Chapitre 3

Je lisais et relisais cette lettre, avec l'impression qu'Eva était en train de tomber amoureuse de moi.

Il est vrai qu'elle ne m'était pas indifférente : femme qui savait donner et recevoir de la tendresse, elle était de plus très belle ; n'importe quel homme hétéro normalement constitué ferait des pieds et des mains pour l'associer à sa vie, ou du moins pour la coucher dans son lit. Je m'entendais super bien avec elle sur le plan intime et je me trouvais bien à ses côtés.
Pourtant, rien que le mot « liaison » me laissait un arrière-goût d'amertume et de peur dans ma tête.

Dans le passé, alors que j'étais encore marié, je me suis tellement senti trahi par mon épouse qu'aujourd'hui je ne suis pas encore capable, pas prêt à aliéner ma liberté, même pour la plus belle femme du monde. Ma situation de célibataire me convenait très bien, sauf les jours où la solitude commençait à me peser ; alors je me prenais par la main, partais « en exploration », et je me réveillais dans une chambre d'hôtel ou dans l'appartement de la dame qui avait décidé de me considérer digne d'elle pour partager sa couche avec moi.

Je ne veux pas considérer toutes les femmes comme des garces, ne pas généraliser ou – comme certains ont l'habitude de dire aujourd'hui – de « faire de l'amalgame », mais la cicatrice laissée par un mariage raté, même si elle était refermée, était encore trop sensible.

Je pris dans la mallette mon maillot et l'un des deux draps de bain qu'Eva avait sans doute oublié chez moi ; il nous avait servi d'alaise que nous avions placée sous nos corps lorsque nous nous étions couchés afin de ne pas laisser les traces de la carte d'Europe sur les draps. Il sentait l'amour, il sentait Eva, cette odeur iodée de fruit de mer que dégageait son sexe en pleine excitation. Il était urgent de me changer les idées, sinon je sentais que la nostalgie de la soirée et de la nuit passées avec elle allait assombrir mon après-midi… surtout que Victoria (la femme de chambre, voir § 1) devait passer me faire un petit coucou avant que je plie bagage.

La piscine était pleine. La météo estivale s'y prêtait : à 10 heures, le mercure affichait déjà 28 °C ; la journée promettait ! Je fis le tour des bassins afin de trouver un transat sous un parasol où poser ma serviette de bain (ah, si elle pouvait parler, cette serviette…) ; ils étaient presque tous occupés par des femmes aux seins nus se faisant soit rôtir sous une épaisse couche de crème solaire, soit observant les hommes derrière leurs lunettes de soleil à verres polarisés.

Des seins jeunes en demi-melons, en forme de demi-pommes ou en forme de poires aux tétons tournés vers le haut, plaisants à voir, paraissaient faire un concours de beauté, à ceux qui attireraient le regard d'un mâle, à ceux qui feraient naître une difformité dans le maillot de bain du passant en manque. Et puis il y avait des « outres plissées » semblables à des pis de vieilles chèvres qui tombaient de chaque côté de la poitrine ou sur le nombril ; des seins à faire débander un acteur de films pornos, des seins « tue libido » qui pourraient servir de thérapie à certains satyres qui vivent la queue à la main du matin au soir et qui baiseraient une mouche s'ils avaient une queue assez fine ; enfin, des seins à cacher pour ne pas dégoûter à vie un jeune puceau.

Je trouvai une chaise longue libre. À droite, une grosse Allemande, sans doute une Bavaroise qui cherchait des aventures tropicales, m'interpella dans sa langue. Pour couper court à tout assaut, je lui répondis en français :

— Désolé, je ne parle pas allemand.
Ach ! Franzose ? Gut… sehr schön ! Ich nicht parler französisch aber ich kann Französisch. (NdA : en allemand, « savoir faire le Français » signifie « savoir faire une fellation »).

Ouf ! Pour cette fois-ci j'étais sauvé ! À gauche, une jeune ado exposait ses deux œufs sur le plat. Elle était très belle. Elle écartait suffisamment les cuisses pour que l'on remarque le slip de bain passer dans la fente de son sexe en laissant apercevoir une grande lèvre intime. Sans doute une nouvelle technique moderne pour draguer ? Ses yeux étaient masqués par des lunettes de soleil aux verres réfléchissants. Elle dut me voir arriver car elle passa un doigt entre ses cuisses sur sa grande lèvre afin d'atteindre l'élastique du mini-slip et le remettre en place. Sa bouche esquissa un sourire quelque peu malicieux quoique déplacé, vu son jeune âge… et le mien, qui pourrait être celui de son père. Du n'importe quoi !

Je disposai mon drap de bain sur le transat et profitai d'un coin pas trop fréquenté pour piquer une tête dans le bassin. L'eau était une véritable soupe : 28 °C… ce n'est pas comme ça que j'allais pouvoir me rafraîchir ; autant prendre une douche froide.

Certains jeunes s'adonnaient à la nage entre deux eaux. L'un deux me frôla, et il me sembla ressentir un attouchement au niveau de mon bas-ventre ; décidément… Mais qui cela pouvait-il être ? Il y avait des femmes de tous âges, des hommes, des ados des deux sexes. J'entendis une voix féminine, en espagnol, derrière moi :

Holà cariño ! Tu vas monter chez toi dans combien de temps ?

Victoria était debout au-dessus de moi dans sa robe-uniforme de l'hôtel. En levant les yeux, j'avais une vue imprenable sous sa robe et sur son entrejambe : elle ne portait pas de culotte ni de string. Elle aperçut mon regard ; ses lèvres peintes esquissèrent un sourire coquin et elle écarta un peu les jambes pour que je puisse voir son sexe, mais pas suffisamment pour être dans une posture indécente à la vue de tout le monde.

— Wouahouuu ! m'exclamai-je. Tu es préparée, et avec des idées… Tu n'as qu'à monter, j'arrive tout de suite.
Si Cariño ! J'ai énormément faim de toi !

Victoria avait disparu. Avec son passe-partout magnétique, je savais qu'elle entrerait et serait chez moi à m'attendre. Je fis une longueur de bassin jusqu'à l'escalier en arc-de-cercle qui me permit de sortir. Je récupérai mon drap de bain et me dirigeai vers les escaliers qui menaient au niveau 1 où se trouvait l'entrée de mon bungalow.
J'aperçus les fenêtres d'Eva grandes ouvertes ; un bruit d'aspirateur se faisait entendre et je vis passer une femme de ménage en train de nettoyer l'appartement pour recevoir le prochain client.

Lorsque j'entrai dans mon bungalow, j'entendis l'eau couler dans la douche. Je fis tomber mon caleçon de bain et pénétrai dans la salle de bain où je vis Victoria de dos, accroupie, avec un ustensile cylindrique chromé d'un diamètre un peu plus gros que le tuyau de la douche auquel il était raccordé, enfilé presque en entier dans son anus.

Elle ne m'avait sûrement pas entendu entrer.

De sa main droite elle se tenait appuyée sur le sol, et de la gauche, entre le pouce et l'index, elle tenait cet appareil profondément enfoncé dans son fondement tout en réglant le débit et la pression de l'eau au moyen d'une molette intégrée à son manche, et elle l'enfilait puis le ressortait de son anus comme s'il s'était agi d'une queue. Au bout de quelques va-et-vient elle le ressortit complètement. Aussitôt un puissant jet de liquide sale, de couleur marron, sortit de ses entrailles.

Quand le débit se tarit, je la vis attraper un tube que je n'avais pas aperçu auparavant. Elle l'ouvrit, fit sortir la quantité d'une noix d'une crème blanche presque translucide pour enduire ce cylindre métallique d'une vingtaine de centimètres de long dont l'extrémité était percée sur son pourtour d'une quantité de trous. Elle l'enfonça presque entièrement puis le sortit, et recommença ce manège deux ou trois fois. Quand elle vit que le liquide qui sortait de son corps était propre, elle essuya son appareil avec un tissu éponge, le dévissa du tuyau de la douche et le garda dans sa main.
C'est alors qu'elle m'aperçut dans l'encadrement de la porte.

— Il y a longtemps que tu es là ?
— Non, mais suffisamment pour t'avoir regardé faire… Interesante ! Muy instructivo !
— Je ne voulais pas avoir un accident si… Et je m'en sers aussi pour me nettoyer le vagin après un rapport. Il n'est pas question que mi marido me fasse un enfant de plus ; pour le moment, du moins : je veux profiter de ma jeunesse !
— Tu aimes la sodomie ? demandai-je.
— Je l'ai fait deux ou trois fois, mais jamais avec una cuca comme la tienne ! me répondit-elle en rangeant son doucheur intime dans un petit sac de toile fantaisie que je l'avais vue porter en bandoulière tout à l'heure.

Elle posa le tout sur le tabouret métallique et vint tout contre moi. Elle enlaça ma nuque et se haussa sur la pointe des pieds pour atteindre ma bouche afin de me donner un profond baiser tout en plaquant son ventre encore mouillé contre le mien. Mon sexe, qui s'était réveillé, lui fit honneur en se positionnant entre nos deux ventres dans un garde-à-vous digne de tout bon instructeur militaire. Victoria ne pouvait pas ne pas s'en apercevoir. Elle s'accroupit devant moi, se saisit de ma verge en l'entourant de deux doigts et la porta à sa bouche. Elle ne rentra pas dans les détails et l'ingurgita en déglutissant deux ou trois fois afin de la faire entrer plus profondément dans sa gorge. Elle connaissait son travail ! Elle savait faire ; ce n'était pas une débutante…

Elle continua cet exercice durant cinq bonnes minutes, me faisant escalader des niveaux d'altitude de plus en plus élevés ; je n'allais pas tarder à manquer d'oxygène ! Sa tête entre mes mains, je la poussai délicatement en arrière afin qu'elle abandonne sa fellation. Lorsque ma verge sortit de sa bouche elle me regarda, surprise par mon geste, et me demanda :

— Tu n'aimes pas ? Je le fais mal ?
Pero que no, Mujer ! Au contraire, tu es une championne. Si je te laisse continuer, tu vas me finir dans ta bouche et je ne pourrai plus profiter de toi ni te faire l'amour tout de suite. Tu m'as donné d'autres idées tout à l'heure lorsque je t'ai vue faire avec ce truc en tu culito (dans ton petit cul).
— Tu crois que nous pourrons le faire ? J'ai peur qu'avec ta grosse cuca tu me fasses trop mal.
— On va essayer, et si ça te fait trop mal on arrête tout. D'accord ?
— Alors c'est d'accord ; je te fais confiance, mi amor. J'aimerais bien essayer… Je n'en ai jamais eu une aussi grosse à cet endroit.

Elle s'était relevée, m'avait passé ses deux bras derrière la nuque, écrasant ses seins contre ma poitrine ; je sentais combien ses tétons étaient devenus durs. D'un mouvement de bassin j'avais plaqué mon ventre contre le sien. Elle se saisit de mon sexe pour le placer entre ses cuisses après s'être haussée sur le bout des orteils. Je sentais sur mon gland la chaleur de sa vulve. Elle faisait des mouvements de va-et-vient avec son bassin, simulant un coït. Elle mouillait comme une femme-fontaine. Ma verge coulissait facilement entre ses cuisses, frottant contre sa vulve mon gland complètement congestionné. Chaque fois qu'il venait sur son clitoris, je sentais ma partenaire tressaillir.

On était sortis de la salle de bain. Elle enleva le couvre-lit qu'elle rejeta sur le sol et se mit directement à genoux sur le drap en face de moi, les cuisses écartées, les coudes sur le drap et la tête entre les deux mains. Sa vulve était grande ouverte, les grandes lèvres laissant passer le clitoris curieux qui était sorti en catimini de son capuchon. L'entrée de sa grotte d'amour était baignée d'une cyprine qui ressemblait étrangement à de l'opaline par sa couleur et aux fruits de mer par son odeur.

Mon sexe à l'horizontale, je m'approchai de ce lieu de plaisir et de folies. Je pris ma verge dans ma main droite pour la guider vers l'entrée du vagin tandis que je posais la main gauche sur ces fesses qui se présentaient en offrande. Abandonnant ma verge qui commençait à perdre patience, j'introduisis mon index gauche dans ce vagin qui n'attendait qu'à être visité, choyé, malmené jusqu'à demander grâce. Je le rentrai le plus profondément possible. Mon majeur vint le rejoindre afin de lui prêter main forte. Sous mes doigts je ressentais les multiples replis de ce fourreau qui allait m'accueillir dans peu de temps.

Victoria n'avait pas bougé, à part ses cuisses qu'elle avait ouvertes un peu plus et abaissé sa poitrine le plus possible, à toucher le drap. Elle tenait sa tête tournée sur le côté entre ses mains posées à plat sur le lit.

Je sortis mes doigts baignés de cyprine et posai mon index sur la rosette plissée de son anus que je commençai à masser de mouvements circulaires. Le précieux liquide dont mon index était enduit servait de lubrifiant. Je poussai un peu et la première phalange disparut. Je ressortis mon doigt pour le faire rejoindre par le majeur et recommençai la même opération. Là encore, ils ne rencontrèrent aucune difficulté pour s'introduire.

— Ouille !… Cuidado, cariño… Tu me fais mal avec tes doigts.

Pendant qu'elle me disait cela, elle ne s'était pas rendu compte que mes deux doigts étaient entrés entièrement et que son anus butait seulement contre mes autres doigts restés repliés vers la paume de ma main.

J'allais et venais lentement dans son côlon. Ça ne devait pas trop lui déplaire puisqu'elle se mit à bouger du bassin pour venir à la rencontre de mes doigts afin qu'ils entrent encore plus profondément en elle. De l'autre main je tenais ma verge à l'entrée de son vagin. Je poussai un peu mon bassin en avant et le gland disparut. Victoria poussa un « Ooooh… Siiiiii ! » d'une voix de mourante. Je poussai plus profondément mon sexe. Sous mes doigts, dans son intestin je sentais ma queue aller et venir dans son vagin. Je ressentais à travers les parois la collerette de mon gland. J'allais et venais lentement, comme pour apprécier le moment présent. Victoria avait enfoui sa tête dans l'oreiller et poussait de petits râles de plus en plus puissants :

Oh, que siiiii… Vamos… sigue… No te pares, macho mío ! Follame, revantame… (Oh, que oui… Allez… continue… Ne t'arrête pas, mon mâle ! Baise-moi, défonce-moi…)

Je sortis mon sexe de son vagin totalement baigné de cyprine pour le diriger vers la « petite porte » d'où je venais de sortir mes doigts. Je positionnai mon gland sur l'anus en appuyant légèrement pour voir les réactions de ma partenaire.

— Reste comme ça. Ne bouge pas, cariño. Laisse-moi faire…

J'avais mes mains sur ses hanches et je la regardai opérer. Elle passa une main derrière elle entre ses cuisses pour se saisir de ma verge et maintenir le gland appuyé sur son anus, puis de son bassin elle fit un mouvement vers moi. Sous la pression, je vis mon gland s'aplatir un peu contre sa rosette, et comme par enchantement il disparut entièrement dans cet anneau de chair qui venait de se refermer derrière lui en l'emprisonnant d'une douce pression.

— Maintenant vas-y, cariño. Tu peux entrer lentement. Il faut que mon culito s'habitue à ta grosse cuca. Humm… comme je la sens bien. Elle me remplit le derrière !

Je poussai, sentant ma queue avancer dans ce tuyau de chair, centimètre par centimètre, jusqu'à ce que mon pubis touche ses fesses si accueillantes. Je me sentais comme dans une gaine, enveloppé, enserré, au chaud. Je commençai à me mouvoir. J'eus la sensation que l'antre était formidablement bien lubrifié. Je me souvins de la crème dont elle avait enduit le cylindre avant de se l'introduire dans le côlon.

Victoria soupirait. Ce n'est pas moi qui la sodomisais mais elle qui se sodomisait toute seule en se servant de ma queue. Elle commentait, me donnait des ordres au fur et à mesure que son plaisir grandissait. Je sentis sa respiration changer de rythme et d'amplitude…

Por Dios, que buenos ! Qu'elle est bonne, ta queue… Elle me remplit, elle est chaude, elle est grosse ! On dirait la queue de un caballo (un cheval).

Là, elle perdait vraiment les pédales ; je sais que la Nature m'a assez bien doté à ce niveau, mais tout de même, il ne faut pas exagérer !

— Ça va ? demandai-je ; je ne te fais pas mal ? Tu aimes ?
Oh no… Oh si ! Continue… Je vais prendre mon pied… Continue ! Surtout ne t'arrête pas. Viens à fond, et fais-moi un petit dans el culo…

J'allais et je venais, et parfois je sortais entièrement mon sexe pour le renfoncer d'un grand coup de reins. J'aimais voir mon gland forcer la porte si accueillante et disparaître dans ce corridor à plaisirs ; cela m'excitait. J'accentuai la rapidité de mes mouvements de va-et-vient. Ses fesses claquaient contre mon ventre. Victoria agitait ses hanches, amplifiant le mouvement. D'un seul coup ses jambes plièrent, ne la soutenant plus ; elle se transforma en une poupée de chiffons. Seules mes mains sous ses hanches la maintenaient à genoux. Elle poussa un cri strident ; il me sembla que tout le monde au dehors l'avait entendu.

L'angle de pénétration que faisait ma queue avec ses fesses avait changé ; la sensation de plaisir était différente, plus forte… Rapidement, après quelques va-et-vient, au moment où je m'enfonçais avec puissance en elle je sentis mon orgasme arriver : j'allais lui faire un petit dans le cul, comme elle me l'avait demandé.

Je déchargeai en longs jets puissants dans son côlon. Elle devait les ressentir car à chaque jaillissement elle poussait un « Siiiiii ! ». C'est fou ce que c'était bon ! Je sodomisais cette jeune Majorera (femme de Fuerteventura) dont les deux orifices étaient une invitation permanente à la luxure. Combien de jets ? Je ne saurais le dire… mais suffisamment pour me sentir vidé, rassasié, repus, et inutile.

Au bout d'un moment je sortis mon sexe de ses fesses. Il y avait un peu de sang mélangé à mon sperme. Une inquiétude dut se voir sur mon visage auparavant radieux et satisfait, mais Victoria me rassura :

— Ne t'inquiète pas, mi amor : ta cuca a dû faire éclater quelques hémorroïdes internes. Ce n'est pas grave. Je vais aller me laver pendant que tu te reposes un peu. Viens avec moi ; comme cela je te la laverai moi-même, et ensuite tu pourras t'allonger.

Je ne m'attendais pas à ce que ma bite serve d'instrument chirurgical anti-hémorroïdes ! Vu les circonstances et un peu fatiguée, elle perdit de sa superbe et s'allongea mollement sur l'une de mes cuisses.

— À quelle heure pars-tu ?
— La navette vient me prendre à 17 heures ; il me reste quatre bonnes heures.

Victoria s'était levée du lit. Elle me tendait les mains.

Ven, mi amor… Pendant que je ferai ma toilette intime, tu pourras te reposer.

Nous nous retrouvâmes tous les deux sous le pommeau de la douche qui déversait une eau tiède sur nos corps quelque peu éprouvés. Ma compagne me tournait le dos, plaquant ses fesses contre mon pubis. Mes mains, par-dessus ses épaules, s'étaient saisies de ses seins. Je les caressais, les pétrissais et en profitais pour faire rouler les tétons entre mes pouces et index.

Victoria se retourna, m'enlaça de ses deux bras, plaquant ses seins contre ma poitrine. Nous échangeâmes un baiser ardent où nos langues cherchaient à se saisir l'une de l'autre comme deux reptiles. Cet échange de caresses buccales ne me laissa pas de marbre : mon sexe me fit sentir qu'il ne fallait pas l'oublier, que lui aussi en voulait.
Victoria se détacha de moi, se saisit de mon gel, du pommeau de douche et…

— Ne bouge pas, cariño. Laisse-moi faire… me dit-elle en se saisissant de ma verge en érection.

Elle versa quelques gouttes de gel douche sur mon pénis et, l'encerclant de sa main, légèrement et sensuellement elle commença des va-et-vient. Cela ne dura pas longtemps ; elle le rinça tout en le maintenant sous les testicules comme elle tiendrait un fruit unique qu'elle s'apprêterait à cueillir. Elle s'accroupit, mit un genou à terre et engloutit mon gland dans sa bouche. Elle le massa délicatement de sa langue, et considérant sans doute que cela suffisait, elle abandonna mon sexe dur comme une trique.

— Allez, va te reposer, mi amor. Je me lave et je viens te rejoindre.

Avant de partir, ma curiosité l'emporta. Je la vis sortir son cylindre de son sac de plage et le visser sur le tuyau de la douche à la place du pommeau. Elle enduisit tout l'ustensile de cette pommade qui tout à l'heure avait attiré mon attention, ouvrit le robinet, régla la pression et la température, puis se l'introduisit dans l'anus après s'être accroupie. L'instrument avait presque entièrement disparu dans son fondement ; seuls deux centimètres de l'appareil étaient visibles : la molette de réglage de pression, et la partie sur laquelle venait se visser le tuyau de la douche. Elle débuta alors un va-et-vient comme si cet instrument était un godemichet.

Je ne crois pas qu'il se soit écoulé plus d'une minute entre son intromission et son extraction ; mais aussitôt sorti, un liquide d'une couleur rosâtre fut expulsé avec force du rectum de ma partenaire. Elle se redressa et parut seulement s'apercevoir que j'étais toujours là, bandant comme un âne.

— Qu'est ce que tu fais encore là ? Pourquoi n'es tu pas couché, cariño ?
— Je te regardais faire. Muy interessante ! C'est quoi cette pommade dont tu as enduit ton ustensile ?
— De la vaseline ; mais ça me gêne que tu me regardes quand je me nettoie. Va te coucher, j'arrive.

Je l'abandonnai à ses ablutions qui me paraissaient plus qu'agréables ; mais si ça lui plaisait, si elle y prenait du plaisir, pourquoi pas ? Moi, j'étais rassasié, et même fatigué. Je décidai d'aller m'allonger afin de récupérer un peu d'énergie en me reposant. Après avoir tiré les tentures opaques de la porte-fenêtre donnant sur la terrasse afin de plonger le salon dans une pénombre reposante, je passai dans la chambre à coucher. Le lit paraissait me tendre les bras. Je m'allongeai et fermai les yeux. Seuls les cris des enfants jouant dans la piscine se faisaient entendre.

Il me restait encore quelques heures pour me reposer avant de reprendre mon vol. J'espérais bien en profiter ! Je ne sais pas pourquoi je me mis à penser à Eva. Son visage, son corps de déesse me remplissaient l'esprit. Lorsque je copulais avec Victoria, est-ce qu'en réalité je ne faisais pas l'amour à Eva ?


Je me trouvais dans le cockpit du « Stadt Kassel », mon Boeing 737-400 de la Wings Air, confortablement installé dans mon siège de commandant de bord que j'avais au préalable fait pivoter, le dossier face au tableau de bord, et que j'avais incliné en position repos. J'étais assis les jambes écartées, le pantalon descendu aux chevilles. Entre mes jambes, une femme s'évertuait à me faire du bien, mon sexe dans sa bouche. Je voyais seulement ses cheveux qui recouvraient son visage, et ses fourreaux d'épaules qui me disaient que c'était un deux galons : un copilote ; et pourtant mon copilote n'était pas une femme, mais Erwin…

Galons de copilote (débutant)
Galons de copilote (débutant)

Je sentais sa langue sous mon gland, me caressant, me massant, me laissant dans un bien-être indéfinissable, le même que devaient ressentir les pachas ou les califes lorsqu'ils étaient adulés par les houris de leur harem. La bienfaitrice tenait la base de mon sexe dans sa main. Lorsqu'elle releva la tête, je reconnus Eva. Mais que faisait-elle là ? Je me souvenais que ce matin elle était repartie pour Nantes ; elle ne pouvait pas être de retour, et en plus elle n'appartenait pas à ma « crew ». Quelque chose ne tournait pas rond !

Je vis la porte de communication s'ouvrir, laissant passer Ingrid, notre chef de cabine. Elle s'avançait vers moi, de profil, avec le chemisier dégrafé, les seins à l'air qu'elle approchait de ma bouche. Je n'ai jamais pu résister à de beaux seins ; ce n'est pas de ma faute, c'est ainsi. Je voulus gober l'un de ses tétons tout en tenant la tête d'Eva sur ma queue…

J'ouvris les yeux. J'étais allongé sur mon lit dans la chambre du bungalow, nu comme un ver, les jambes écartées. Victoria était allongée entre mes cuisses, en appui sur ses coudes, les lèvres à proximité de mon sexe en érection, tout mouillé de sa salive. Elle me regardait de son regard noir charbon.

— Qui c'est, Eva ? C'est ta femme ?
— Non. Une fille que j'ai rencontrée ici à l'hôtel. Pourquoi me parles-tu d'elle ?
— Tu étais endormi quand je t'ai rejoint au lit. Tu bandais comme un burro (un âne) ; donc j'ai voulu me régaler avec ta cuca. Tu as mis tes mains sur ma tête pour enfoncer ta cuca au fond de ma gorge et tu m'as appelée Eva en me disant quelque chose en français.
— Donc j'ai rêvé.
Si Señor ! Et ça devait être un beau rêve puisque tu donnais des coups de bite comme si tu voulais me baiser la bouche.
— Tais-toi, et continue… C'est bon ce que tu me fais.
— Elle suce bien, ton Eva ?
— Continue, et ne t'occupe pas d'Eva…

Elle sauta du lit et me lança :

— Alors va te faire sucer par elle ! Moi, quand je baise avec toi, c'est avec toi que je baise et non avec mon mec ! Et lorsque je suce ta cuca, c'est la tienne que je suce et non pas celle d'Antonio.
— Allez, ne le prends pas mal, Victoria… reviens…
Vete a tomar por culo, cabron ! (Va te faire enculer, cocu !) me répondit-elle avec un rictus de rage.

Ce n'était plus le beau visage de madone que je lui connaissais, mais celui d'une femme jalouse, vulgaire et furieuse. Elle attrapa sa robe qu'elle enfila par-dessus sa tête, prit son sac dans la salle de bain et sortit en claquant la porte.

Quelle furie, cette femme ! Parce que l'on a couché ensemble deux fois, elle croyait avoir un droit de propriété sur moi… Mais pour qui se prenait-elle, celle-là ? Certes, je l'ai fait grimper aux sommets de l'extase, et elle m'a fait prendre mon pied elle aussi. On s'est fait mutuellement du bien. Je ne lui dois rien, et elle ne me doit rien. Je ne m'attendais pas à une telle scène de jalousie. Elles sont dangereuses, ces Espagnoles… J'en connaissais quelque chose puisque ma première femme était espagnole ; mais celle-là, cette femme de l'île de Fuerteventura, elle m'a laissé sur le cul… et la bite en l'air !

Bien, elle est partie. Mon sexe, déçu lui aussi, fit la gueule. Il se recroquevilla. J'allais pouvoir me reposer et piquer un petit somme réparateur. Je réglai l'alarme de mon smartphone sur 16 heures, me tournai sur le côté et fermai les yeux.
Eh bien, ce séjour de « repos » avait été bien mouvementé !


L'alarme me sortit d'un sommeil sans rêves. Il était 16 heures. Je pris une bouteille de Perrier dans le frigo de la cuisine et me coupai une rondelle de citron pour me confectionner une boisson rafraîchissante, puis je passai dans la salle de bain. Mon rasoir fit disparaître une barbe naissante qui faisait négligé. La pluie fraîche du pommeau de douche termina de me réveiller. Une fois séché, je pris un caleçon boxer dans ma petite valise, une chemise blanche d'uniforme propre, repassée et empesée sur laquelle j'accrochai mes ailes de pilote de ligne au-dessus de ma poche gauche de poitrine, là où une bande Velcro blanche est cousue à cet effet, puis passai mes fourreaux indiquant mon grade sur les pattes d'épaules. Un petit jet de « Terre d'Hermès » sous les bras, sur la poitrine et dans le caleçon, et j'enfilai le vêtement.

Quelques minutes plus tard j'étais prêt, cravate noire nouée en un triangle parfait, un pantalon bleu marine en tergal aux plis en lame de couteau, chaussures noires nettoyées. Je pris mes deux mallettes et quittai l'appartement.

Effectivement, dehors c'était la fournaise. Je gagnai la réception de l'hôtel, rendis ma carte-clé magnétique ainsi que la carte « consommation hôtelière » qui était vide. Le réceptionniste me remercia et me souhaita un bon vol. Dans la rue, j'attendis au bord du trottoir. La navette arriva pile à l'heure. À l'intérieur, tout le monde était là sauf Erwin, le copilote, et Ingrid, la chef de cabine ; ils étaient à bord bien avant nous. On se fit la bise et on se laissa conduire à l'aéroport.

Erwin devait être sur place pour surveiller le plein des réservoirs et signer les bons de livraison, les attestations de contrôles pour la DGAC et pour effectuer la visite sécurité prévol, assisté de l'ingénieur-mécanicien de la Lufthansa. Quant à Ingrid, elle devait superviser la livraison et le rangement du catering (repas, boissons… tout ce qui est vendu aux passagers durant le vol) dans les caissons prévus à cet effet à la queue de l'avion, dans le domaine des hôtesses. Quand le copilote aurait terminé ses contrôles, il irait lui prêter main-forte.

Lorsque j'arrivai, je me séparai de l'équipage pour aller déposer mon plan de vol à la salle des opérations. Étant donné que nos vols charters étaient toujours les mêmes (Hambourg-Fuerteventura), les paramètres étaient enregistrés sur une clé USB spéciale qui me servait pour la transmission avec la tour et pour nourrir l'ordinateur de bord de l'avion, le PMDG, qui dirigerait le pilote automatique dès que ce dernier sera enclenché après que le commandant de bord ou le copilote aura amené l'aéronef à 9 000 pieds (soit 2 743 mètres) au-dessus du niveau de la mer.

Je passai – comme tous les passagers – le contrôle sécurité, à la seule différence que l'on ne me demanda pas d'enlever la ceinture de mon pantalon, d'ôter les chaussures ni de sortir mon PC de son étui. Ensuite, ce fut devant la Guardia Civil (qui fait office de Police de l'Air et des Frontières) que je dus montrer ma CNI et mon badge de Personnel Navigant Directeur. Je dus expliquer pour quelles raisons je leur montrais une Carte Nationale d'Identité française alors que je portais un uniforme et les insignes de l'aviation civile allemande.

Il est vrai que certains guardias civiles ne sont pas la crème de l'intelligence ; on dirait que c'est une particularité corporative entre nos deux pays car certains policiers de la PAF ne brillent pas non plus par leur intelligence et leur potentiel de réflexion.

Guardias Civiles
Guardias Civiles

J'arrivai au premier étage dans la salle d'attente pour les embarquements et me dirigeai vers la porte Eurowings ; nous allions revenir à Hambourg avec 89 personnes.

À ma vue, les deux hôtesses au sol me saluèrent et m'ouvrirent la porte de la passerelle télescopique qui me permettait d'arriver à l'appareil que je traversai en deux minutes. Il me tardait d'arriver dans « mon » avion où je savais qu'une relative fraîcheur m'accueillerait grâce à l'APU que le copilote avait mis en route (Auxiliary Power Unit : générateur installé dans la queue des avions de ligne, qui fournit de l'électricité lorsque les réacteurs ne sont pas en service).

Je fus accueilli par toutes les filles qui se démenaient dans les diverses tâches avant-vol, changeant les protège-tête estampillés du sigle de la Lufthansa présentant quelques souillures, vidant les soufflets de sièges qui servent de repose-revues mais que les passagers utilisent comme corbeille à papier, vérifiant que toutes les ceintures sont opérationnelles.

La porte du cockpit était ouverte et le resterait jusqu'au repoussage. J'entrai dans le poste de pilotage. Ingrid me rejoignit, s'approcha de moi en me tendant sa joue comme à l'accoutumée pour que nous nous fassions la bise. Il me sembla que cette fois-ci ses lèvres s'étaient un peu rapprochées de mes moustaches, ou prenais-je mes rêves pour la réalité ? Elle sentait bon le Chanel N° 5. Son chemisier bleu cobalt était bien rempli par deux seins qui tendaient au maximum le tissu aux reflets métalliques… deux seins qui avaient hanté mon dernier rêve ; mais chut : il ne fallait pas le lui dire !

— Humm ! J'aime ton eau de toilette. C'est quoi ? me demanda-t-elle en allemand.
— Terre d'Hermès. Le tien est agréable également : du Chanel N° 5, si je ne me trompe pas, lui répondis-je dans la même langue.
— En effet. Je vois que Monsieur est connaisseur ! me répondit-elle en prenant ma veste pour l'accrocher à un cintre ainsi que ma casquette pour la poser sur une étagère. Je pense que tu as passé un agréable séjour…
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
— Tu étais en charmante compagnie avec la collègue française, le soir où l'on s'est vus ; elle te dévorait du regard !
— Tu crois ?
— En ce qui me concerne, c'est ta vie, et je m'interdis de la commenter ou de te juger.
— Et toi ?
— Je me suis reposée ; je suis allée à la plage ce matin, puis cet après midi une bonne sieste. Elle est partie ?
— Qui ça, « elle » ? De qui me parles-tu ? lui demandai-je, jouant celui qui tombait des nues.
— Ta compatriote.
— Je crois qu'elle est partie ce matin ; enfin, c'est ce qu'elle m'a dit hier au soir.

Sur ces entrefaites, Erwin entra dans le poste de pilotage, ce qui coupa court à notre conversation. On se serra la main comme à l'accoutumée, il me fit son rapport verbal, me donna des formulaires à signer qu'il rangea dans l'une des mallettes, puis prit place dans son siège sur ma droite. Il actionna l'interrupteur du PMDG situé sur la console centrale, juste au-dessus des deux manettes de gaz et entre les deux roues de trim (compensateur de profondeur). Sur l'écran, tous les voyants se mirent à clignoter. Je lui passai la clé-mémoire Flight Data Memory qu'il plaça dans son logement, puis il appuya sur la touche Enter. Sur les différents cadrans de l'afficheur noir, des chiffres verts se mirent à défiler verticalement à une vitesse vertigineuse.

Planche de bord du Boeing 737-400
Planche de bord du Boeing 737-400

De ma place, derrière mon dos, j'entendais les passagers arriver à bord avec le traditionnel « Guten Tag. Willkommen am Bord der Wings Air Flug Gesellschaft. »

Je vérifiai que tout se passait selon la procédure. Sur les instruments de réglage du pilote automatique, de nouveaux chiffres s'étaient affichés automatiquement :

— Altitude : 9000
— Vertical Speed : 1300
— IAS-Speed : 250
— Baro : 29.92 IN
— Bracke : RTO
— …

Du chinois pour les personnes non familiarisées avec l'aéronautique, mais le « B-A BA » pour un pilote de ligne. Les trois réservoirs étaient pleins, ce à quoi venaient s'ajouter le poids des passagers et celui des bagages ; tout à calculer et à inclure dans les paramètres de décollage, de vol en croisière et d'atterrissage. Plus l'avion est lourd, plus il lui faudra de puissance et de distance pour s'arracher du sol ; et vice-versa, plus il lui faudra de vitesse pour se poser afin d'éviter un décrochage et de longueur de piste pour s'arrêter.

Je m'adressai à Erwin :

— Tu gères la radio et moi le décollage.
— À vos ordres, Commandant.

Les fréquences à utiliser (sol, tour, départ) étaient programmée sur la centrale radio. Le copilote appela Fuerteventura Ground en anglais ; je vous ferai grâce des échanges. Quant à moi, je testai les alarmes de bord, puis vint le moment de lancer les moteurs.

Strobe ? annonçai-je.
Strobe on, répondit Erwin après avoir baissé un interrupteur-levier sur la planche de bord du plafond.
Nav ?
Nav on.
Landing ?
Landing on.
BCN ?
BCN on.
De-ice ?
De-ice on.
Pitot ?
Pitot on.
— etc.

Je ne veux pas vous soûler avec le détail des diverses check-lists avant le décollage, que le public ignore : il y en a pour une demi-heure ! Les moteurs lancés, ils furent calés et synchronisés à 12% de N1. L'APU fut coupé.

Ingrid était arrivée pour nous dire que tout le monde était à bord et paré pour le décollage, que la porte était fermée et la passerelle désolidarisée. Erwin enclencha le Fasten Belt ; la chef de cabine sortit et ferma la porte derrière elle.

Pendant que le repousseur nous sortait de notre position de parking, la chef de cabine faisait son speech au micro, souhaitant la bienvenue au nom du Cap'tain Adam et de tout l'équipage, et remerciant les passagers pour leur confiance en la Compagnie. Elle annonça que nous allions voler à 32 000 pieds d'altitude et que le vol durerait approximativement cinq heures, puis vinrent les consignes de sécurité avec les gestes de sémaphore habituels.

Repousseur
Repousseur

Nous étions à présent désolidarisés du repousseur. Je poussai un peu en avant les deux manettes des gaz. Les turbines montèrent en puissance. Les indicateurs de N1 indiquaient 19 %. Erwin avait desserré les freins de parking. L'avion commença à avancer, tout doucement d'abord, puis de plus en plus vite. Je diminuai la pression : la bretelle de roulage approchait. Avec le petit volant placé sur ma gauche je dirigeais le roulage. Je tournai à droite et le nez du Boeing prit cette direction. J'augmentai un peu la pression sur les gaz ; le badin afficha 4 nœuds, la vitesse maximale autorisée au roulage.

On arrivait en bordure de la piste 03 qui nous était affectée pour décoller. Erwin parla avec la tour dans sa radio et j'entendis l'autorisation de décollage. Je m'engageai sur la piste, m'arrêtai sur la partie « zebra » dans l'axe de la piste et serrai le frein de parking. Je calai le curseur sur le cap 033, baissai de deux crans les volets et me harnachai à la ceinture 4 points qui me tenait fermement plaqué contre le dossier de mon fauteuil.

J'interrogeai du regard le copilote ; il leva le pouce en l'air. Je posai mes pieds sur les pédales du palonnier, ma main gauche sur la « bête à cornes » et je poussai les gaz à mi-course. Les réacteurs se mirent à hurler. Tout l'avion se mit à trembler. Un coup d'œil sur les cadrans et j'annonçai :

Bremse aus !
Brake out, over.

L'avion démarra, avançant de plus en plus vite, gagnant de la vitesse : 90 nœuds…120…140.

V1, m'annonça le copilote, et aussitôt après : Rotation.

Je tirai le demi-volant – la bête à cornes – vers moi : l'avion leva le nez, et le staccato des pneumatiques sur le béton s'estompa puis disparut.

Le copilote annonça :

— Ascendance positive.
Gear out.
— Train rentré.
Flaps zero.
— Volets à zéro… 2 500 pieds… 1 200 au vario. Vitesse de montée : 230. 3 500 pieds… vario stable. Vitesse : 250…

Et ainsi jusqu'à ce que l'on atteigne l'altitude de 9 000 pieds.

— 9000 pieds, Commandant.
ALT : go.
ALT : green.
HDG : go.
HDH : green.
PA : go, and IAS go.
PA green ; IAS 250 green… Nous atteignons 10 000 pieds, Commandant.
— Phare d'atterrissage out.
Landing out.
IAS : 290.
— Vitesse : deux neuf zéro.

L'avion, obéissant aux données entrées dans l'ordinateur de bord, s'était penché sur l'aile droite et prenait le cap au 045 tout en grimpant à 17 000 pieds. Je me décrochai, repoussai mon siège vers l'arrière, lui fis faire un demi-tour et je me levai.

— Tu prends les commandes : c'est ton avion.

Ce qui veut dire dans notre jargon qu'il était de surveillance en mon absence, car au niveau du pilotage – à moins qu'un pépin ne survienne – il n'y avait rien à faire.

J'ouvris la porte de communication. Je dus frôler une grosse – encore une Bavaroise, sans doute – qui prenait toute la place en attendant devant la porte des toilettes. En passant dans la travée centrale, je donnai un coup d'œil pour m'assurer que tout allait bien, puis j'arrivai au fond, « au royaume des filles ». Toutes les cinq étaient là. Ingrid me tournait le dos. Je plaçai une main amicale sur son épaule ; à travers le tissu de son chemisier, je la sentis frissonner.

— Tout se passe bien ? demandai-je gratuitement pour me donner une contenance car je savais que tout allait bien avec Ingrid aux commandes de la cabine.
Alles paleti, Capt'ain ! me répondit-elle en me souriant. Vous voulez un café ?
— Pourquoi pas ? Merci.

Je ne sais pas, mais il me semblait que juste avant de se retourner pour me répondre Ingrid avait fait un mouvement qui colla sa hanche à mon bassin. Je devais me faire des illusions… surtout qu'exceptionnellement tout le personnel avait décidé de faire le retour en jupe et en talons hauts.

Agnès me servit mon café et Ingrid abandonna le groupe pour rejoindre son poste à l'avant. Là encore elle me frôla en me souriant d'un drôle d'air, laissant sur son passage ce parfum qui me rendait dingue… et elle le savait !

Ce retour se fit au FL 320 (32 000 pieds) à la vitesse de 820 km/h, avec une météo paradisiaque. Nous allions gagner du temps car à cette altitude nous n'avions pas de vents contraires.