Le partage

Il disait se prénommer Gustave. Rien de moins sûr, mais Adèle s'en fichait. Ce type avait surement plus de soixante-cinq ans, mais il gardait une forme olympique. Il leur offrit du champagne et devisait gentiment sur des sujets assez variés. Apparemment, il était un habitué de Lucie. Avec elle il parlait de peinture, et pour rire il s'adressa à Adèle :

— Vous en pensez quoi, vous, ma chère Adèle, de « L'origine du monde » ?
— Vous voulez parler du tableau de Courbet ? À vrai dire… un sexe assez bien représenté. Je ne l'accrocherais pas dans mon salon, mais j'avoue que c'est joliment peint.
— Tu connais ça, toi, Adèle ? Un Courbet ? « L'origine du monde » est un Courbet ? C'est un parent avec celui de la radio ?
— Je pense, ma douce Lucie, que c'est le grand-père de votre Julien.
— Ah bon…
— Mais oui. « L'origine du monde » représente un sexe au naturel, tel qu'on les trouvait encore au début du vingtième siècle.
— Vous voulez dire avec des poils partout ? Tu entends ça, Adèle ? Les poils qui font encore fantasmer certains hommes.
— Mais oui, et je l'assume. Vous êtes aussi rasée, Adèle. ? Vous avez, vous aussi cédé, comme votre amie, à la mode du tout lisse ? Vous savez pourquoi nous en sommes arrivés là ?
— Je suppose que pour l'avènement du cinéma pornographique ; les poils étaient des intrus. Les gens aiment voir les sexes, aussi bien masculins que féminins, dans toute leur crudité. Plus nu que nu. Je n'approuve pas, et donc ne suis pas cette mode idiote.
— Wouahh ! Ça sous-entend que votre… sexe est donc toujours velu ? Nous saurons donc si la couleur de vos cheveux, elle aussi, est naturelle.
— Vous saurez, vous saurez… si elle décide de vous montrer. Mais avant, vous devrez me passer sur le corps, mon bon Gustave.
— Avec plaisir, ma très douce amie. Mais vous, Adèle, n'en serez pas choquée ?
— Ben, je pense que si elle m'accompagne ce n'est pas pour rêver d'un autre Gustave, même s'il peignait des poils aux culs de ses femmes…
— Je vois, mais demander ne coûte rien, et au moins je suis fixé.
— C'est elle qui décidera. Alors à vous de nous donner envie. Après tout, je… non, nous sommes vos obligées.
— Manière élégante de me réclamer votre petite enveloppe ?
— Pas du tout, juste histoire de vous rafraîchir la mémoire et de vous inciter à être au meilleur de votre condition d'homme.
— Vous entendez cela, ma belle Adèle ? Cette jeune femme ne perd jamais le nord. Laissez-moi une seconde ; je n'avais prévu qu'une seule personne pour la visite. Je reviens.

Gustave avait quitté le salon, et au bruit, il fouillait dans le tiroir de l'armoire située dans la chambre. La brune fit un clin d'œil à son amie. L'autre revenait déjà avec deux enveloppes à la main. Il en tendit une à chacune ; celle de Lucie fut escamotée rapidement dans son sac. Quant à la rousse, elle ne savait qu'en faire. Ramasser le contenu équivaudrait à entrer dans le jeu. Un jeu pervers, complexe, qui allait la mener Dieu seul savait où. Comment faire ? Elle restait là tandis que les deux autres la fixaient.

Finalement, elle opta pour un compromis. Elle mit son sac à main sur une desserte proche et la pochette de papier seulement à côté. Elle gardait donc le choix de jouer ou non. Mais bon sang, que c'était confus sous son crâne ! Quelles hésitations ! Elle allait attendre encore un peu et voir de quoi il retournait. Lucie s'était déjà mise à l'aise. Avachie sur le canapé, elle embrassait à bouche-que-veux-tu le bonhomme. La rousse colla ses fesses sur le seul fauteuil du salon, puis elle s'absorba dans la contemplation de la scène que les deux autres entamaient.

Gustave s'était simplement et sans honte dénudé. Il arborait de beaux restes. Ses abdominaux prouvaient que l'ancien était un sportif accompli. Et ses mains fouillaient le corps encore vêtu de la belle Lucie. Les petits gémissements qu'elle poussait ne sonnaient pas très juste. Adèle eut l'impression que pour l'appâter, sa nouvelle amie se sentait obligée de simuler. Une tricherie bien innocente qui ne devait tromper personne. Ensuite, les doigts agiles qui parcouraient la bande boutonnée du chemisier surent rapidement venir à bout de ces éphémères fermetures ; les seins dans leur gangue de dentelle se montrèrent à la vue de l'homme, mais aussi à celle de la rousse.

Les doigts ne s'embarrassaient plus de préjugés. Droit au but ! Le zip de la jupe glissa vers le bas, libérant ainsi le tour de taille de son amie. Une culotte assortie au cache-seins demeurait le dernier rempart au sexe que le vieux bonhomme convoitait. Une fois qu'elle fut nue, il redressa la tête.

— Le spectacle vous plaît ? Vous ne voudriez pas, vous aussi, vous… mettre à l'aise ? Ça me donnerait moins l'impression d'être un animal de foire qu'un maquignon observe et soupèse des yeux.
— …
— Oui, juste cette origine du monde qui devrait me fasciner… Enfin, faites comme bon vous semble.
— Chut ! Mange-moi au lieu de t'occuper de ma copine : elle est assez grande pour savoir ce qu'elle veut ou doit faire.
— Oui… vous avez raison. Amusons-nous, et tant mieux si Adèle en profite, n'est-ce pas ?

Il avait repris le jeu en cours et ses doigts caressaient maintenant la fente aussi glabre que les fesses d'un bébé. L'entaille n'en était que plus violente. Elle apparaissait avec ses dégradés de couleurs qui allaient du rose au violet en passant par des bruns plus ou moins prononcés. De sa place, la rousse voyait déjà cet ourlet que la main n'avait pas encore ouvert qui luisait de cette rosée intime que Lucie laissait distiller. Cette liqueur jurait avec la prétendue simulation du début. Peut-être qu'elle ne feignait pas, après tout… La voyeuse suivait les circonvolutions d'un index qui faisait frémir la femme allongée.

La position agenouillée de Gustave ne laissait voir que son dos et ses bras, mais quand il approcha son visage en reculant tout son corps pour mieux accéder à cette chatte glabre, la spectatrice vit la bite bandée. Et cette queue, malgré l'âge, avait des proportions remarquables. Alors que la bouche de l'homme folâtrait avec le sexe maintenant béant de son amie, un des pieds de Lucie vint frotter ce pénis en érection. Lui aussi eut un soupir, et on aurait presque pu apercevoir la chair de poule envahir tout l'épiderme du vieil homme.

Il suçait, tétait, et ce n'était plus que petits bruits étranges qui remplissaient le minuscule salon. La vision de ces deux êtres qui se donnaient du plaisir finit par emporter la belle Adèle dans un délire sexuel infernal. Un court instant elle songea à l'enveloppe sur la desserte, et ses doigts s'affolèrent sur la jupe autant que sur sa chemise. Prestement elle se retrouva en slip et soutien-gorge. Devant elle, à deux pas, non seulement elle avait le son mais venait aussi s'y mêler une odeur entêtante de cul. Elle ne s'aperçut pas que deux paires de mirettes venaient de faire une pause sur sa toison abondante, mais bien rangée, cette crinière qu'elle montrait suite à la descente de sa culotte sur ses genoux.

Sa main aussi venait sur sa chatte aux reflets de feu. Les deux autres constatèrent de visu qu'Adèle ne faisait pas de teinture à sa chevelure. Et Gustave bandait encore plus de voir ce sexe poilu ; un souvenir de ses jeunes années qui revenait à la surface, sans doute. Il se remit à l'ouvrage, et des plaintes montaient de trois gorges éloignées les unes des autres. Lucie avait oublié les frictions faites avec ses orteils sur le mât de son amant ; elle se dandinait au rythme de la langue qui lui titillait le clitoris.

Si elle savait à qui était la bouche qui courait sur sa chatte, elle ne se souvenait plus de les avoir vus ou entendus les deux se déplacer, mais le résultat était le même. Gustave, après avoir léché la fente toute lisse, faisait désormais joujou avec celle plus femelle d'Adèle. D'autorité, il avait écarté les doigts qui servaient d'archet au violon féminin, et les siens, alliés à sa langue, dansaient des slows langoureux sur la faille broussailleuse. La propriétaire du sexe cajolé n'ouvrit les yeux que pour s'imprégner d'une image hors du commun : son amie, couchée sur la moquette entre les cuisses du vieux bonhomme, lui taillait une pipe royale.

Les soupirs se rapprochaient et la bonne dame était loin de son Jean. Elle oubliait aussi la nuit passée à Nancy tout autant que la chambre de Léo. Depuis la renaissance de sa sexualité, elle devenait insatiable, pour ne pas dire gourmande. Mais en cet instant, la caresse subtile que lui prodiguait le type lui ôtait une partie de son pouvoir de penser. Il avait de la pratique, le bougre, et c'était… diablement bon ! Elle aussi sentait fondre sa motte sous les assauts de doigts qui la pistonnaient et d'une baveuse qui provoquait son clitoris.

Il la léchait toujours quand Lucie avait remonté son corps de façon à faire coïncider son ventre et celui de Gustave. Elle s'empala sur le jonc raide alors que l'ancien suçotait toujours le pic rose de son amie. Adèle voyait la nuque de sa copine effleurer l'assise du fauteuil sur lequel elle gémissait. Gustave, quant à lui, avait les deux jambes de part et d'autre de son corps et il bourrait de grands coups de reins le vagin de la brune qui hurlait à la mort.
Les sens affolés, Adèle se mit à jouir elle aussi.

Les jeux plus ou moins pervers durèrent un long moment. Dans les échanges incroyables qui suivirent, les deux femmes se partagèrent le bonhomme, mais il ne rendit pas les armes rapidement ; il savait se retenir, le bougre, et s'il l'avait voulu, il aurait pu prendre aussi Adèle. Ses cuisses luisaient de sa mouille qui coulait tant elle avait envie. Tous les trois faisaient corps sur la moquette de la suite. Comme une affamée, Lucie était remontée plusieurs fois sur le ventre du gaillard ; il l'avait laissé faire et se démenait comme un beau diable pour un coït qui rendait dingue la brune.

De temps à autre il promenait ses doigts sur le visage de la rousse, enfonçait un de ceux-ci dans sa bouche, et par réflexe – par envie, allez savoir – elle tétait l'intrus comme s'il s'était agi d'une bite miniature. Au bout de longues minutes, une couche de fine sueur sur le font, Gustave explosa dans le ventre accueillant de la brune. Adèle n'en finissait plus, elle aussi, de ressentir de longs spasmes qui lui nouaient les tripes. Mon Dieu, et dire qu'elle renâclait au début, qu'elle faisait la fine bouche… Dans son comportement, il y avait un peu de la salope qui se réveillait.

Une longue pause durant laquelle Gustave servit le champagne, assurant l'intermède entre les actes de la pièce. Mais au bout d'une bonne demi-heure de rires et de parlottes, la chandelle du bonhomme était de nouveau allumée. Et cette fois, il était bien décidé à en découdre avec la seconde de ses invitées. Plus question d'y échapper – mais en avait-elle eu seulement l'intention ? –, plus question de se soustraire à une chevauchée. Du reste, sa copine lui tenait la main et lui donnait de petits bisous dans le cou. Elle lui murmurait aussi des encouragements :

— Doucement, ma belle ; tu vas voir comme c'est bon. Laisse notre ami te faire l'amour.
— …
— Et toi Gustave, bon sang, ne la fais pas attendre plus… regarde comme elle est mouillée ! Ne vois-tu pas qu'elle n'attend plus que ça ? Allez, un peu de courage. Là… oui. Bon, ça ne veut pas rentrer. Je vais guider la bite du monsieur en toi, ma belle. Ne t'imagine pas que je veux te caresser… Gourmande, va ! C'est bien, garde les jambes bien ouvertes. Tu vas t'apercevoir que notre « Gus » sait s'en servir, de son engin ! Voilà, tu la sens bien ?
— Mmm…
— Et toi, vas-y ! Montre-lui comme tu la domestiques, ta trique ; fais-la grimper aux rideaux. Allez, secoue-toi, remue-toi le cul ! Mets-y du tien ! Elle s'offre à toi, alors qu'est-ce que tu attends ? Vas-y, défonce-la, baise-la ! Oui… plus fort, plus vite… non, plus lentement.

Le chef d'orchestre en jupon – façon de parler puisqu'elle était toujours aussi dénudée – le maestro qui guidait la manœuvre, elle ne l'entendait plus, la rousse. Complètement emportée par la lame de fond qui parcourait tout son être, elle râlait sous les assauts répétés d'un Gustave totalement subjugué par ce corps encore inconnu pour son dard si fier. Et il suivait presque à la lettre les indications de Lucie.

Pour finir la soirée, les deux nanas s'étaient partagé ensemble la queue de « Gus », mais après deux éjaculations aussi rapprochées, il n'avait plus réussi à fournir. Malgré tout, sa bite ne s'était pas ramollie immédiatement et il avait su apprécier ces deux bouches qui tantôt s'occupaient de la hampe et du gland alors que l'autre passait sur ses couilles pour enfin s'échanger les rôles.

Adèle eut aussi beaucoup de mal à comprendre pourquoi, juste avant de partir, il leur avait glissé à chacune dans la main une jolie image verte supplémentaire, puis il avait ajouté :

— J'espère que nous nous reverrons ; Adèle, vous êtes une fée, vraiment.

Et c'était Lucie qui avait répondu, peut-être un peu vite, pour toutes les deux :

— Bien sûr que nous reviendrons… nous avons aimé vous faire plaisir.

Puis elles avaient pris congé du vieux Gustave qui n'attendait plus que son lit pour récupérer. Dans la rue, le gel les avait saisies, et la voiture aussi était plutôt fraîche. Mais le chemin s'est passé comme à l'aller, sans un mot, chacune revivant par la pensée cette partie de cul intense. Devant la porte de la maison d'Adèle, les deux naïades s'embrassèrent encore une fois ; chastement, bien sûr, mais elles n'en étaient plus là : la soirée avait scellé une amitié très spéciale. Une affection qui ne faisait que débuter… et qu'elles préserveraient.

— Bon ! Eh bien, ma belle… à lundi comme prévu, pour juste un café… et papoter. Je pense que j'ai déjà la réponse à mes attentes.
— Oui, je ferai la tarte, et merci encore pour…
— Chut… Allez, il est l'heure de se coucher… enfin, de se recoucher plutôt !

Chez elle, les braises étaient encore rouges, signe que son fils avait bien alimenté l'insert. Elle gratouilla un moment dans celles-ci puis déposa sur le lit rougeoyant une bûche de chêne. Les flammes crépitèrent à nouveau presque de suite, mais elle frissonna. Pas de froid, non : d'un reste de spasme qui réveillait son ventre après tous les évènements de la soirée. Elle se dirigea ensuite vers sa chambre. Celle de Jean était toujours éclairée faiblement par la veilleuse de la table de nuit. Alors sans hésiter, elle avança pour éteindre cette loupiote.

Il dormait sur le dos en travers de son grand lit. Et il était à poil, ventre à l'air. Avant que la lumière ne disparaisse, elle admira une fois encore l'escargot endormi qui reposait sur le bas-ventre de son fils… Un long soupir de regret et Adèle fila dans sa chambre. Cinq minutes sous la douche, passage obligatoire pour se nettoyer des impuretés de sa conduite, et elle retrouvait avec plaisir deux draps bien frais pour une fin de nuit parsemée de rêves pornographiques.


À son réveil, Jean s'aperçut que sa lampe était éteinte. Sa mère était sans doute venue couper l'interrupteur ; il n'avait aucun souvenir de l'avoir entendue rentrer : elle s'était montrée discrète. Puis, comme les draps étaient par terre au pied de son lit, il songea que si elle l'avait encore vu comme ça… Il sourit de cette idée saugrenue. La maison semblait bien calme, donc elle devait encore dormir. Il se leva alors que dehors le jour avait bien du mal à se frayer un chemin sur un monde gelé. Il se rendit au salon.

Le morceau de chêne qui gardait la chaleur de la demeure était à demi consumé. Sa mère n'était donc pas rentrée depuis très longtemps sans doute, pour que le feu soit toujours en route. L'ouverture automatique des volets roulants était programmée pour neuf heures le dimanche et la pénombre entourait toujours la cuisine. Le garçon fit couler un café et prépara la boisson favorite de sa mère : le thé. Elle ne buvait que cela. Il grilla du pain et beurra les tartines. Puis sur un plateau il déposa deux bols, un pot de confiture de fraise… tout était prêt pour un petit déjeuner « surprise ».

Dans son lit, elle dormait sur le côté et n'entendit pas le jeune homme qui arrivait avec son petit mais joli plateau. Il s'approcha du plumard alors qu'elle était agitée. Il posa son fardeau sur la table de nuit avant de lui mettre la main sur l'épaule pour un réveil tout en douceur. Elle grogna, mais il ne comprit pas les paroles qu'elle prononçait. Il réitéra son geste, et à nouveau elle parla. Mais c'était bien distinct cette fois :

— Non, Guy ! Ne recommencez pas. Si Jean l'apprend…

Alors Jean appuya sur la commande des volets électriques. Le moteur ronronna et les lames d'aluminium commencèrent à s'enrouler lentement. Le vrombissement de l'appareil ramena Adèle à la vie.

— Ah, c'est toi mon chéri ? Hum, ça sent drôlement bon… Eh bien, je suis gâtée : le petit déjeuner au lit !
— Tu es rentrée tard, maman ?
— Je ne sais pas trop. Je ne t'ai pas réveillé au moins ? Je suis passée dans ta chambre. Tu avais encore oublié la loupiote de ta table de nuit.
— Et toi ? Tu rêvais à quoi, là ? Tu avais un sommeil plutôt agité.
— Oh, je ne sais pas vraiment… Les rêves, on ne sait jamais comment ils viennent ni pourquoi on en fait, du reste. Mais pourquoi cette question ?
— Pour rien, maman, pour rien… Et ta soirée avec ton amie Lucie ?
— Bien ! Une soirée entre femmes, donc pas très folichonne pour un garçon de ton âge.
— Ah… en tout cas elle est bien jolie, ta copine…

Elle et lui avaient englouti leur petit déjeuner avec plaisir. Il s'était assis sur le bord du lit. Un dimanche agréable qui s'annonçait bien. Elle avait rabattu le drap du dessus et seul son buste dépassait du lit. Sous la nuisette, en filigrane, le brun des aréoles de ses seins était visible comme un nez au milieu d'une figure. Jean ne pouvait empêcher ses quinquets de revenir à chacun des mouvements de sa mère sur ces deux points qui l'attiraient, mais elle mangeait de bon appétit et semblait se rendre compte de rien.

La main du garçon qui tenait son bol de café tremblait tant qu'à un moment le récipient lui échappa. Adèle fit un geste pour ne pas être douchée par le café, et dans ce geste elle repoussa le drap. Cette fois, ses cuisses étaient visibles et le jeune homme entrevit l'espace d'un instant, plus haut, un buisson aussi ardent que les cheveux de sa mère. Il sentit d'un coup que son cerveau avait trop bien enregistré l'information. Le seul problème, c'était que son sexe avait soudain pris du volume.

Il avait l'air bête alors qu'elle essuyait en riant le surplus de liquide noir qui avait inondé autant sa nuisette que le lit. Jean, debout près d'elle, se montra prévenant ; avec une serviette de toilette prise dans la salle de bain, il tamponnait le vêtement léger. Elle continuait de rire alors que le tissu éponge, pressé sur le ventre de la rousse, remontait un peu trop le déshabillé. Elle se rendit compte soudain qu'elle avait chaud ; mais cette chaleur diffuse remontait de la plaie entre ses jambes et s'étalait à l'ensemble de son corps.

La rougeur que prenaient ses joues n'était due qu'à la honte de ce qu'elle ressentait. Comment une mère pouvait-elle se sentir attirée ainsi par un garçon qu'elle avait mis au monde ? Elle ne savait vraiment plus où se mettre. Et lui qui insistait sur l'endroit où la tache était la plus large, la plus nette… Elle tenta de réagir, mais il avait laissé tomber la serviette et c'était à présent sa main nue qui remontait sur son ventre de femme. Elle le regarda avec des yeux fiévreux.

— Non, Jean ! Non !
— Tu es trop belle. Tu es une trop belle femme. J'ai envie de toi.
— Nonnn ! Jean, bon sang, je suis ta mère !
— Non. Tu es d'abord une femme, et depuis le temps… tu dois aussi avoir comme moi des envies.
— Arrête ! Je ne veux pas. Tu… nous ne pouvons pas faire cela. C'est contre nature. Arrête ! Allez, sors de ma chambre et va prendre une douche.
— Maman… maman, je te jure ; regarde comme je… j'ai vraiment envie de toi ! Je t'aime.
— Oui, moi aussi je t'aime, mais comme une mère, pas comme une maîtresse ou une amante. Allez, file et on n'en parlera plus. Plus jamais.
— Si tu me chasses, je ne reviendrai pas. J'ai trop envie de toi et tu vas me faire souffrir. Tout cela parce que tu m'as mis au monde ? C'est injuste !
— Peut-être, mais c'est dans l'ordre des choses et je n'y peux rien. Non. Allez, file, sors de ma chambre !

Il était parti la tête basse et elle en avait des larmes dans les yeux… Le dimanche, en définitive, ne serait pas aussi beau qu'elle l'avait espéré.