une bonne heure et puis je m’étends, lézarde au soleil. Les yeux clos, je revis la journée, mais surtout le déjeuner et la petite phrase qui me revient encore, leitmotiv dont je ne peux me défaire : « Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! »

Tu es venu poser ta serviette près de mon drap de bain. La brise légère n’atténue pas la chaleur des rayons de soleil. Il est encore bien haut dans le ciel azur de nos Vosges profondes. Bien sûr, ta main entoure ma taille et je me sens si bien. Je me laisse bercer par ces caresses tendres que tu débutes avec un but bien précis : je sais que tu as envie de moi, que tu te consacres depuis quelques instants à me donner le même désir. Je ne suis pas hostile à une petite partie de jambes en l’air. Dans la douceur du jour qui va bientôt décliner, je te laisse passer tes mains là où tu veux. Elles ont vite trouvé refuge plus bas que ma ceinture, laquelle, sans maillot de bain, reste mouillée par l’eau fraîche du lac. Ce n’est pas vraiment fait pour me sécher.

Je roule des hanches alors que tu te contorsionnes pour me caresser au plus profond de cet entrecuisse qui t’attire. Puis sans vraiment que je m’en rende bien compte, tu te retrouves tête-bêche. Ta bouche s’offre un nouveau baiser, bien plus intime celui-là ! Te voilà rassuré sur mon envie quand ton sexe rigide est avalé par ma bouche gourmande. Nos préliminaires durent une éternité, et c’est ensuite positionnée sur le côté et toi derrière moi que tu m’enfiles lentement. C’est bon, c’est doux… L’intromission bien préparée est un régal pour nos sens en éveil. Tu investis la place de belle manière. Comme d’habitude, il nous faut encore de longues allées et venues, de tendres caresses pour parvenir au point culminant de ce rapport qui nous laisse tous les deux pantelants, les corps assouvis.

L’heure du repas du soir arrive rapidement maintenant, et pendant tout le déroulement de ce moment de calme je te narre par le détail les événements de ce midi. Tu écoutes sans rien me dire, absorbé dans tes pensées ; tu ne sembles pas vraiment dérouté par mon odyssée. Tu me jettes parfois un coup d’œil, me fais revenir sur un point qui t’intrigue, redemandes d’autres explications sur les mots employés. Tu es aussi intrigué par le rôle que joue parfois Danièle avec cet homme. Je dois te redire plusieurs fois ce qu’elle m’a raconté. Finalement, j’attendais un soutien de toi, quelque chose de différent, mais tu n’as pas l’air si choqué que cela par ce qui m’est arrivé.

— Claude, tu vois le mal partout. Il n’avait sans doute envie que de ce fameux jeu qui plaît tant à ta copine, et je dois t’avouer que ce genre de réjouissance m’a souvent attiré. Je n’ai jamais osé aller plus loin qu’une fessée, mais c’est l’occasion qui fait le larron ; j’ai toujours pensé qu’un jour nous aborderions franchement ce pan de moi qui reste dans l’obscurité. Je ne sais pas si j’y prendrais du plaisir, mais le sait-on jamais avant d’avoir essayé ?
— Enfin, Michel… Tu m’imagines attachée, à la merci de je ne sais qui ? Tu me vois vraiment, tripotée par d’autres mains que les tiennes ? Tu penses un seul instant ce que tu dis ?
— Pour être totalement franc, oui. Je l’imagine, et je pense que toi et moi en retirerions sans doute un certain plaisir.
— Comment peux-tu me dire que tu m’aimes et imaginer qu’un autre pourrait se servir de mon corps, alors même que je ne pourrais refuser puisque je serais attachée ?
— Si cela reste un jeu, oui, je peux t’y voir, te rêver, belle prisonnière à notre merci. Je crois que cette conversation me fait déjà bander ; tiens, regarde ! Vois comme je suis raide ! Oui, je crois que cette vision des choses me plaît bien.
— Et moi ? Je n’ai pas mon mot à dire ? Vous êtes tous les mêmes : des salauds qui ne pensez qu’à votre propre plaisir !
— Je ne suis pas d’accord. Je sais, je sens que cette situation te plairait aussi ; c’est juste une histoire d’oser, de franchir le pas. La limite est juste dans ton esprit, mais je suis pratiquement sûr que tu aimerais ce genre de petit jeu. Tu ne veux pas vraiment essayer ? Cet homme-là n’est que l’instrument du destin. Après tout, il s’agit d’une seule soirée, juste d’un essai ; tu pourrais toujours demander que l’on arrête si tu trouvais que tu es trop mal à l’aise.

Je ne réponds rien à tes arguments. Je constate que c’est vrai : ta queue déforme le short de toile que tu as passé pour le dîner, et c’est curieux, mais ta version me fait un drôle d’effet. Je me sens légèrement humide. Une petite envie de faire l’amour est revenue, émergeant doucement dans mon ventre. Quand tu reviens vers moi pour m’embrasser sur la bouche, je ne rechigne pas du tout à ce baiser d’une tendresse incomparable. L’idée est dans mon crâne, elle tourne dans tous les sens. Je me demande quel effet cela peut faire de sentir d’autres doigts, une autre bouche qui me caresseraient, surtout devant toi. Durant tout le film que nous visionnons, tu ne cesses pas de te frotter à moi comme un chat, et le ronron finit, bien entendu, par une étreinte durant laquelle je jouis bien plus fortement que de coutume.


J’ai – et tu as sûrement – des images de croix, de martinet qui vont et viennent dans nos deux caboches. Ce matin, à mon bureau, je tourne plusieurs fois la carte de visite dans ma main. Je ne vais quand même pas appeler ce mec : ce serait abdiquer devant lui, et il serait trop heureux. D’un autre côté, les arguments que tu m’as présentés hier soir me donnent une espèce d’envie de te donner un peu de ce plaisir que tu voudrais. Je me dis que le mieux serait que ce soit toi qui contactes ce gars et que vous conveniez d’une rencontre. Je veux finalement bien tenter le coup pour une soirée, juste pour toi, mon amour. Alors nous en reparlerons à la maison ce soir.

Dix-huit heures ; tu es rentré avant moi encore aujourd’hui. Je te retrouve dans le jardin, tu tailles les rosiers. La chaleur est toujours aussi étouffante et le lac nous voit de nouveau pour quelques brasses. Absolument nus les deux, tu profites de la situation honteusement, mais pourquoi m’en plaindrais-je ? Tu plonges très bas dans l’eau profonde et délicieusement fraîche pour revenir émerger entre mes jambes. Tes mains sont deux tentacules qui n’arrêtent pas de toucher les endroits interdits. Tu coules ta tête entre ces deux cuisses qui sont pourtant entourées d’eau, et finalement tu me donnes une fois de plus envie de toi. Je t’aime, Michel !

Sur le ponton de pin, nous sommes allongés l’un contre l’autre et tu chatouilles mes pieds, ce qui me fait réagir par de grandes ruades et des éclats de rire que les gens du camping, distant seulement de quelques centaines de mètres, doivent entendre. Notre plage ainsi que nos abords extérieurs sont cependant invisibles, masqués par de hautes haies touffues. Nos papouilles se terminent juste pour le dîner. Rien de bien exceptionnel : quelques salades fraîches et un peu de vin rosé pour faire passer l’ensemble. Juste un doigt de rouge pour le fromage. Pendant le café, c’est moi qui aborde l’épineux sujet de ce Dominique :

— Michel, j’ai bien réfléchi à notre conversation d’hier. Je t’aime, et je veux vraiment te faire plaisir ; j’aimerais vraiment que tu sois heureux, autant que je le suis, moi.
— Claude, tu sais bien que je le suis ; ne te préoccupe pas de ce que je voudrais, pense plutôt à ce que toi tu aimerais. Les trucs du genre « pour faire plaisir à l’autre » ne doivent pas exister en amour ; ni en sexe, du reste. Je t’aime comme tu es, et cela suffit à mon bonheur.
— Je me suis mal exprimée, alors ; je veux me faire plaisir tout en te donnant ce que tu espères depuis longtemps, sans doute. Mais je ne veux rien en savoir, ne m’occuper d’aucun rendez-vous ; juste aller à celui-ci et vivre, avec toi, ce moment-là. Voilà donc la carte de ce Dominique ; à charge pour toi d’organiser la chose. Mais ne m’en parle pas. Fais à ton idée, comme tu l’entends, et je te suivrai. Je te le redis : je t’aime, Michel.
— Comme tu veux, mais sois assurée que je n’ai pas besoin de cela pour t’aimer, et depuis si longtemps comme tu le dis. Ce n’est qu’un fantasme parmi d’autres, et celui-là – comme tous – peuvent bien rester à l’état de rêve que je n’en mourrais pas.
— Je veux vivre une fois cette expérience, et si vraiment ça me plaisait, alors pourquoi pas renouveler d’autres soirées ? Mais il faut un début à tout. Garde la carte. Vois si c’est faisable ; moi, je me laisserai guider.

Tu ne sais pas si je suis consciente de ce que je débite mais tu fais comme si, et la carte disparaît dans ta poche. Nouvelle séance télé, mais c’est un film qui te passionne. Une histoire de science-fiction à laquelle je ne pige pas vraiment grand-chose. Mais tu adores ce style de film, et il en faut pour tous les goûts. Je me blottis contre toi, et à peine le générique passé j’ai droit à la version longue du Kâma-Sûtra, revue et corrigée à la manière Michel. J’aime le sexe avec toi, et sans doute émoustillé par notre dialogue du dîner, tu es particulièrement affamé. Tout débute par un lot de caresses de part et d’autre pour finir dans un corps-à-corps d’où personne ne sort perdant. J’ai sucé cette queue qui n’arrête pas de me surprendre ; tu m’as touchée partout, sans oublier un seul centimètre carré de ma peau.

Le temps des choses sérieuses est arrivé quand tu m’as littéralement jetée en travers de tes cuisses, que ta main est venue folâtrer avec mes fesses, d’abord caressante, puis plus lourde. Le cul rougi par les claques qui se sont succédé sur chaque demi-globe, je réagis maintenant au quart de tour. Tu en profites pour me dire des mots crus, des mots que je n’entends pas souvent :

— Petite salope, je vais t’enculer ! Tu aimes être ma chienne ? Eh bien je vais te servir, je te le garantis ! Dominique te baisera comme tu le mérites après t’avoir fouettée devant moi, et je vais aimer ça.
— Oh oui, mon amour, fais-moi baiser par ce salaud ! Donne-moi à ce sale type pour qu’il me fasse devenir une chienne ! Oh oui, je veux te regarder dans les yeux quand il me mettra sa bite dans la bouche, quand il m’enfilera ; je me ferai pute pour toi. Oh mon amour, oui, oui, baise-moi maintenant, encule-moi ! Regarde : rien que d’y penser, j’en mouille ; je suis complètement trempée ! Oh, vas-y, mets-moi maintenant !

Je suis vite exaucée et tu t’enfonces dans mon ventre avec un soupir qui doit résonner jusqu’au camping, puis tes va-et-vient font monter la pression en moi, mais soudain tu ressors de ma chatte aussi brusquement que tu y es entré. Je n’ai pas le temps de dire un mot que déjà le gland rose de ta bite raidie au maximum vient buter contre mon œillet sombre et que d’une seule poussée tu me plantes entre les fesses ta baguette magique qui reste hyper tendue. C’est incroyable comme chez vous, les hommes, l’idée que vous pourriez avoir du cul d’une autre manière vous excite ; et tu n’échappes aucunement à cette règle. L’envie qui t’envahit se traduit pour moi par une jouissance hors norme. Celle des jours fastes, celle des moments sublimes où je monterais aux rideaux tant ton excitation te rend imaginatif.


Les jours qui suivent sont tous autant de fêtes pour nos sens. Je n’arrive plus à comptabiliser le nombre de fois où tu me fais l’amour. Ce n’est pas grave, l’important c’est que tu sois amoureux fou ou que ton fantasme – enfin, le nôtre – nous donne cette vigueur et la forme olympique que nous tenons matin et soir.

Puis le samedi qui suit, pas de sexe au lever ; tu as préparé le petit déjeuner, et comme d’ordinaire la liste des courses est prête. Nous traînons dans les magasins, achetant pour la semaine entière viande et légumes dont nous avons besoin. C’est seulement vers les seize heures que tu me demandes gentiment :

— Fais-toi belle : nous sortons ce soir. Avant de te vêtir, après la douche, viens me voir ; je t’expliquerai quelques petits détails.
— Ah-ah ! Il y a anguille sous roche ? Où m’emmènes-tu ce soir ? Dis-le-moi ! Je t’en supplie, ne me laisse pas languir…
— Chaque chose en son temps, ma belle. Tu l’as voulu, j’ai donc pris rendez-vous.

La phrase de la diseuse d’horoscope de RTL me remonte vite fait en mémoire. Et j’en tremble.

« Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! »

Non, pas lui, pas ce soir, pas après une semaine si belle ! Mais bon, je vais sans doute quand même te suivre puisque c’est moi qui l’ai demandé. Mes jambes sont en coton, j’ai la bouche pâteuse. La peur s’insinue en moi, et les frissons qui me parcourent l’échine ne sont pas dus à une quelconque envie : j’ai vraiment la trouille, pas le petit creux au ventre, non ! La pétoche majestueuse qui me prend dans ses bras crochus rentre partout. Celle qui me fait transpirer alors même que l’eau coule sur moi, sous la douche.

J’ai fini mes ablutions et j’entreprends un savant maquillage. Je me sens belle, fraîche, le parfum que j’ai mis, Opium d’YSL embaume toute la salle de bain. Tu viens de rentrer et ta main se pose sur mon épaule. Dans le miroir, ton image s’affiche près de la mienne. Ma nudité intégrale ressort encore plus, alors que nonchalamment tu viens effleurer un de mes seins. Je vois tes lèvres remuer, mais la glace me donne l’impression qu’aucun son ne sort de ta bouche. Puis c’est dans mon cou que le bisou vient faire frémir ma chair tout entière.

— Que tu es belle ! J’aimerais que tu portes une jupe ultracourte, un chemisier serré, et rien d’autre que tes chaussures à talons, celles qui sont les plus hautes. Il te faudra aussi bien écouter ce que je te dirai, partout où nous irons. Peut-être devras-tu également obéir à Dominique s’il le veut. Es-tu toujours décidée à me faire plaisir ?
— Bien sûr ; je n’ai pas changé d’avis. Je veux juste que tu prennes garde à ce que je n’aie pas de marques, du moins sur les parties visibles de mon corps. Je veux être ta salope, mais rassure-toi : seulement ta salope à toi. Même si tu me fais jouer avec un ou plusieurs autres, je n’appartiens qu’à toi, pour toujours.
— Alors merci, merci du fond du cœur !

Me voilà vêtue selon tes ordres. J’ai presque l’air d’une pute, une pute de luxe, mais une pute quand même ; c’est ce que me crie mon esprit alors que je monte près de toi en voiture. Où allons-nous ? Je m’en contrefiche puisque tu es avec moi. La seule ombre au tableau, c’est que je vais revoir cet abruti qui va se faire un plaisir de me rabaisser, j’en suis bien certaine. J’ai un pincement au cœur juste au moment où nous passons devant ce fameux restaurant, celui dans lequel il m’a traitée comme une chienne. Et je me fais l’effet, ce soir, d’aller à l’abattoir ; mais j’y vais seulement pour toi. Je me cherche mille excuses et je ferme les yeux pour tenter de ne plus penser à ce qui m’attend.

Un chemin privé, puis une longue bâtisse devant laquelle tu viens te garer tranquillement. Un mécanisme automatique allume un lampadaire qui nous place en pleine lumière. J’ai du mal pour voir ce qui m’entoure, tant le halo lumineux est violent. Si je ne reconnais pas celui qui vient au-devant de nous, du moins sa voix est-elle toujours un aussi mauvais souvenir.

— Bonsoir, Michel ! Bonsoir, Claude ! Ravi de vous voir l’un et l’autre. Si vous voulez bien entrer, je vais vous faire visiter.

Ta main est venue dans la mienne et je la serre très fort. C’est incroyable comme je me sens crispée, comme cet homme-là me hérisse les poils. Il nous guide à travers une superbe maison où tout est en ordre, chaque chose à sa place et chaque place a sa chose, puis il nous dirige vers une sorte de petit boudoir. Là, dans cette petite pièce, les murs sont tapissés de velours grenat sombre. Une croix de bois mange presque la moitié de l’un des quatre murs. Un autre appareil, fait de plusieurs planches trouées, ne m’inspire aucune confiance. Il est, sur certaines parties, recouvert lui aussi de velours rouge. Des chaînes descendent du plafond, reliées à celui-ci par des anneaux brillants. Mon ventre est noué de plus en plus en pensant que je vais devoir sans nul doute passer par ces engins dont j’ignore la destination. Il est clair cependant que ce sont là des instruments qui vont me faire souffrir, et je reste crispée de partout.

— Alors, Michel, que dis-tu de mon petit donjon ? Il y a de quoi passer quelques jolies petites soirées !
— Je n’avais jamais songé à ce genre de jeux, mais depuis votre rencontre à Claude et toi, j’avoue que cela m’a fait bander sérieusement ; par contre, j’aimerais que tu respectes les quelques consignes dont nous avons parlé au téléphone.
— Rassure-toi, il ne lui arrivera rien de fâcheux : pas de marque, pas de violences inutiles. Je suis respectueux des envies et des désirs de chacun. Ceci ne doit être qu’un jeu nous apportant à tous du plaisir, et à ce titre je le considère comme tel.
— Bien. Puisque nous sommes toi et moi d’accord, alors je vais prendre place sur le canapé. À toi donc de jouer ! Je resterai un voyeur passif le plus longtemps possible, mais ce n’est pas garanti que je puisse l’être jusqu’à la fin…
— Tu viens avec moi quand tu le désires ; tu peux aussi arrêter le jeu quand tu le veux : c’est ton droit, et celui de Claude, bien entendu.
— Allons-y ! Tu es prête toi aussi, Claude ? Pas de regret ?

Aucun son ne sort de ma gorge nouée. Tu t’es assis sur le divan de cuir et je reste debout, seule, alors que Dominique tourne lentement autour de moi. Il est à environ un mètre de moi. Ses yeux ne quittent pas ma silhouette. Je me fais l’effet d’être la proie d’un loup qui apprécie le moment de la mise à mort.

— Baisse les yeux ! Ce soir, tu vas apprendre à obéir ; baisse les yeux !

Comme je ne fais pas ce qu’il demande – ou pas assez rapidement – son bras se détend et une petite gifle m’atteint sur la joue. Pas très violente, mais elle me fait terriblement mal… à mon amour propre. Je ravale les larmes qui viennent de monter instantanément ; mais je baisse le regard.

— Eh bien, voilà tu commences à comprendre… Tu vas être docile, et tout se passera bien. Nous allons continuer par quelque chose d’un peu plus corsé. Ouvre ton chemisier !

Ma main monte vers le premier bouton de mon habit, le plus bas de tous. J’espère encore que tu vas dire non, mais pas un seul mot de toi ; alors j’ouvre le chaton. Je passe au second ; toujours pas de parole pour me libérer. Puis vient le tour du suivant, et là encore, juste ton silence. C’est tellement pesant que j’entends vos deux respirations. Celle du loup qui est dans mon dos et la tienne qui te tiens sur le canapé face à moi. Comme j’ai la tête baissée, je vois seulement tes jambes. J’en suis à la dernière attache de nacre blanc qui va, si je l’ouvre, mettre ma poitrine nue à votre vue. Pas un seul mot : tu n’interviens pas ! Les deux pans de ma chemise sont largement ouverts. Mes deux seins sont libres, tendus dans l’espace devant vous deux.

— Les manches aussi ! Tu peux le retirer entièrement !

Ce n’est pas le plus facile à faire. Mes doigts tremblent en défaisant les derniers liens de la protection de tissu de mon torse. Un à un, je sors mes bras de leur gaine douce, et dans la lumière je suis dénudée jusqu’à la ceinture.

— Tu vois que ce n’est pas si compliqué que cela… Je t’avais promis que nous nous reverrions et que c’est toi qui ramperais à mes pieds. À genoux, maintenant ! Vite, à genoux !

L’ordre est lâché brutalement, et docilement je me mets dans la position demandée. Il avance lentement vers moi. Je vois le bas de son pantalon devant moi.

— Bien… Maintenant tu poses ton front sur le sol : je veux te voir me lécher les chaussures. Exécution immédiate ! Tu fais moins la fière, hein, tu vois ? Nous allons faire de toi une traînée.

J’incline mon visage, et mon front touche la moquette grise. Il avance son pied ; sa godasse est sous ma bouche. Je l’embrasse comme il me le demande. Mon Dieu, comme c’est difficile… J’ai envie de pleurer. Non pas de ce que je fais, mais de ce que tu laisses faire.

— Avec la langue ! Montre-nous que tu es une bonne chienne. Allez, lape ! La semelle aussi, petite pute !

Là encore, comble de l’abjection, je fais ce qu’il me dit de faire. Mais pourquoi ? Quel mécanisme dans mon crâne me pousse à agir ainsi ? J’ai beau me dire que je t’aime, je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’agis de la sorte. Mon amour pour toi n’explique pas tout.

Le loup est reparti ; enfin, je ne le vois plus près de moi. Il fait encore un tour, se poste derrière. Je ne le vois pas ; je sens seulement sa présence dans mon dos. De la pointe de son pied, il vient de retrousser ma jupe sur mes fesses.

— Joli cul ! Elle doit être bonne là aussi ; tu la prends par derrière, Michel ?
— Oui, de temps en temps.
— Elle apprécie, ou c’est juste pour te faire plaisir ?
— Non, je crois qu’elle prend son pied dans cette forme de sexe également.
— Mon vieux, tu es tombé sur une perle rare ! Pas de regret ? Je peux continuer ou tu préfères en rester là ?
— Nous sommes là pour la voir être soumise ; alors tant que ce n’est pas elle qui t’arrête, vas-y, fais ce que tu veux.
— Ce que je veux ? Tu es certain de cela ?
— Mais oui, puisque je te le dis.
— D’accord. Alors, c’est reparti !

Je t’en veux ! Tu aurais pu d’une seule parole faire cesser ce petit jeu, mais non, tu préfères me laisser l’entière responsabilité de ce qui va maintenant se passer. Je t’en veux !

— Bien. Lève-toi ! Debout !

Je me remets difficilement sur mes jambes. Il a pris mon menton, m’oblige à mettre ma tête en arrière et son autre main se frotte contre mes seins. Il attrape les tétons, les serre un peu, mais sans vraiment les pincer. Je tremble de partout. Quelle humiliation pour moi ! Et toi qui te complais sans doute dans cette vision de ton épouse malmenée par ce type… Il a mis quelque chose dans mes cheveux mi-longs et les tire en arrière. Que fait-il maintenant ? Il a lâché mes seins, mes cheveux et mon menton. Il me tient par les poignets sur lesquels il serre des bracelets de cuir noir. Ensuite il me rabat les bras dans le dos et me voilà attachée. À nouveau, il est passé derrière moi. Ma tête est projetée en arrière et il tire sur mes cheveux. Quand il retire ses mains, je ne peux plus ramener ma caboche vers le bas : elle est maintenue dans une position inconfortable par mes cheveux qui sont eux aussi liés aux bracelets de mes poignets.

Maintenant il me fait tourner sur moi-même, la tête en extension ; c’est étrange comme sensation. Je sens qu’il fourrage après ma ceinture ; enfin, après la fermeture qui retient ma jupe. Il a vite trouvé l’ouverture et je sens le long de mes cuisses glisser le tissu de cette pièce d’habillement. Je suis nue totalement et vous devez vous rincer l’œil, vous deux. Je ne suis pas confortablement installée ; mon regard ne peut se poser qu’à la hauteur de mon visage. Je te vois par intermittence alors que je tourne sur moi-même, entraînée en cela par la main du loup. Un collier arrive autour de mon cou. Il est serré, trop… je manque d’étouffer, mais l’autre n’en a cure.

— Avance en levant les pieds ! Oui, voilà. Tiens, Michel, tu veux bien récupérer sa jupe ? Une belle femme ; félicitations, tu as bon goût ! Nous verrons si elle est aussi bonne que belle. Une petite balade, ça te dit, Michel ? Nous allons aller promener notre toutou. Il y a un grand parc public à deux kilomètres d’ici ; tu as dû le longer en venant chez moi. Il n’est que vingt-et-une heures : il y aura sans doute encore quelques touristes. J’aimerais qu’elle soit promenée en laisse. C’est d’accord ?
— Ben, je n’avais pas pensé à cela ; mais bon, essayons. Allons-y !

Je n’en crois pas mes oreilles : tu veux que ce mec me promène en laisse comme une chienne ? Et vous allez m’emmener dans un parc avec des gens ? Non ! Je ne veux pas ! Je veux le hurler, mais pas un son ne sort de ma bouche. Pourquoi est-ce que je ne dis rien ? Pourquoi aussi cette situation qui me dégoûte me donne-t-elle des frissons bizarres ? J’ai même l’impression que je mouille de savoir que vous allez me le faire faire ? Et l’autre, là, qui me glisse sa main entre les cuisses…

— Tiens, regarde ; je ne mens pas : elle est toute trempée ! Elle en jouit presque de savoir ce que nous allons faire. C’est une bonne ! Je suis sûr qu’avec une éducation sérieuse, tu en feras une merveilleuse soumise.

Il vient de me mettre une sorte de cape assez vaporeuse. Elle est en mousseline noire transparente, reliée à deux anneaux sertis sur le collier. Un mousqueton sur lequel est assujettie une laisse et me voilà emmenée dans une camionnette, comme un animal. Le pire de cette histoire, c’est que je ne fais pas un seul geste pour me défendre. Je suis docile et servile, comme tu me l’as demandé alors que nous étions à la maison. Je me dis que ce spectacle doit te donner envie. Est-ce que tu bandes de me voir ainsi harnachée ? Dominique a attaché la ceinture de sécurité en travers de mon ventre nu. Le véhicule utilitaire démarre doucement, sans secousse. C’est vrai que le parc n’est pas loin, tout au plus cinq minutes de route, et me voici extirpée du fourgon.

Le loup a pris la laisse en main et me traîne derrière lui. Je marche dans ses pas. Pour le moment, l’air frais du soir court sur ma peau, levant du même coup cette sorte de cape qui n’est retenue que par deux anneaux. Nous marchons tous les trois, moi les mains toujours liées dans le dos et vous deux, côte à côte. Devant nous, au détour d’un petit chemin, un jeune couple qui s’embrasse. C’est donc des amoureux ? Trop occupés par le baiser qu’ils se donnent, aucun des deux ne remarque notre étrange équipage qui passe près d’eux.

Maintenant, j’aperçois un peu plus loin sur un banc un homme d’âge mûr. Lui, il me voit arriver, les seins à l’air, et là, le corps entièrement dénudé. J’ai l’impression qu’il va exploser, que ses yeux vont sortir de leurs orbites ! Il se casse le cou pour tenter de voir mieux.

— Arrête-toi là ! Laisse ce gentil monsieur admirer ton joli cul ! Elle est belle, n’est-ce pas ? C’est une belle pouliche ; qu’en dites-vous ?
— Heu…eu, je ne sais pas quoi vous dire. Elle aime ça, ou bien vous l’obligez ? En tout cas, voilà une croupe où il doit faire bon naviguer… Vous avez de la chance d’avoir une pareille femme pour vous deux !
— La chance, ça se provoque, alors soyez un peu plus hardi. Vous voulez un souvenir ? Approchez. Allons, approchez-vous de la dame. Vous avez envie de toucher ? Ne vous gênez surtout pas.
— À genoux, toi ! Allons, mets-toi à genoux ! Tu es là pour nous servir, nous obéir !

Dominique tire sur la laisse et je plie les jambes. Me voilà à genoux sur le chemin sablonneux. Pas agréable du tout sous les genoux, cette matière !

— Sortez votre sexe et mettez-lui dans la bouche. Ne soyez pas timide ! Allons, faites-vous plaisir ! Nous vous le demandons. Dépêchez-vous, sinon nous cherchons quelqu’un d’autre.
— Oh, alors si c’est un ordre, je l’exécute avec plaisir…

Le vieux a sorti son pénis devant ma bouche. J’ai l’impression qu’il pue la pisse ! Il promène cette chose semi-molle sur mes lèvres. Je ne bouge absolument pas. Je ne veux pas faire une pipe à ce pépé ! Le loup donne un coup sec sur la laisse ! Résultat : comme une pute, j’ouvre le bec. Le vieillard en profite, et sa bite entre dans ma bouche. Il tremble, je le sens, il soupire. Heureux sans doute de la bonne fortune qui l’a fait venir dans ce parc ce soir. J’entrevois des ombres qui se faufilent partout entre les arbres du parc. Sommes-nous dans un endroit fréquenté par les voyeurs ? Il y en a de plus en plus partout, des lieux comme celui-ci.

L’obscurité favorise l’anonymat, et certains me touchent du bout des doigts. Ni toi ni l’autre ne les empêchez de le faire. Alors certains s’enhardissent au point de me tripoter les fesses, de s’aventurer plus loin encore, et j’ai bien vite – en plus de la bite dans la bouche – une main inconnue au cul. Combien sont-ils à me tripoter ? Je n’en sais rien, bien trop absorbée par la pipe que je taille au petit vieux ! L’un d’entre eux me fait coulisser un doigt dans le trou du cul alors que ma chatte est, elle, remplie par d’autres phalanges que je ne vois pas. Enfin, quand il sent que son sperme arrive, le pépé se retire et Dominique repousse les assaillants qui pensaient déjà pouvoir s’offrir ma croupe dans ce parc.

Personne n’essuie mon visage éclaboussé par le foutre du papy heureux d’avoir pu, encore une fois, se faire sucer par une belle femme. Ça va lui faire des souvenirs ! Je suis de nouveau entraînée dans le sillage des deux mâles qui maintenant sont potes pour la vie. Je ne sais pas où nous allons, mais je n’ai d’autre choix que celui de marcher au bout de ma laisse.

Nous retrouvons une nouvelle fois le couple d’amants qui nous dévisage. Dans le regard de la fille, je lis une certaine frayeur, à moins que ce ne soit de l’envie. Si tu savais, ma belle, ce que le mot « amour » veut dire… ce que cela implique comme don de soi, et celui que je fais en ce moment pour lui, celui que j’aime, saura-t-il en être reconnaissant ?

Vous m’avez remis sur mon siège dans la camionnette.


La maison devant laquelle nous sommes désormais n’est pas celle où toi et moi sommes garés. Une grande maison, toute en longueur, où beaucoup de fenêtres sont encore allumées. Des marches qui me mènent dans une salle enfumée où des hommes jouent au baby-foot ou aux cartes. Combien sont-ils ? Huit ? Neuf ? Difficile de m’en rendre compte tant je n’ose poser mes regards sur eux. Mais dès que je suis arrivée, les bruits cessent et tous attendent quelque chose. La table immense où quelques-uns tapent le carton est bien vite débarrassée puis je suis allongée par je ne sais combien de bras sur ce lit improvisé. Dominique parlemente dans un coin avec un des occupants des lieux. Je n’entends rien des tractations, mais je sais qu’elles ont trait à ma présence ici.

Mes mains sont maintenant déliées de derrière mon dos, mais c’est pour mieux les refixer par le biais de bracelets et de cordelettes après les pieds de la table. Je devrais plutôt parler d’autel du sacrifice : je comprends bien que c’est de cela qu’il s’agit. Tous les hommes qui me regardent sont attirés par mon arrivée. Les yeux étrangement brillants, ils se préparent pour l’offrande. Seulement, celle qui leur est jetée en pâture, c’est bel et bien moi !

L’un d’entre eux s’avance ; il a déjà le pantalon à mi-cuisses. Son sexe circoncis est tendu, mais il ne cherche pas à me prendre. Non, ce qui l’intéresse c’est ma bouche. Il approche un engin énorme de mes lèvres ; j’ai bien saisi ce qu’il désire. Alors par bravade, j’ouvre largement les lèvres. La bite démesurément grosse entre avec peine entre mes mâchoires. Mais une fois qu’elle y a trouvé sa place, elle commence un mouvement de côté et me lime de plus en plus vite. Je dois à plusieurs reprises avoir des haut-le-cœur conséquents, et l’individu retire sa bite pour que je puisse reprendre mon souffle. Ma salive s’étire en longs filaments qui vont du sexe à mes lèvres, puis la bête furieuse revient.

Les autres encouragent celui qu’ils appellent « Salim » en frappant dans leurs mains. Pour lui, les choses sont vite réglées : un flot de sperme m’atteint le visage alors qu’avec un cri de fauve il se retire rapidement de ma bouche. C’est maintenant un autre qui vient lentement de l’autre bout de la table. Il m’écarte les jambes sans ménagement, et comme ma nudité n’est masquée par rien du tout, il a accès à mon sexe. D’abord, il débute par un glissement de ses doigts le long de ma fente, puis il en introduit un dans la blessure de femme qu’il vient d’ouvrir. L’intromission n’est pas vraiment agréable ; plutôt surprenante ! Le doigt se contente de deux allers et retours et il pointe avec sa queue le trou qu’il pense avoir suffisamment préparé.

— Attends, Ali. Attends, tu mets d’abord une capote ! Tu peux la baiser, c’est d’accord, mais avec une capote.
— Je n’en ai pas, mon ami. Tu en as, toi ? Donne-moi-z’en une.
— Non, je ne fournis rien ; tu n’en as pas, tu ne baises pas, c’est aussi simple que cela : c’est nos accords avec Belkacem.

Je lui serais presque reconnaissante d’y avoir songé, mais je saisis que je vais être grimpée par tous ceux qui sont ici, pour peu qu’ils possèdent un préservatif ! Celui qui pour le moment n’en a pas se recule, et c’est un autre qui, lui, en a déjà mis un en place, vient entre mes jambes. Mes fesses sont juste sur le bord de la table. Il m’empoigne par les chevilles, me les relève, s’installe en moi et commence à me limer. Je ne sens grand-chose : le préservatif, et surtout la rapidité avec laquelle il a poussé un soupir. Celui-là est un éjaculateur précoce, et je prierais presque pour qu’ils le soient tous ce soir.

C’est ensuite un défilé ; ils me prennent l’un après l’autre. De temps en temps, l’un d’entre eux se hasarde à me tripoter l’anus, mais là encore il essuie un refus catégorique de ce Dominique qui ne veut pas que je sois sodomisée. La tournante s’affole, et ils sont de plus en plus nombreux à attendre leur tour. Sans doute ceux qui étaient dans leur chambre, avertis par les autres, sont venus rejoindre la salle pour se mêler aux convives d’un repas exceptionnel.

Pendant de longues minutes je suis branchée par des bites de toutes tailles, grosses, petites, noires, beurs, longues, courtes ; toutes sont différentes, mais toutes habillées de latex pour ma sécurité. Dire que j’ai ressenti le grand frisson serait mentir ; j’ai juste eu quelques prémices d’une envie naissante, mais elle est vite retombée alors qu’ils sortent et rentrent au rythme d’un toutes les deux minutes environ. Je ne peux pas non plus dire que je ne mouille pas du tout : la situation est quand même suffisamment érotique pour que mon cerveau envoie des signaux enflammés à mon ventre qui se trouve rempli par ces bites en folie.

Puis il n’y a plus de participants, bien que tous soient encore là autour de la table. C’est le loup qui me détache, tire sur ma laisse qui est restée accrochée à mon collier, et je me trouve à quatre pattes sur la table. Mon cul en l’air est à la vue de tous. Ma chatte n’est pas vraiment en feu, mais je sens quand même quelques picotements qui laissent supposer que je pourrais bien avoir une montée de plaisir. Il réclame un gant de toilette et de l’eau. Pendant de longues minutes, alors que ma tête est sur la table, que mes bras sont de nouveaux attachés aux pieds de celle-ci, il me lave le cul. Il prend un soin tout particulier à cette toilette impromptue. L’éponge ou le gant descend bien bas, remonte entre mes fesses, et plusieurs fois il me savonne, du sexe au trou de balle. Ensuite il prend un temps infini pour me rincer les deux orifices.

Un dernier passage avec une serviette, sèche celle-là, et je sens le cercle des voyeurs qui se resserre autour de celui qui me touche maintenant les deux demi-globes. Ils attendent quoi ? Le clou du spectacle ? Le bouquet final ? J’ai entendu un bruit bizarre… Un chuintement pas très loin, mais ma position inconfortable au possible m’interdit de voir ce qui se trame dans mon dos. Ta main est venue dans la mienne. C’est bizarre, ça, que soudain, tu viennes ainsi me caresser les doigts ! Est-ce que cela signifie que je dois m’attendre au pire ? Merde ! Que se passe-t-il ? Contre mon anus, je sens quelque chose de dur. Ce n’est pas un sexe, j’en suis sûre. L’engin qui est contre mon œillet s’emploie à pénétrer mon petit trou. Une pression constante sur ses muscles, et ils cèdent sous l’assaut de je ne sais quoi.

L’impression que l’on m’arrache le cul, que je suis blessée ! Mon cri éclate dans cette pièce où tous regardent ce qui m’arrive. Le truc que le loup m’enfile est énorme ; il me dilate lentement le canal étroit, et je n’ai pas d’autre choix que de hurler encore plus fort. Mais mon souffle est coupé par l’entrée, centimètre par centimètre dans mon fion, de quelque chose qui me dilate comme je ne l’ai jamais été. Et en plus, il me semble que cette pénétration n’en finit plus, qu’elle ne s’arrêtera jamais. Mais je ne suis pas encore au bout de mes peines : si ce qui m’entre dans le trou du cul est long, cela ne semble pas suffisant à ce con qui m’encule avec un gode ou autre chose ! Il ne bouge plus, arrivé au fond, ou simple pause ?

Je sais rapidement pourquoi il a stoppé son élan : dans ma chatte encore ouverte par toutes les pénétrations des hommes présents, il vient aussi de commencer à faire entrer un truc. Celui-là est aussi gros que ce que j’ai dans les fesses ; mais là, c’est plus élastique, moins serré, et en bougeant ma tête je peux enfin me rendre compte qu’il m’enfonce tranquillement un énorme concombre dans la foufoune. Ce légume est gainé par du latex, une capote qui est totalement distendue par le diamètre de la cucurbitacée.

Voilà, je suis farcie par deux légumes, et toi, tu me tiens par la main. Cela ne m’empêche nullement de hurler à la mort dès qu’il débute des mouvements, surtout avec celui qui est dans mon fondement. Puis petit à petit, la douleur est remplacée par une certaine douceur. Celle-ci fait place ensuite à une chaleur bienveillante, et je suis de plus en plus humide. Autour de la table de part et d’autre de mon corps, des dizaines de mecs nus se branlent. Cette image me fait réagir et mon ventre explose sous l’envie qui l’étreint. Je ne suis plus rien d’autre qu’une salope qui se vautre dans la luxure et la jouissance. Dominique arrête les mouvements du concombre dans mon cul, mais c’est pour mieux mettre l’accent sur celui de ma chatte.

Je pars vers une jouissance abyssale ! Je ne peux plus contrôler ce corps qui frémit de partout, et soudain l’autre arrache l’objet qui me donne ce bonheur. Le vide, cette sensation d’abandon, cet arrachement, cette frustration en plein milieu de mon envie me fait hurler de désespoir. Il est monstrueux ! Il est sadique ! Ce n’est pas que de désirs que je me tords : mes mouvements sont tous axés vers ce besoin d’être possédée, d’être prise ! Je veux de la queue, de la bite ! J’en ai besoin ; c’est presque vital ; même ! Les cris, les grognements que je pousse sont ceux d’une salope privée de ce qui lui fait le plus envie, d’une bonne grosse guiche raide !

À quel moment ta main a-t-elle quittée la mienne ? Aucune idée, je ne m’en suis pas aperçue, mais quand le loup me remet le gros cornichon dans le con, je me trémousse d’aise ; c’est moi qui rue comme une nymphomane sur cette chose qui me dilate exagérément les parois intimes. Les hommes autour de moi se mettent à frapper dans leurs mains et entament un chant. Une vraie chanson que je ne connais pas. Comme psalmodiant, ils battent en mesure la cadence de mes ruades, et dans cette folie qui nous gagne tous, la peau de mes fesses devient celle d’un tambour ! Des mains viennent battre leur cuir, rythmant les applaudissements, marquant la mesure de la prière chantée devant l’autel improvisé sur lequel je suis la sacrifiée du moment.

Enfin tout se calme, et après cette phénoménale jouissance qui m’a emportée, des mains, des tas de bras m’ont portée, juste pour me retourner. Je suis mise bien à plat, sur le dos, les bras étendus le long du corps. J’ai les yeux ouverts et j’assiste à la masturbation générale. Une forêt de sexes bruns, noirs et quelques-uns blancs sont branlés au-dessus de mon corps. Les premières gouttes de sève me touchent au niveau d’un sein ; ensuite, c’est un déchaînement de foutre qui englue mon corps, à l’exception de mon visage, de ma tête. Un à un, voire plusieurs simultanément, tous se vident de cette semence qui atterrit sur moi. Je suis maculée de cette marée blanche que des mains – et celles-là, je les reconnais – étendent partout sur moi, comme pour m’en faire un bain qui me colle à la peau. C’est toi, Michel, qui finis par enduire mon ventre, ma poitrine, enfin toutes les parties qui sont visibles à partir du cou. Ensuite vous me laissez là, sans broncher, et les occupants des lieux restent tous à me regarder, mais plus personne ne parle, plus personne ne me touche.

Remise sur mes pieds, n’ayant de nouveau pour tout vêtement que la cape avec laquelle je suis arrivée, me voici ramenée vers la camionnette. Une haie d’hommes me fait une escorte jusqu’à la porte, et chacun d’entre eux me dépose un baiser sur le front en guise de remerciement.

La soirée se termine chez ce Dominique, mais lui ne me fait plus rien, et je peux avec délectation prendre une douche qui élimine autant sur mon corps que dans mon esprit toutes les salissures que vous avez pu y déposer.

C’est ensuite l’heure du retour. Dans le silence, mortifiée sur mon siège, je ne dis mot.
Toi et moi évitons de parler, gênés sans doute par ce qui est arrivé ; peur d’affronter les regards de l’autre, du moins en ce qui me concerne. Je me dis que je suis une fieffée salope et que tu viens de révéler la cochonne qui sommeille en moi.
Quand rompant, le silence, tu me demandes :

— Tu veux que nous parlions de ce qui vient de se passer ce soir ? Je suis fier de toi, ma petite caille ! J’ai adoré te voir jouir ainsi. J’aime que tu sois soumise, et j’espère bien que nous continuerons ce genre de petits jeux. Ton plaisir a été infini, je l’ai vu. Le mien ? N’en parlons pas : c’est le top du top ! Surtout quand toutes ces bites t’ont craché dessus.
— Oui, j’ai aimé ; mais quelle honte d’être promenée devant les gens, nue, sans pouvoir dire quoi que ce soit ! Et le pauvre petit pépère qui a pris tant de plaisir à se faire sucer… Ça ne t’a donc rien fait de voir ton épouse bafouée, se faire brancher pas des Noirs, des Blacks, et je ne sais qui encore ? Et puis, c’est aussi définitif : je n’aime pas ce Dominique. Alors si un jour – mais il me paraît encore bien lointain, celui-là – eh bien nous devions renouveler cette… disons… expérience, il ne doit plus être question de ce loup, ce prédateur ; je ne l’aime décidément pas.
— Mais il en sera fait selon tes désirs, ma chérie.
— Nous verrons, nous verrons… Un jour, qui sait ? Pourquoi n’inverserions-nous pas les rôles ?

Dans ma tête, juste un instant, comme un clin d’œil, une petite phrase vient tourner, sans doute pour me narguer : « Les Scorpions femmes doivent se méfier d’une rencontre masculine qui pourrait bien leur apporter des désagréments chroniques ! »