Tu es une salope

Il est 23 heures, et je me présente à la porte de l'un des clubs les plus sélects de Paris. Tellement select qu'il n'est mentionné nulle part ; aucun guide, ni site Internet ne connaît son existence : seul le club peut vous proposer d'en être membre. Le Club Hell – c'est son nom – se cache dans les tréfonds des sous-sols parisiens ; j'en suis membre depuis quelque temps. Des soirées, organisées pour ses membres, leur proposent de vivre des moments très particuliers. Mes amis et moi, adeptes des mêmes délires, y avons notre propre salon.

Je suis donc conduit, les yeux bandés (comme à chaque fois) vers la salle qui nous accueille. Après quelques minutes dans le noir total, on me retire mon bandeau et je me retrouve au milieu de mes amis. La soirée débute à peine, et chacun déguste un apéritif tout en devisant. Le salon qui nous est réservé au sein du club est aménagé selon nos propres désirs. La pièce est ovale, et de lourdes tentures noires ferment de petites alcôves privées seulement meublées de lits. À une extrémité de la pièce, une croix de St André, et à l'autre une dizaine de cages métalliques renfermant des soumises prêtées par le propriétaire des lieux. En effet, les membres du club ne peuvent pas venir accompagnés ; il faut donc que certains invités soient eux-mêmes des soumis(es), ou que le club propose la prestation. Donc à chaque soirée, un nouveau « panel » de jeunes hommes et femmes nous est offert.

Je retrouve Franck, accompagné d'une amie commune ; nous échangeons quelques banalités avant qu'il ne me tire un peu à l'écart de la conversation que notre amie vient d'engager avec le propriétaire des lieux, monsieur Vrykolakas, un vieil homme qui se joint parfois à nous, grand pourvoyeur de jeunes femmes très soumises.

— Je dois te présenter à une amie. Elle n'est pas encore arrivée, mais tu ne peux pas la rater : elle est magnifique, brune, pulpeuse, et fort intelligente. Elle se prénomme Nathalie, et… Je crois que c'est elle qui entre !

Je suis son regard et découvre par la porte secrète de notre salon une jeune femme somptueuse qui vient de faire son entrée. On ne peut effectivement pas la rater : grande, élancée, très brune, ses long cheveux retombant sur ses épaules et le bas de son dos. Elle semble pourvue d'une belle poitrine et, en se tournant, elle m'offre une vue imprenable sur un magnifique postérieur bien rond. Maquillée avec soin, elle ne porte aucun bijou, et sa robe de soirée noire très ajustée – tout en restant élégante mais sexy – lui fait comme une deuxième peau. Son regard à lui seul vous fait de l'effet, et son sourire est diabolique. Bref, une très belle jeune femme.
Tous les yeux de la gent masculine sont tournés vers cette déesse et la dévorent du regard ; moi-même, je ne parviens pas à détacher mon regard de cette perfection féminine. D'un coup, je prends conscience que Franck n'a pas cessé de me parler mais que je ne l'entendais plus.

— Hein, quoi ? Que viens-tu de dire ?
— Je te disais qu'elle n'est pas soumise et que ce ne sera sûrement pas simple de la mettre dans ton lit.

Je ne parviens pas à me concentrer sur la conversation, trop occupé à suivre du regard cette vision divine qui virevolte entre les invités pour enfin arriver près de nous. Elle me tend une main fine aux longs doigts de pianiste.

— Nathalie, me lance-t-elle sans lâcher mon regard.
— Richard. C'est la première fois que je vous croise ici.

Ses yeux brillent d'un éclat nouveau, envahis d'une lueur de désir aussitôt disparue mais que je n'aurais manquée sous aucun prétexte.

— Oui ; je suis membre du club depuis longtemps, mais c'est la première fois que je rejoins ce salon.

Il est vrai que le club est immense et que mademoiselle Audrey, l'organisatrice des soirées, m'avait proposé de me mêler à d'autres invités, dans d'autres salles du complexe souterrain. Mais déjà Nathalie est partie virevolter vers d'autres de ses amis. C'est ce même instant que choisi notre maître de cérémonie, Maître Murons, pour lancer officiellement la soirée.

Le personnel du club tire alors les tentures pour ouvrir l'accès aux alcôves, et une majorité d'invités se dirigent vers les cages où sont exposées les soumises offertes par la maison. Pour ma part, je me rends au bar et y commande un Laphroaig de 25 ans d'âge. J'adore le goût prononcé de la tourbe de ce whisky de l'île d'Islay. Un petit plaisir que je m'offre en observant le reste de la salle. Quelques-unes des femmes invitées se sont déshabillées ; elles ne portent plus que leurs bas et leurs escarpins, signalant ainsi qu'elles sont de celles qui se soumettent. Il y a quelques hommes aussi.

Maître Murons a fait ouvrir une cabine équipée de glory holes afin qu'une soumise offerte par le propriétaire des lieux, offre à qui le souhaite une première jouissance. On a également installé une femme un peu forte sur la croix de St André, et je remarque que déjà certains dominants ont trouvé de quoi la châtier. La châtier de quoi ? Je n'en sais rien, et je m'en moque ; si elle a besoin d'une correction, je ne serai pas le dernier à la lui donner.

Mon verre toujours à la main, je sirote lentement le nectar et cherche la belle Nathalie dans la salle. Au milieu de tout ce monde, je ne parviens plus à la retrouver. Je déambule donc parmi les groupes qui se forment. J'entends, plus que je ne vois, la soumise subir son châtiment : les coups pleuvent, et elle remercie bravement chacun de ses tortionnaires. Les glory holes connaissent une grande affluence, et la petite brune qui y officie ne sait plus où donner de la bouche pour satisfaire ces nombreux messieurs.

Je retrouve mon ami Franck qui, lui, a déjà bien entamé la soirée puisqu'à ses pieds une jeune femme est agenouillée, le suçant profondément, alors que notre amie claque le fessier de la jolie demoiselle. Au moment où je vais m'adresser à lui, il me désigne de la tête une scène un peu plus loin dans la pièce. Je suis son regard et découvre celle que je cherche depuis quelques minutes.

Assise dans un fauteuil de cuir rouge, Nathalie, les jambes largement écartées, la robe remontée à la taille, se fait lécher le sexe par un homme agenouillé à ses pieds. Ce dernier ne porte qu'un slip de cuir noir, et me semble fort gras. La scène prête presque à rire tant la femme est belle et l'homme laid. Ses petites lunettes embuées, le crâne dégarni, une panse débordante, il a les joues rouge écarlate ; il lèche et bave sur le minou de la belle.

— Tu es répugnant, insignifiant petit tas de graisse soumise ! Tu ne me feras pas jouir ainsi ; je vais te faire souffrir le martyre ! Tu pensais être digne d'une femme comme moi ?

Elle le repousse violemment et le projette au sol. La jeune femme se lève, le pousse du pied, puis frappe de son talon juste sur son sexe toujours emprisonné dans son slip. Il hurle sous le coup et, à ma grande surprise, remercie sa Maîtresse.

— Je ne suis pas ta Maîtresse, larve immonde ! Va te mettre sur la croix, tourne le dos et attends que je te corrige.

L'homme se précipite vers la croix, détache la femme abandonnée après sa correction et prend sa place. Nathalie lui emprisonne les poignets dans les menottes prévues à cet effet et lance à l'assemblée de dominants :

— Cette sous-merde m'a manqué de respect ; je veux que chacun le punisse comme il le souhaite. Il m'a dit être capable de tout supporter, alors profitez-en. Peut-être n'est-il même pas digne d'être puni par vous : faites-le châtier par vos soumis ou vos soumises.

Sur ces mots, elle abandonne l'homme aux mains de quelques experts devenus maîtres dans l'art de faire souffrir et s'en désintéresse totalement. Moi, je continue de siroter mon verre.

— Pourquoi l'avoir choisi ? lui demandé-je alors qu'elle passe près de moi.
— C'est mon banquier ; il me fait souffrir toute l'année. Je me venge.

Je souris : l'idée est cocasse.

— Et vous ? Qui allez-vous soumettre ce soir ? me lance-t-elle alors que je la pensais déjà loin.
— Qui vous dit que je ne suis pas moi-même un soumis ?

Elle éclate franchement de rire, me lance un coup d'œil malicieux et finit par reprendre sa route. C'est vrai, ça ! Cela fait plus d'une heure que je suis là, et je ne me suis intéressé à personne.

Voyons ce que le propriétaire nous a amené… Je dois avouer que je ne suis pas motivé par les jeux de domination, ce soir ; une petite mélancolie passagère ? Ou est-ce simplement que ce soir, c'est Nathalie que j'aurais bien imaginée baiser et que, voyant cette possibilité m'échapper, je ne trouve rien d'amusant à faire ?

Dans une cage, je repère une jeune rousse aux cheveux courts. Sa peau très blanche est parsemée de petites taches de rousseur. Comme toutes ses consœurs, elle ne porte que des bas et attend sagement à genoux dans sa prison. Elle a un joli visage et des formes harmonieuses. Je m'interroge toujours quand je vois de si jolies filles : que peuvent-elles bien faire là ? Vu les traces blanchâtres qui lui décorent déjà la poitrine – qu'elle a par ailleurs fort belle – je me doute que quelques-uns de mes condisciples l'ont honorée d'une première giclée.

— Puis-je m'offrir un instant à vous ?

C'est la jeune rousse qui vient de me parler. Je me penche vers elle, le regard mauvais.

— J'ai passé une journée fort ennuyeuse, et si je vous fais sortir de là, je crains que ce soit à votre tour de vous ennuyer.
— Essayez tout de même ; je suis venue pour m'amuser aussi, mais je ne dois pas être appétissante…
— Vous l'êtes pourtant, lui dis-je en ouvrant la cage pour l'en faire sortir.

Debout devant moi, elle me dévisage un instant. Elle n'est pas très grande. Menue, avec une belle poitrine tendue et de jolies fesses pommelées. Elle se reprend tout à coup et baisse les yeux, passe ses mains derrière son dos, prenant ainsi une position plus classique pour une soumise. Je presse un sein pour en éprouver la texture ; il est doux et un peu lourd. Ma main passe alors sur son épaule, puis sa nuque. Je tourne autour d'elle, je presse sa fesse ; ma main remonte ensuite sur ses doigts.

— Vous êtes belle et très excitante. Sucez-moi, je vous prie.

Elle s'agenouille, et de ses petites mains me débarrasse de ma ceinture, me la tend, puis continue de défaire la fermeture de mon vêtement. La jeune femme sort alors ma queue et, le regard gourmand, commence à en lécher le gland. Je pose mon verre de whisky.

— Soyez plus efficace !
— Oui, Monsieur.

Elle prend alors ma queue dans son entier au fond de sa gorge. Je vois ses yeux devenir humides, mais elle ne s'arrête pas et enfonce mon sexe toujours plus loin, reculant peu, mais me prodiguant une gorge profonde des plus jouissives.
Et ce n'est que lorsque j'ai joui dans le fond de son gosier qu'elle a avalé ma semence sans en perdre une goutte qu'elle se décide à lâcher ma queue et me libérer de sa bouche.

— Belle performance ! me glisse alors une voix dans mon dos.

Je me retourne pour découvrir Nathalie, assise à quelques mètres de moi et se délectant du spectacle. Mon air blasé s'efface pendant quelques secondes lorsqu'elle m'offre un sourire ; puis, reprenant son air de dominatrice perverse, elle me dit :

— Je suis de méchante humeur, ce soir. Me prêteriez-vous cette petite avaleuse de foutre ?

Devant son air méchant et n'ayant moi-même pas plus de scrupules qu'il n'en est besoin, je lui désigne alors la jeune rousse toujours à genoux à mes pieds.

— Faites-en ce que bon vous semble : elle a signé pour être soumise.

En bon salaud que je suis, je laisse la main à cette furie de Nathalie pour me délecter de sa « méchante » humeur. Je reprends alors mon verre et le termine d'un trait. Les soumises fournies par le club ont toute le même contrat : l'humiliation fait partie du jeu. Nathalie en use donc.

— Pour commencer, et comme vous semblez aimer les fluides masculins, allez donc nettoyer la soumise des glory holes ; léchez et avalez tout le sperme que vous trouverez. Faites ce que je demande, sinon il vous en cuira !

J'ai un rictus méchant en regardant la jolie rousse avancer vers sa punition. Punition, c'est effectivement le premier mot qui me vient. Pourquoi infliger une tâche aussi ingrate à cette jeune femme ?

— Pourquoi la punissez-vous ?
— Parce que je suis une salope. Je le revendique, et je ne viens ici que pour y assouvir ce type de bas instinct. Et vous, pourquoi êtes-vous ici ?
— Sans doute pour les mêmes raisons, mais je ne suis pas dans l'humeur des lieux, ce soir. Je vais rentrer.
— Dommage pour elle : je vais l'utiliser jusqu'à plus soif ; vous auriez pu lui éviter ça. Après, je me ferai baiser par le soumis le mieux membré de la soirée.

L'évocation de son propre désir me fait sourire, mais je suis décidé à quitter l'endroit.

— Je n'ai pas envie de lui éviter quoi que ce soit ; je m'en contrefous. Votre propre jouissance m'aurait davantage amusé.
— Je ne vous l'aurais pas offerte.
— Tant pis.

La conversation se termine sur ces quelques mots, sans plus d'intérêt pour ce qui se déroulera – ou pas – ici. Je repars vers la sortie.