Fin août 1962, moins d'une semaine avant ma fin de vacances aux Sables-d'Olonne, je suis présent dans une surprise-partie organisée par un des membres de « La Bande » chez ses parents. J'ai dix-neuf ans…

Timide de nature avec les filles mais beaucoup moins pour animer nos soirées, ce soir-là je fais banquette. Il faut dire que je viens d'être largué par la copine avec qui j'étais depuis plus de quinze jours ; un amour de vacances, comme on disait à cette époque.

Cette bande dont je parle, c'est celle qu'on a fondée mon copain Michel et moi deux années auparavant. On a pris l'habitude depuis de se retrouver toujours au même endroit de la grande plage, à la Rotonde du Trianon. Nous sommes une cinquantaine de garçons et filles pleins de vie. Nous sommes l'attraction de ce coin de plage familiale que nous animons avec nos chansons et nos musiques.

Aucune animosité de la part des familles présentes qui ont loué une tente pour s'abriter du soleil. Bien au contraire, elles sont ravies de voir ces jeunes heureux d'être ensemble et respectueux de leurs aînés.

À cette époque, les CRS qui gardaient la plage en avait fait leur QG. C'est de là qu'ils observaient les baigneurs et que partaient les secours en mer. Nous étions très copains avec eux. Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, on les respectait et ils nous rendaient la pareille. On les aidait à mettre le Zodiac de secours à la mer, et en échange ils nous emmenaient faire un tour lors de leurs rondes de surveillance.

C'était le bon temps, mais pas autant qu'on pourrait le penser. La guerre d'Algérie avait décimé nombre de jeunes de mon âge appelés « sous les drapeaux ». J'avais échappé à cet appel car j'étais sursitaire du fait des études que je poursuivais. Mais cette épée de Damoclès régnait en permanence au-dessus de nous.

Mais revenons à cette soirée ! Alors que je suis assis dans mon coin je repère une jolie fille qui elle aussi fait banquette. J'aimerais tellement l'inviter à danser mais c'est une série de rocks, danse avec laquelle je ne suis pas à très l'aise. Je vois qu'elle me regarde mais je ne fais rien. Je prie simplement pour qu'une série de slows soit programmée. Ma prière est exaucée…

Je me lève, tremblant et je vais l'inviter. À ma grande joie elle accepte. En fait, elle est arrivée il y a à peine une demi-heure, d'où le fait qu'elle n'ait pas de cavalier. Une chance pour moi car c'est une jeune fille comme je les aime : un visage ovale aux traits fins, aux yeux verts, encadré par des cheveux bruns qui lui tombent sur les épaules. Elle est habillée simplement d'une robe légère, chaussée de sandales à talons plats. Elle est très jolie. Je le lui dis et je la prends dans mes bras pour entamer ce premier slow que j'attendais tant. Elle me sourit et se serre contre moi.

— Je m'appelle Elke (Prononcez Elqueu), dit-elle avec un léger accent germanique.
— Et moi Marc. Heureux de faire ta connaissance.

J'apprends qu'elle est là aux Sables-d'Olonne depuis quelques jours et qu'elle repart pour l'Allemagne après un court passage par Paris. Née en 1944, elle a tout juste dix-huit ans.

D'emblée le courent passe. Je la presse contre moi et je l'embrasse légèrement dans le cou. Elle tourne la tête ; nos lèvres se touchent, son regard fixe le mien, nos bouches s'ouvrent : c'est notre premier baiser. Nos langues font connaissance. Nous accentuons notre baiser. Je parcours son dos de mes mains mais elle m'empêche d'aller plus bas. Je suis obligé de m'écarter car je bande. Il ne peut être question d'aller plus loin, l'époque ne s'y prêtant pas : pas de pilule, pas d'avortement légal, majorité à 21 ans, très mal vu d'avoir des relations sexuelles avant le mariage…

Cette histoire aurait pu s'arrêter là car une fois son passage à Paris où nous nous sommes revus, nous nous sommes quittés à jamais après avoir échangé nos adresses.

Mais c'était sans compter sur le hasard…

Nous sommes à la fin des évènements de 1968, juste après la signature des accords de Grenelle qui a eu lieu le 7 juin pour être précis. Un samedi je prends un pot à la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris quand j'avise une jeune femme seule à côté de moi qui sirote une menthe à l'eau. Cette tête ne m'est pas inconnue mais je n'arrive pas à savoir où j'ai pu la rencontrer. Comme une personne qui se sent observée, elle lève la tête, manifestement gênée. Nos regards se croisent ; une hésitation réciproque et jaillissent de nos bouches :

— Marc !
— Elke !

On se jette dans les bras l'un de l'autre comme pour notre première fois aux Sables-d'Olonne. Comme si nous avions ça gravé en nous pour toujours, foin de bises sur les joues : nos lèvres se rejoignent pour un baiser fougueux et une étreinte sauvage. Les clients en terrasse, conscients d'un évènement inattendu, applaudissent au fait de nous voir si heureux.

Nos paroles se bousculent, nous ne savons pas par où commencer. C'est Elke la première qui m'annonce d'emblée qu'elle est libre. Je lui prends la main et lui confirme que je le suis aussi. S'enchaînent alors nos vies depuis cette fameuse année 1962. Hormis le fait que nous avons vieilli (elle a vingt-quatre ans et moi vingt-cinq), je suis ingénieur en électronique, embauché dans une grande entreprise d'informatique, et elle – brillante – en dernière année de médecine à… Paris !

Nous discutons longuement ; le temps passe… On se bécote comme des gamins, on se regarde, avides de rattraper le temps perdu. Je l'invite à dîner, si elle est libre, ici même. Elle me répond alors sur un ton qui me réchauffe le cœur :

— Pour toi je suis désormais libre tout le temps !

Je la serre dans mes bras et je fais signe au garçon. On commande un dîner que je propose d'arroser au champagne pour fêter ces magnifiques retrouvailles.

Vient le moment de rentrer chacun chez soi ; malheureusement, je vis encore chez ma mère. Elke me propose de prendre un dernier verre chez elle. Elle habite un studio près d'ici. Nous nous y rendons main dans la main.
À peine la porte de son studio fermée, mes mains enfiévrées parcourent son corps. Elle n'est pas en reste et me montre qu'elle en veut plus. Elle enlève ma veste, déboutonne ma chemise, dégrafe mon pantalon qui tombe à mes pieds. Je lui soulève sa robe, baisse sa culotte que d'un geste élégant elle retire. Elle peut sentir mon vit dressé contre elle. En quelques secondes nous nous retrouvons nus. Elle m'entraîne vers le canapé-lit et s'y agenouille. Ses fesses sont une invite à la prendre immédiatement. Elle me dit juste :

— Je prends la pilule…

Mon sexe douloureux, tellement il est tendu, se glisse dans sa raie culière et mon gland écarte les lèvres de son con. Mon désir exacerbé par nos retrouvailles inattendues rencontre le sien : elle est trempée. Ma queue tendue à l'extrême n'a aucun mal à pénétrer cet antre liquoreux jusqu'à la garde. Elle pousse un cri, contracte son vagin et m'entraîne dans un orgasme commun, fabuleux. Notre « première fois » est une réussite. Nous nous retrouvons imbriqués, couchés sur le canapé. Je prononce mes premiers mots d'amour ; elle tremble de bonheur en les entendant. On se sépare pour aller faire une petite toilette puis on s'étreint. Je prends ses seins fabuleux dans mes mains alors qu'elle est dos à moi. Je les empaume et presse doucement ses tétons. Elle gémit ; sa tête en arrière recherche mes lèvres que je lui accorde volontiers.

On se sépare à regret. Elle ouvre le canapé convertible. On se couche, et immédiatement je la prends dans mes bras. Je couvre son corps de baisers. C'est d'abord son front, sa bouche, le lobe de ses oreilles que je mordille, puis ses tétines que je suçote. Ma tête descend plus bas ; ses mains la pressent contre son mont de Vénus, me montrant qu'elle apprécie. Puis j'atteins le Graal : je suis à l'intérieur de la fourche de ses cuisses. Elle sent bon, sa fente suinte. Ma langue vient goûter son sirop de femme. Je me régale ! Je continue sur ma lancée à la recherche de l'entrée de son puits d'amour. Je débusque son clito, que je presse entre mes lèvres. Elle réagit par de petits cris de souris. Son corps s'arque ! Elle jouit !

Quelques secondes de répit et je sens ses menottes saisir ma bite et la masser à sa base. Je suis dur comme du bois, je n'en peux plus. Je me retourne et me glisse entre ses jambes. Mon sexe la pénètre tout en douceur ; elle feule de bonheur. Je lui dis pour la première fois « Je t'aime… » dans le creux de l'oreille. Elle prend ma bouche parfumée par ses sucs intimes et chuchote :

— J'aime sentir mon odeur de femme en chaleur sur tes lèvres. Je t'aime, Marc. Prends-moi en douceur, je suis bien.

J'accède à ses désirs, et pendant un temps très long je vais la mener plusieurs fois au septième ciel jusqu'au moment où – sans l'avertir – je vais accélérer le rythme, la faisant crier son bonheur, l'achevant par notre deuxième orgasme commun.
Je m'écroule sur elle et on s'endort dans les bras l'un de l'autre.


Dans la nuit je suis réveillé par sa bouche qui parcourt mon corps et vient chercher un trésor qu'elle semble apprécier. Me sachant désormais réveillé, elle prononce ces paroles avec son accent germanique que j'adore :

— Petit oiseau est bien endormi… Elke va le réveiller car Elke a envie de lui faire cracher son jus de corps d'homme.

Elle embouche alors mon sexe entièrement. Sa langue tourne autour puis elle le pompe avidement. Inutile de vous dire que, selon ses propres termes, « le petit oiseau se réveille » et devient vite conséquent. Elle a du mal à le garder entièrement dans sa bouche et moi à conserver mon calme. Je sens d'ailleurs que ça vient et que je vais bientôt éjaculer. Je tente de faire reculer sa tête mais elle insiste pour que je finisse dans sa gorge. Je ne peux résister à sa demande, et elle me boit jusqu'à la dernière goutte. Pour la remercier je la prends dans mes bras et je l'embrasse pour lui montrer combien j'ai apprécié ce geste que peu de femmes accordent du premier coup.

Elle se fait chatte en ronronnant dans mes bras. Elle me dit qu'elle est heureuse de m'avoir retrouvé et qu'elle a adoré faire l'amour pour la première fois avec moi. Jamais elle n'avait autant joui de sa vie, et elle regrette que ce ne soit pas moi qui ait pris sa virginité.

Une pointe de jalousie s'éveille en moi, vite dissipée par l'action de sa main sur mon sexe qui ne tarde pas à durcir à nouveau. Elle me chevauche alors et s'empale sur mon vit. Je peux voir ses beaux seins s'agiter sous mes yeux. Elle me regarde amoureusement. Je la penche vers moi pour téter alternativement ses tétons. Dans cette position, je peux faire aller et venir aisément ma bite dans son con baveux. Elle halète, se redresse pour accentuer la pénétration ; son visage extatique manifeste le plaisir qu'elle prend à m'enfoncer en elle. J'arrête quelques secondes mes mouvements et fais palpiter mon gland qui bute à l'entrée de son utérus. Elle répond par de douces pressions vaginales sur l'entièreté de ma queue. Aux réactions de son corps tout entier, je sens qu'elle va venir et que je suis moi-même au bord de l'explosion. Elle pousse un cri proche de l'agonie pendant que j'expulse en elle toute ma semence, en pleine harmonie sexuelle.

Nous nous rendormons, côte à côte, sa main dans la mienne.


Au petit jour – nous sommes dimanche – je me réveille à côté d'elle, la queue dressée. C'est fantastique, j'ai encore envie d'elle ! Je ne suis pas rassasié de son corps. Comment le pourrait-on d'abord ? Elle est tellement belle… son corps est la perfection. Les courbes harmonieuses de ses reins, de sa poitrine, et son visage d'ange aux yeux verts font d'elle une vraie tanagra. Je vis un moment de rêve. Qui eût cru quelques heures plus tôt que j'allais vivre ces instants intenses que j'ai tant envie de prolonger ?

Elle dort sur son côté droit. Je me tourne moi aussi sur le même flanc et m'approche d'elle. Mon vit se glisse dans la raie de ses fesses, ma main gauche prend possession de son sein. Délicatement, de mon genou gauche, je soulève légèrement sa cuisse. Elle pousse un soupir, son corps se détend. Mon sexe se glisse à la recherche de l'entrée de son vagin qu'il trouve facilement. Elle a dû faire des rêves érotiques ou alors elle me désire déjà car mon gland n'a aucune peine à se frayer un chemin dans son intimité. Je suis tout au fond, abuté à l'entrée du col de son utérus.

Je passe mon bras droit sous son corps et agrippe sa mamelle droite. Mes doigts pressent désormais ses tétons, les pincent même. Elle gémit et s'éveille.

— Bonjour mon amour. Tu me sens bien en toi ?
— C'est trop bon mon chéri, tu me remplis au maximum. Tu es bien dur… Vas-y, prends-moi fort, ne me ménage pas. Je t'aime !

Galvanisé par ses paroles et très endurant, je vais la pilonner pendant un long moment. Dans mes mains, Elke devient une poupée de chiffon consentante. En cuillère, en levrette, en missionnaire, debout, en Amazone, toutes les positions y passent ! Elle jouit à chaque changement jusqu'au moment où, prenant l'initiative, elle se jette sur mon vit, l'engloutit et me fait cracher dans sa bouche gourmande. Mon sperme déborde à la commissure de ses lèvres et retombe sur ses seins. Elle me regarde, heureuse et épuisée.

Nous décidons d'aller déjeuner au restaurant. J'ai choisi d'aller au Chalet du Lac, au bois de Boulogne.

Après une douche coquine où nous nous contentons de nous embrasser et nous caresser, je récupère ma voiture garée non loin d'ici et nous filons jusqu'à l'embarcadère.

Le repas est un délice. Les clients nous regardent avec envie. Elke, d'une grâce éblouissante, porte une simple robe bleue qui met parfaitement son corps en valeur. Nous sommes bien, main dans la main, yeux dans les yeux. Le dessert et le café pris, nous retournons vite chez elle car nous avons envie l'un de l'autre.

Le soir, nous devons nous quitter car je commence tôt le lendemain et je n'ai aucun change. Nous convenons de nous retrouver chez elle le lendemain soir pour passer ensemble nos futures nuits.

Arrivé chez ma mère, je lui dis tout de go que je suis tombé amoureux. Le moment le plus délicat, c'est quand je lui annonce qu'Elke est allemande (il faut savoir que je n'ai pas connu mon père, tué par les Allemands – les « boches », comme on les appelait – en 1944).
Ma mère me regarde – comme une mère peut regarder son fils – et me dit :

— Je vois dans tes yeux que tu es follement amoureux. Je ne t'avais jamais encore vu comme ça. D'après ce que tu me racontes, c'est une chic fille. Alors vis avec elle, soyez heureux. La guerre, c'est loin maintenant ; c'est à vous de construire votre avenir. Tu as ma bénédiction.
— Oh, maman, je suis le plus heureux des hommes ! Vous serez les femmes de ma vie !
— Sauf si Elke met au monde des filles… dit-elle en riant. Que penses-tu de me la présenter dimanche midi ?

Le dimanche suivant, Elke laisse un excellent souvenir à ma mère ; depuis, elles se verront souvent et deviendront très complices. Par la suite, Elke me présentera à ses parents que j'apprécierai immédiatement. Je me souviens encore du moment où, évoquant la mort de mon père, celui d'Elke, de sa voix à l'accent fortement germanique, me dit :

— Ach ! La guerre, gross malheur !

Un mois plus tard, je demande Elke en mariage. Je lui fais pour ça une surprise en l’emmenant en week-end prolongé aux Sables-d'Olonne, et c'est sur la terrasse de la Rotonde du Trianon, devant le patron qui avait vécu nos amours éphémères, que je lui fais ma demande. Sans hésiter une seule seconde, et me dit oui immédiatement.

Inutile de vous dire qu'après ça nous restons au lit tout le temps, nous faisant livrer des plateaux repas dans notre chambre. Nus, sans entraves, nous explorons toutes les possibilités de nos corps jusqu'à l'ultime abandon d'Elke qui, alors que je frotte mon vit entre ses fesses, désire que je la sodomise. Je le fais en douceur, en prenant d'énormes précautions pour ne pas la heurter. Elle apprécie beaucoup, et par la suite cela deviendra une pratique courante que nous utiliserons souvent durant ses règles ; je la ferai jouir fréquemment de cette façon.

C'est aux Sables que nous nous marierons. Le repas aura lieu au Grand Casino où, à l'époque, je donnais des cours de madison. Ce sera une très grande fête où, Allemagne oblige, la bière et le champagne couleront à flots.

Épilogue

Cela fait plus de cinquante ans qu'Elke et moi sommes mariés. Nous avons eu deux filles, et nous sommes amoureux comme au premier jour. Nous faisons encore souvent l'amour, et elle me dit qu'elle jouit encore plus fort qu'à nos premiers jours. La réciproque est vraie, même si avec mes problèmes de prostate je bande moins fort. Mais, vu nos expériences, la pénétration n'est pas forcément nécessaire, d'autant qu'Elke est plutôt clitoridienne…

Conclusion

Que se serait-il passé si, un samedi de juin, je n'avais pas décidé de prendre un pot à la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris ? Éternelle question… sans réponse !