J'en ai marre d'être toute seule chaque nuit dans mon grand lit glacé. Du coup, j'ai décidé de prendre les choses en main (au sens propre comme au figuré) et j'ai donc invité Niels à passer ce soir chez moi pour, prétendument, compléter son dossier et la maîtrise de notre belle langue.

Comme son prénom l'indique, Niels est Scandinave ; Norvégien, je crois. Je ne suis pas très originale quant à mes goûts, mais quand j'ai vu pour la première fois ce grand machin blondinet aux yeux bleus, j'ai tout de suite pensé aux folies de mon corps que je pourrais faire avec ce Viking des temps modernes !

Moi qui suis une petite brune coupée court aux yeux verts et aux rondeurs pas toujours bien réparties, à côté de lui, je fais tache. Très vite, j'ai fait ami-ami avec lui sans me forcer, car très vite nous nous sommes aperçus que nous avions les mêmes goûts (j'ai parfois un peu menti). Du coup, il était tout naturel qu'il vienne ce soir dans mon petit appartement afin que nous relisions le dossier qu'il avait à rendre le lendemain. En réalité, il parle et écrit très bien français ; peut-être, finalement, mieux que moi, mais j'avais en main un prétexte d'enfer pour l'attirer dans mon antre.

Me voilà donc toute guillerette à lui préparer une tourte aux spécialités locales : c'est vite fait et c'est inratable, comme le dit la pub. J'ai dressé la table, planqué les chandeliers dans un coin à portée de main (on ne sait jamais). J'ai sorti ma robe rose légère à fleurs, mis mes seules chaussures blanches à talon et soigneusement positionné mes mèches folles pour voiler mon regard. J'avoue ne pas avoir lésiné sur le parfum : j'ai vidé un bonne partie du flacon entre mes seins, soutenus par un beau soutien-gorge rikiki qui apparaît souvent dans l'échancrure de la robe.

J'en fais trop ? Peut-être, mais je veux ce type et je l'aurai, foi de Sophie ! Et puis, il me semble bien que ces derniers temps, en plus des compliments qu'il me fait, il me regarde d'une façon insistante. La dernière fois, il était visiblement en train de me mater les fesses : j'ai surpris son regard quand, brusquement, je me suis retournée. À moins que je ne me fasse des illusions…

Ah enfin, le voilà ! Faut reconnaître qu'il est pile à l'heure – la légendaire ponctualité scandinave – mais depuis plus de deux heures, je bous sur place ! Je me rue dans l'entrée, et avant d'ouvrir la porte je jette un dernier regard sur le miroir. « Ça va, ma fille, tu es présentable. » Un dernier ajustement de mes mèches sur les yeux, une grande respiration, et j'ouvre.

Ah la vache ! Qu'il est beau ! En général, je le vois en costume et chemise. Là, il est nature, en jean et tee-shirt. Si je ne me retenais pas, je lui sauterais au cou ! Lui aussi, il semble agréablement surpris. Il est d'une nature calme et flegmatique autant que moi je suis survoltée ; mais là, il est flagrant qu'il a haussé ses sourcils d'un millimètre ou deux. De plus, il affiche un magnifique sourire radieux tandis qu'il place entre mes bras un mignon petit bouquet de fleurs et sur ma joue un baiser que je trouve bien chaste. « Attend un peu, mon gaillard, je vais t'en faire découvrir, moi, des baisers à la française ! » Il s'aventure dans le couloir qui débouche dans la salle à manger. Moi, je le suis et je mate son beau petit cul aux petites fesses bien rebondies. Il n'y a pas que lui qui a le droit de mater des fesses ! N'empêche que j'irais bien y mettre les mains…

Le repas se passe agréablement ; nous discutons de tout. Il a aimé ma tourte et ma tarte aux pommes, version très modifiée. Enfin nous passons au canapé afin de relire ensemble son dossier. Tout va bien : ma robe est juste ce qu'il faut entrouverte pour qu'il découvre mes jambes au-dessus du genou, et je me penche juste assez sur son dossier pour qu'il ait une vue plongeante dans mon décolleté. Déjà, je sens que son français n'est plus aussi bon que durant le repas. J'en rajoute une couche en me faisant un plaisir de le regarder à travers mes mèches, la bouche entrouverte. « Voilààà, c'est tout bon ; tu tiens le bon bout, ma fille. » Encore un petit regard voilé… Il s'agite, il hésite. Ça y est, il se cale contre le dossier du canapé, se tourne vers moi, s'approche lentement de moi et…

— Nathaliiiiie !

C'est qui ce crétin qui hurle à ma porte, me cassant tous mes effets ? Et puis cet imbécile cogne ma porte. Il va me la défoncer, à ce tarif ! Nom de Dieu… c'est Norbert, mon beauf ! À coup sûr il s'est encore disputé avec ma frangine et vient voir si elle n'est pas chez moi. Il s'engouffre à peine la porte ouverte et tombe nez à nez avec Niels, qui le regarde, flegmatique.

— T'es toute seule ? demande ce crétin.
— Non : je suis avec monsieur. Non, ma frangine n'est pas là. Tu peux fouiller, tu ne la trouveras pas.
— Ouais, je te crois… dit-il en jetant un coup d'œil sur la table puis sur moi.
— Tu sais où se trouve la sortie ?
— Bien le bonsoir.

Il serre la main de Niels, lui envoie un regard plein de sous-entendus. Je le suis dans le couloir afin de refermer la porte derrière lui.

— Il est pas mal, ton gus ; je comprends pourquoi t'as mis cette robe…
— Mêle-toi de tes oignons !

Et vlan, je referme à son nez. Espèce de con de crétin d'abruti ! Bon, il va falloir tout reprendre à zéro. En quelques mots, j'explique à Niels qui sont Norbert et Nathalie. Là, je suis énervée. Nous reprenons nos places dans le canapé. Discrètement, je remets tous les ingrédients en place : robe, décolleté, mèches. Innocemment, l'air de rien. Le soir tombe, la luminosité baisse, tamisant la pièce ; le soleil darde ses derniers rayons, l'inondant de reflets flamboyants. Une atmosphère irréelle. Il est troublé. Doucement, je voile ma voix. Insensiblement, nous nous rapprochons. Progressivement, je m'ajuste. Lentement, il se positionne et…

— Sophiiiiie !

Ah, et merde ! Cette fois c'est mon idiote de sœur qui hurle à la porte en appuyant comme une dingue sur la sonnette. Elle entre en coup de vent dans mon appartement, gesticule et parle en même temps. Je ne comprends rien à ce qu'elle me raconte. « Oui, tu comprends ! … Tu ne sais pas … Norbert est un fou ! … Ah non, jamais de la vie ! » ; c'est à peu près tout ce que j'ai pu déchiffrer. D'un coup, Nathalie s'arrête de parler ; elle vient de réaliser que Niels était là en train de la regarder flegmatiquement.

— T'es pas toute seule ? demande cette idiote.
— Non, je suis avec Niels. Oui, ton Norbert est passé par ici. Il n'y est plus. Tu peux fouiller, tu ne le trouveras pas.
— Oui, je te crois, dit-elle en jetant un coup d'œil sur Niels, sur la table puis sur moi.
— Je présume que tu sais où se trouve la sortie ?

Je la lui désigne promptement.

— Au plaisir de vous revoir, Niels.

Elle serre la main de Niels, lui envoie un sourire plein de sous-entendus. Je la suis dans le couloir afin de refermer la porte derrière elle.

— Il est pas mal, ton Niels : je comprends mieux ta robe et tout le reste…
— Mêle-toi de tes oignons, frangine !

Et vlan, je referme à son nez. « Idiote de stupide de frangine à la noix ! Bon, il va encore falloir tout reprendre à zéro. »

Niels me regarde d'un air amusé. Je lui foutrais bien des baffes. Je m'empare de mon verre sur la table et le vide. Ce n'est pas très poli de ma part, alors je lui en propose aussitôt. Nous sommes de retour dans le canapé. Faisons le point : normalement, mes deux crétins ne devraient plus revenir. Je décide de reprendre la situation en main en prenant le dossier sur mes genoux ; il en reste la moitié à lire. Problème : si je garde ce dossier sur mes genoux, je ne pourrai m'en servir pour l'appâter avec ceux-ci. D'un autre côté, je peux l'obliger à venir se serrer contre moi et là, je joue à fond la carte "décolleté plongeant". Pas con !

Je croise les genoux et pose le dossier dessus. Dans la foulée, ma robe s'ouvre un peu trop. Là, j'en fais trop ; un peu gênée, je me réajuste. Du coup, le dossier repasse dans les mains de Niels. Raté ! Tout en râlant intérieurement, je corrige avec lui quelques pages. C'est curieux, j'ai l'impression que je lis de moins en moins bien : il faut que je tende le cou pour continuer à lire. C'est alors que je m'aperçois que Niels triche : il éloigne imperceptiblement les feuillets afin que… afin que je vienne à lui ! Je viens de réaliser que ma nuque est à deux doigts de son cou, et penchée comme je suis avec lui au-dessus, il doit s'en payer une sacrée tranche ! Pardon : une sacrée paire. Ah, le petit vicieux ! C'est vrai que je n'ai pas grand-chose à lui reprocher sur ce sujet, et puis ça arrange bien mes affaires. Alors je lève les yeux vers lui en tournant doucement la tête ; j'ai un peu peur de ce que je peux lire sur son visage… Veut-il de moi ? Oui ? Non ?

Nous sommes maintenant presque face à face. Nos corps ont pivoté lentement, et ce que je lis sur son visage n'est certainement pas que de l'amitié. Je sens que ça y est, je sens que je tiens le bon bout ! Niels me regarde intensément. Je me rapproche, il se rapproche. Il jette un coup d'œil inquiet vers la porte d'entrée.

— Aucun risque… je lui murmure en fermant les yeux.

Je sens son parfum qui m'enveloppe, son souffle sur mes lèvres, sa chaleur qui s'apprête à se poser sur…

— Sophiiiiie, Nathaliiiiie !

Je bondis, manquant de lui casser le nez. L'air égaré, je le dévisage, les yeux ronds ; c'est pas vrai : c'est ma mère qui est là ! Comme elle possède les clefs, elle est déjà dans l'entrée.

— Sophie, ma chérie, il faut absolument que je te dise que ta sœur s'est encore fâchée avec son crétin d'époux. Je l'ai eue tout à l'heure au bout du fil et elle m'a dit qu'elle passait te voir, mais j'ai peur que son crétin d'époux ne vienne aussi. C'est alors que je me suis dit qu'il fallait que je vienne afin que nous allions tous voir ailleurs si nous y étions et que nous…

Ça, c'est typique de ma maman adorée. Brusquement, ma mère s'arrête de parler : elle vient de réaliser que nous étions assis dans le canapé, moi avec mon air égaré et Niels avec son air flegmatique.

— Tu n'es pas seule ? constate ma maman.
— Non, je ne suis pas seule ! Tu es la troisième personne à me le demander ! Oui, les deux zouaves sont passés. Non, ils n'y sont plus !
— Oui, je te crois… dit-elle en souriant à Niels.
— Mes hommages, Madame, dit-il en s'inclinant tout en se levant.
— Enchantée, cher Monsieur, répond-elle.

Là, il faut que j'intervienne :

— Je présume que tu sais où se trouve la sortie ?
— Au plaisir de vous revoir bientôt, Monsieur.
— Il en sera de même pour moi, Madame.

Elle serre la main de Niels, nous envoie un sourire plein de sous-entendus et de bénédiction maternelle. Je la suis dans le couloir afin de refermer la porte derrière elle.

— Il est mignon. Tu me le présenteras mieux un jour ? Tu t'es mise en valeur, ma fille ; ça te change de tes éternels jeans informes.
— Mêle-toi de tes oignons ! Si tout le monde fourre son nez dans mes affaires, j'arriverai jamais à rien.
— Oh, excuse-moi. Allez, je vous laisse tranquilles.

Et vlan, je referme à son nez. Nom de nom de nom de nom de Dieu ! Il va encore falloir tout reprendre à zéro. Niels est écroulé de rire dans le fauteuil, et moi j'ai l'air d'une conne avec ma mine défaite et mes bras ballants. Niels est toujours mort de rire. Il est bien le seul. Je ne sais plus quoi faire. Je regarde ma salle à manger, la table. Je songe à tout ce que j'avais planifié, à tout ce qui s'est cassé la figure. J'ai le moral à zéro. Et l'autre qui n'en finit plus de se marrer !

Le dossier gît au sol. En désespoir de cause, je m'approche pour le ramasser.

D'un coup, je me retrouve plaquée contre Niels qui m'a capturée quand je suis passée à sa portée. Je suis complètement affalée contre lui et il retient fermement, ses bras dans mon dos.

— Que… !?

J'arrive à peine à ouvrir la bouche.

— Quoi qu'il arrive, ma Sophie, je ne te lâche plus.

Et sur ce, il m'embrasse d'abord tendrement puis se fait plus exigeant. Je réponds comme une folle à ses baisers, me plaque à lui, heureuse, émerveillée qu'il veuille de moi à ce point. Comme je n'y tiens plus, je plonge mes mains sous son tee-shirt pour palper sa large poitrine. Nos langues s'emmêlent plus encore ; une main cherche mes fesses, une autre me caresse le dos. Dieu, que c'est bon d'être désirée ainsi… J'ai trop envie de lui. Je me lève, échappant à son emprise. Il me regarde, un peu inquiet. Je lui prends la main et lui dis :

— Viens !

La minute qui suit, je suis nue contre lui, les draps défaits, plaquée contre son magnifique corps sculpté, son sexe dur contre mon ventre. Puis, complètement offerte, sa tête entre mes jambes, je subis la douce torture de sa langue qui me cherche, qui me contourne, de ses doigts qui parcourent mon corps, mes seins, mon ventre. Il exige les moindres recoins de mon corps : devant, derrière, s'attardant sur le creux de mes reins avant de partir de plus belle vers mes fesses.

Il m'impose de rester sur le ventre, jambes et bras en croix tandis qu'il remonte ma jambe à coup de baisers appuyés. Sa langue longe ma cuisse et plonge dans ma chatte brûlante. Puis il remonte lentement. J'ai un petit frisson quand il s'attarde un court instant à l'orée de mon petit trou. Il remonte le long de mon dos, se frottant à moi sans m'imposer le poids de son corps. Il arrive dans mon cou, et plus bas je sens son sexe qui cherche à entrer en moi. Il capture mes seins, joue délicatement avec mes tétons tandis que je l'accueille en moi. Tout est grand chez lui, et je sens nettement chaque centimètre de sa queue s'enfouir en moi, son corps puissant recouvrir le mien, les tortures exquises qu'il inflige à mes seins et les morsures délicates dans mon cou.

Maintenant il est complètement entré en moi, je me sens pleine. Il commence un lent va-et-vient. Une main relâche mon sein pour fourrager dans ma touffe. L'instant d'après, nos deux corps sont agités de soubresauts ; mes fesses cherchent sa queue afin qu'il se plante plus loin en moi. Il me pistonne tout en imprimant à son engin un mouvement circulaire, se frottant à mon cul, épousant sa rondeur. Ses doigts excitent sans le toucher directement mon clitoris en fusion, mon téton entre ses doigts, mon sein en pleine main, sa bouche rivée à la mienne.

J'explose. Des tas d'étoiles fusent à mes yeux. Une onde, un vague puissante m'envahit et je me laisse porter, heureuse, comblée. Je me sens pleine de lui.

Toute la nuit il continue à m'aimer, à plonger en moi, à se caler entre mes seins, dans ma bouche. Toute la nuit je goûte chaque parcelle de son corps, le goût âcre de son sperme, comme lui qui n'oublie rien d'explorer sur et dans mon pauvre petit corps en folie trempé de sueur et de désir.

C'est quand j'ai exigé une dernière fois de lui qu'il replonge en moi pour me combler, me forcer de son engin, qu'après avoir goûté à nouveau de son sexe trempé de nos sécrétions jusqu'à ce qu'il mollisse dans ma bouche que nous nous sommes endormis emmêlés, fatigués, épuisés mais rassasiés.


La lumière du petit matin baigne la chambre ; le lit est un véritable champ de bataille. Nous venons juste de refaire l'amour : j'ai ignoblement profité de son érection matinale ; et, bien sûr, il s'est laissé faire, m'en mettant partout !

Ma tête repose sur son ventre. Il caresse tendrement mes seins, jouant souvent avec leurs pointes dressées. Je sens son regard brûlant posé sur moi. Il semble rire doucement, se souvenant vraisemblablement de tout ce qui s'est passé hier soir et me dit :

— Quelle soirée ! Et quelle nuit merveilleuse avec toi ! La prochaine fois, c'est toi qui viendras chez moi, y compris toutes les autres nuits…