Règle n° 25 : Ne pas baiser avec un collègue de bureau.

« Synopsis NCIS - Saison 14 - Épisode 1 : suite. »

ALICIA

Le sourire encore aux lèvres, je m'agenouille devant mon Roméo. À défaut d'échelle, j'aperçois déjà un barreau qui déforme la toile épaisse de son jean noir. Putain… oui, il a envie de moi. Très envie, même ! Après l'avoir consulté du regard, je déboucle son lourd ceinturon de cuir avant de m'attaquer à sa braguette en gloussant nerveusement. Il décolle obligeamment son bassin pour me permettre de faire glisser le pantalon sur ses cuisses musculeuses. Je m'arrête un instant en contemplant sa virilité comprimée dans un boxer rouge. Je fronce les sourcils, incertaine. C'est vrai qu'il a l'air bien monté, ce con !

Inconsciemment, je passe la langue sur mes lèvres tout en abaissant à deux mains le dernier obstacle. Sa bite bondit en avant et vient percuter mon nez. Je pousse un cri aigu en partant en arrière et m'affale lamentablement ; ma nuque cogne violemment contre un pied de mon bureau. Sonnée, un peu groggy, je me retrouve mystérieusement assise dans mon fauteuil, une compresse froide sur le crâne. Rory tapote le dos de ma main droite en murmurant des mots d'apaisement.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Ma voix est chevrotante, même à mes oreilles.

— Tu es tombée et tu t'es cognée. Rien de grave ; il te faut juste une dizaine de points de suture…
— Quoi ? C'est pas possible !

Je m'insurge et commence à monter dans les tours, mais Rory m'interrompt :

— Je rigole. Tu as juste une petite coupure au cuir chevelu. C'est déjà fini, tu ne saignes plus.
— Ah ! Je suis désolée. J'ai… Tu… On n'a pas idée d'avoir une bite aussi, aussi… Ouais, tu vois, quoi. Je crois que je vais l'adorer.
— Tu as de l'aspirine quelque part ? Tu m'as l'air secouée.

Il a raison, je le suis. Malgré ma migraine, je ne pense qu'à l'anaconda qui m'a attaquée un peu plus tôt. Putain, c'est de l'arme de destruction massive, de l'interdit par la convention de Genève, ce truc ! Et encore, je l'ai à peine entrevu. Il faut dire qu'il a failli m'éborgner en plus de me péter le nez.
Avec toutes ces pensées impures, ma culotte est bonne pour un essorage à 1 800 tours/minute.

Et Rory qui me couve d'un regard d'épagneul pendant que je reprends du poil de la bête… Un coup d'œil stratégique me permet de constater que, s'il a couvert sa vertu, une importante érection continue à gonfler son jean. Un épagneul lubrique, ouais ! Et même le loup de Tex Avery, avec œillades langoureuses et langue pendante.

J'enlève prudemment le linge mouillé qui couronne ma tête ; une misérable minuscule tache rose le décore. Ma coiffure est foutue, pitoyable. Je dois ressembler à une rescapée du Titanic ; où est Leonardo ? Pas besoin, j'ai un super mâle en magasin.

— Tu bandes toujours ?
— Eh oui, tu m'as passablement excité, alors voilà. Ça passera avec une bonne douche.
— J'ai une idée pour me faire pardonner : une bonne pipe, ça te dit ?

Merde, mais pourquoi je parle avec mes ovaires au lieu de mon cerveau ? Je vire au rouge pivoine à nouveau. Moi et ma grande bouche… Encore que je vais en avoir besoin, maintenant.

RORY

Encore une fois, elle m'a surpris. L'instant d'avant, elle était quasi morte, pissant le sang par un trou béant dans son crâne fracassé, agonisant sur le carrelage, et maintenant elle propose de me soulager en me taillant une pipe ! Et le pire, c'est que je ne sais pas comment dire non. Je n'en ai d'ailleurs pas envie. Mais je vais mourir au moment où ses lèvres délicates vont encercler ma queue. Vite, une objection…

— Tu es sûre ? Tu ne me connais pas : je pourrais être porteur d'une maladie, le sida ou une MST quelconque.
— Tu me le dirais ?
— Oui, bien sûr… J'ai fait des tests sanguins il y a trois mois, je pense.
— Et tu n'as pas…
— Non, je n'ai pas. Contrairement à certains, je ne saute pas sur tout ce qui bouge.

Merde, pourquoi j'ai dit ça ? Elle le prend pour elle, c'est évident… Là, j'ai déconné ; je le comprends en la voyant se fermer comme une huître.

— D'accord, j'ai compris. Tu peux aller te finir aux toilettes, c'est dans le couloir à gauche.
— Je suis désolé, Alicia. Je faisais allusion à mon cousin Noël, un coureur de jupons qui est aussi mon colocataire, pour mon plus grand malheur.
— Ah, d'accord… Bon, j'ai du travail ; nous avons du travail. DiNozzo a les oreillons, il ne peut accompagner l'équipe à Charlotte. On s'y met.
— OK, je branche mon ordi sur ce poste ; je comprends…

Nous avons travaillé dans un quasi-silence jusqu'à midi passé. Alicia a un bon feeling et le sens du dialogue ; je pense qu'en fin de journée nous aurons un premier jet acceptable. Son estomac gargouille distinctement, et elle se tourne enfin vers moi, un peu gênée. Elle m'a évité depuis notre incident, me jetant malgré tout quelques regards subreptices.

— J'ai faim, on dirait. Ça te dit, un burrito-salade ? C'est un resto tex-mex à deux pas ; ma cantine, en fait.
— Pas de problème si on peut y aller à pied.

ALICIA

Assis à ma table habituelle, au fond du petit resto, nous sirotons une margarita bien fraîche en silence. Rory ne semble pas pressé de relancer la conversation et examine les lieux d'un œil approbateur. Pablo, le patron, et Frida son épouse ont décoré la salle il y a bien vingt ans ; c'est criard, dans les jaune et rouge, mais finalement chaleureux.

Mon voisin consulte ses messages sur son smartphone et le ferme bien vite. Il est craquant en mode taciturne. Tout à l'heure, j'ai mal pris sa remarque : j'ai cru qu'il me traitait de pétasse saute-au-paf. Bon, j'ai dû lui donner cette impression, quand même : vouloir lui tailler une pipe après une demi-heure, ça fait nympho en manque de baise. Mais c'est pas ma faute si j'adore ça, moi !

Mon deuxième petit ami m'a tout appris et m'a aidée à développer une technique sans faille, qui m'a permis d'épater tous mes amants depuis. Attendez, je ne dis pas non plus que j'en ai eu des tas, je ne suis pas comme ça. Mais voyons voir… Trois… quatre… Oui, j'ai eu cinq amants en tout, à vingt-quatre ans ; ce n'est pas un comportement de chasseuse de mâles, non ?

Je rougis en me repassant le film de mes pas si nombreuses expériences sexuelles, et j'espère que la faible lumière masque mon émoi ; mais peine perdue, Rory a les yeux fixés sur moi ; un sourire de requin découvre ses dents.

— Tu penses à quoi, au juste ? Tu viens de piquer un fard, on dirait.
— Tu crois ? Je… je pensais à reprendre où on avait arrêté.
— NCIS ?
— Non, quand j'ai failli te faire une fellation.

Je n'avais pas prévu de dire ça, mais la margarita est tassée et je suis pompette. Je suis sauvée par Pablo qui apporte une petite bouteille emplie d'un liquide vert que lui a demandée Rory. Enfin, je crois, car ce traître parle espagnol comme un vrai chicano et a plaisanté longuement avec le patron à son arrivée.

— Cuidado, seňor, está muy callente !
— No hay problema, Pablo. Estoy acostumbrado.

Et voilà, je suis mise à l'écart ! Rory arrose copieusement ses haricots rouges de sauce, touille minutieusement, goûte sous l'œil avisé de Pablo avant de lever un pouce victorieux. Fronçant les sourcils, je récupère la fiole et l'examine avant d'arroser copieusement mon chili. Devant les mines soucieuses des deux hommes, je ricane.

— Eh oui, les mecs. Je suis majeure et vaccinée : j'ai droit aux mêmes égards que les hommes dans ce beau pays de liberté qu'est l'Amérique.

Là, je leur ai cloué le bec, à ces deux machos ! J'enfourne une bonne cuillerée de haricots et l'avale direct, et… et… Le feu ! Ce putain de truc, c'est du feu ! Je lâche la cuillère, me lève tout en engloutissant un verre d'eau glacée, m'évente, glapis et suffoque. Je file aux toilettes et plonge la tête dans la cuvette, me forçant à vomir tout ce que contient mon estomac révulsé.

Je suis à genoux devant la faïence maculée, hoquetant et bavant. Une main compatissante passe un linge mouillé sur mon front. Décidément, c'est la deuxième fois de la journée ! Je lève des yeux larmoyants et aperçois Rory dans son rôle d'épagneul. Bravo le tableau ! En fait de femme fatale, je me pose un peu là, souillée et puant du bec. Si j'en réchappe, je me jette d'un pont. Du Golden Gate, tiens, à peine 350 miles…

Il m'aide à me relever. Comme mes jambes flageolent, il me soutient jusqu'au lavabo contre lequel je m'appuie. Mon reflet dans le miroir fendu en face de moi est impitoyable : yeux injectés de sang, joues rouges et luisantes de larmes, filets de bave sur le menton, lèvres tremblotantes. Elle est belle, la scénariste !

— Je suis désolée, Rory. Je ne savais pas…
— Shhh. C'est ma faute, j'aurais dû t'avertir ; mais comme tu as dit que tu venais souvent, j'ai pensé que tu connaissais la purée de jalapeños ; celle de Pedro est particulièrement forte.

À ma sortie des toilettes, j'ai repris figure humaine. Encore secouée, j'accepte juste un café allongé avant de regagner le bureau.

L'après-midi est studieux ; Gibbs et son équipe résolvent l'enquête avec maestria, DiNozzo guérit sans séquelles, et McGee ne gagne pas au loto, en fin de compte. Et je ne taille pas une pipe à mon collègue. Même si je lorgne parfois sur la bosse suspecte à l'endroit idoine. Mais j'ai été secouée au déjeuner : pas question de faire des folies de mon corps. Pourtant, à force d'épier Rory discrètement, le fond de ma culotte doit ressembler à une serpillière.
Je dois être moins discrète que je ne croyais, car le bad boy me lance :

— J'espère que ça te plaît, ce que tu vois…
— Moi ? De quoi tu parles ? me défends-je mollement.
— J'ai l'impression d'être à poil tellement tes yeux me déshabillent.
— Hé, tu rêves, mec ! Je te regarde parce que… parce que… Merde ! Parce que tu as une belle gueule, un beau cul, une belle bite, et…

Bon, vaut mieux que je la ferme. Pas capable de masquer ses envies de sexe, la môme Alicia. Au moins, si j'avais sa grosse queue au fond de la gorge, je me tairais. Putain, pense à autre chose !

— Euh, bon… On y va ? On se retrouve demain vers 9 heures pour le deuxième épisode ?
— D'accord. Tu mettras une jupe ? Ou une robe ?
— Une… une robe ?
— Oui. Tu sais, ce truc qui laisse les jambes nues et permet de passer dessous pour caresser des endroits chauds et humides…