Partie III : Celui qui fait de lui une bête se délivre de la douleur d'être un homme

La tentation de Joachim

Elle est encore là ; Joachim n'est pas étonné. Depuis toujours, il aime faire une petite balade sur les berge de la Saône après le boulot afin de s'aérer l'esprit et décompresser. C'est paisible et on ne rencontre personne. Mais là, depuis quelques jours, voilà qu'il croise une jeune femme à la longue chevelure noire et aux magnifiques yeux bleus. Cette dernière lui sourit à son arrivée.

Le premier jour, elle semblait perdue alors il lui a indiqué le chemin et a été remercié chaleureusement. Celle qui se fait appeler Inès lui a affirmé qu'elle était nouvelle dans la région. Bien qu'elle avait une attitude charmante, la conversation n'est pas allée plus loin : il n'est pas du genre volage et a préféré se soustraire pour ne pas que la dame se fasse trop d'idées.

Le deuxième jour, elle était toujours là et lui a lancé un grand sourire quand elle l'a reconnu. Elle a affirmé aimer le coin et désirer faire elle aussi une promenade. Elle lui a donc proposé de marcher ensemble. Par politesse, Joachim n'a pas su dire non. Leur balade s'est couplée à une longue discussion où ils ont fait plus ample connaissance. Joachim, bien apaisé par cette agréable et charmante compagnie, s'est vu confier bien plus de choses que ce à quoi il s'attendait. Avoir une oreille vraiment attentive lui avait manqué. Entre ses collègues de bureau égoïstes et ambitieux au point d'écraser les autres sur leur passage et sa fiancée épuisée quand elle n'est pas débordée de boulot, il n'avait pas eu d'occasions de parler de lui. Inès s'est montrée très attentive mais a préféré se montrer discrète sur sa propre vie. Elle a juste mentionné une ancienne conquête qui l'a mal traitée. Aujourd'hui, elle n'a plus personne.

C'est le troisième jour qu'elle s'est montrée plus entreprenante. Bien qu'heureux qu'une femme si douce et magnifique s'intéresse à lui, Joachim a préféré repousser ses avances. Elle s'est excusée pour calmer le jeu mais a continué à lancer des sous-entendus pour plaisanter. Il a joué le jeu tout en rappelant régulièrement qu'il était dévoué à une autre femme, même si celle-ci ne lui donnait pas l'attention qu'il désirait.

Et nous voilà le quatrième jour. Inès l'accueille avec un sourire chaleureux et un regard de braise. « Mon Dieu, elle est vraiment sexy ! » réalise une nouvelle fois Joachim. S'il n'était pas fiancé, il se laisserait bien tenter, mais ce n'est pas le cas. Il chasse cette pensée de sa tête au moment de lui faire la bise.

— Alors, toujours fiancé ? lui lance-t-elle sur un ton plaisantin.
— Ah ah, oui, toujours. Comment vas-tu ?

Ils échangent des formules de politesse d'usage et se mettent en route ensemble, marchant d'un pas serein le long des eaux calmes de la Saône. Après un bon quart d'heure, ils décident de faire une halte à l'ombre d'un arbre, histoire de profiter du paysage campagnard.

— Honnêtement, comment ça se passe avec ta fiancée ? brise-t-elle le silence après plusieurs minutes.
— Bah, tu sais, c'est toujours au même point. Hier soir elle est rentrée tard, on a à peine discuté qu'elle allait se coucher.
— Tu crois qu'elle voit quelqu'un d'autre ?
— Je me suis déjà posé la question, mais je ne crois pas. Je suis sûr qu'elle m'aime et qu'elle ne ment pas quand elle affirme que son boulot l'épuise. Avec le peu qu'elle m'en a raconté, j'en suis convaincu. Je sais pas comment elle supporte tout ça ; moi, j'aurais déjà pété un câble.
— Ah oui, avec cette grosse affaire, celle qui fait la une des journaux en ce moment ? Qu'est-ce que tu en sais ?
— Pas grand-chose en fait, le strict minimum, et je ne tiens pas vraiment à en savoir plus. Le peu qu'elle m'a raconté était tellement sordide que ça m'a mis mal à l'aise. Je préfère éviter ce genre d'info sinon je déprimerais encore plus.
— Tu sais, je pourrais vraiment te changer les idées, fait-elle, pleine de sous-entendus. Visiblement, vous avez du mal à communiquer ensemble. Elle s'intéresse peu à toi, et son activité te met mal à l'aise. Vous n'êtes peut-être pas faits l'un pour l'autre, finalement.

Joachim refuserait de le reconnaître devant elle, mais Inès touche un point sensible. Cela fait déjà plusieurs mois qu'il doute, et voir que quelqu'un d'extérieur semble repérer les mêmes failles que lui n'arrange en rien la situation. Seuls son mutisme et son air songeur répondent à Inès. Il se contente de détourner le regard quand une douce main se pose sur sa cuisse ; Inès le force à la regarder dans les yeux. Ne pouvant échapper à son regard, il laisse paraître son trouble. Il ne fait rien pour empêcher Inès de déposer un baiser sur ses lèvres. Il accepte même sa langue à l'intérieur de sa bouche. Le feu lui monte à la tête. Il a envie de se jeter sur elle, mais un signal d'alarme retentit dans son crâne et il retrouve la raison. Mettant fin à ce contact, il recule d'un pas.

— Non, non, désolé. Je suis fiancé, je ne peux pas.
— Ce n'est rien ! le rassure-t-elle. Elle n'en saura jamais rien. Pourquoi ne pas t'accorder un moment de répit ? Je serais heureuse de le faire pour toi.

Elle joint un geste à la parole en déboutonnant doucement son chemisier blanc. Bien qu'il aimerait en voir plus, Joachim est résolu à tenir son engagement.

— Non, désolé, je dois y aller maintenant.

Elle semble déçue de le voir fuir mais Joachim ne s'en préoccupe pas. Dans quelle histoire s'est-il encore embarqué ? Et pourquoi gâche-t-elle leur nouvelle amitié par de telles avances ? Il aime sa compagnie, ça il en est sûr. Son ego apprécie également de ne pas la laisser indifférente, mais il aurait juste voulu qu'elle garde ses distances. Finalement, il craint de lui céder et de faire ainsi une erreur qu'il regretterait par la suite.

Une demi-heure plus tard, il est rentré chez lui et a la surprise de s'apercevoir que sa fiancée est déjà là. Heureux de la voir – et probablement aussi à cause d'un sentiment de culpabilité – il l'enlace et l'embrasse chaleureusement. Elle lui rend son baiser avant de mettre brusquement fin à leur étreinte. Une pointe de déception se fait ressentir dans le cœur de Joachim.

— Tu es déjà rentrée ? demande-t-il, étonné.
— Oui, je ne tenais plus debout. Mon père m'a ordonné de rentrer me reposer. J'ai eu beau tenter de négocier, il n'a rien voulu entendre.
— Et je suis d'accord avec lui. Sam, tu vas te faire du mal si tu continues à te surmener comme cela.
— Mais je suis inutile ici, proteste-t-elle. On s'en est pris à la fille de mon coéquipier et je n'ai rien pu faire pour les protéger tous les deux. Ce n'est pas ici que je pourrais retrouver les fumiers qui s'en sont pris à Fanny.

Fanny, Joachim a plusieurs fois eu l'occasion de la rencontrer quand lui et Samantha avaient mangé chez Stéphane Jyrall. Il a encore du mal à croire à ce qui a pu arriver à cette jeune et gentille fille. Un frisson d'horreur lui parcourt l'échine. Autant ne pas repenser à ça.

— Et moi alors, je pourrais aussi avoir besoin de toi ; tu y as pensé ?
— Allez, arrête, la situation n'a rien à voir. Ne pars pas une nouvelle fois sur ce terrain, fait-elle, agacée.
— Pourtant j'ai l'impression d'avoir affaire à une étrangère ; à se demander si tu veux toujours m'épouser !

Visiblement choquée, elle rétorque :

— Quoi ? Bien sûr que oui. Comment peux-tu imaginer le contraire ?
— Combien de fois as-tu repoussé notre date de mariage ?
— Je te l'ai dit, la situation au boulot est bien trop compliqué en ce moment. Je n'ai pas le temps de penser à organiser un mariage. Nous verrons ça quand tout sera terminé. Je te le promets.

Ses yeux transpirent la sincérité, mais pourtant Joachim est persuadé que quelque chose cloche. Leur relation est au point mort depuis bien longtemps. Pire, elle a même reculé. Ils sont de plus en plus distants l'un de l'autre, ne communiquent plus beaucoup. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Combien de fois a-t-il voulu lui confier quelque chose alors qu'elle n'était pas disponible pour lui ? « Je n'ai pas le temps ! Je suis crevée ! » Voilà ce qu'il obtient. Joachim a toujours pris sur lui, essayant de se montrer compréhensif, mais à la longue il est obligé de reconnaître que cela lui pèse.

Sur la durée, il a fini par ressentir une certaine amertume et du ressentiment envers sa compagne. Elle se donne à fond pour son boulot mais le néglige, lui. Pire, elle n'arrête pas de se faire du souci pour son collègue. Bon, OK, l'homme n'est pas en grande forme en ce moment suite aux évènements qui ont frappé sa fille ; cela peut donc être compréhensif. Mais ce n'est pas la première fois que Joachim voit planer l'ombre de Stéphane Jyrall au-dessus de son couple. Samantha passe tellement de temps avec son collègue qu'elle ne semble plus se préoccuper que de lui. Joachim est jaloux de ce type. Il sait que c'est égoïste mais ne peut s'empêcher d'en vouloir à Jyrall d'attirer autant l'attention de sa fiancée. Joachim aimerait seulement que Sam se préoccupe un peu plus de lui et de ses problèmes, même s'ils semblent moins importants comparés à ce qu'elle peut affronter tous les jours en tant que lieutenante de police.

Ils se réconcilient tous deux sous la couette ce soir-là, réaffirmant l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Joachim a l'impression de retrouver l'ancienne Samantha dans cet échange charnel, celle pour qui il était tout, celle qui l'aimait d'un amour inconditionnel, mais ce sentiment est éphémère. Dès la jouissance passée, le malaise les regagne et chacun se tourne de son côté en tentant de trouver le sommeil.

Le lendemain, il se rend comme à son habitude sur sa promenade en sortant du bureau. Il n'est pas étonné de trouver la belle Inès qui l'accueille avec un sourire chaleureux, le même sourire qu'arborait autrefois sa fiancée. Lui aussi retrouve le sourire. Il faut dire qu'être désiré et attendu flatte toujours l'ego.

Ils marchent tous deux ensemble sur les chemins déserts des bords de Saône. Comme la veille, la météo est clémente et le soleil illumine leur balade. Inès se rapproche de plus en plus de Joachim, qui ne fait rien pour la repousser. Il en a marre de combattre une chose qu'il désire au fond de lui. À quoi bon ? Peut-être devrait-il se lâcher, fuir son quotidien qui ne le satisfait pas assez. Qu'est-ce qu'il risque, après tout ?

Ils font une halte au même endroit que la veille, assis l'un à côté de l'autre pour admirer le paysage. Mais tous deux ont autre chose en tête. C'est une nouvelle fois Inès qui fait le premier pas. Elle menace maintenant clairement l'espace vital de Joachim. Ses lèvres s'approchent et finissent par se poser sur celles de l'homme que les scrupules rattrapent finalement et qui met fin à ce contact après plusieurs secondes. Le regard perdu, il hésite encore. Inès l'observe, pleine de compassion.

— Je… je ne… tente-t-il d'expliquer.
— Chut, le coupe-t-elle. Ne dis rien et laisse-toi faire.

Il obéit et ne fait rien quand des mains aux doigts fins viennent se poser sur son torse et commencent à défaire sa chemise, ni quand de douces lèvres viennent cajoler la peau de son cou. Il se contente de frissonner malgré la chaleur intense qui l'envahit. Puis la jeune femme semble prendre une autre partie du corps comme cible, celle qui durcit sous la braguette. En quelques mouvements, un sexe raide apparaît. Joachim semble manquer de souffle quand sa hampe disparaît dans la gorge d'Inès.

Le plaisir est immédiat. Joachim se laisse aller à savourer le moment. Inès met une ardeur qui le déstabilise. La tension grimpe et atteint rapidement le sommet. Il sent qu'il ne tiendra pas longtemps, mais peu lui importe : seule l'extase imminente l'intéresse. Et l'orgasme vient. Joachim se vide durant un moment éphémère de toute sa frustration accumulée depuis bien trop longtemps, offrant le tout à la gorge d'Inès.

Une fois l'affaire finie, Joachim est pris d'un sentiment de culpabilité bien qu'il soit heureux d'avoir franchi le pas. Il a pris un plaisir intense qu'il ne regrette pas. En revanche, il ne souhaite pas pour le moment s'attarder plus longtemps avec la jeune et jolie Inès. Il ne sait cependant pas comment mettre fin à leur entrevue sans passer pour le salaud qui se tire une fois qu'il a eu ce qu'il désirait. Il s'excuse maladroitement et finit par rentrer chez lui.

Curieusement, il ne repense nullement à son aparté au moment de rejoindre sa fiancée. Il est juste heureux de la retrouver et l'embrasse passionnément. Sam est agréablement surprise de l'enthousiasme qu'il manifeste. Cela fait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu si détendu. Tout ça l'émoustille et lui donne des idées coquines. C'est donc au lit qu'ils finissent la soirée par une séance torride.

Le lendemain, les deux amants ont du mal à se séparer. Samantha a encore pas mal de boulot et doit partir, mais c'est bien la première fois qu'elle serait prête à mettre ses autres responsabilités de côté pour un moment. Mais pas le choix : il reste encore beaucoup à faire, alors elle décolle de chez elle après un dernier baiser à Joachim.

Lui ne travaille pas puisque c'est son jour de repos, et il compte bien en profiter. Son programme est simple : prendre du temps pour lui ! Télé, sieste, jeux vidéo, balade, cuisine, de quoi bien le détendre. Et pourquoi pas préparer un dîner romantique pour Sam et lui ? Une sonnerie vient cependant perturber ses projets. Il part ouvrir la porte et découvre une Inès dans une robe bleue virevoltante.

— Inès… Que fais-tu là ? C'est risqué.
— Je sais, mais je sais aussi que ta femme est partie. Je l'ai vue. J'avais très envie de te voir.
— Écoute, tente-t-il, je ne pense pas que ce soit raisonnable. C'était très bien hier, mais ça ne doit pas se reproduire.
— Ah oui ? On peut essayer d'autres trucs si tu veux…
— Non, tu ne m'as pas compris : je ne veux plus que nous nous voyons.
— À d'autres ! Je te connais bien, et je sais que tu veux vraiment.

Elle entre sans permission. Joachim souffle d'exaspération. Visiblement, elle n'a pas l'air de comprendre le message. Bon, il ne va pas la brusquer et attendre qu'elle comprenne doucement d'elle-même. En attendant, il peut toujours lui servir un verre et discuter un peu avec elle ; il lui doit bien ça. Il ferme donc la porte et invite la jeune femme dans le salon.

Il n'a pas le temps de prononcer le moindre mot que déjà Inès est sur lui à se frotter et à l'embrasser. Pris par surprise, son corps réagit avant son esprit. L'excitation grimpe vite. Il faut avouer qu'Inès sait s'y faire. Bizarrement, lui avoir cédé déjà une fois rend la résistance plus ardue. Après tout, quel mal y a-t-il à se donner à elle une nouvelle fois ? Il aura bien le temps plus tard de prendre ses distances. Et puis, ce que Sam ne sait pas ne peut pas lui faire du mal. C'est fou comme parfois le fait d'être stimulé sexuellement peut faire voir une situation sous un autre angle…

Joachim emmène donc Inès dans sa chambre. Ils s'embrassent avec passion et se jettent sur le lit. Après plusieurs échanges de baisers et de caresses, Inès prend un peu de recul pour observer son environnement : les rideaux rouges aux fenêtres, la grosse armoire, la table de nuit avec une petite lampe bleue et une photo dans un cadre. Son regard s'arrête sur ce dernier élément. On voit une jeune femme aux cheveux blonds coiffés en chignon tenant dans ses bras un jeune garçon d'environ sept ans.

— Je ne savais pas que tu avais un fils, fait-elle en désignant le cadre.
— Hein ?… Ah, Luc ? Non, ce n'est pas mon fils. C'est celui de Kathy, la meilleure amie de ma fiancée. Sam est sa marraine et elle est littéralement dingue du petit.
— Ah oui ? Elle le voit souvent ? Il habite dans le coin ?
— Ouais, ils habitent à Méronze, mais avec nos différents emplois du temps, nous n'avons pas toujours le temps de nous voir.

Inès prend le cadre dans ses mains pour regarder plus attentivement. Elle le scrute un long moment puis la pose et se retourne vers Joachim, un sourire satisfait.

— Bon, et si nous passions aux choses sérieuses ?
— C'est justement ce que j'avais en tête.

Leurs corps se frôlent, puis se frottent et se collent. Ils s'allongent de tout leur long. Les mains expertes d'Inès arrachent des gémissements de soumissions à son amant.

— As-tu des cordes ou de quoi s'attacher ? lui murmure-t-elle à l'oreille d'une voix sensuelle.

Intrigué, Joachim part chercher ce qu'elle demande. Il revient rapidement dans la chambre, de plus en plus émoustillé. Décidément, cette fille est pleine de surprises ! Il s'avance vers elle, prêt à l'attacher.

— Non, pas pour moi. Pour toi…

Il hésite ; ce n'est pas comme ça qu'il voyait la suite des évènements.

— De quoi as-tu peur ? Tu ne crois tout de même pas qu'une jeune et fragile femme comme moi pourrait te faire le moindre mal ?
— Bien sûr que non !
— Alors fais-moi confiance. Allonge-toi.

Nerveux mais néanmoins excité, il obéit. En quelques mouvements il est attaché au lit, complètement à la merci de la dame. Il teste rapidement la solidité des liens ; visiblement, Inès connaît bien son affaire. Cette dernière s'excuse et disparaît un moment afin « d'aller chercher un dernier ingrédient », affirme-t-elle. Elle revient plusieurs minutes après, un couteau de cuisine dans les mains. Joachim est tout à coup moins rassuré, d'autant plus que le sourire d'Inès semble sadique.

Elle grimpe à califourchon sur lui et s'empale sur son sexe. Elle oscille sur sa hampe tandis qu'elle fait danser la lame sur les pectoraux de Joachim, qui frissonne de plaisir et d'inquiétude. Il ne sait pas à quel jeu elle joue. Curieusement, le danger que représente le couteau met tous ses sens en alerte et lui permet de ressentir le plaisir avec une intensité extrême.

— Je pourrais te le planter là, fait-elle en jouant avec le couteau, et tu ne pourrais rien y faire. Je pourrais d'un coup sec t'ôter la vie en un fragment de seconde ou, si je le voulais, je pourrais te faire quelques entailles et te laisser te vider lentement de ton sang.
— Et si tu posais plutôt ça sur la table de nuit ?

Elle lui colle la lame contre la gorge.

— Allons, amour ! Je suis sûre que tu adores ça. C'est tellement excitant, le danger… C'est quand on frôle la mort qu'on se sent vraiment vivant, n'est-ce pas ?
— D'une certaine manière, si. Mais…
— Silence, esclave ! s'esclaffe-t-elle. Tu es en mon pouvoir, et si tu tiens à éviter la moindre égratignure, tu feras tout ce que je veux ! C'est compris ?
— Oui…
— Oui qui ? demande-t-elle en appuyant la lame de façon menaçante.
— Oui, maîtresse.
— Bien ! Maintenant je veux te sentir jouir.

C'est une sensation nouvelle pour Joachim. Son cœur bat la chamade. Il ne s'était jamais trouvé dans une telle position de soumission. Il doit avouer être totalement affolé de désir. Être si vulnérable, remettre sa vie dans les mains de l'autre décuple le plaisir. Il n'a d'autre choix que de s'abandonner complètement à Inès.

— Allez, jouis ! ordonne-t-elle avec autorité.

Elle oscille de plus en plus rapidement sur le sexe du garçon afin de lui arracher son orgasme. Elle sait qu'il est sur le point de rompre, de se déverser en elle. Cette pensée la réjouit. Elle ne s'imaginait pas prendre autant de plaisir à utiliser cet homme. Les râles masculins sont de plus en plus bruyants. Joachim semble avoir complètement oublié la lame qui lui colle à la gorge et se concentre uniquement sur son plaisir. C'est au moment de l'éjaculation que le couteau lui tranche la gorge. Il n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive que déjà sa vie s'évanouit.

La jeune femme l'observe sans la moindre émotion se vider doucement de son sang. Elle insère sa lame dans la bouche du type et lui tranche les joues afin de lui dessiner un sourire morbide, et ainsi signer le crime. Puis elle se lève comme si de rien n'était, va prendre une douche rapide pour se nettoyer du sang, se rhabille et compose un numéro de téléphone.

— Allô ? lui lance une voix masculine.
— C'est moi, Amour. Ça y est, j'ai fait ce que tu m'as demandé.
— Bien, Mad. Je savais que tu parviendrais à rendre à ce pauvre homme le sourire aux lèvres. As-tu appris quelque chose d'intéressant ?
— Oui. Il semblerait que la lieutenante a un filleul à qui elle tient particulièrement et qui habite Méronze.

Elle se sert du téléphone pour prendre en photo le portrait du garçon et l'envoyer à Aymeric.

— Bien, je m'occupe de lui. On se rejoint où tu sais. Juste que, sur la photo que tu m'as montrée, je ne le trouve pas très souriant. Peux-tu arranger ça ?
— Bien entendu.

Elle raccroche et se sert du sang de Joachim pour dessiner un sourire sanglant sur les lèvres du petit Luc.