La foule m'aspire. Je ne me suis pas douchée. Je ne me douche jamais après nos orgasmes. Ma peau est enduite de ta sueur, mon con et mon cul le sont de ton foutre. Je me contracte. Je le retiens, je te retiens. Tous ces gens qui courent vers la gare, et moi, au ralenti, échevelée, poisseuse. Heureuse. Secouée, ramonée, perforée, transpercée, possédée, vidée puis remplie. Courbaturée, ecchymosée… détendue, vraiment. Comme toi seul sait me détendre.

Souple et fluide, j'avance en lévitant. Le train démarre mais je suis encore sous ton corps. Si lourd, et pourtant… c'est là que j'ai besoin d'être, écrasée à nous amalgamer. Alors…tout garder, ne rien nettoyer, décaper ou gommer. Surtout pas, car l'ivresse est là et je ne veux pas redescendre, pas encore, pas déjà. Même s'il fait froid et gris, j'ai encore chaud de ta peau, je brûle de tes dents, chair rougie par tes mains qui empoignent et claquent.

Je suis à toi, je t'appartiens, même si la raison me répète de te fuir. Tu sais doser tes « Je t'aime » pour me garder enchaînée et prête à ramper pour ton jus. Je rêve d'une vie où tu m'en nourris, où tu m'en recouvres, où tu m'en remplis. Cinglée. Jamais je n'aurais imaginé le vouloir et l'écrire, dépendante, accro, addicte, shootée, camée… Mon amour.

Mes pas, mes gestes secouent les effluves du parfum de notre osmose. Je me sens femelle, belle de ta souillure, animale, brute, vivante. Chienne ; ta chienne.
J'aime être foutrement parfumée parmi ces gens propres et pressés.

Je t'ai dans la peau. Je les sens, les cellules de ta colle nacrée imprégner mon ventre, fluide de vie à jamais en moi, que tu envoies dans un geyser brûlant au plus profond de mes tréfonds, ta queue bazooka toujours plus loin, plus fort. Nous nous contorsionnons afin que ton lance-flamme me brûle les entrailles, marquée, partout.

Nectar, jus, crème, liqueur, philtre… sperme.
Mais moi, j'aime « foutre ».
L'expression du vrai, du cru, de l'évidence.

Tu es loin, trop loin, mais tu sais qu'il suffit de m'évoquer cette crème pour que je m'affole. Son goût, son odeur, sa texture à jamais imprimés dans mon cerveau, mes narines, sur mon palais, mes doigts, ma peau…

Alors tu m'envoies tes expulsions gémissantes, et tu en recouvres comme un vernis mon portrait d'affamée impatiente. Des couches et des couches. Et moi, je trouve ça beau. Je t'imagine, te branlant des heures, puis crachant en cartographies toujours différentes sur le papier jusqu'à le saturer. Mon visage, mes seins, mon ventre… Le Canson imprimé en devient cartonné, et l'expression du compte à rebours qui nous sépare de nos prochains mélanges.

J'ai faim, j'ai soif, j'ai besoin de ma dope, de ma vitamine, de ma source d'énergie. Mais au delà de ton foutre, j'ai besoin de toi.