Première opération – 1/2

Londres, mai 1944

Recrutement

L'homme se prénomme Franck ; il vient de New York et fait partie des troupes américaines stationnées en Grande-Bretagne pour le débarquement. Il est officier dans les troupes aéroportées de la 19e et bénéficie d'une permission dans la capitale anglaise car l'opération de débarquement en Normandie a encore une fois été reportée pour cause de mauvais temps.

À 22 heures, dans le bar du Waldorf Astoria, se sont retrouvés quelques officiers qui dégustent un whisky tout en écoutant la radio londonienne qui diffuse pour la première fois du jazz en hommage aux soldats américains présents sur leur sol.

Les femmes – les vraies – sont peu nombreuses à Londres ; en effet, il est plus facile de trouver une prostituée qu'une jeune et jolie infirmière : elles sont condamnées à rester dans leur baraquement car de nombreux hommes sont très énervés par l'attente qui dure depuis des mois, ce qui provoque une ambiance très tendue ; les agressions sexuelles sont devenues très nombreuses.

Les prostituées, elles, sont arrivées en nombre dans la capitale : tous ces hommes loin de chez eux, sans femme ni famille, ont besoin de réconfort et ces dames en distribuent volontiers contre quelques dollars bienvenus en cette époque de restriction.

Franck s'accoude au zinc et regarde la salle d'un coup d'œil circulaire. Que des hommes en uniforme, toutes armes confondues, mais uniquement des hommes. « C'est bien triste, pense-t-il en regardant cette assemblée bruyante. Nous partons nous battre en France dans quelques jours – ou quelques heures – et pas une jolie femme à l'horizon pour me réconforter ! »

Les prostitués ne l'intéressent pas, et au pays il trouve facilement du réconfort. Ce n'est pas qu'il est spécialement beau, mais il dégage un certain charme de beau brun ténébreux. Dans son uniforme d'officier impeccable, son mètre quatre-vingts lui donne une allure de dandy qui fait craquer les filles. Pour compléter ce portrait, l'homme est considéré comme un bon amant, et son sexe de bonne taille ajoute à la réputation que les femmes lui ont faite ; mais ça, c'était là-bas, au pays. Ici, malgré sa belle allure et sa prestance, il n'a pas rencontré de succès auprès des dames.


« Et ce n'est pas ce soir que je baiserai… » J'en suis là de ma réflexion quand dans l'encadrement de la porte du bar où je me suis installé apparaît la plus divine créature jamais vue sur cette Terre… Enfin, à mes yeux. Pas seulement aux miens, car tous les hommes de la salle se sont arrêtés de parler à son entrée et ne peuvent décrocher leurs regards de ce corps parfait.
La belle est blonde, 1,65 m tout au plus, et elle s'avance dans ce salon empli d'hommes en balançant ses hanches d'une façon tout à fait indécente. Elle porte un petit chapeau rouge emplumé à voilette noire, un corsage de soie noire à peine échancré, une jupe rouge qui moule parfaitement ses hanches (et sûrement ses fesses, mais vu qu'elle est de face je ne peux que l'imaginer) et qui descend jusqu'en-dessous de ses genoux, des bas et des escarpins noirs. Ses mains sont gantées de noir jusqu'au coude et elle tient dans sa main droite un porte-cigarettes très long en nacre. « Sûrement une prostituée… » me dis-je instantanément.

Elle se dirige droit vers moi alors que j'écrase ma Lucky Strike dans le cendrier et me saisis de mon verre de blended.

— Auriez-vous du feu, Officer ?

C'est à moi que s'adresse la divine créature avec un accent indéfinissable pour moi qui suis Américain.

— Bien sûr, Madame. Et vous, auriez-vous un prénom que je puisse associer à ce doux visage ?

Je lui tends mon briquet. Elle sourit, incline la tête pour me remercier, allume sa cigarette, en tire une bouffée et tourne les talons sans même un regard. Mon voisin, capitaine des Marines, me regarde et dans un sourire moqueur me lance :

— Elle vous a superbement ignoré, Lieutenant !

L'homme se prénomme Ralph, et c'est mon meilleur ami. Nous nous sommes retrouvés ce mois dernier ici, à Londres, après des mois sans se voir car nos affectations étaient bien différentes. Pourtant on croirait que l'on s'est vus hier. Il faut dire que l'on se connaît depuis notre plus jeune âge et que l'on a rarement été séparés bien longtemps. L'amusant, c'est que nous ne savions pas être au même moment à Londres, mais instinctivement nous nous sommes retrouvés dans le même bar, le même soir, surpris et heureux d'enfin nous revoir.
Il me tape sur l'épaule et se tourne complètement pour regarder la demoiselle papillonner d'un groupe d'hommes à l'autre. Ralph se tourne vers moi après quelques minutes d'observation :

— Elle vous regarde sans cesse en fait, la bougresse. Je crois qu'elle vous a à la bonne !

Je me retourne également et me mets à l'observer, appuyé au zinc du bar. En effet, elle me jette des coups d'œil réguliers, vérifiant que je la regarde. Un instant je l'imagine sans cette jupe et sans chemisier, et je dois avouer qu'elle me plairait bien. Seulement voilà : elle tourne autour d'un colonel de l'infanterie, passant sa main sur ses épaules et riant à gorge déployée à ses blagues, et visiblement avec mon petit grade de lieutenant des paras, je ne fais pas le poids.
Ralph se retourne, comme moi, dépité par le comportement de cette jolie blonde.

— Non mon ami, ce n'est pas ce soir que nous connaîtrons, l'un ou l'autre, un plaisir sexuel quelconque.

Je souris à ces mots.

— L'un ou l'autre ? Peut-être aurait-elle pris les deux…

Nous rions discrètement de ma grivoise plaisanterie. Enfin quelques secondes de détente dans cette période très tendue.

— J'aurais pris les deux quoi ?

La question est arrivée dans notre dos alors que nous nous y attendions le moins. Ralph me regarde par en dessous en se retenant de rire et me faisant comprendre que je me dois de répondre à la jolie blonde que nous n'avons pas entendue approcher. Je bégaye une réponse, cherchant un couple d'objets pour ne pas lui révéler nos pensées si « profondes ».

— Euh, pardon, Mademoiselle, nous parlions de… de, euh… de cigarette et de briquet : peut-être auriez vous pu demander les deux à votre… mari ?

Un large sourire illumine son visage ; mes explications ne l'ont absolument pas convaincue : « menteur » est écrit en lettres rouges sur mon front, et je pense même que les lettres de ce mot clignotent, comme sur les devantures des casinos.
Cependant elle ne relève pas ma réponse douteuse et ajoute :

— Mon père, pas mon mari : le colonel Thorp est mon père et, de quoi qu'il s'agisse, oui, j'aurais sûrement pris les deux. Ma gourmandise me perdra.

Elle finit sa phrase en l'accompagnant d'un clin d'œil appuyé dans ma direction. Clin d'œil du seul œil visible à cet instant où une lourde mèche de ses cheveux est venue cacher le deuxième. Elle tourne les talons, me laissant découvrir une chute de reins vertigineuse et une croupe qui s'éloigne en se balançant de manière presque excessive.
Je me tourne vers Ralph, dont les mouvements ont été stoppés net par la dernière phrase de la demoiselle. Il a la bouche entrouverte, le regard ahuri, et il a été arrêté au moment où il approchait son verre de sa bouche pour en vider le contenu.

— Remet toi mon ami lui dit-je en le gratifiant d'une tape sur l'épaule.

Il sort de son immobilisme et me dit :

— J'ai dû rêver : cette divine créature vient de nous proposer une partie à trois ?
— On se détend, mon capitaine ; mademoiselle Thorp n'a rien dit de tel, et puis elle vient de partir.

Ralph ajoute :

— Je peux lui courir après pour lui demander, elle ne doit pas être si loin.
— Non, mon ami, ce ne serait pas correct. Et puis je vous rappelle qu'elle est fille de colonel, et nous simples officiers subalternes. Nous nous trompons sûrement, et nous paierions cher ce type de comportement.

Résigné, il s'accoude au comptoir et finit son verre d'un trait. Il sait que j'ai raison, et bien qu'il soit un séducteur invétéré, cette fois il laissera échapper sa proie.
La soirée se termine ; les officiers regagnent leurs quartiers, et Ralph et moi sortons du Waldorf en devisant tranquillement. Nous nous arrêtons un instant sur les marches de l'imposant perron et je sors mon paquet de cigarettes ; j'en tends une à mon ami, me sers, et lui donne mon briquet.
Le Zippo allume la Lucky au moment où une Delage 1935 apparaît au bout de la rue. Le faux cabriolet de luxe bleu et blanc s'arrête à notre hauteur, et une femme se penche à la fenêtre.

— Officers, montez s'il vous plaît !

Je ne connais pas cette femme, mais c'est si gentiment demandé que Ralph et moi la rejoignons sur l'autre voie. Nous montons dans le véhicule, plutôt prévu pour deux que pour trois. Cette femme brune, avec un joli profil (c'est tout ce que je vois d'elle alors qu'elle conduit) porte un imper beige et conduit assez vite dans les rues de la capitale anglo-saxonne.

— Madame, même si nous n'avions rien d'autre de prévu ce soir et que vous êtes au demeurant bien jolie, pourrions-nous savoir où nous nous rendons ?

Ralph a utilisé le langage le plus diplomate possible, mais la dame reste de marbre et nous fonçons toujours à vive allure dans les rues londoniennes. Enfin elle dit :

— Le couvre-feu débute dans moins d'un quart d'heure, et je veux que nous arrivions à destination avant.

Ceci expliquant la vitesse mais pas la destination, à mon tour je l'interroge :

— Peut-être pourriez-vous nous dire où nous allons : je commence à connaître un peu Londres, depuis un an que je suis ici, et je pourrais vous guider.

Elle pouffe de rire :

— Deux Américains qui veulent me guider dans ma ville natale ? Laissez-moi rire ! Silence, je vous prie, je dois me concentrer sur la route.

Nous voilà remis à notre place pour quelques minutes. Juste le temps pour la voiture de s'engouffrer entre les portes grandes ouvertes d'une propriété entourée de hauts murs. Juste après le passage du véhicule, deux hommes poussent les lourdes portes de bois renforcées de barres d'acier et disparaissent par une porte située à côté.
La maison est imposante, austère et sombre. Une façade sobre de pierre grise avec trois marches qui donnent sur la seule pièce qui semble éclairée, une cour de graviers blancs entourée par un parc où poussent des chênes centenaires.

Nous descendons du véhicule et jetons un coup d'œil circulaire afin d'évaluer les lieux. Un regard militaire et une analyse de la situation. Mais la jeune femme (je peux le dire maintenant que je la vois un peu mieux) ne nous laisse pas de temps pour ces considérations soldatesques et nous invite à pénétrer dans le bâtiment par la porte éclairée, nous précisant qu'il faut fermer les volets après notre passage pour respecter le couvre-feu.

Cette jolie brune au rouge à lèvres un peu trop foncé reste encore un mystère. Impossible d'en savoir plus, même maintenant que nous sommes arrivés : sa seule réponse aux questions dont nous l'accablons est « Vous saurez dans un instant. »

Elle ferme les volets et s'engage dans un escalier qui mène au sous-sol. Je ne suis pas surpris par ce choix : avec les bombardements, beaucoup de Londoniens ont élu domicile dans leur cave. Ce qui nous attend est un peu plus exotique que de simples appartements dans une cave.

Opération « On the Lord »

En suivant la jolie brune, Ralph et moi arrivons dans une immense cave voûtée. Cela n'a de cave que le nom car il s'agit d'un bel appartement, et nous venons d'entrer dans la pièce principale.
La lumière y est vive, le mobilier de style (anglais, évidement) et un peu rococo. Des dorures et des miroirs partout. De grands canapés, des poufs et des tapis épais. Un peu partout de grandes plantes ; je reconnais même un oranger dans un coin. Bref, c'est un peu surchargé mais c'est gai et accueillant.

La maîtresse de maison aussi est accueillante : la jolie brune retire son imper beige et sans forme pour laisser apparaître une tenue des plus sexys. Elle porte une jupe à mi-mollets d'un rouge éclatant, un chemisier rose, des bas à coutures et des talons rouges vernis. Elle est fort bien faite ; sa poitrine est généreuse et tend son chemisier au maximum, en écartant même les boutons. La jupe très étroite laisse deviner le porte-jarretelles et le dessin d'une culotte qui me semble de petite taille. Bref, elle est fort appétissante ! Son rouge à lèvres n'est pas si voyant que cela ; il est en accord avec sa tenue, et ses cheveux bruns en cascade sur ses épaules rendent son visage semblable à celui d'un ange.
Ralph semble également subjugué par cette jolie femme. Il se tourne vers moi et me dit tout bas :

— Deux très jolies femmes en une seule soirée, nous sommes vernis. Peut-être que finalement…

Il ne termine pas sa phrase car la jolie brune s'avance vers nous en souriant de toutes ses dents bien blanches :

— Finalement quoi ?… Je suis Elisabeth Grandview.

Et elle nous tend la main. Très cérémonial, tout cela. Je lui prends la main et en baise le dessus. Nous sommes Américains, certes, mais civilisés. Mon geste l'a surprise, et Ralph faisant de même, elle sourit encore plus si cela était possible.

— J'imagine que vous vous demandez ce que vous faites ici ?

D'un même chœur nous répondons :

— Eh bien oui ! Vous nous avez un peu « enlevés » à nos obligations militaires, et maintenant que le couvre-feu a débuté, vous allez devoir nous supporter jusqu'à demain.

Elle sourit et s'assoit dans le plus proche canapé, nous indiquant de la main son voisin pour nous y poser nous-mêmes.
— Je n'ai pas fait que cela. Tout d'abord, sachez que je travaille pour les autorités militaires, que l'opération Overlord vient de débuter, et que dans quelques heures vous auriez été envoyés en Normandie et sûrement tués.

Nous restons sans voix devant ces révélations. Nous connaissions tout cela, sauf évidement la date, gardé secrète jusque là et maintes fois repoussée.

— Pourquoi alors nous empêcher de faire ce pourquoi nous sommes là ?

Elle a encore ce regard amusé qui me ferait bien craquer.

— Parce que le commandement allié en a décidé autrement : vous avez été sélectionnés pour participer à une autre opération, appelée On the Lord.
— … ?

Ce sont les seuls mots que nous sommes capables de prononcer. Encore ce sourire ; je crois que si elle recommence, je me jette sur elle et… elle vient de recommencer, mais cette fois en me regardant droit dans les yeux.

— Vous avez été choisis pour votre physique de séducteurs et vos capacités à embobiner les filles. Ici, derrière cette porte (elle désigne une des deux portes derrière elle), nous entraînons des femmes et quelques hommes à devenir des manipulateurs que nous enverrons chez l'ennemi pour obtenir des renseignements et faire bouger quelques petites choses. Vous serez de ceux-là.

Encore une fois, pas un son ne peut sortir de ma bouche. Ralph, quant à lui, a décroché de l'entretien et a fixé son attention sur les jambes d'Elisabeth, qu'elle a fort jolies, soit dit en passant.

— Mademoiselle, sans vouloir vous offenser, nous sommes venus en Grande-Bretagne pour aller nous battre en France, pas pour jouer aux espions.
— Vous ne m'offensez absolument pas, et votre réaction est normale. Il y a là devant une enveloppe pour chacun de vous ; elles modifient vos ordres de mission. Rassurez-vous, vous vous battrez sûrement, mais pas comme vous aviez prévu de le faire.

Il y a effectivement deux courriers sur la table. Je me saisis du mien, l'ouvre, et découvre que madame Thorp est en fait colonelle ; elle a le même grade que son papa – mais dans les services secrets – et que je suis rattaché à son unité pour une durée indéterminée.

— Je suis moi-même lieutenant, mais ici les grades doivent êtres oubliés, de même que vous allez devoir quitter vos uniformes…

Elle a de nouveau ce sourire qui me rend fou. Elle ajoute :

— … pas immédiatement, bien sûr. Je vais vous conduire à vos nouveaux quartiers ; nous vous avons préparé une nouvelle garde-robe. Je vous préviens que ce que vous allez découvrir derrière cette porte est bien loin de ce que vous connaissez.

Elle se lève et nous précède pour ouvrir la porte. Au moment où je suis près d'elle et que je m'apprête à m'engager dans l'ouverture, elle ajoute dans un murmure à mon oreille :

— Nous allons faire de vous des don Juan, des amants inépuisables, même si je ne doute pas que vous soyez déjà parfaits.

Ces mots me troublent, et je me demande vraiment ce que je fais là ; mais les ordres sont les ordres, et c'est en bon petits soldats que nous entrons dans la pièce suivante. Il s'agit encore une fois d'une grande pièce très lumineuse, bien éclairée, trop éclairée. Je découvre là un PC de commandement avec des cartes sur les murs, des secrétaires et des hommes derrière des bureaux ou autour de grandes tables, des radios et des standardistes. Un PC de combat de l'armée avec une seule différence : aucun uniforme. Ralph et moi sommes les seuls à en porter.

Elisabeth nous conduit vers une seconde porte, à laquelle elle frappe. Une voix féminine à l'intérieur nous propose d'entrer, ce que nous faisons. Mon camarade et moi nous plantons dans un garde-à-vous impeccable devant mademoiselle Thorp et son colonel de papa.

— Repos, Messieurs. Je vous avertis de suite que vous allez vite devoir cesser ce genre de manifestation soldatesque dans les semaines à venir, dit la jolie blonde.

Son père ajoute :

— La colonelle Thorp, ma fille, va vous donner vos ordres de mission. Vous allez être formés, entraînés et envoyés sur le terrain. Je compte sur vous pour représenter dignement votre pays.
— Tout cela est bien joli, mais on va faire quoi exactement ? lâche Ralph.
— Vous allez partir pour des missions de renseignement derrière les lignes ennemies : vous allez devenir des espions, d'un genre nouveau. Rassurez-vous : nous avons la meilleure technologie à vous fournir, et vous serez très bien préparés.

La colonelle Thorp quitte la pièce après nous avoir serré la main de la manière la plus solennelle possible, et nous nous retrouvons face à sa fille qui, avec un grand sourire, nous dit :

— Il en fait toujours beaucoup trop : la nation gnagnagna, l'honneur du pays gnagnagna… Vous allez être envoyés en mission à travers l'Europe, et nous allons vous préparer à cela. Les missions sont un peu spéciales, je le reconnais, mais vous avez l'air de correspondre à nos besoins.

En disant cela elle tourne autour de nous, nous détaillant de la tête aux pieds, puis elle ajoute :

— Il faut que je m'en assure. Allez, à poil, Messieurs !
— Là, maintenant ? bégayé-je.
— Oui, c'est un ordre. Et puis de toute façon, je ne veux plus voir ces uniformes.

Ralph et moi échangeons un regard inquiet et obtempérons à cet ordre direct donné par un officier supérieur, qui plus est fort jolie. Au risque de nous présenter dans une posture gênante pour la dame, nous nous défaisons de tous nos habits et nous positionnons droit devant elle, les mains le long de la couture (absente, du coup) comme l'exige le code militaire.
Elle rit de bon cœur en nous voyant au garde-à-vous, la queue droite et les bras le long du corps. Elle continue son inspection, posant des regards insistants sur les détails les plus virils de notre anatomie.

— Je pensais juste : vous correspondez à ce que nous cherchons. Du moins en apparence. Voyons maintenant pour ce qui est des aptitudes spéciales.

Elle attrape mon sexe dans une main et celui de mon camarade dans l'autre, et nous force ainsi à avancer vers le canapé qui occupe le mur du fond de la pièce. En passant devant son bureau, elle appuie sur le bouton de l'interphone et dit à sa secrétaire :

— Envoyez-moi Elisabeth. Dites-lui que c'est pour un test et que l'on ne nous dérange pas avant… (elle nous regarde alternativement) … pas avant deux heures. Merci.

J'avais bien compris l'emballage global de notre nouvelle mission militaire, mais je n'avais pas compris la partie test et formation. Tout est clair maintenant.

Elle nous fait asseoir sur le cuir tiède du canapé et commence un effeuillage digne des meilleurs cabarets. Elle retire un à un ses vêtements et ne garde sur elle que son porte-jarretelles et son soutien-gorge. Elle est merveilleusement belle, fine, élancée, avec une poitrine bien ronde contenue dans un berceau de dentelle noire. Elle a retiré la culotte assortie et nous dévoile une intimité à peine couverte de quelques poils blonds.

À l'instant où elle finit de retirer ses chaussures, la porte du bureau s'ouvre, livrant passage à la divine Elisabeth dans une tenue proche de celle de sa supérieure, la couleur des sous-vêtements et de la toison pubienne exceptée : Elisabeth porte un ensemble en satin rose, et son pubis est garni de poils bruns en accord avec sa chevelure sombre.

Ralph me lance un regard interrogateur et je lève les sourcils pour lui indiquer que je ne sais pas plus que lui ce que nous devons faire. Mais les deux jeunes femmes ne nous laissent pas longtemps dans le doute et viennent, toutes deux, s'agenouiller entre nos jambes, les écartant d'un même mouvement vif et volontaire.

Les deux bouches s'emparent de nos virilités dressées dans un même mouvement de têtes. La caresse que me donne la jolie brune est carrément divine. Ne perdant cependant pas la tête, et mon sens de l'observation aux aguets, je constate rapidement que les deux femmes ont suivi la même formation car leur deux « pipes » sont exactement les mêmes. Dans un bel ensemble, les deux bouches nous donnent les mêmes caresses dans le même ordre. C'est amusant de voir les langues sortir au même moment et lécher nos deux glands avec la même ferveur. Je suis étonné, mais il faut bien le dire : elles sont bien formées, et c'est avec peine que je me retiens.

Après cette fellation de haute volée, Elisabeth retire sa culotte et vient se positionner au-dessus de moi, s'empalant sur mon sexe luisant de sa salive. Encore une fois, sa camarade procède de la même manière avec Ralph qui semble y prendre un plaisir moins contenu que moi et laisse échapper un râle de plaisir.

Les deux femmes se balancent doucement sur nous en gémissant. Stoppant toute observation, je prends le temps de m'occuper un peu de ma partenaire et lui défais son soutien-gorge afin de caresser ses jolis seins pointant vers moi fièrement.
Je gobe le téton de droite et commence à l'aspirer doucement, faisant tourner ma langue autour de la pointe turgescente. Elle a l'air d'aimer et s'abandonne à mes caresses, laissant tomber sa tête en arrière, m'offrant ainsi sa gorge que j'embrasse également.

De son côté, Ralph se laisse faire, et la colonelle Thorp en profite au maximum ; elle monte et descend sur la queue de mon camarade qui a fermé les yeux. Du coin de l'œil je la regarde faire, et je remarque son regard triomphant quand il se met à gémir et se libère en elle.

De mon côté, j'ai repris les choses en main. J'ai fait se tourner ma belle et la pénètre maintenant en levrette sur le canapé. Son magnifique fessier danse sous mes coups de boutoir. Sa main droite précédemment occupée à me caresser les boules par en dessous vient maintenant caresser son anus, y faisant pénétrer une phalange. Je ne vais pas la laisser sans secours : j'écarte sa main, et après avoir léché mon index je l'introduis dans son cul d'un coup, et profondément. Elle crie mais bouge de plus en plus vite sur mon vit en gémissant de plus belle.

J'adjoins un autre doigt à celui qui lui fouille le rectum, et elle se laisse encore faire. Maintenant qu'elle est bien ouverte, sa rosette appelle à la pénétration. Je ne lui laisse pas le temps de se refermer ; je pose mon gland à l'entrée de son antre et pousse doucement. Elle pousse un « Aaaah » de plaisir et vient elle-même à la rencontre de la sodomie.
Je suis enfoncé jusqu'à la garde dans son cul divinement serré, et c'est elle qui danse sur ma queue. Je la prends par les hanches et le porte-jarretelles et commence moi aussi à participer au ballet.

La colonelle, voyant que mon camarade a bien joui et ne semble pas souhaiter continuer, ne veut évidemment pas rester à ne rien faire et je la vois s'agenouiller derrière moi. Elle passe sa tête entre mes cuisses et commence à donner des coups de langue sur mes testicules tandis que ses mains investissent la chatte d'Elisabeth.
Cette dernière ne gémit plus : elle râle de plaisir et se laisse maintenant baiser par ma queue et les doigts de sa supérieure. Son cul diabolique finit par avoir raison de moi ; elle jouit, et je décharge au fond de son petit trou. Mais la colonelle ne l'entend pas ainsi et se saisit de mon braquemart et le sort de son logement pour le mettre dans sa bouche où ma semence finit de s'écouler.
Quelle jouissance ! Je m'effondre sur le canapé près de mon camarade qui se réveille quand nos deux épaules se rencontrent.

Les deux femmes sont maintenant debout devant nous. Mademoiselle Thorp se saisit de feuilles et d'un stylo pour remplir des cases sur ses documents ; elle échange quelques mots à l'oreille de ma partenaire et réfléchit un moment. Toujours à demi nue, elle se tourne alors vers nous et déclare :

— Messieurs, ceci était un test. Franck, vous êtes plutôt bon : vous n'aurez besoin que de quelques perfectionnements. Ralph, pas mal, mais pas suffisant : je vous colle en formation intensive.

Ralph se lève et me regarde, penaud. Il râle :

— Putain, encore des semaines à gratter du papier ou à apprendre des trucs de soldat ?

C'est Elisabeth qui lui répond dans un grand sourire :

— Mais non, rien de cela. Nous parlons de sexe ; vous allez apprendre à être encore meilleur au lit. Suivez-moi, je vais vous présenter vos formatrices.

Toujours nu, Ralph tend la main à la jolie brune qui, sans se préoccuper de sa propre nudité, l'entraîne vers la sortie du bureau.
Seul avec mon officier, j'attends la suite. Elle me dit :

— Je vais superviser moi-même votre formation et réaliserai des tests réguliers (clin d'œil). Pour le moment, vous allez regagner votre chambre, vous reposer, et ma secrétaire – mademoiselle Binder – viendra vous chercher demain matin.

Je lui réponds :

— Mais vous attendez quoi de nous ? Vous parlez d'espionnage en terrain ennemi, mais je ne parle même pas allemand… Le sexe est omniprésent ici, mais pour quoi faire ? Je ne comprends rien !

Elle me dévisage et explique :

— Vous allez devenir des espions, mais vous obtiendrez souvent vos informations grâce au sexe. Nous avons une liste d'officiers allemands hommes ou femmes, plus ou moins pervers, que nous savons pouvoir manipuler grâce au sexe. Ce sera votre job : baiser pour obtenir des informations. Pour la langue, pas de souci : nous utilisons une nouvelle méthode pour enseigner la langue en quelques jours. Une nouvelle technologie appelée hypnose ; cela fonctionne. Maintenant, allez vous reposer. Au fait, votre unité va participer à l'opération Overlord ; elle sera parachutée au-dessus d'un village français appelé Sainte-Mère-l'Église demain soir. Je vous tiendrai informé. L'unité de Ralph a été rappelée à Plymouth, ils partent cette nuit.

Je me lève et m'apprête à la remercier et à exécuter un salut militaire de circonstance, mais le ridicule de ma tenue et de la sienne me retiennent et je me contente de lui dire « merci » et de quitter le bureau.

Départ

Cela fait maintenant deux semaines que nous sommes arrivés ici avec Ralph. Les nouvelles de France ont été choquantes pour nous deux : mon unité de paras a été décimée avant même de toucher le sol de la Normandie ; Sainte-Mère était une piège mortel, et je serais mort à l'heure qu'il est. Quant à mon ami, son unité a débarqué à Omaha Beach dans la première vague, et l'on est sans aucune nouvelle de ses camarades.

Ralph baise a longueur de journée avec des filles elles-mêmes « en formation » ; il est en passe de devenir un étalon de renommée, selon ses propres mots.

De mon côté j'ai « subi » quelques séances de perfectionnement avec mademoiselle Thorp afin de m'améliorer, selon elle, dans « la qualité de la jouissance de mes partenaires ». Alors améliorons-nous ! Je parle allemand couramment, et aussi étonnant que cela puisse paraître, le docteur Place m'a même donné un petit accent de la Ruhr.
Bref, il paraît que je suis prêt pour ma première mission, et c'est dans le but de la découvrir que j'entre dans le bureau de mon officier, la colonelle Thorp.

Les trois personnes dans le bureau sont – comme moi-même – en civil, et aucun salut militaire n'est échangé. Il y a la mademoiselle Thorp, Elisabeth, et un homme que je ne connais pas.

— Franck, voici Chris, votre agent de liaison à Berlin. Il sait tout sur tout le monde là-bas et vous aidera pour toutes sortes de choses. Elisabeth vous accompagnera ; elle sera votre épouse, soumise et docile. Je dis cela car votre cible est un général de la SS porté sur la soumission ; voici le dossier. Vous devrez vous en approcher et obtenir de lui, volontairement ou non, la clef de chiffrement utilisée par la marine pour transmettre les infos aux U-Boats qui nous embarrassent tant dans la Manche. Il s'agit du général Nicolas Grubber.

Je lui réponds :

— Bien, je vais étudier le dossier. Comment suis-je censé le rencontrer ?

Chris prend la parole :

— Bien que Berlin soit souvent sous les bombes américaines, nous avons une vie culturelle malgré la guerre. Dans 24 heures se tiendra une exposition de peintures « empruntées » un peu partout en Europe par le Reich, à laquelle cet officier assistera obligatoirement : dans cette expo, un peintre nommé Oshy expose des œuvres érotiques ; il souhaitera les voir. De plus, le Führer fera le déplacement.

Mademoiselle Thorp déclare en guise de conclusion :

— Cet homme est dangereux et violent. Il a de toute évidence un pouvoir immense au sein du Reich ; soyez prudents. Partez, maintenant.

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