Le dressage

Les jours qui ont suivi notre escapade nocturne, je me suis enfermée chez moi, ne cherchant à voir personne. Le sentiment de dégoût, à la suite à cette affaire, n'a pourtant pas vraiment duré. De plus, Hippolyte m'a envoyé des messages quotidiens. Je mettais un point d'honneur à ne pas répondre, mais quand il a téléphoné, finalement j'ai craqué. Nous nous sommes parlé de longues minutes et puis le vendredi suivant il sonnait à ma porte. Naïvement, je l'ai laissé à nouveau empiéter sur mon espace vital. Et bien sûr, ce qui devait survenir est arrivé : alors que je servais le café, il m'a plaqué contre lui, et le baiser qu'il m'a donné a trouvé un écho favorable dans ma tête.

Finalement, je n'ai guère résisté à cet appel des sens, et au bout d'une demi-heure j'étais déjà à genoux avec son sexe dans la gorge. Après avoir avalé une fois encore sa liqueur, nous avons pu bavarder simplement, sans crainte et sans haine. Nous avons fait l'amour sans fioritures, mais j'avais toujours cette même envie qui me collait à la peau. De la reprise en main de mon corps par la position du missionnaire – vite oubliée – nous sommes passés à des situations plus charnelles. Par contre, j'ai refusé catégoriquement la sodomie. Je dois dire qu'il n'a pas insisté plus que cela, et c'était aussi bien. Repus tous les deux, allongés dans mon grand lit, nous sommes donc là, à palabrer de nouveau.

— J'avoue que tu me fais de l'effet, Claire, mais je ne sais pas si j'arriverai à me passer de mes petites manies.
— Tu veux parler de me prêter à tes amis ou ce genre de truc ? Tu appelles ça des petites manies ?
— Oui ! C'est terriblement excitant de savoir que la femme que l'on tient dans ses bras jouit sous la queue d'un autre. Et puis je t'assure que j'ai rarement vu une femme sucer aussi bien que toi. Un régal ; mes potes m'ont félicité, je te le dis… ils ont hautement apprécié tes performances.
— Ils sont faciles, aussi. Tu sais que chaque fois que je sens le regard d'un homme sur moi, je pique un fard ? Je m'imagine que c'est l'un de ceux qui m'ont…
— Il y a bien peu de chances que vous vous croisiez ; et puis je ne pense pas qu'ils t'importuneraient.
— Ce n'est pas ça, c'est juste que se dire que des types m'ont sautée alors que je ne connais même pas leur visage, c'est stressant.
— Mais je crois qu'eux non plus ne connaissent pas bien ton visage.
— Ben… justement ! C'est terrible ce que tu me dis. Des hommes connaissent mieux mon cul que ma bouille, tu peux croire ça, toi ?
— Mais il ne faut pas t'arrêter à ce genre de détail. Je crois que tu prends trop à cœur cette parenthèse sexuelle. Si tu as aimé, recommençons une fois : ainsi nous saurons tous les deux si vraiment ça te plaît et si tu es faite pour ça.
— Personne n'est fait pour… Aucune femme n'est préparée à se faire tringler par une ribambelle de mecs. Et puis j'ai trop peur.
— Arrête, tu veux ! Ne dis donc pas de bêtises. Tu as bien vu que je ne t'avais pas abandonnée lors de notre petite séance… et il en sera toujours ainsi, si bien entendu tu veux réessayer.
— Tu ne penses donc qu'à cela ? Jamais tu ne vis comme tout le monde ?
— Mais c'est quoi, vivre comme tout le monde ? Coucher tous les soirs avec la même femme, la tromper de temps en temps avec une autre ou qu'elle, elle le fasse de son côté ? C'est ça, être normal ?
— Non… je veux dire…
— J'ai très bien saisi ce que tu veux dire. Mais à la longue c'est la monotonie assurée, et de cette dérive découle duperie et tromperie. Moi, je te propose le charnel également ; je t'offre des choix et des perspectives différents.
— Me faire sauter selon tes envies et tes humeurs ? Tu parles d'une différence…
— Tu as un droit de regard et ça évite les imbroglios. On fait l'amour ensemble, on vit autre chose. Mais je ne t'oblige à rien. Par contre, tu ne pourras jamais me faire croire que tu n'as pas réagi positivement lors de notre coup d'essai.
— J'avais quelles options ? Les mains liées et la bouche pleine, difficile de dire non !
— Allons, sois honnête. Quand nous t'avons détachée, tu pouvais te rebeller. L'as-tu fait ?
— … ! Non, je l'avoue.
— Alors tu vois que l'appétit vient en mangeant. Essaie donc une autre fois, et si vraiment tu ne veux plus, je serai sage avec toi.
— J'ai trop peur…

Il me dévisage, et c'est vrai que je tremble de cette peur qui me serre les tripes. Mais il a également raison : mon ventre se souvient et me le rappelle. Au premier mot sur ce sujet, j'ai senti ma chatte qui suintait de ses eaux claires. Il me tend la main, et la mienne s'engouffre dans celle-ci. Ses lèvres, tout naturellement, reviennent au contact des miennes. Et évidemment, comme nous sommes toujours nus… il bande de nouveau. Je me retrouve cette fois le visage enfoui dans les draps et il est monté sur moi. L'épine raide qui se frotte à mes fesses, coulissant entre elles, finit par pousser cette porte dont j'ai interdit l'accès au premier round. Cette fois, je ne m'y oppose pas.

Une simple poussée et je suis sa chose. Il me parle, mais sa voix est si lointaine… Je ne veux rien savoir. Je bloque mes mâchoires, ce qui stoppe ma respiration juste le temps que sa bite s'installe dans l'étroit passage. Hippolyte reste là à ne plus bouger et je ne fais rien qui puisse me ramener vers cette douloureuse intromission. Au bout de je ne sais combien de secondes, la queue recule enfin. Mais cette fois, la douleur n'est plus aussi présente. Après quatre ou cinq va-et-vient, je trouve ces voyages presque agréables. Alors il me pistonne doucement, puis plus vite. Et dans mon cou court son souffle. Les murmures à mes oreilles ne sont pas audibles, ou je ne les comprends pas en globalité. Il me dit qu'il va le faire ; je pense que c'est éjaculer en moi.

Quand enfin nous sommes secoués par de délicieux spasmes quasiment de concert, il se retire un peu brusquement, et c'est à l'extérieur, entre mes fesses, qu'il pleure sa semence.

— Tu es bien d'accord, jolie Claire ?
— Je n'ai qu'une parole et j'ai dit oui.
— Alors je me lève et j'y vais !
— … ?

Je ne saisis pas vraiment ce qu'il veut dire. Pour moi, il voulait juste me barbouiller avec son sperme, mais j'ai dû mal comprendre. Il est au-dessus de moi, immense et nu. Son vit est encore tout humide et brillant de cette lave qu'il vient de cracher. Il fait quelques pas et fouille dans sa veste qui traîne sur le dossier d'un siège. Je vois l'écrin qui sort de celle-ci. L'objet noir mat dans sa main m'intrigue, mais c'est bien plus encore ce que je n'ai pas saisi qui me fiche la trouille.

— Bon. Alors assieds-toi. Remonte tes cheveux, ma jolie.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Je t'ai demandé si tu voulais bien porter mon collier et tu m'as dit oui.
— Je t'ai dit oui ? Mais je n'avais pas bien entendu ta demande.
— Tu ne peux plus te défiler. Tu n'as qu'une parole, non ? Ce sont tes mots d'il y a un instant.
— Oui, oui, c'est bon. Je me suis fait avoir, je crois. Bien, montre-moi ça.

La boîte s'ouvre sur un collier. Particulier, ce truc ; tout en cuir, avec au milieu comme une boucle en acier brillante. Ça ressemble comme deux gouttes d'eau à une parure que l'on mettrait à un chien. Je comprends soudain que la chienne, en l'occurrence… ça va être moi ! Encore son jeu pervers qui remonte à la surface. Mais lorsqu'il me passe l'engin autour du cou, je le laisse faire. La sensation est très bizarre. Il est agrémenté côté interne d'une sorte de velours. Je le sens le fermer sur mon cou. Et alors que ses mains sont sur ma nuque, je réalise qu'une fois de plus il bande. C'est drôle comme ça lui donne envie, le fait de me mettre un collier… Un autre élément que je n'avais pas vu ni prévu, c'est ce claquement qui se produit derrière mon dos.

— C'est quoi, ça ?
— Je viens de fermer le cadenas du collier.
— Le quoi ? Un cadenas ? Mais je ne peux plus enlever cette… cette saloperie ?
— C'est un peu fait pour ça. Tu es à moi ; c'est le signe de ton appartenance. La clé se trouve dans ma voiture, donc inaccessible pour toi.
— Tu ne comptes tout de même pas me laisser cela longtemps.
— Tu m'as autorisé à le poser, alors il va rester sur ton cou jusqu'à ce que j'en décide autrement. Du reste, va te voir dans la glace… allez, va !

Le ton goguenard pris par mon amant me fait monter les larmes aux yeux. Ça pique d'un coup ! Devant le miroir, je vois ce qui désormais orne mon cou. Il y a quelques pierres serties tout au long de la circonférence, et cet anneau dont je devine l'utilité. Je ne trouve pas ce bijou trop moche, mais je suis plutôt vexée qu'il ait profité de moi à ce point. Me faire acquiescer alors qu'il me prenait, c'est du genre dégueulasse ! Je suis à la limite de l'explosion, mais pourtant le vilain drôle a senti le vent et sa main me flatte la croupe pour faire passer la pilule. Inexplicablement, je me sens remplie d'envie moi aussi, et c'est si soudain… La seule vision de mon cou me fait cet effet ?

— Je te trouve ravissante avec mon collier. Tu es la plus jolie petite chienne que je n'ai jamais vue.
— Le respect… s'il te plaît !
— Ce n'est pas de l'irrespect, ma belle, c'est de l'envie.

Sa main est sur mon ventre. Il la fait glisser sur la plage plate qui va de mes seins à ma fente. Seul mon nombril bien dessiné crée un paysage distinct au milieu de cette grève lisse. Puis ses doigts attrapent un peu des poils de mon pubis. Tirant dessus, il m'arrache un cri de surprise. Plus de peur que de mal ; je cherche seulement à reculer, ce qui fait que la traction est plus forte encore.

— Ne bouge pas ; tu dois apprendre à dominer tes réactions. Si tu n'avais pas bougé, mes doigts n'auraient pas tenu aussi fermement ta toison.
— Ça fait mal…
— Ne bronche pas, sinon tu vas vraiment crier.
— Tu es fou ? Enfin, qu'est-ce que tu crois ? Que je suis ton esclave ? Enlève-moi tes pattes de là.
— Non. Tu as dit oui et tu vas devoir assumer.

Dans sa main est apparue une sorte de chaîne, une laisse, enfin un truc qui ressemble bien à ça. Et je vois le mousqueton qui en assure la terminaison se refermer sur l'anneau dont j'avais bien une vague idée de ce à quoi il sert. Hippolyte tire sur l'autre bout et mon cou est lui aussi obligé de suivre le mouvement.

— À genoux ! Maintenant, tu vas me sucer sans dire un mot.
— … ?

Je ne sais pas quoi répondre et je tente de faire de la résistance. Mais c'est sans compter sur cette baffe qui me tombe sur le coin du museau. Oh, pas violente ; juste un coup de semonce, sans doute. Mais il me rappelle que j'ai voulu jouer dans la cour des grandes et que je vais le payer. Mes jambes tremblotent, et pour finir elles fléchissent et mon nez est catapulté vers cette bite qui bande devant lui. Mon visage s'écrase sur les couilles du monsieur. Ma rébellion aura été de courte durée. Je sens battre cette baguette contre mes lèvres. J'obéis donc et me voici encore à lécher cette sucette au goût prononcé de sexe. Normal, après toutes les visites qu'il m'a rendues.

Il me maintient la tête contre son jonc que j'aspire. Je fais ces gestes ancestraux avec conviction. Entre sa bouche qui me rend folle et son sexe que j'adore, je me sens finalement bien plus prisonnière que par son collier. Mais là, il ne cherche pas à se soulager. Il veut juste tester mes capacités à répondre favorablement à ses moindres sollicitations. Il reste quelques minutes à garder sa hampe enfoncée dans mon gosier puis me fait relever, toujours en tirant sur la chaîne qui me bride le cou. Et il me fait pâmer un peu plus en m'embrassant goulûment. Sa langue qui frétille autour de la mienne, nos salives qui se mélangent dans ma bouche, tout m'enivre et me transporte. Oui… ce type est doué !


— Que dirais-tu de mettre des bijoux à tes tétons ?
— Ça doit faire vachement mal ! Je ne crois pas que ça me plairait. Non… je ne pense pas.
— Tu as une poitrine extra et je crois, moi, que contrairement à ce que tu dis, tu aimerais bien que je te fasse mettre des piercings.
— Jamais. Tu m'entends ? J'ai dit JAMAIS !
— Ne sois pas aussi réfractaire aux nouveautés. Ça donnerait un cachet certain à ta poitrine. Et puis regarde…

Il a pris ma main et l'a amenée jusqu'à sa braguette. Sous le tissu du pantalon, la barre est conséquente. Une semaine déjà qu'il me parle de ces foutus piercings. Il me tanne avec cette idée fixe de me transformer radicalement en salope. Le collier est toujours bien en place autour de mon cou, alors je n'ose plus sortir. C'est lui qui fait mes courses, lui qui revient chaque soir, comme le patron, à la maison. Nous sommes amants constamment. Il n'est pas de jour ou de nuit où je ne sois prise, et… j'aime ça ! C'est idiot, la vie ; c'est con, une femme ? Moi en tout cas, je le suis totalement, crétine jusqu'au bout des ongles. Je m'installe dans un certain confort où il est le maître du jeu.

De plus en plus accro à cet homme, je me laisse guider comme une enfant. Je sais bien qu'il m'emporte vers des chemins où je vais me perdre. Je suis le petit Poucet, et lui c'est un ogre. Il va me dévorer, mais sa façon de s'y prendre au lit… ou ailleurs est de toute évidence son meilleur atout. Il a su ne pas revenir trop vite à ces jeux que nous avons étrennés lors de notre première rencontre. Mais je sens dans ses paroles, dans ses actes que ça le démange de plus en plus d'y retourner. Je vois arriver, gros comme une maison, le moment où je serai à nouveau confrontée à sa façon particulière d'envisager le partage.

Le pire de l'histoire, c'est que je n'arrive pas à me résoudre à lui demander de partir. Je me complais particulièrement dans cette espèce de no man's land ; je fraye dangereusement avec ses envies, frôle sans arrêt les limites, et je sais d'avance que je ne ferai rien pour ne pas retomber dans ses travers. Il me fait me vêtir de plus en plus souvent à son idée. Il a acheté des cuissardes, des jupes, et même du gloss qui me font ressembler à une pute. Pour le moment, je ne les ai encore portés qu'à la maison, pour le plaisir de ses regards. C'est ce qu'il me dit, mais je sens bien que ces petites attentions étranges sont l'arbre qui cache la forêt. Pourtant, je ne cherche pas à me dérober.

Alors que ce soir-là, quand il rentre aussi désinvolte que d'ordinaire, pourquoi devrais-je me méfier plus que d'habitude ? Puis quand devant la télévision le mousqueton de la laisse se clipse sur mon collier, il n'y a toujours pas péril en la demeure. L'histoire se corse un peu lorsqu'il me passe des bracelets aux poignets et chevilles, bien que je songe qu'il s'agit encore d'un de ces jeux d'où je vais ressortir vidée par ses caresses. Mais quand, étendue sur la longue table basse de mon salon, il me met dans la bouche un bâillon boule et qu'il me lie les membres aux pieds du meuble, je commence à me dire qu'il va un peu loin. Un bandeau me rend aveugle pour un temps et ses pattes commencent de douces reptations sur mon corps toujours vêtu.

Je me trémousse, bien que bloquée dans une position assez peu aisée pour me défiler. Quand il me touche le sexe, je suis déjà au bord de l'explosion. Pas de répit, il ne m'en laisse aucun. Ses doigts me fouillent, entrent en moi, ressortent pour rechercher encore d'autres parcours qui me chatouillent tout autant. Puis ils refont le chemin inverse et je me pâme d'aise et d'envie. Mais quand il marque une pause et m'abandonne dans ma fâcheuse posture, je l'entends parler quelques secondes plus tard.

— Oui. Vous sonnerez et je vous ouvrirai. Vous serez là dans combien de temps ?

Il téléphone, et ce que j'entends ne semble pas être super bon pour moi. Mais allez crier avec un bâillon boule qui vous bloque les mâchoires ! Allez-y ! Vous verrez comme c'est peu facile. Je sens sa présence toute proche ; il est donc revenu dans le salon. Pas un mot. Il ne me parle pas, mais ses mains sont elles aussi de retour et elles glissent sur mes seins toujours empaquetés dans un soutien-gorge. Mon envie, un court instant en stand-by, remonte avec une fulgurance inattendue. Mais il a trouvé un de mes tétons qui pointe dans son bonnet. La pince formée de ses index et pouce réunis le fait tourner. La douleur n'est pas insurmontable, mais c'est un signe.

Je voudrais hurler pour qu'il me libère, qu'il n'a aucunement le droit d'inviter qui que ce soit sans mon accord, mais je suis incapable de prononcer un mot compréhensible. Les doigts étirent désormais l'autre sein et mon souffle est bien coupé par la pression plus prononcée sur son bout. Je ravale une larme et ma bave que j'ai bien du mal à juguler. Ensuite, ses paumes sont sur mes joues ; elles caressent mon front, lissent ma chevelure. Je reprends espoir. Ces attouchements magiques durent un long moment. Ils ne sont interrompus que par un coup de sonnette à la porte. La panique me tenaille les tripes et j'ai des frissons alors qu'Hippolyte me délaisse pour aller ouvrir.

Les voix dans l'entrée… combien sont-ils ? Ils vont me trouver dans un état… Je suis affolée, mais toujours liée et à la merci des regards des arrivants.

— Salut ! Ah, elle est bâillonnée. Consentante. Et tu lui as dit ?
— Non. Mais ne te soucie pas de ça. Allons, Martin, entre aussi. C'est son baptême du feu ?
— Oui. Je ne l'emmène pas souvent avec moi, mais comme tu m'avais dit que c'est un vrai bijou…
— Alors ? Tu en penses quoi, Francis ? Je ne t'ai pas menti. Et toi, Martin, elle va te faire bander aussi ?
— Euh…
— Ben, mon gars, ne sois pas timide. Tu es là pour m'aider, mais nous allons sans doute aussi un peu… profiter de cette merveille.
— Tu me connais, Martin : je suis du genre « prêteur ». Et toi, gamin, tu n'es plus vierge ?
— Non, Monsieur, j'ai déjà fait une fois…
— Tu peux m'appeler Hippolyte. Tu tâcheras d'être doux avec elle. Ah oui, pas de mots grossiers, d'accord ? C'est valable pour tous les deux. Je te connais, Francis, mais pas de ça. On joue, tu fais ce que je t'ai demandé, mais tu respectes cette femme. Elle s'appelle Claire.
— Comme tu y vas… Nous n'allons pas l'abîmer.
— Bon, allez, montre-moi le matos…
— J'en ai pris plusieurs ; tu choisis celles que tu veux.
— OK. Faut voir. Quant à toi, Martin, tu peux nous la conditionner, encore que j'aie déjà commencé. Il y a des ciseaux, là, sur la desserte. Ne t'occupe pas des fringues : tu peux les couper. Mets-la à poil pendant que je choisis.
— Monsieur Hippolyte…
— Arrête avec tes « Monsieur ».
— Le bandeau. Je l'enlève ou pas ?
— On verra tout à l'heure ; contente-toi de lui retirer ses vêtements sans la détacher. On te dira.
— D'accord.

Je reçois ces paroles comme autant de gifles. Ils vont me faire Dieu sait quoi et je ne peux même pas crier. Seuls de rauques gémissements s'échappent de mes lèvres distendues. Les pattes qui me touchent ne sont plus celles de mon amant attitré, et si j'ai bien tout suivi, il doit être très jeune celui qui vient d'attraper mon chemisier et qui ouvre les boutons un à un. J'en ai froid dans le dos, mais il ne me fait pourtant pas mal. Il se contente d'ouvrir et il me le tire par-dessus la tête. Le tissu se retrousse sur mes avant-bras. Je sens le frais des ciseaux et le bruit sec qu'il fait alors qu'il coupe les manches. Je suis en soutien-gorge.

Pour ma jupe, ça va plus vite et c'est moins compliqué. La fermeture sur le côté ouvre le seul pan qui la forme. Il suffit au type de tirer d'un côté et me voici en slip sur cette foutue table. Un long temps d'arrêt de l'officiant ; je suppose qu'il admire ce qui se trouve étalé devant lui. Puis les deux lames qui sectionnent les bretelles de mon cache-nénés, et elles me passent entre les seins. C'est fini : mes deux nichons sont à l'air libre. La main qui passe entre ma peau et l'élastique de ma culotte ne vient pas là pour me caresser. Deux clics sinistres et je suis entièrement nue devant celui qui vient de couper les jambières du slip.

— Voilà, Hippolyte : j'ai fait ce que vous m'avez demandé.
— C'est bien. Alors, tiens… tu sais comment on pose ça ?
— Oui, je vais trouver…
— Vas-y alors, on te regarde faire ; et sois doux.
— Vous avez une serviette ? Elle trempe la table…
— C'est bon, ne t'inquiète pas de cela. Fais ce que l'on te demande.
— D'accord.

Je suis tétanisée par la peur. Qu'est-ce qu'ils vont me faire ? Et Hippolyte commande ce gars dont la voix me paraît très jeune. Quant à l'autre, ses intonations ne me disent rien. Un inconnu et un gamin. Mais qu'est-ce qui se trame derrière mon bandeau ? C'est vrai que je n'arrive même plus à retenir ma mouille ; et l'autre qui en fait état… ça doit donc se voir. Je suis une salope ? Je mouille dans la peur. J'aime presque ça. Cette contrainte me rend folle mais me crispe assez aussi pour que mon ventre s'enflamme. Je suis donc cinglée ? Est-ce que c'est une réaction normale ? Et Hippolyte veut que l'autre me mette quoi ?

Je n'ai guère le loisir de me poser la question longtemps. Celui qui m'a défringuée a empoigné mon sein droit, et après l'avoir pressé comme pour en sentir la consistance, il s'est emparé de mon téton. D'abord il le fait rouler dans ses doigts comme s'il s'agissait d'une cigarette. Puis il tire dessus à me faire presque mal.

Un objet froid vient de passer de part et d'autre de ce petit pic qui s'est gorgé de sang sous la pression. Maintenant je sens qu'il compresse le bout de la tétine. Et ça me fait réagir brutalement. Je me courbe, m'arque sous la douleur incisive, mais l'autre se fiche bien de mes cabrioles et de mes beuglements. Il serre, et ensuite attaque le second nichon. Mais comme je sais ce qui va se passer, je me crispe bien davantage et j'ai franchement mal. Je hurle sous mon bâillon. Alors une paume passe sur mon front et j'entends comme un murmure :

— Calme-toi, ma belle. C'est juste pour te faire belle. Sois sage, ce ne sera pas bien long.

Il s'imagine que je vais lui obéir ? N'importe quoi ! Mais c'est vrai aussi que la compression de mes deux tétons est terminée et que si je ne bouge plus, je souffre moins.

— Voilà, c'est bien. Tu es une bonne fille. Je t'adore comme ça, calme. Nous allons te poser deux jolis piercings au bout des seins. Tu vas voir, c'est comme pour mettre des boucles pour les oreilles et ça ne sera pas plus douloureux. Les étaux, c'est pour que tes bouts soient prêts à accueillir les boucles.

Je rue à nouveau, mais il s'en balance. Il se contente de lancer à celui qui vient de pincer les nibards :

— Martin, caresse-lui l'entrecuisse ; elle va avoir un peu de plaisir et nous pourrons la ferrer sans trop de douleur. Vas-y, lèche-lui la fente.

Une bouche est entre mes cuisses ouvertes. Je sens cette langue qui me fouille ; elle nage dans le liquide clair que ma peur me fait distiller. Et c'est vrai que ça me calme, mais pas suffisamment pour oublier qu'un objet appuie sur mon mamelon droit.

— Attends, Francis ! Une seconde : je veux qu'elle regarde ce que nous allons faire. Attends que je lui retire son bandeau.

Une trouille immonde me saisit. Je suis secouée de partout par des frémissements incontrôlables. Ils ne vont pas… non je ne veux pas… maman, j'ai peur ! S'il te plaît… Hippolyte, non… pas ça ! Je regarde, les yeux éperdus, les yeux brillants, ces trois hommes qui m'entourent. L'un d'eux à genoux tient une sorte d'énorme aiguille. Un plus jeune me lèche la chatte, et toi… toi, tu me câlines le front. Mais je ne peux toujours pas extraire de ma gorge autre chose que des grognements. Alors je ne vois plus que cette affreuse piqûre qu'il se prépare à me faire. Un morceau de bouchon est mis en appui contre mon téton, et soudain la douleur immense qui pénètre jusqu'à mon crâne. Elle me vrille la caboche, j'ai comme un voile rouge sur les yeux. Mais c'est rapide.

Le nommé Francis accroche un objet jaune brillant au bout de cette espèce de perforatrice qui repart dans l'autre sens. J'ai encore mal, mais c'est déjà beaucoup plus supportable. Et l'opération se répète sur l'autre sein. Mêmes causes, mêmes effets.

— Voilà, Claire, c'est fini… pour les seins. Regardez comme ça vous va bien.

Tu parles que ça me va ! Je ne vois que deux taches de sang qui coulent de ces sortes de bâtons qui sont enfoncés au bout de mes nichons. Et Hippolyte qui tire délicatement dessus ravive la douleur. Alors l'autre, toujours à genoux, sort une boîte, et de celle-ci une pommade dont il enduit les deux blessures. En quelques secondes, plus aucune douleur.

— Je vous laisserai le gel ; il faudra en mettre sur les piercings pendant quelques jours. C'est magique, n'est-ce pas ? Vous verrez, d'ici une semaine comme vous serez belle avec ces bijoux de luxe.
— Bon, ne discute pas trop longtemps. Passons à la chatte, tu veux bien ?

Le plus jeune cesse ses va-et-vient sur ma fente. Et je crois que je crève de peur. Mais comment dire non alors que je suis liée sur une table ? Ce Francis, il s'est à nouveau accroupi entre mes cuisses et je sens la pression sur une de mes grandes lèvres. La douleur intense revient au grand galop. Et une fois encore, symétrie oblige, je subis un sort identique sur la seconde lippe. Je me cabre, mon corps se tend comme un arc, et la main sur mes tempes tente toujours de me calmer. Rien n'y fait jusqu'à ce que le gel vienne enfin soulager tous mes maux. Ils sont debout tous les trois devant moi et admirent le travail. Hippolyte me délivre les mains, les jambes, et je reste un long moment prostrée sur le tablier de bois. Petit à petit, mes muscles se relâchent.

— Viens voir, Claire. Viens avec moi.

Mon amant m'a aidée à me relever et me tient la main. Nous sommes désormais devant le miroir de la salle de bain. Entre mes cuisses pendent deux petites chaînes jaunes munies d'un anneau. Au bout de mes seins, deux traits terminés par deux boules de la couleur des chaînettes. Je suis ferrée, pareille à un animal, et j'en suis toute retournée.

— Tu es belle, n'est-ce pas ?
— Tu aurais pu me demander mon avis, non ? Je ne voulais pas ; il me semble que j'avais dit non !
— Personne autour de la table ce soir n'a entendu un seul « non » de ta part.

Devant une telle mauvaise fois, je reste scotchée. Salaud de mec ! Sa main sur mes fesses, elle glisse le long de ma raie. Je cherche à m'écarter mais il me rattrape.

— Il te faut encore payer nos amis, ma belle. Et je ne rigole plus. Maintenant, tu es ma chose ; tu vas les sucer et te laisser monter comme une belle pouliche. Compris ?
— Ça ne va pas, non ?
— Alors tu te prépares de beaux instants : je laisse Francis s'occuper de toi. C'est un vrai pervers, un petit vicieux. Tu veux vraiment y goûter ?
— Tu… tu es fou, tu deviens cinglé ! Arrête ça tout de suite ! Tu n'as pas le droit.
— Le droit ? Mais c'est pour les gens normaux, le droit. Toi, tu viens d'entrer dans une autre catégorie : celle des salopes, des putes, et je te jure qu'à partir de tout de suite tu vas filer droit. Tu veux du droit ? Eh bien c'est ton chemin qui est tout droit, là. File au salon, et à genoux pour une pipe de bienvenue. Allez, salope, on y va !

Il m'a tirée par les cheveux. Je pourrais crier. Qui va venir ? Mon appartement est isolé et mes plus proches voisins sont absents pour plusieurs semaines. Je suis au salon et les deux autres se sont défringués. Ils savaient donc ? Ils nous ont de toute façon sûrement entendus dans la salle de bain dont la porte était restée entrouverte. Mon Dieu, comment vais-je m'en sortir ? Le gentil Hippolyte, un vilain canard qui montre enfin son vrai visage. J'ai les tripes en compote. Elles se tordent sous cette panique qui m'habite. L'homme qui vit chez moi depuis quelques semaines s'avère être un pourri. Sa patte sur mon épaule me dirige vers le nommé Francis.

— À genoux, ma salope, et on suce mes amis. Compris ? Si elle fait ça mal, tu peux la corriger. Toi aussi, Martin, tu vas pouvoir la baiser comme tu voudras.
— Je pourrai…
— Oui, dis-moi.
— Je pourrai l'enculer ?
— C'est même conseillé : elle est très serrée par-là. Tu vas te régaler !

Ils parlent de moi comme d'un objet, d'une pute que l'on prend, d'un Kleenex dont on se sert et que l'on jette ensuite. J'ai des sanglots qui me secouent la poitrine. Quelques larmes qui montent toutes seules. Je suis à genoux devant celui qui m'a fait mal et sa queue flirte déjà avec mes lèvres. À peine entrouvertes, il la pousse violemment au fond, si vite que j'en perds la respiration. Et il reste là en butée, tout au fond alors que je me débats pour retrouver de l'air. Le gamin s'est couché sur ma moquette et sa tête s'est infiltrée entre mes deux gambettes. Il retourne à la source. Sa léchouille me fait presque du bien.

Tout va très vite. Il me broute le minou alors que je suis pistonnée par son pote. Hippolyte, assis dans un fauteuil, savoure la scène avec des yeux souriants. Il exhorte ses deux complices. Francis, lui, vient toujours à grands coups de reins faire claquer ses bourses contre mon menton et halète comme un soufflet de forge. La langue du jeune, si elle persiste à écarter mes grandes lèvres, est maintenant accompagnée par des doigts qui triturent les deux chaînettes qui pendent. Je n'ai mal nulle part, mais je subis les assauts de ces deux-là sous les regards de leur complice. Quand d'un geste rude, sans se préoccuper de son ami Martin, le type qui me lime la bouche me fait mettre à quatre pattes, il est raide comme un piquet.

Je suis tellement humide qu'il s'enfonce en moi sans l'ombre d'une hésitation. Je sens ce dard me pénétrer, et curieusement la tête du garçon se replace entre mes jambes, son corps sous moi. J'ai sa bite aussi au niveau du visage. Il m'attire vers ce nœud plus jeune, mais pas moins bouillant. Je suis baisée en levrette et je suce en même temps dans un soixante-neuf endiablé. La carotte jeune remplace celle de ce Francis. Lui ahane en me pistonnant comme un taré.

— Merde, elle est trop bonne. Tu sais les dénicher, les cochonnes, toi ! Bon sang, et lui là en dessous qui me lèche la queue en même temps… c'est trop bien. Je peux lui gicler dans la chatte ? Tu le permets ?

Ce n'est pas à moi que ces mots sont adressés, mais à Hippolyte. L'autre, là, dispose de mon corps à son gré, finalement. Il m'a amenée là où il le voulait : je suis le paillasson de ses amis, je sers de réceptacle à foutre. Et c'est vrai que je ressens vivement les contractions de sa bite alors que la minette n'est pas non plus terminée. La semence coule sans doute de mon con, et le lécheur doit en avoir aussi sur la langue. C'est impensable ! Je me mets à jouir sans plus de procès ; je suis la chienne qu'il voulait, la salope parfaite, quoi ! La bite a encore quelques hoquets avant de sortir de moi, mais Martin insiste sur cette fente qui refoule le sperme de son ami. Tout cela sous les yeux attentifs de leur ami, avachi dans son fauteuil.

Ça dure encore quelques minutes puis le jeune homme se redresse, les babines remplies de mes sécrétions mélangées à celles de Francis. Il se place de manière à ce que nos lèvres soient les unes sur les autres et je dois lui rouler une pelle baveuse. Mais, cerise sur le gâteau, il prend la place de son pote. La queue ne cherche aucun préliminaire. Elle cogne sur la porte de mon anus, et d'une seule poussée de son bassin il m'embroche comme un poulet. Je hurle sous le calibre qui s'enfonce dans mon cul, mais Martin me contrôle par les hanches. Maintenant ils sont deux spectateurs qui visualisent les assauts de ce presque gamin. Je suis secouée comme un prunier par les coups de queue de ce matador. Heureusement, sa jeunesse et son impatience ont raison de ses vibratos sexuels : il me pleure dans les entrailles et se retire sans que je n'aie pris dans son étreinte un quelconque plaisir.

Je reste prostrée sur la moquette maculée par endroits de taches sombres. Un grand silence envahit mon salon. Puis, alors que mes quinquets sont fermés, ne voulant plus rien voir, les bruits des zips des braguettes que l'on referme me parviennent. Les deux intrus repartent comme ils sont venus. Reste Hippolyte qui s'est, j'en suis certaine, levé pour raccompagner ses deux copains. Il a beau faire le moins de bruit possible, même son souffle ne passe plus inaperçu. Je le maudis intérieurement de m'avoir fait… ça.


Nue sur la laine qui recouvre mon plancher, de l'amertume plein la caboche, je cherche comment faire pour revenir à une réalité plus prosaïque. L'homme est là dans un grand silence, à genoux près de moi. Lui se trouve également à poil totalement. Une de ses mains joue nonchalamment avec une chaînette qui bat contre ma cuisse.

— Ne me touche pas, veux-tu ! Plus jamais !
— Calme-toi, mon bébé ; ce n'était rien de plus qu'un jeu, un intermède ludique où tu avais le plus beau des rôles.
— Faire de moi une pute ou une salope, c'est donc juste un jeu pour toi ? Me ferrer comme une chienne ou une truie, c'est aussi très amusant ? Tu as de bizarres manières de voir les choses. Et demain, ce sera quoi ? Tu me tueras ou me feras des misères qui me feront souffrir pour ton seul plaisir ? Tu diras encore « c'est pour jouer » ?
— Mais non ! C'était juste ce que je voulais. Te voir avec ces piercings est une jouissance sans nom, et c'est… merveilleux. Dans un jour ou deux, tu les verras d'un autre œil.
— C'est toi que je ne verrai plus : je veux que tu quittes cette maison immédiatement et que tu ne reviennes plus jamais.
— Co… comment ?
— Oui, tu fous le camp de suite. Tu n'as plus le choix. Ce que tu m'as fait pourrait te coûter cher. Je ne porterai pas plainte si tu pars de suite et si tu ne cherches plus à me revoir. Dépêche-toi avant que je ne change d'avis. Je vais prendre une douche ; si à mon retour tu es toujours là, j'appelle la police.
— Mais… tu es folle ! Tu vas leur dire quoi ? Que je t'ai violée ?
— Tu veux écouter ? Alors regarde…

Je saisis mon téléphone et je l'allume. Voyant cela, Hippolyte s'est vivement levé. Il avance vers moi ; je recule. Mon appareil est toujours dans ma main. Puis il stoppe net sa progression vers moi.

— Bon, d'accord ! Tu as gagné, je m'en vais. Mais je suis sûr que dans moins d'une semaine tu me rappelleras, et ce jour-là tu devras ramper pour me demander pardon.
— Dégage ! Le fou, ici, c'est toi. Tu n'es qu'un salaud, alors compte là-dessus et bois de l'eau. Quant à tes joujoux, demain j'irai à l'hôpital pour les faire retirer. Je les mettrai à la poubelle. Prie juste le Ciel pour que personne ne me demande d'explications, parce que je déballerai tout.

Il est parti. Son départ n'a pas atténué ma colère, mais au moins n'ai-je pas face à moi l'instrument de celle-ci. Sur la table du salon, je l'ai vu déposer les clés de l'entrée et filer après s'être rhabillé. La douche ! Un endroit bien agréable pour me remettre un peu de cette folle soirée, un endroit qui voit les souillures disparaître. L'eau tiède me ramène à des sentiments plus sereins. Je passe et repasse sur mon corps endolori un gant d'éponge enduit d'un gel aux senteurs de lilas. Je frotte mes seins, mon ventre et ma chatte comme pour me débarrasser de toutes ces saloperies que mes deux baiseurs y ont déposées. Je m'arme de courage pour nettoyer chaque millimètre carré avec une vigueur spéciale.

Ensuite, debout devant la glace, je détaille plus précisément ces ornements idiots que ce Francis a plantés dans mes chairs. C'est vrai que mes seins ont légèrement gonflé, mais ces barres terminées par des anneaux sortant de part et d'autre de mes tétons ne sont visuellement pas moches. Je serre les dents en faisant tourner l'une de ces ferrures dorées. Mais curieusement, l'onguent puissant dont il a enduit mes mamelons m'empêche de sentir quoi que ce soit. Alors je fléchis légèrement sur mes genoux et, cuisses ouvertes, j'ose toucher les chaînes du même métal que les piercings de mes nichons. Elles font environ huit-dix centimètres et un anneau pend au bout de chacune d'elles. Là, j'imagine aisément à quoi ils doivent servir. Mon esprit se remet en marche !

Une pointe d'envie refait surface sans que j'en prenne totalement conscience. Ma main devant le miroir joue avec ces petites choses qui se balancent au gré de mes caresses. Et immanquablement, je me sens fondre. Ma colère est retombée, et je sais… je sens que j'ai fait la bêtise de chasser cet homme qui me donnait un immense plaisir.

Je recherche mon téléphone, et les mots qu'il a prononcés me reviennent en mémoire : « Bon, d'accord ! Tu as gagné, je m'en vais. Mais je suis sûr que dans moins d'une semaine tu me rappelleras, et ce jour-là tu devras ramper pour me demander pardon. » Et ça fait à peine une heure que je l'ai mis à la porte. La sonnerie que j'entends… puis le son nasillard de la voix de la femme du répondeur, c'est un vrai calvaire pour moi :

— Vous êtes bien chez Hippolyte. Je ne suis pas là pour le moment, mais laissez un message et votre numéro ; je vous rappellerai dès mon retour.

J'hésite encore une seconde, et d'une voix que je m'efforce de garder neutre je lâche quelques paroles :

— Hippolyte… je me suis comportée comme une idiote. Reviens. Reviens ; je serai gentille et obéissante. Je serai ce que tu voudras que je sois… Reviens, je t'en supplie.

Je retrouve ensuite mon lit, mais pas le sommeil. Alors je revois ces scènes de la soirée, et immanquablement j'ai de nouveau envie de faire l'amour. Mais seule cette fois, pas moyen de faire autrement que de me caresser. Mon clitoris voit avec une certaine joie mon majeur et son plus fidèle allié, mon index, lui frictionner la tête. Je suis secouée par des spasmes rétroactifs et jouis bruyamment dans mes draps.

J'attends presque comme une délivrance le retour du Maître, mais vais-je vraiment devoir le payer cher ? Tant pis, c'est le prix à payer pour ce bonheur inouï qu'il sait si bien m'offrir.

Le petit matin me calme et mes yeux se mettent aux abonnés absents.
Il fera jour, tout à l'heure ; il sera temps d'aviser.