La cérémonie militaire

Le commandant vient de terminer son discours. L'essentiel de son effectif est rassemblé là, devant lui, sur le pont arrière de cette frégate de la Marine Nationale dont il a l'honneur d'être le capitaine. Des quelques cent soixante-dix hommes qui composent l'équipage, officiers compris, seuls une trentaine ont été dispensés de participer à cette cérémonie pour raison de service. Ils assurent la continuité opérationnelle sur l'imposant bâtiment gris qui fend les eaux de l'océan Indien et que l'on honore aujourd'hui.

Les marins, parfaitement alignés, sont au garde-à-vous dans leur uniforme, le fusil d'assaut plaqué sur la poitrine. Face à eux, sur deux rangées, se tiennent les officiers du bord et quelques gradés spécialement venus pour l'occasion, au garde-à-vous également. Le commandant se tient au milieu, devant un micro, dans le cercle de peinture blanche marquant le point d'atterrissage des hélicoptères. Ses yeux prennent le temps de passer en revue ses troupes immobiles avant qu'il ne reprenne la parole. Le temps est superbe. Le soleil renforce l'éclat des pompons rouges qui ornent les couvre-chefs et fait briller les boutons impeccablement briqués. Une agréable brise fait claquer les drapeaux dans le murmure incessant de la mer et le bruit sourd des deux énormes moteurs qui propulsent le navire.

— Cette campagne a été longue. Longue et éprouvante. Vous méritez les félicitations et les encouragements que l'amirale a tenu à vous transmettre en personne aujourd'hui dans le cadre de sa visite officielle dans la région.

Il s'interrompt un instant et incline respectueusement la tête à l'intention de la femme qui se tient à ses côtés. Moulée dans la veste croisée et la jupe bleu marine de sa tenue, son képi blanc aux bords noirs calé sur un chignon blond bien serré, la prestigieuse invitée répond à son hôte et subordonné d'un discret signe de tête. Bien droite, les bras le long du corps et la poitrine gonflée, le visage fermé et le regard inquisiteur, elle impose naturellement l'autorité que lui confère son rang. Quinquagénaire, brillante polytechnicienne à la carrière exemplaire et au caractère bien trempé, ses qualités et sa réussite lui ont assuré le respect de ses pairs, dans un milieu pourtant souvent hermétique à la gent féminine. Elle a même été élevée quelques mois plus tôt au rang d'Officier de la Légion d'Honneur par le Chef de l'État.

— L'amirale a souhaité vous gratifier personnellement d'une attention toute particulière, en ces instants où votre engagement, votre abnégation, la mise entre parenthèse de votre vie privée et le manque d'intimité mettent votre moral à rude épreuve.

Sur ces mots, le commandant invite d'un geste de la main les officiers à s'écarter. Ils s'exécutent, se remettant en ligne de part et d'autre du pont, laissant apparaître, adossé au bastingage derrière l'emplacement qu'ils occupaient, un immense canapé de cuir noir. L'amirale fait alors demi-tour et se dirige vers le sofa, accompagnée par le claquement de métronome produit par les hauts talons de ses escarpins. Elle s'assoit, les jambes serrées et ses mains gantées de blanc posées sur les genoux. Elle attend que le capitaine de frégate donne ses instructions.

— À mon commandement, vous vous présenterez l'un après l'autre devant l'amirale, en commençant par la première rangée, à droite.

Son regard se porte sur le marin qui, conformément à ce qui vient d'être ordonné, doit s'avancer le premier. Celui-ci hésite un court instant, puis vient se planter d'un pas décidé devant l'intimidante gradée. Elle lâche d'une voix posée un « Repos. » qui ne semble pas avoir d'effet sur le robuste matelot, visiblement embarrassé.

— J'ai dit « Repos. », il me semble…
— Oui Madame !

L'amirale esquisse un léger sourire qui suffit à illuminer et à débarrasser instantanément de toute sévérité son joli visage. Sans quitter le marin du regard, elle remonte sa jupe petit à petit et écarte les jambes. Le haut des bas noirs apparaît. Les jarretelles. L'entrejambe nu, enfin, totalement épilé. Les gants blancs tirent sur les délicates lèvres qui sortent de l'ombre, révélant leur humidité luisante sous les rayons du soleil. Puis ils se portent sur la braguette tendue du marin prostré, la font glisser doucement et en extraient une trique bien raide qui salue fièrement en se dressant hors du pantalon.

— Très bien… Vous pouvez rester au garde-à-vous si vous le souhaitez.

Sur ces mots, l'amirale se penche en avant, saisit fermement d'une main le braquemart et entame une énergique fellation. Les bras crispés sur son fusil, le bienheureux sucé, submergé par l'émotion, ose à peine baisser la tête pour regarder. Le képi se déplace rapidement d'avant en arrière. Les épaules décorées de l'ancre et des trois étoiles roulent nonchalamment telles les vagues sous l'étrave du navire. Il ferme les yeux. D'imperceptibles bruits de succion accompagnent les allers et venues des douces lèvres et de la main qui les précède. Il sent la langue s'agiter autour de son gland. Il s'abandonne à l'orgasme. Le mouvement s'accélère alors qu'il crache sa semence. Il tressaille à chaque salve. Respire par à-coups au rythme de ses éjaculations. Tente de rester immobile et de tenir sa position jusqu'à ce que le calme revienne enfin.

Les mains gantées remballent le sexe mollissant et referment avec soin la braguette. Il rouvre les yeux pour découvrir le visage de l'amirale. Elle agite la langue dans sa bouche emplie de sperme en le regardant fixement. Puis elle avale, sans se détacher de la mine interloquée du marin essoré. Il hésite un instant, et, tout rouge, se décide à regagner sa place dans le rang, non sans avoir esquissé un salut rapide et gêné.

Il est difficile de passer le premier dans un exercice tel que celui-ci. Surtout devant ses camarades et son commandant qui ne savent pas eux non plus à quoi s'attendre. La surprise et le malaise s'effacent petit à petit pour laisser place à une certaine assurance et à une réelle excitation.

Ainsi, après une série de fellations très convenues, distribuées comme on distribue les bons points en classe, un marin rompt la routine toute militaire qui commençait à s'installer. Déposant son fusil au sol, il s'agenouille entre les jambes de l'amirale qui ne peut réprimer un petit « Oh ! » et un léger frisson lorsqu'il plonge sa tête entre ses cuisses et commence à lécher sa vulve. Ses larges mains légèrement tremblantes se posent sur la jupe bouchonnée, s'y attardent un instant avant de descendre sur la douce peau des cuisses dont la pâleur contraste avec le noir des jarretelles sous lesquelles se glissent ses doigts explorateurs. Sa langue de virtuose du cunnilingus passe du clitoris aux fines lèvres qu'elle écarte du bout des doigts pour l'inviter à découvrir l'entrée de son vagin dégoulinant. Seule l'une des mains curieuses poursuit son chemin sur les bas de l'officier général, l'autre se chargeant d'extraire le pénis de son propriétaire afin de répondre à un impérieux besoin de masturbation. L'avide bouche quitte le nid humide et douillet pour descendre le long des jambes gainées d'un noir si solennel, y abandonnant, au gré d'un baiser ou d'un furtif coup de langue, quelques traits brillants de salive… Le lent et extatique voyage se termine sur un escarpin impeccablement ciré que le matelot porte à sa bouche en soutenant avec précaution la fine cheville de l'amirale. D'une main seulement, car l'autre ne saurait cesser d'entretenir la raideur qui s'affirme…

— Sachez que j'apprécie le respect et l'attention que vous portez à l'uniforme, soldat. Vous léchez ce talon aiguille avec énormément de volupté, je trouve. Continuez… Oui, voilà, faites-le glisser entre vos lèvres… Pas trop vite… Sachez en profiter…

L'amirale défait un à un les boutons brillants de sa veste d'uniforme qu'elle ouvre pour dégager sa poitrine. Ses mains moulent deux seins que l'on imagine bien fermes. Ses tétons pointent à travers le tissu tendu de la chemise blanche. Se redressant légèrement et inclinant la tête, elle laisse couler sur chacun d'eux un long filet de salive qu'elle étale du bout des doigts. Les yeux plantés dans ceux du marin fétichiste qui se branle de plus en plus fort, elle expulse deux nouveaux paquets de bave. Trempée, la chemise épouse les deux mamelles et leurs mamelons dressés que pincent les doigts gantés, et laisse apparaître par transparence le disque légèrement plus sombre des aréoles.

— Levez-vous, ramassez votre fusil, et approchez.

Le matelot, haletant, obéit. L'amirale cesse de faire rouler ses tétons entre ses doigts et enroule sa cravate autour de la trique qui se tend à hauteur de son épaule gauche.

— Vous sentez ma main ? Vous la sentez qui accélère ? La douceur du tissu qui se froisse et glisse sur la fine peau de votre membre prêt à exploser ? Oui… Je le sens qui vibre… Mmmmm… Je le sens qui vient… Voilà… Garde-à-vous !

C'est sur cet ordre ultime que le sperme jaillit sur ses décorations, dans le plus respectueux des saluts, engluant jet après jet tout le prestige militaire de son exceptionnelle carrière.

— Repos ! Sachez que seul le Chef de l'État a eu jusqu'ici le loisir de s'épancher sur ma Légion d'Honneur… Le jour où il me l'a remise, après une fellation dont je suis particulièrement fière !

Le défilé continue et les marins s'enhardissent, constatant passage après passage toute la bienveillance que l'invitée de marque est prête à leur témoigner. Pendant qu'elle paye de sa personne sans compter et avec un plaisir de moins en moins dissimulé, le commissaire de bord et l'officier en charge des transmissions ont pris l'initiative de préparer les membres de l'équipage à leur audience privée avec l'amirale. Il y en a plus d'une centaine à faire passer, et le planning de la visite étant plutôt serré, il serait bienvenu d'accélérer le rythme des giclées. Seules représentantes du beau sexe à bord, les deux gradées, agenouillées devant deux hommes attendant leur tour, mettent à profit leurs talents buccaux pour dresser les mâts qui seront récompensés dans un instant par la haute autorité de la Marine. Elles y mettent d'autant plus de cœur que – on n'en est pas moins femme – ces longues semaines d'abstinence ont entamé flegme et retenue chez elles également.

Un nouveau matelot s'avance. Il s'immobilise toutefois à deux bons mètres de l'amirale et la contemple en silence, le visage fermé. Assise bien droite au bord du canapé, les mains sur les genoux, elle se permet désormais une entorse à sa digne posture d'accueil en écartant ses longues jambes. Ses cuisses ouvertes et le haut de ses bas sont maculés de sperme. Son vagin laisse s'écouler sur le cuir noir la semence de ceux qui ont souhaité éjaculer au plus profond de son intimité. Sa chemise blanche est imbibée du foutre de ceux qui ont préféré jouir sur sa poitrine, libre de tout soutien-gorge, nue sous le tissu détrempé qui l'épouse et l'offre, à peine masquée, aux regards de tous. Quelques coulures sur son visage et sur le rebord noir de son képi témoignent de vifs hommages faciaux. Sortant l'homme au garde-à-vous de son embarrassant mutisme, elle lui ordonne d'approcher.

— Repos. Eh bien, qu'attendez-vous ?
— Je… je ne peux pas, Madame.
— Comment ça, vous ne pouvez pas ?
— Je…

La mine impassible du marin se trouble. Il baisse les yeux et hésite un instant avant de répondre :

— Je suis homosexuel, Madame.

Il rougit, alors que le visage de l'amirale, au contraire, s'éclaire d'un large sourire.

— Mais il n'y a aucune honte à cela. Commandant, approchez, je vous prie… Commandant, veuillez vous appuyer sur bastingage, ici, et baisser votre pantalon…

Le capitaine de frégate, éberlué, s'approche et se prépare à émettre une protestation polie qu'un rappel à l'ordre glacial empêche de sortir :

— Penchez-vous sur le bastingage, fesses à l'air. C'est un ordre, commandant !

Le commandant, cramoisi, s'exécute. Débarrassé de son pantalon et de son slip, il se met en position. Légèrement courbé, jambes écartées, il agrippe la rambarde sans dire un mot mais, honteux, en serrant les dents. La veste bleu marine de son uniforme ne dissimule que le haut du postérieur que jamais, même dans ses pires cauchemars, il n'aurait imaginé présenter à ses troupes. Il attend l'instant d'horreur qui ne saurait tarder, tant la voix de sa supérieure se montre ferme et directrice.

Il frémit lorsque le gland le touche puis se dit, comme pour se rassurer après la première pression, que jamais son anus crispé ne pourra suffisamment s'ouvrir. Il gémit de douleur et d'impuissance lorsque le marin réussit pourtant à s'introduire. Il se sent s'élargir comme si – désagréable sensation – il s'apprêtait à se vider sur les toilettes. Fixant l'horizon, il se dit qu'il doit supporter cette abjecte intrusion anale ; mais chaque coup de piston, plus profond et plus rapide que le précédent, lui extirpe un râle incontrôlé. Il sent alors une main et une bouche s'emparer de son sexe qui pend. Une langue qui enveloppe son gland décalotté. Des doigts qui caressent ses testicules, les massent, les serrent… Sa verge s'enfonce, aspirée dans une douce et tiède humidité. La fellation prend son rythme de croisière et se met à l'unisson des élans sodomites qui le perforent. Des sensations contradictoires l'envahissent et, renonçant à ordonner ses pensées, il s'y abandonne.

Assise entre ses jambes, la tête en arrière, l'amirale suce le commandant avec application. Pendant qu'une de ses mains maintient fermement la trique bandée dans l'axe de sa gorge et la branle, l'autre passe nonchalamment d'une paire de testicules à l'autre, flattant tour à tour les couilles dansantes du défonceur et du défoncé, faisant périodiquement un détour pour lubrifier son index dans la chatte béante qui dégouline entre ses cuisses ouvertes.

Le marin accélère le mouvement ; l'amirale essaie de suivre. Le commandant gémit de plus en plus fort. Il sent, dans un ultime et violent assaut, une première vague qui l'envahit. Puis une deuxième, une troisième… et il décharge à son tour. Pressant son sexe comme l'on presse le pis d'une vache, son illustre supérieure récupère dans sa bouche le produit de la traite qu'elle recrache, giclée après giclée, sur sa cravate toujours parfaitement ajustée sur le col de sa chemise, et seul élément de son uniforme miraculeusement épargné par les souillures. Jusqu'ici.

Reprenant sa place sur le canapé, elle donne un dernier ordre au marin avant de le congédier :

— Votre bite est couverte de dégoûtantes traces marron… Veuillez la faire nettoyer par l'une des deux salopes qui sont en train de sucer vos camarades, et veillez à ne pas vous représenter devant vos supérieurs avec un membre aussi sale.

Puis elle se tourne vers le capitaine de frégate afin de s'assurer de son entière coopération. Il n'a pas bougé, et son anus bordé de jus fécal brun laisse goutter son trop-plein de sperme sur le pont.

— Restez ici et dans cette position. Je pourrais avoir encore besoin de vos services…

Même si le vagin et le petit trou de l'amirale remportent un vif succès, le fondement du commandant fait effectivement quelques heureux et rehausse considérablement sa côte de popularité dans la communauté gay du bord. On défonce et on éjacule à tour de bras ; les tirs nourris et gluants s'enchaînent comme aux grandes manœuvres, dans l'ordre, la discipline et la lubricité exacerbée. L'une n'empêchant pas les autres.

L'un des hommes a tendu son fusil d'assaut à l'amirale pour qu'elle l'empoigne et pose en le regardant se masturber, l'air déterminé, telle une implacable Amazone à moitié dénudée et prête à faire couler le sang. Elle s'est prise au jeu, dégageant ses seins de sa chemise pour les plaquer sur l'arme, suçant le canon et frottant la crosse contre sa chatte poisseuse. Jouissant sur le fusil et sur la poitrine qui l'étreignait comme il aurait douché les pages d'un magazine coquin, il vient d'ouvrir la voie à ceux qui n'auraient ni pensé, ni osé pénétrer l'intimité d'une femme avec un godemichet de gros calibre fourni par l'armurerie du bâtiment. Chaque nouvelle idée motive de nouvelles inspirations, pimentant le jeu pervers qui dégénère, orgasme après orgasme.

Et l'épuisant défilé touche à sa fin. L'ensemble de l'équipage a repris une posture adaptée, figé au garde-à-vous, attendant la conclusion de l'incroyable cérémonie ainsi que l'ordre qui l'enverra reprendre sa routine dévouée.

Alanguie dans le canapé, l'amirale semble enfin pouvoir souffler et profiter du repos de la guerrière. Elle se laisse aller, assise entre le commissaire de bord et la chef des transmissions qui se sont installées à quatre pattes à ses côtés pour lécher le glaçage de semence masculine qui recouvre sa poitrine. Un sein et son téton pour chacune. Leurs uniformes sont toujours parfaitement ajustés, comme l'exigent les circonstances. Leurs képis et leurs impeccables chignons châtain s'agitent sur la tenue souillée et débraillée de l'invitée d'honneur dont la longue chevelure blonde flotte dans le vent chargé d'embruns. Elle leur rend la politesse en faisant pénétrer avec douceur le majeur de ses deux mains toujours gantées dans les vagins grands ouverts. Outre les jupes troussées dévoilant leur joli postérieur et le haut de leurs bas, les plugs noirs qui obstruent leurs anus restent la principale entorse à la bienséance. Prolongés par une hampe au bout de laquelle flottent les couleurs de la nation, ils confèrent à leur derrière la singulière fonction de porte-drapeau.

L'amirale abandonne la chatte de la commissaire de bord, retirant la dextre glissée entre ses jambes pour la porter à son front et rendre leur salut aux officiers qui viennent devant elle, l'un après l'autre, terminer au garde-à-vous leur énergique masturbation. Et l'asperger de leurs hommages les plus respectueux.