On nomme ça un bled paumé, un trou perdu, un patelin ; je l'appelle « chez moi ». Ce n'est pas un village puisque mon St-Martin abrite encore 2 700 habitants, plus tout à fait une ville ; mais qu'importe, je m'y sens merveilleusement bien. Et tant pis si les rayons de l'Intermarché ne proposent pas les derniers produits à la mode, la tranquillité suffit à mon bonheur.

Mon père s'est expatrié très tôt pour la grande agglomération du département à une quarantaine de kilomètres ; il y a rencontré ma mère. Je venais à St-Martin pendant les vacances me faire choyer par des grands-parents attentionnés, et goûter la simplicité des habitants qui me connaissaient comme la petite-fille de Jean et de Michelle. Les dernières années, après la disparition de papi, je venais même le week-end aider mamie.

Papa, au décès de ma grand-mère, a songé à vendre la maison familiale. C'est là que l'idée a germé. J'étais au chômage à 19 ans, pas très intéressée par les études ; pourquoi ne pas devenir indépendante ? Le travail ne manque pas aux courageux. Je suis un an plus tard autoentrepreneuse dans la prestation de services, et j'habite bien sûr le berceau de tant de souvenirs. Mon travail consiste officiellement à faire les courses des personnes âgées isolées, mais je suis devenue avec le temps un peu écrivain public, comptable, banquière parfois, femme de ménage, jardinière ou garde-malade. Mes petits-vieux et mes petites vieilles, comme je les nomme affectueusement, ne méritent pas moins d'attentions. Je resterai toujours à leurs yeux la petite-fille de Jean et de Michelle.

Quelques jeunes, ouvriers ou commerçants, vivent encore à St-Martin ; leurs enfants fréquentent le collège avant d'émigrer parfois définitivement. Pourtant, je leur préfère la compagnie des anciens.


Tout a commencé avec Jacques le lendemain de sa mise à la retraite ; comme promis, j'étais venue l'aider à mettre ses papiers en ordre. Le pauvre, d'habitude enjoué, charmant et charmeur, l'esprit vif, m'apparut triste, perdu, les yeux brillants plongés dans un bol de café froid qu'il ne s'était pas résolu à boire ; peut-être même ne se souvenait-il pas de notre rendez-vous.

— J'ai dû le laver ; il n'a même pas voulu s'habiller, expliqua l'infirmière venue lui faire sa prise de sang mensuelle. Je ne peux pas m'attarder davantage ; essayez de réussir mieux que moi.

D'abord vider le contenu du bol dans l'évier puis nous faire deux cafés bien chauds pour provoquer un électrochoc. La présence d'une seconde tasse près de la sienne incita Jacques à ravaler ses sanglots silencieux, maigre mais néanmoins première victoire. Enfin, après un quart d'heure, il se résolut à interrompre mon monologue juste avant que j'en arrive à me répéter.

Sa retraite de préposé à l'entretien à la ville, il l'avait attendue des années, sans se douter que le jour fatidique entraînerait une rupture brutale dans son quotidien. Divorcé sans enfant, le bonhomme se retrouvait seul à l'aube d'une vie nouvelle. Passer le temps au bistrot ? Ce n'était pas son genre.

— Vous avez bien des amis…
— Oui, mais ce n'est pas pareil, maintenant : on va me regarder comme un vieux bon à rien. Je n'ai même plus goût à me branler.

Le pauvre semblait fragile en cet instant, émouvant comme un clown triste… S'il n'y avait que ça, je pouvais le faire à sa place. Je l'amenai dans la chambre après avoir pris soin de verrouiller la porte d'entrée.


— Qu'est-ce que tu fais, ma petite ? gronda Jacques en sentant ma main s'immiscer dans la braguette de son pantalon de pyjama.
— Détendez-vous, ça me fait plaisir.

En fait, j'aurais voulu qu'il se tende, au contraire ; malheureusement, le bout de chair flasque entre mes doigts témoignait d'un échec cuisant : le bonhomme ne parvenait pas à se mettre à l'aise. Il existait bien une technique quasi imparable, mais… Tant pis. Je me penchai sur le bas-ventre velu et pris le membre minuscule dans ma bouche ; la réaction ne se fit pas attendre : c'est curieux de voir comme il suffit de sucer un homme pour le faire bander ! Sans prendre des dimensions extravagantes, la queue se développa enfin sous mes jeux de langue ; Jacques se révéla assez bien pourvu. Je pouvais l'engloutir aux trois-quarts, ce que je fis avec une envie grandissante. La bonne odeur de savon d'Alep me motivait.

Il ne tenta pas de forcer ma bouche, contrairement à mon ancien mec, et se contenta de soupirer d'aise en caressant ma joue d'un doigt léger. Nos regards se croisèrent dans la psyché de l'armoire axée sur le lit, il me gratifia d'un sourire craquant.

— Vous voulez me voir ?

Un peu exhibitionniste et très voyeuse à la fois, j'imaginais le plaisir accru pour un sexagénaire d'observer une brunette de 20 ans nue lui faire une fellation. Je me dévêtis en hâte, puis Jacques me poursuivit d'un regard allumé mettre la scène en place.

— Je m'assois dans le fauteuil ? demanda-t-il d'une voix chevrotante.

Pour me priver du spectacle ? Je l'installai sur l'accoudoir après avoir baissé le pantalon de pyjama, de manière à ne rien rater. La psyché me renvoya l'image en gros plan de la verge s'enfonçant dans ma bouche où elle retrouva aussitôt toute sa vigueur.

Je m'appliquai de longues minutes à le sucer, à lécher le gland décalotté, à masser les testicules avec précaution, à titiller le frein de la langue, caresse qui amena l'expulsion du liquide annonciateur. Baissant la verge à l'horizontale, j'incitai Jacques à se lever en vitesse : de toute façon, il avait atteint le point de non-retour. Je me regardai dans la psyché le masturber au-dessus de ma langue tirée. Il se libéra aussitôt en longs jets épais dans ma bouche, preuve qu'il n'avait pas éjaculé depuis des lustres. Je déglutis la semence amère en m'efforçant de sourire. Le sperme n'était pas mon nectar favori, mais le bonheur de Jacques méritait ce petit mensonge : je savais depuis mes premières expériences que les hommes apprécient de nous voir avaler leur jus.


J'en étais encore à essuyer la commissure de mes lèvres quand Jacques, qui avait joui en silence, fit entendre un léger grognement en soupesant mes petits seins. La palpation devint rapidement caresse, au point de faire enfler mes tétons. Si ça pouvait gonfler de même son moral, autant le laisser s'amuser un peu. Bientôt ce fut à moi de soupirer.

Jacques, d'une grande douceur, m'installa dans le fauteuil tourné de trois-quarts vers la psyché. Il s'agenouilla entre mes cuisses et déposa une myriade de baisers légers sur les poils sombres de mon pubis, comme s'il avait envie mais n'osait pas. En fait, le brave homme attentif guettait mon accord tacite. Comprenant que je ne le repousserais pas, il entreprit de lécher ma fente avec application de bas en haut, d'une lenteur exaspérante. La caresse superficielle aurait pu m'énerver si la langue ne s'était faite plus insidieuse à chaque passage. Enfin je sentis des doigts écarter mes petites lèvres. La sensation simplement agréable devint délicieuse quand il s'invita dans ma vulve.

En homme d'expérience, Jacques me régala d'un cunni parfait, loin des léchouilles pressées des jeunes amants qui se contentaient de mordiller mon clito, confondant mes grimaces avec des gémissements de bonheur. Lui savait doser la montée du plaisir sans me le donner, jusqu'à ce que mon corps réclame autre chose.

Quand il se redressa entre mes cuisses, j'aperçus dans la psyché la queue en érection collée à son ventre. En fait, le nouveau retraité se montrait un sacré gaillard ! J'étais si bien préparée qu'il s'enfonça lentement sans effort. L'impression de plénitude m'arracha un soupir ; Jacques commença à me besogner.

Là aussi, sa science amoureuse dépassait de loin celle des jeunes coqs confondant trop souvent vigueur et brutalité. Lui prit le temps de me baiser profondément, alternant coups de reins puissants et mouvements ondulatoires. C'était si bon que je me redressai pour frotter mes seins contre sa poitrine. Jacques me laissa faire un instant puis se pencha en avant et me régala d'un baiser suave. On s'embrassa sans discontinuer le temps de faire monter mon plaisir. Sa langue dans ma bouche, sa queue dans mon minou, rien ne manquait à part…

Un doigt fouineur débusqua mon bouton. C'en était trop. De la situation incongrue au savoir-faire de mon amant, je me laissai aller à un orgasme puissant, long comme un jour d'été.


On aurait pu en rester là, mais le membre bandé témoignait d'un nouveau besoin d'éjaculer. On échangea encore nos places. Je le repris dans ma bouche, prête à le sucer à fond – même si je n'appréciais pas trop le sperme – ne serait-ce que pour le remercier. Jacques ne demandait rien, silencieux, souriant, touchant.

Zut ! Entre la queue gonflée sous ma langue et la tendresse de mon amant, malgré ma jouissance sincère quelques instants plus tôt, un autre désir se faisait pressant dans mes entrailles. Toute à ma fellation, je lubrifiai mon anus d'un doigt trempé de mouille, puis de deux comme cela m'arrive lors de séances de masturbation un peu poussées. Pas question de faire « ça » avec un jeune inexpérimenté ; mais avec Jacques…

Il se laissa chevaucher, se contentant de caresser mes seins, conquis mais pas soumis, viril et tendre à la fois. En amant expert, il savait que le plaisir de la sodomie dépendait de ma confiance. Jacques m'abandonna le soin de saisir sa queue afin de la guider, de frotter doucement le gland badigeonné de ma mouille abondante sur mon œillet. Je poussai, surprise de ne ressentir aucune douleur, à peine une gêne qui de dura pas. Il me laissa m'empaler à mon rythme, ce qui prit du temps. La surprise vint de l'acceptation de mon anus dilaté. Une fois la queue avalée en entier, Jacques ne donna aucun coup de reins malencontreux qui aurait pu me blesser. Là encore ce fut à moi d'imprimer la cadence, lente d'abord, puis soutenue à l'apparition d'une boule dans mon ventre.

Je m'enculais littéralement sur la queue de mon amant dont la langue jouait sur ma colonne vertébrale tandis que ses mains ne lâchaient pas mes seins. J'étais aux anges. La sensation enfla jusqu'à devenir un plaisir différent mais pas moins fort. Jacques, certain de ne pas me laisser frustrée, se laissa enfin aller et je sentis les jets de sperme mieux que s'il avait joui dans mon minou.


Sur le pas de la porte, Jacques me tendit une main franche et amicale ; seul son regard brillait d'un bonheur remarquable : le moral était revenu au beau fixe. Je n'aurais qu'à repasser le lendemain pour la paperasse, et nettoyer le fauteuil.