Chapitre 2

La dernière fille avec qui j'ai été, Chloé, a aussi été la première ; c'est dire si j'ai pas eu beaucoup de conquêtes. C'était il y a deux ans et on n'a couché ensemble qu'une seule fois. Je ne l'ai pas prise en traître : elle était au courant de mon état. Malgré tout, elle n'a pas lâché l'affaire.

J'avais rencontré Chloé à l'occasion d'une crevaison. Notre garage était en face de son bahut, le lycée Saint-Joseph. Assez souvent, mon patron s'amusait à semer des clous sur la route. Double bénef : emmerder les fils à papa et plumer les plus crétins d'entre eux en réparant à la feuille d'or leurs roues charcutées.

Un jour, une jolie fille aux traits décidés, particulièrement en colère, s'est pointée à l'atelier avec son vélo à plat. À l'avant et à l'arrière. Pas banal, non ? Elle a demandé à voir mon boss, qui venait de s'absenter. C'est moi qui ai reçu la fille.

— Dites-lui que s'il n'arrête pas ses coups minables j'irai porter plainte chez les flics ! a-t-elle vociféré, plantant sa bicyclette devant moi.
— Si vous voulez, je vous le répare gratos, votre vélo…
— J'espère bien ! Ce sera long ?
— Je peux le faire tout de suite, si vous avez dix minutes. De toute façon, c'était la fin de ma journée.

Elle m'a regardé, surprise, puis m'a souri. C'est la plus belle chose que j'ai vue à ce jour, ce sourire. Il éclairait son visage, qui, de beau, devenait divin ! Elle est restée près de moi, m'observant tandis que je dénudais ses jantes, mettant à jour deux vilains hérissons – des clous à double pointes, tordus et soudés ensemble. En quelques instants je colmatai les déchirures de ses membranes avec les meilleures rustines du magasin et lui rendis son cycle en parfait état.

— Waouh ! Beau boulot ! Vous êtes vraiment doué de vos mains… Comment vous remercier ?
— En acceptant une invitation à boire quelque chose avec moi, là où ça vous plaira…

Je n'en reviens toujours pas de lui avoir sorti un truc aussi énorme. Et encore moins qu'elle ait accepté ! Chloé et moi, c'était aussi invraisemblable qu'Adriana et Jamel. Je dois dire qu'en plus d'être timide, j'ai une tronche vraiment quelconque. Pourtant, je lui ai plu car on est assez vite sortis ensemble.

Ces quelques semaines restent pour moi un concentré de bonheur. On se voyait régulièrement, avec ou sans ses amies – et toujours sans les miens, vu que je n'en avais pas. Parfois je l'emmenais au ciné, où l'on se bécotait dans le noir – bien pratique pour planquer une érection hors norme. En dehors de quelques caresses volées, ça restait cependant très soft entre nous.

C'est elle qui a abordé la question du sexe. Au départ, je n'étais pas trop chaud. Vu mon « handicap », j'avais l'impression que ça allait casser quelque chose entre nous, que notre relation risquait d'en souffrir. Chloé était parfaitement consciente de ma difformité. Bien qu'elle n'ait jamais vu mon pénis, elle m'avait palpé plus d'une fois quand je bandais. En plus d'être une vraie kamikaze, cette fille était têtue comme une mule ; malgré sa peur, elle a insisté pour que l'on essaie au moins une fois… J'ai cédé.

Elle s'est lancée un week-end où ses parents étaient absents, m'invitant chez elle après une sortie en boîte. Quand elle m'a précédé dans sa chambre d'ado, mignonne bonbonnière tapissée de posters d'acteurs, avec un nounours blanc et rose posé sur les coussins du lit, je me suis fait l'effet d'un perceur de coffres m'introduisant chez des bourgeois pour saccager leur trésor le plus sacré. Chloé était majeure, elle faisait ce qu'elle voulait de son corps, mais là… Ce qu'on projetait, c'était de la démence !

Une dernière fois, j'ai essayé de l'en dissuader. Pour seule réponse, elle m'a bâillonné de ses lèvres tout en commençant à m'ôter mes fringues. Maintenant qu'elle avait mobilisé assez de courage pour affronter « ça », plus question de caler en route. Sa fierté était en jeu, j'imagine. Je regrette de n'avoir pas su la raisonner, mais faut dire que le spectacle de Chloé se mettant à poil devant moi, ça me laissait sans voix…

Nus tous les deux, on s'est enlacés dans le lit, s'embrassant et se câlinant comme n'importe quel couple sur le point de passer le cap pour la première fois. Voilà, on y était : on allait faire l'amour ! Je n'arrivais toujours pas à croire que j'étais sur le point d'introduire mon pal entre ses petites lèvres roses et ciselées, ultime rempart de la délicate grotte planquée entre ses cuisses nerveuses. Même le bout de mon Alien domestique, c'était déjà trop ! Ça n'allait pas le faire !

« No problemo », a-t-elle déclaré avec un grand sourire, me touchant, me manipulant tout en me faisant des bisous dans le cou et sur le torse, babillant des paroles rassurantes. C'est elle qui essayait de me détendre. Un comble ! Notre espoir, c'était l'expérience de Chloé, déjà bien rodée avec les mecs. Et puis, bien sûr, ces dizaines de vidéos qu'elle avait vues sur le net, où des brutes montées comme des ânes tringlaient des filles de son âge sans problème notable (« Certes, aucun n'avait un machin comme le tien. » avait-elle fini par reconnaître.)

Elle m'a fait m'allonger sur le dos, me demandant de rester immobile, de lui laisser gérer le truc de « A à Z ». Attrapant le pot de crème lubrifiante procuré par une copine, Chloé m'avait enduit le gland avant de se tartiner elle-même, faisant disparaître deux doigts glissants dans sa fente humide. Avec un rire nerveux, elle m'avait enjambé, s'accroupissant au-dessus de moi, les mains au mur, les cuisses écartées en grand, dans la position du « tout schuss » bien connue du skieur.

Devant mes yeux émerveillés, son duvet blond s'était écarté, me livrant tous les secrets de sa mignonne petite chatte, le bouton rose de son clito pointant à la naissance de ses grandes lèvres, les nymphes bien déplissées et luisantes de gel, et même l'ouverture humide de son con. Ce spectacle m'avait fait bander plus fort encore – malheureusement ! Elle m'avait empoigné d'une main ferme et décidée, dirigeant l'énorme battant de ma cloche à la verticale vers son étroit calice. Tout d'abord, elle s'était frottée contre le bout violacé de mon gland, massant doucement la base de son petit bouton avec ma chair pléthorique, ce qui parut lui procurer beaucoup de plaisir. Voyant que tout se passait bien, je m'étais un peu décrispé.

Chloé avait alors présenté l'entrée de sa chatte devant mon mandrin, appuyant de plus en plus fort sa vulve contre mon gland surdimensionné, avec un mouvement circulaire des hanches. Ça faisait des petits bruits mouillés plutôt excitants, je dois dire. Et puis, l'incroyable s'est soudain produit : son con baveux, de plus en plus ouvert, a laissé pénétrer l'arrondi de mon casque. Une performance des plus respectables. Pourquoi n'en sommes-nous pas restés là ? Quand j'y pense, j'en chialerais presque.

Encouragée par la souplesse stupéfiante de son intimité, Chloé s'est arc-boutée de toutes ses forces sur ma queue, essayant de la gober toujours plus loin, centimètre par centimètre. La pression de ses parois intimes sur mon nœud augmentait sans cesse, au fur et à mesure que je progressais en elle.

— Arrête, Chloé ! Tu vas te faire mal !

Respirant très fort, les yeux pleins de larmes, elle luttait contre la douleur croissante, s'imposant une torture que je ne pouvais qu'imaginer…

— Non… ça va… Je peux encore… tenir !

Tout à coup j'ai senti – réellement senti ! – un craquement au niveau de son entrejambe. Chloé est devenue toute pâle et s'est laissé tomber sur moi, sans force. Elle ne s'était pas évanouie. C'était presque pire. Elle pleurait doucement, tétanisée par la souffrance. J'étais persuadé que je venais de la déchirer en deux. On a roulé sur le lit et je me suis retiré d'elle aussi doucement que j'ai pu, avec l'impression de lui poignarder le ventre à chaque fois que je bougeais.

— Patrick… je suis… je suis désolée…

Et encore, c'était elle qui s'excusait ! J'espérais – sans y croire – qu'il n'y aurait pas trop de dégâts. La seule chose que j'ai vue avant qu'elle referme les cuisses sur la faille béante qu'était devenue sa moule, c'est qu'elle saignait. On a trouvé un gynécologue de garde, j'ai porté Chloé dans la voiture et on a filé à l'hôpital.

Une fois la consultation terminée, le gars est venu me chercher dans la salle d'attente. Je me suis assis aux côtés de ma petite femme toute chiffonnée, lui tenant la main tandis qu'il s'installait à son bureau.

— Bon, je sais pas du tout ce que vous avez foutu, les jeunes…

Il s'est tourné vers Chloé, qui essayait de me rassurer d'une pression de ses doigts. Elle ne lui avait rien dit, apparemment.

— … mais, Dieu merci, c'est pas trop grave. J'ai constaté deux-trois déchirures superficielles, une lésion mineure au niveau du périnée. Bien sûr, jeune fille, plus aucun rapport sexuel pendant au moins deux mois.

Il m'a ensuite regardé avec un air qui m'a mis très mal à l'aise avant de demander à Chloé de nous attendre à l'extérieur, lui disant qu'il avait à me parler d'homme à homme. En quittant la pièce, elle m'a lancé un regard appuyé. Elle voulait que je ferme ma gueule ; ça au moins c'était clair.
Le gynéco n'y est pas allé par quatre chemins :

— La petite n'a pas voulu me donner de détails ; elle ne veut pas non plus en parler à ses parents. Mais moi, j'ai bien envie de les appeler. Ce sera à eux de voir s'ils veulent porter plainte contre toi.

J'ai baissé le nez vers mes chaussures, incapable de dire quoi que ce soit. Je flippais à mort devant le toubib.

— La dernière fois que j'ai vu un truc pareil, c'est quand on m'a amené une pauvre fille agressée par une bande de skinheads. Après l'avoir violée, ces enfoirés lui ont enfoncé une batte de base-ball dans la chatte. Tu imagines les dégâts que ça peut faire !?
— Euh… oui, je suppose…
— Faut que tu saches : ça aurait pu être bien plus grave, pour ta copine ! Si tu recommences une connerie de ce genre, ce sera les flics, direct. Allez, casse-toi !

Les parents de Chloé lui ont interdit de me revoir. Finalement, ce coup de fil, le gynéco l'avait passé. Puis les grandes vacances sont arrivées, elle est partie avec sa famille dans le Midi. En septembre, quand elle est entrée en fac, je n'ai pas osé la recontacter. J'en crevais d'envie, pourtant.

Et puis un jour, je l'ai aperçue avec un type bien plus vieux qu'elle. Ils passaient devant son ancien lycée. Le gars m'a regardé droit dans les yeux, la pelotant sans aucune gêne avant de l'embrasser à pleine bouche, devant moi. Chloé tournait la tête. C'est seulement après le baiser qu'elle m'a vu. Elle a fait un geste vers moi mais le type l'a tirée en arrière. Ils sont montés dans sa 207 CC et il a démarré en trombe. J'ai serré les poings à m'en faire mal. J'avais mal, j'étais mal. Envie de tout péter. De chialer, aussi. J'ai pensé aux clous à doubles pointes pour la prochaine fois que je verrais sa bagnole. Mesquin, je sais. Je ne l'ai pas fait.

Rien de tout ça ne se serait produit si j'avais eu une queue normale. Même un pénis d'à peine dix centimètres aurait suffit à rendre Chloé heureuse ! Alors que là, avec mon manche monstrueux, je n'avais réussi qu'à lui faire mal. Et à tout bousiller entre nous. Cette aventure désastreuse a encore accru mon dégoût pour moi-même, ma certitude de finir vieux garçon. Et puceau, de surcroît.

La seule femme que j'aie osé aborder depuis était une prostituée ; quand elle a vu mon engin, elle s'est tirée en m'injuriant.

À quoi bon être équipé d'un mastodonte si on ne peut même pas faire l'amour avec ? Moi, je vous le dis : un truc pareil, c'est la pire merde qui puisse arriver à un mec, à part un cancer de la bite !