Prosternée à plat ventre dans la nef, les bras en croix, Brigitte commence à souffrir du froid que le dallage de pierre diffuse dans son corps à travers la toile de la longue chemise de lin dont elle est revêtue. Bercée par les voix des moniales qui chantent les litanies des saints, dans un état second elle se laisse submerger par ses souvenirs…


Elle se revoit arriver, deux ans auparavant – elle n'avait alors que dix-huit ans – dans cette abbaye de l'Est de la France où sa famille, issue de la noblesse provinciale mais désargentée, avait décidé qu'elle passerait le reste de ses jours. François-Marie, son frère aîné, hériterait le domaine familial ; quant à Charles-Antoine, son frère cadet, la seule voie qui s'offrait à lui dans cette France des années 50 était la carrière des armes ; il venait d'intégrer l'école d'officiers de St-Cyr Coëtquidan.

Brigitte n'avait pas vraiment la foi chevillée au corps, mais sa famille de catholiques pratiquants l'avait convaincue que consacrer sa vie à la prière pourrait améliorer le sort du genre humain ; pour elle, ce fut un argument décisif car elle était désireuse d'aider les autres.

Après une période d'essai de quelques mois, la postulante avait été admise au noviciat et, deux ans plus tard, Brigitte venait en ce jour de prononcer ses vœux permanents : pauvreté, chasteté, et obéissance. Chasteté ? Cela allait être difficile, car quelques mois auparavant elle avait été initiée à l'amour lesbien par Charline, une mignonne novice rousse aux yeux verts. À l'âge où le corps est perturbé par les hormones et lorsqu'on vit en communauté, il est difficile de résister à l'appel des sens ! Elle se souvient de cette nuit particulière…


Alors que les religieuses sont plongées dans le sommeil, Brigitte est tirée de ses rêves par un grattement furtif contre la porte de sa cellule ; elle pense tout d'abord qu'il s'agit d'un rat et tente de se rendormir, mais cette fois-ci c'est une petite voix qui l'interpelle :

— Brigitte, je voudrais te parler ; veux-tu bien me laisser te rejoindre ?

Intriguée, la jeune fille invite sa visiteuse nocturne à entrer ; à la clarté de la lune, elle reconnaît Charline, une postulante tout comme elle.

— Viens t'asseoir sur ma couche, bien chère Charline. Alors, dis-moi quels sont ces tourments qui te tiennent éveillée aussi tardivement.
— Eh bien, c'est difficile à admettre, Brigitte… mais commençons par le début. Voilà : je suis le seul enfant d'un couple. Ma mère m'a eue très tardivement, à presque 40 ans. Elle se croyait stérile car les médecins lui avaient tous dit qu'ils ne pouvaient rien pour elle. Alors, dépitée – et même si elle n'était pas croyante – elle a accompli le pèlerinage de Lourdes et a promis à la Vierge que si elle donnait naissance à un enfant, celui-ci intégrerait les ordres religieux. Et me voici enfermée entre ces murs contre ma volonté…
— Est-ce si désagréable ? Pour ma part, même si ce sont mes parents qui ont décidé de mon avenir, cela me convient car je désire améliorer le sort de l'humanité grâce à mes dévotions et mes prières. N'est-ce pas un sort enviable ?
— Pour toi peut-être, mais pas pour moi. Vois-tu, avant d'être enfermée ici j'avais un petit ami, Pierre. Nous nous rencontrions en cachette, et il me serrait contre lui en me couvrant de baisers. Ah, que c'était agréable… Et puis il me caressait sur tout le corps, même entre les cuisses, et là j'éprouvais un immense plaisir ; mais le plaisir était encore plus grand lorsque Pierre me prodiguait ces caresses avec sa bouche et sa langue. Ah, si tu savais…

Brigitte, que sa famille pudibonde avait toujours tenue dans l'ignorance des choses du sexe, est choquée par ces révélations, mais Charline poursuit :

— Maintenant que je suis enfermée ici, ces plaisirs me manquent tant… J'ai bien essayé de reproduire moi-même certaines des caresses de Pierre, mais ce n'est pas aussi fort, et je…

Incapable d'en dire plus, elle fond en sanglots. Émue par la détresse de la jeune fille, Brigitte se redresse, entoure ses épaules d'un bras compatissant puis, la bouche contre son oreille, elle tente de l'apaiser par des paroles bienveillantes qui ne font que redoubler l'intensité de ses pleurs. Elle la prend alors entre ses bras et la serre contre sa poitrine ; les soubresauts de Charline se calment et elle se laisse aller, la tête posée sur la poitrine juvénile de Brigitte.

— Alors, Charline, ça va mieux ? Il est calmé, ce gros chagrin ?
— Pas tout à fait, mais le contact de ton corps me fait du bien. Ah, si tu pouvais…
— Si je pouvais quoi ?
— Je n'ose pas te le dire, ma chère Brigitte ; ce sont des pensées inavouables qui viennent de me traverser l'esprit.
— Tu peux tout me dire, tu sais ; je ne m'en offusquerai pas, si cela peut te faire du bien.

La jeune fille hésite un long moment puis se jette à l'eau :

— Eh bien… Non, c'est impossible !
— Allez, laisse-toi aller, Charline…
— Je… j'aimerais savoir si les caresses d'une fille peuvent être aussi agréables que celles d'un garçon.

Brigitte, surprise mais voulant faire plaisir à son amie, se met à lui caresser tendrement le dos.

— Comme ça ?
— C'est agréable… pour un début, lâche-t-elle dans un souffle.

Sous les caresses de la jeune novice, les soupirs de la jolie rousse se font de plus en plus langoureux ; elle se laisse aller et appuie sa tête au niveau des cuisses masquées par la fine couverture qui n'atténue que très peu son souffle court, dont Brigitte peut ressentir la chaleur, une chaleur qui s'immisce jusqu'à son bas-ventre qui se met à palpiter. Elle n'a jamais éprouvé ce genre de sensation ; étonnée, elle perçoit une humidité inconnue l'envahir et, curieuse, elle y porte une main : effectivement, elle est mouillée, et son doigt glisse sur un liquide visqueux qui s'écoule de sa vulve. Lorsqu'elle l'amène devant son visage pour tenter de comprendre de quoi il s'agit, une odeur musquée se répand dans sa cellule.

— Charline… je crois que je suis malade.
— Mais non, ce n'est pas une maladie ; cela se produisait lorsque Pierre me caressait, et ça m'arrive encore souvent lorsque je suis excitée.
— Je suis inquiète, Charline ; que faut-il faire ?
— Lorsque cela m'arrive, je me branle.
— C'est quoi, se branler ?
— C'est se caresser soi-même.
— Et ça calme ?
— Oui, mais pas autant que lorsque c'est ton partenaire qui le fait. Veux-tu que j'essaie de te calmer ?

En prononçant ces paroles, Charline glisse son bras sous la couverture et pose sa main sur le ventre brûlant de sa comparse. Doucement, elle fait progresser un doigt inquisiteur jusqu'à la fente entrouverte et commence à le faire aller et venir dans le sillon gluant.

— Aaah… ne peut s'empêcher de gémir la jeune fille. C'est agréable… Tu crois vraiment que ça va me calmer ?
— Laisse-moi faire, Brigitte…

Sous les caresses de la jolie rousse, le sexe ruisselant se déployait tels les pétales d’une fleur vénéneuse. À présent, la tête rejetée en arrière et les yeux clos, Brigitte savoure la caresse de ce doigt féminin qui se fait de plus en plus indiscret dont la première phalange s’immisce à l’orée du conduit vaginal, puis retourne fureter entre les petites lèvres de la jeune novice brune pour revenir taquiner l’entrée de son petit fourreau. Progressivement, il s’y enfonce de plus en plus loin, jusqu’à buter contre un obstacle.

— C’est vrai que tu es encore vierge, remarque la rouquine. Alors je vais essayer de te donner du plaisir d’une autre manière.
— Comment ?
— Comme ça.

Joignant le geste à la parole, Charline déplace son doigt en direction du haut du sillon vulvaire où elle repère une petite bosse dure qu’elle se met à caresser délicatement.

— Oh, comme c’est bon, là… gémit Brigitte.
— Là, comme tu dis, c’est ton clitoris, ma belle. Apprends à le connaître, et il te donnera un plaisir extrême.

Tout en parlant, Charline commence à pincer subtilement le petit organe qui se dresse, puis elle le saisit entre deux doigts pour y imprimer un léger va-et-vient.

— Oooh, que c’est bon…
— Tu vois, là, je te branle. Je te branle le clito, Brigitte.

Sous cette caresse inédite pour elle, la jeune religieuse se tend. C’est à ce moment-là que son initiatrice glisse un doigt de son autre main à l’entrée du vagin juvénile, appuie un peu pour le faire pénétrer de quelques centimètres, et l’y fait coulisser d’avant en arrière tout en continuant de branler le clitoris qui a pris du volume. La brune Brigitte est tendue comme un arc ; sentant une boule de feu se développer dans ses entrailles et la gagner tout entière, elle s’arc-boute, son corps ne reposant plus que sur ses épaules et ses talons. Charline s’active encore tandis que sa complice halète de plus en plus rapidement jusqu’à ce qu’un embrasement se répande dans tout son être. Une longue plainte s’échappe de ses lèvres, que la belle rousse bâillonne vivement d’une main.

— Chut, on va nous entendre…

Le corps de Brigitte est agité de convulsions pendant quelques secondes puis s’abat sur la couche comme un pantin désarticulé. Incapable de parler, elle cherche à reprendre son souffle. Lorsqu’elle se calme enfin, Charline, compatissante, éponge son front trempé de sueur avec un coin du drap.

— Tu vois, ma belle, c’est ça, le plaisir. On dit aussi « l’orgasme ».
— Oh, c’est tellement fort… j’ai cru m’envoler dans les étoiles ! Dis, on recommencera ?
— Si tu veux, mais nous devrons être discrètes. Je viendrai dans ta chambre et je t’apprendrai aussi à me faire jouir.

Elle dépose un chaste baiser sur le front de la jolie brune et s’esquive, légère comme un courant d’air.

Durant des mois, leurs rencontres secrètes et sensuelles se poursuivent à l’insu des pensionnaires de l’abbaye.


Brigitte a terminé son noviciat ; religieuse à part entière, elle partage, sous le nom de sœur Marie-Bénédicte, son temps entre les études théologiques et les servitudes de la vie communautaire.

Un soir, à l’issue du dîner, l’abbesse (la plus haute autorité de l’abbaye) la prend à part :

— Ma fille, vous viendrez me rejoindre dans mon bureau à 20 heures.
— Bien, ma Mère.

Une demi-heure plus tard, c’est une sœur Marie-Bénédicte un peu inquiète qui pénètre dans le bureau de l’abbesse. Celle-ci l’attend, le visage sévère, assise derrière une vaste table encombrée de dossiers.

— Ma fille, qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
— Mais… quelle défense, ma Mère ? Que me reproche-t-on ?
— Vous le savez bien, petite dépravée !
— Je vous assure que ce n’est pas le cas, ma Mère…
— Des témoignages de votre immoralité sont parvenus jusqu’à mes oreilles.
— Mais…
— Taisez-vous, vile dévergondée ! J’ai eu vent de vos turpitudes avec l’une de nos sœurs. D’ailleurs, elle ne perd rien pour attendre, celle-là !
— Je vous assure, ma Mère, qu’il n’en est rien ; ce ne sont que des racontars.
— En plus, vous avez l’aplomb de me mentir… Tout cela mérite une punition exemplaire ! Venez expier vos péchés, Marie-Bénédicte. À genoux devant moi. Immédiatement !

La Mère supérieure fait pivoter son fauteuil et attend la pécheresse dans une posture hiératique. La brunette ne peut que s’exécuter. Mais lorsqu’elle franchit le coin du bureau, elle s’arrête, stupéfiée : l’abbesse est nue des pieds à la taille.

— Eh bien, qu’attends-tu ? À genoux, j’ai dit !

Abasourdie, elle commence à réciter la phrase d’usage :

— Bénissez-moi, ma Mère, parce que j’ai péch…
— Pas de bla-bla ! Des actes ; et pas des actes de contrition ! Suce-moi la chatte !

Incrédule, la jeune religieuse fixe les grosses cuisses blanchâtres pleines de cellulite et l’abondante touffe de poils gris qui entourent une vulve béante qui suinte déjà. Elle a un mouvement de recul, mais l’abbesse l’attrape par les cheveux et lui plaque le visage à la jointure de ses cuisses, qu’elle resserre. Prise dans cet étau, la brunette a un spasme de dégoût, tant la puanteur qui s’exhale de cet antre répugnant est immonde. À bout de souffle, elle abdique et donne un timide coup de langue. L’étreinte de la Mère supérieure se desserre.

Dès lors, sœur Marie-Bénédicte fait de son mieux (elle est devenue experte sous les directives de son amante rousse) pour amener le plus rapidement possible sa supérieure à la jouissance. Lorsque celle-ci se contorsionne sous l’effet d’un puissant orgasme, elle laisse échapper un jet d’urine sur le visage de la jeune religieuse, mais elle reprend vite ses esprits et déclare :

— C’est bien, ma fille ; je t’absous de tes péchés, mais tu devras venir me sucer la chatte chaque vendredi après les vêpres.
— Mais…

Intransigeante, elle assène le coup de grâce :

— C’est ça ou la porte !

Révoltée par ce chantage auquel l’abbesse veut la soumettre, sœur Marie-Bénédicte s’emporte :

— C’est donc ça, la justice et l’amour que prône la religion ? Vous les incarnez bien mal, Madame.

C’est à dessein qu’elle vient d’employer ce terme, déniant ainsi à l’abbesse l’autorité sacerdotale qu’elle pourrait exercer sur elle. Elle poursuit :

— Si je suis entrée en religion, c’est parce que j’y été forcée par ma famille. Je pensais naïvement que consacrer ma vie à la prière et aux dévotions pourrait améliorer le sort du genre humain, mais je constate que vous dévoyez les valeurs que vous revendiquez. Vous comprendrez que, dans ces conditions, je ne peux pas rester dans votre communauté. Donc, ce n’est pas sous votre contrainte que je serai exclue de la congrégation, mais de ma propre volonté : cette porte dont vous me menacez, je la prends de moi-même. Quant à l’amélioration du genre humain, je m’en chargerai directement, non pas en usant de vos simagrées, mais par des actes. Adieu, Madame !

Elle tourne les talons, laissant la Mère supérieure estomaquée par tant d’audace, et court se réfugier dans sa cellule. Elle récupère la valise qui contient ses effets personnels et, encore revêtue de sa tenue de religieuse, elle s’enfuit de l’abbaye.


Parvenue hors de l’enceinte, sœur Marie-Bénédicte se trouve décontenancée : ici, hors de la communauté où tout est réglé comme du papier à musique, elle va devoir se prendre en charge ; ici, elle ne pourra compter que sur elle-même. Certes, il lui reste le petit pécule que sa famille lui avait alloué lorsqu’elle s’était retirée du monde profane, mais il ne lui permettra pas de tenir bien longtemps.

Seule sur la petite place que jouxte un vieux cinéma de quartier, battue par une pluie fine et glaciale, elle est tentée de rebrousser chemin pour retrouver la vie bien réglée de sa communauté religieuse, mais le souvenir des cuisses grasses et pleines de cellulite de la Mère supérieure la motive pour aller de l’avant.

Ne disposant pas de parapluie, elle tente de se protéger de l’averse en ramenant son voile noir jusqu’à ses yeux, mais cette protection précaire ne lui est d’aucun secours. Plus gênant encore, le froid et l’humidité accentuent une irrépressible envie d’uriner. Désemparée, et comme il n’y a personne alentour, elle pense s’accroupir pour soulager sa vessie, mais la vue d’un édicule lui fait abandonner cette idée ; et c’est presque en courant – faisant fi de sa dignité d’ecclésiastique, vu l’urgence de son envie – qu’elle rejoint ces toilettes publiques salvatrices.

L’intérieur de l’édicule est faiblement éclairé par deux ampoules électriques grillagées qui diffusent une lumière jaunâtre qui permet de distinguer une rangée d’urinoirs faisant face à trois cabines et à un lavabo. C’est lugubre, et l’atmosphère est empestée de relents d’urine croupie et de désinfectant à l’odeur de goudron. Elle s’engouffre néanmoins dans la cabine du milieu, relève sa longue robe noire et s’accroupit. N’ayant pas eu le temps d’abaisser sa culotte, elle se contente de la tirer sur le côté pour éviter de la mouiller.

Alors qu’elle se soulage en urinant longuement, elle remarque de nombreux dessins obscènes et des messages écrits qui recouvrent la porte. Un raclement de gorge lui parvient de la cabine située à sa gauche. Détournant son regard des graffitis, elle remarque un mouvement au niveau de la cloison qui la sépare de l’autre cabine : quelque chose bouge ! Intriguée, elle se penche en avant pour identifier ce qui provoque ce mouvement : on dirait un doigt ; mais un gros doigt, un énorme doigt ! Et ce doigt se meut d’avant en arrière. Lorsqu’il avance, une sorte de pruneau violacé se découvre, puis il se recouvre d’un genre d’enveloppe lorsque ce doigt se rétracte dans la cloison.

Après quelques va-et-vient, cette étrange chose disparaît, mais elle est remplacée par un doigt – un vrai doigt – qui lui fait signe d’approcher. Sœur Marie-Bénédicte se penche encore plus. Un chuchotement se fait entendre :

— Regarde. Regarde par le trou…

Curieuse, elle colle un œil à l’ouverture ; elle ne peut réprimer un hoquet de surprise : à quelques centimètres de son visage, un corps. Le bas d’un corps. Un corps d’homme, vu la toison qui recouvre ses jambes. Son pantalon est baissé jusqu’aux genoux, et un grosse main coulisse sur le « doigt » qu’elle a vu quelques secondes auparavant. Elle comprend rapidement, bien qu’elle n’ait jamais connu de sexe mâle : vu l’emplacement de cette « chose » au niveau du bas-ventre de son détenteur, cela ne peut être qu’un pénis.
« C’est donc ça… » se dit-elle.

De l’autre côté de la cloison, l’homme lâche son braquemart et se penche vers l’orifice :

— Tu veux me branler ?
— Euh… je ne comprends pas ce que vous me dites.
— Tu ne sais pas branler une bite ? Mais d’où sors-tu ?

Elle ne peut quand même pas lui avouer qu’elle sort de l’abbaye… Pour qui la prendrait-il ? Pour une dévoyée, et même pire que ça ! Devant le silence de la nonne, il reprend :

— Eh bien, branler une bite, c’est ce que je faisais. Tu mets ta main dessus, tu serres un peu, et tu la fais aller d’avant en arrière : c’est aussi simple que ça. Alors, tu veux essayer ?

Brigitte – ou plutôt sœur Marie-Bénédicte – se demande s’il s’agit d’une action qui pourrait améliorer le sort de l’humanité, ou du moins celui de cet homme-ci. Elle s’enquiert :

— Est-ce que vous souffrez ?

La réponse ne se fait pas attendre :

— Oui, je souffre parce que je suis célibataire, et qu’un homme comme moi a des besoins. Je les satisfais le plus souvent moi-même, mais parfois une main secourable me donne du plaisir. Mais c’est bien rare, tellement rare… Alors oui, je souffre. Pouvez-vous m’aider à apaiser cette souffrance ?

La jeune religieuse se remémore ce qu’elle a déclaré à l’abbesse : « Quant à l’amélioration du genre humain, je m’en chargerai directement, non pas en usant de vos simagrées, mais par des actes. » Et ce que cet homme lui demande, c’est un acte, pas une prière ; alors elle n’hésite pas :

— Oui, je veux bien… branler votre – elle hésite – bite.

L’homme ne se le fait pas répéter, et bientôt le phallus émerge de la cloison. Sœur Marie-Bénédicte pose une main sur le membre et commence à la faire aller malhabilement d’avant en arrière, comme elle l’a vu faire par l’homme.

— Doucement… ne serre pas si fort ! lui conseille-t-il.

La nonne s’applique du mieux qu’elle peut, et bientôt des grognements de satisfaction s’élèvent derrière la cloison. Elle sent le membre tout chaud vibrer dans sa main, devenir de plus en plus dur, et la « prune » située à son extrémité gonfler en devenant violacée. Un grognement plus fort que les autres – plutôt un rugissement étouffé – se fait entendre, et des jets blanchâtres jaillissent par saccades pour s’écraser sur le sol. Les deux derniers, nettement moins puissants que ceux qui les ont précédés, viennent engluer la main de la religieuse. Heureuse d’avoir réalisé une bonne action pour le genre humain, elle se relève prestement, sort de la cabine et se place devant le lavabo pour se laver les mains.

Un grincement : la porte d’une cabine s’ouvre pour laisser passer l’homme qui vient de bénéficier de cette main secourable. Voyant la jeune nonne, il ne peut retenir une exclamation :

— Putain… Une bonne sœur !

En deux enjambées il est près d’elle. Il lui prend le menton pour voir son visage.

— Comme vous êtes belle… Une vraie Madone !

Il l’admire longuement avant de lui dire :

— Merci, ma Sœur, d’avoir soulagé ma souffrance. Vous êtes un ange… Vous savez, je souffre souvent de ce mal, alors je passerai ici chaque soir à cette heure-ci dans l’espoir de vous retrouver. Merci encore, ma Sœur…
— Monsieur, je n’ai fait que mon devoir de charité chrétienne.

Comme il quitte les lieux, elle l’interpelle :

— Et qu’allez vous faire ?
— Vous savez, ma Sœur, j’ai des amis qui souffrent tout comme moi. Alors si vous pouviez…
— Vous ne voulez pas prier avec moi ? Juste un Mea culpa
— Mais… mon méat coule pas !
— Alors, qu’allez-vous faire, là, maintenant ?
— Ben… je vais au ciné, quoi, nonne.


La bonne nouvelle s’étant répandue rapidement de bouche à oreille, bientôt celle que tous connaissent à présent sous le nom de « La Madone des pissotières », toujours revêtue de ses habits religieux, ne sait plus où donner de la main pour soulager tous les pervers de la ville, et même de la région.