Aujourd'hui, j'ai 56 ans. C'est bizarre. 55, ça claquait… 56, c'est moche.
Je préfère rester floue…

Il y avait eu cette longue pause, j'avais senti diminuer la flamme de ma libido.

Elle fête ses 28 ans et m'invite à sa fête libertine. Je ne l'ai jamais rencontrée et ne connais aucun des invités, mais l'invitation me touche, malgré les plus de vingt années me séparant de la moyenne d'âge du groupe. Égalité : six hommes, six femmes. Mathématiquement, les chances de trios sont plus faibles…

Les belles trentenaires ont des arguments bazooka, magnifiques obus et fessiers XL à tomber… Je ne ferai pas le poids, vieille salope en pleine crise de doute… Crainte de faire tapisserie, et de ne pas avoir ma dose…

« Bouge ta carcasse et fonce ! Il t'arrive quoi à psychoter sur ton âge ? » disent mes potes de confidences…
Après la longue diète, faut que je me bouge le cul, comme un challenge… Let's go !

Et bordel… MERCI !

Une ambiance juste parfaite.
Et fascinante. Comme une observatrice de cette génération débattant joyeusement alimentation saine, sport, régime, et… sexe.

Et, d'emblée… je sais, je sens, je vois…
Je ne repartirai pas en état de manque…
Les regards me brûlaient.
Et me rassuraient.
À nouveau attisée.

Leur désir, dans les conversations où les corps se rapprochent, les mains qui osent, rires et sous-entendus qui confirment les enchevêtrements à venir…
Leur envie perceptible, leur impatience de l'osmose des peaux.
Je n'aurais pas à choisir : j'allais me laisser porter par l'instant… par les premiers à m'entraîner dans la danse.
Et ils se montrèrent impatients de le faire. « Comme des petits fours », précisera plus tard notre belle hôtesse, j'allais les engloutir…

La danse avait d'abord été multiple, entrelacs et glissements, variations de combinaisons…
Et très vite, perte des repères… « Tu n'as pas réalisé qu'elle te caressait et te mordillait le cul pendant que tu chevauchais M. ? »

Mon corps glissant d'un corps à un autre sans que je le guide. Le fameux lâcher-prise pas toujours si facile à atteindre. Perdre tous repères…

Ma folie renaît ; pas si perdue, finalement…
Et, comme si je n'y croyais plus, l'énergie s'amplifie ; je dévore, de plus en plus affamée… L'appétit vient en mangeant, c'est peu de le dire !
Les queues se suivent mais ne se ressemblent pas… et chacune me gonfle de cette force dévorante que je pensais avoir laissée sur le chemin du temps à l'œuvre… J., M., J-P.
Mais surtout K., encore et encore… Cru, sauvage, fou… dans le geste et les mots…
Isolés. Duo de ceux qui se sont trouvés. Jusqu'au matin…

Parfois, la porte s'ouvre. Je sens leurs regards qui ne peuvent nous interrompre.
Et j'entends celle dont j'ai exactement le double de l'âge : « Plus tard, je veux être comme elle… »