Dernier coup d'éclat

Leur voiture s'arrête devant la maison. J'ai attendu à la fenêtre toute la soirée. Je me planque pour ne pas qu'ils remarquent que je les surveille. Il descend en premier ; un grand type aux cheveux châtain désordonnés, le menton lisse et quelques restes de boutons d'acné. Ce n'est pas un top model mais il n'est pas affreux non plus. Il porte un pull-over bleu avec une chemise et un pantalon beige, très classique.

Maëlle sort ensuite du côté passager, toujours aussi belle, mais sa tenue est plus sage que ce qu'elle avait pris l'habitude de porter l'été dernier : une longue robe bleu marine qui lui va à ravir.

Ils s'avancent tout deux vers la porte d'entrée. On frappe. Je vais ouvrir.

— Depuis quand tu frappes pour entrer à la maison, toi ?
— Ouais, je ne savais plus trop. Je te présente Lionel. Lionel, voici mon père, Adam.
— Monsieur Sinclair, enchanté.

Il me tend une main que je serre avec force et fermeté tout en fronçant les sourcils.

— Bonsoir, fais-je avec une grosse voix pour l'impressionner.

Puis, d'une voix plus douce, j'invite Maëlle dans mes bras. Elle se jette dedans et je la serre fort contre moi.

— Bon, allez-y tous les deux. La table est déjà prête. Posez vos affaires dans le salon, nous rangerons après.

On s'assoit tous à table. Je remplis les assiettes et regarde Lionel d'un œil mauvais. Je ne sais pas comment font les autres pères pour supporter les types qui couchent avec leur fille, mais moi, j'ai du mal. C'est peut-être juste le fait que j'ai encore du désir pour elle.

Je me souviens que mon beau-père avait été très cool et accueillant lors de notre première rencontre. J'avais peur de faire sa connaissance, mais il m'a mis tout de suite à l'aise. Je m'étais promis que si un jour j'avais une fille et qu'elle me ramenait son copain, je me montrerais aussi cool que lui. Aujourd'hui, je n'ai aucune envie d'être aussi sympathique.

Maëlle commence à me raconter leur rencontre, à peu près les mêmes détails qu'elle a donnés à l'admirateur. Elle me dit comment Lionel l'a conseillée, l'a aidée. Elle semble tout excitée. Lui aussi ajoute des détails :

— Vous savez, Monsieur, la perspective et le dessin d'architecture, ce n'est pas forcément évident pour les débutants. Ce n'est pas que du dessin ; c'est très mathématique.
— Tu sais, Lionel, tu peux le tutoyer : mon père est très cool pour ça.
— Non, non, fais-je. Un « vous » me va très bien.

Maëlle prend ma remarque pour une blague alors que je suis tout à fait sérieux. Lionel, moins convaincu qu'elle, préfère se la jouer prudemment en continuant de me vouvoyer.

Les deux poursuivent leur histoire et me racontent des anecdotes sur leur école et leurs cours. Lionel commence à se détendre un peu plus. Lui et Maëlle semblent complémentaires. Ils finissent tout le temps les phrases de l'autre ; c'est agaçant à la longue. Au moins, ils ont l'air de bien s'entendre. Il n'est peut-être pas si mal pour elle ?

Et ses yeux verts ! Le regard qu'il pose sur elle, plein d'attention, de respect et d'admiration. Je me souviens de la définition de l'homme parfait qu'elle avait donné le jour de mon anniversaire : « Un mec toujours là pour moi, toujours à mon écoute, prêt à m'épauler et me soutenir quoi qu'il arrive. » Et si c'était ce Lionel, cet homme parfait ?

Non, je dois perdre la raison, ou c'est le vin qui me monte à la tête. À moins qu'il ne me fasse voir plus clair. In vino veritas ? Un père ne doit-il pas rêver du meilleur homme possible pour sa fille ? Maëlle a bien plus d'avenir amoureux avec ce Lionel qu'elle pourrait en avoir avec son père ou son admirateur secret. Je me laisse détendre et ne le foudroie pas du regard quand il me tutoie par erreur. Le repas se termine dans une ambiance plus légère.

Nous allons nous coucher, et je préfère me mettre des bouchons d'oreilles pour ne pas prendre le risque de les entendre copuler cette nuit.


Samedi après midi je suis parti avant eux, avant leur prétendue séance de cinéma, dans le but de surveiller leur arrivée à l'hôtel. Je me suis garé plus loin pour qu'ils ne repèrent pas ma voiture : ce serait vraiment con de révéler le secret à la toute fin !

Là, leur Renault arrive. Ils s'embrassent, se prennent dans les bras l'un de l'autre, puis Maëlle, nerveuse, se dirige vers l'hôtel. Caché derrière un mur, je surveille le départ de Lionel pour entrer sans qu'il me reconnaisse. De toute façon, je me suis pourvu d'un long imper, d'une casquette et de lunettes de soleil afin d'être méconnaissable de loin. J'ai l'impression d'être un espion pas crédible.

La Renault s'en va. C'est à mon tour d'entrer d'un pas nerveux. Il est quatorze heures pile. Je monte au bon étage. La porte de la chambre 208 est restée entrouverte. Je pénètre dans la chambre où il règne une certaine pénombre. Je ne m'attarde pas sur le décor : mes yeux se braquent sur le corps nu allongé sur les draps aux motifs rouges. Les yeux bandés, ses longs cheveux dorés détachés, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration, ses longues jambes se frottant l'une à l'autre et ses mains s'accrochant nerveusement aux draps, Maëlle est magnifique.

Ses vêtements ont été soigneusement disposés sur une chaise ; elle en a installé une autre juste à côté, destinée – je suppose – à y déposer les miens.

Elle m'entend. Sa respiration s'accélère. Je me déshabille doucement en régalant mes yeux de l'ange qui s'offre à moi. Une idée me vient en tête ; je m'empare de ma ceinture, lève les bras de ma fille au-dessus de sa tête pour les lui attacher aux barreaux du lit. La voilà sans défense ; je peux disposer d'elle comme je l'entends. Vu le grand sourire qu'elle affiche, elle n'a pas peur.

Je me penche vers elle et l'embrasse à pleine bouche. Nos langues se mélangent. Une main part de sa joue et glisse avec grâce jusqu'à sa poitrine. Cette fois, ma fille m'est complètement offerte : je vais pouvoir en profiter jusqu'à plus soif. C'est la dernière occasion que j'aurai. Mon cœur bat tellement fort d'excitation que je le ressens jusque dans mon crâne. Ce moment, je l'ai tant espéré, et tant redouté aussi…

Je monte sur le lit et lui écarte les jambes. Mes mains lui massent les cuisses. Chaque rotation me rapproche doucement de son antre de plaisir déjà bien humide. De petits baisers accompagnent le chemin parcouru par mes paumes. Maëlle soupire d'impatience, mais nous avons l'après-midi ; autant de pas précipiter les choses.

Je mets fin à son attente en embrassant ses lèvres intimes. Juste un petit baiser pour débuter, mais déjà le corps de ma belle réagit. Ma langue commence à titiller son bouton d'amour tandis que mes doigts viennent en esquisser le contour. Son odeur me rend fou de désir. Son goût merveilleux m'emporte.

Je m'abreuve à sa fontaine avec amour, lui rendant chaque coup de langue qu'elle a pu m'offrir lors de nos deux rencontres. Attachée, Maëlle ne peut rien faire d'autre que subir et gémir. Je peine à croire ce qui est en train de se passer : je fais un cunni à ma fille ! Tout ce chemin parcouru pour en arriver là…

Pour faire durer le supplice, je fais des petites pauses pour venir profiter du reste de son corps, et surtout de sa poitrine gorgée d'envie. Je me régale de la rondeur parfaite de ses seins. Ma langue joue autour des tétons tendus avant de retourner s'occuper d'un clitoris impatient.

Je veux lui offrir l'orgasme de cette manière, tout comme elle m'a offert le mien. Son corps répond à mon appel. Maëlle tient difficilement en place. Son buste se soulève à chacun de mes coups de langue. Sa voix résonne dans toute la pièce. Voir ma fille réagir ainsi au cunni que je lui prodigue est un spectacle magnifique. Soudain, un cri plus fort que les autres jaillit ; son corps est pris de spasmes : Maëlle vient de jouir.

Je lui laisse un peu de temps pour retrouver son souffle et m'allonge à côté d'elle. Mes mains retracent ses courbes. Mes lèvres se posent sur les siennes. Sa langue s'engouffre dans ma bouche. Je voudrais lui dire combien je l'aime et qu'elle est belle, mais ne peux rien prononcer. J'espère que le cunni a parlé pour moi.

— Détache-moi, maintenant… m'implore-t-elle.

J'obéis. Elle me saute presque dessus. Ses mains s'activent sur tout mon corps. Elle semble prise d'une frénésie incontrôlable et d'une passion débordante. Je me laisse explorer. Mon corps est une découverte pour elle. Elle n'avait connu qu'une partie limitée de mon anatomie ; aujourd'hui, ses doigts font ma connaissance dans ma totalité, et ce qu'ils découvrent semble la ravir. Ils retournent finalement à la chair qu'ils connaissent le mieux et se régalent de sa rigidité.

Tel un animal errant dans le désert qui aurait trouvé une oasis, Maëlle se jette sur mon membre. Sa bouche l'avale sur tout son long. Elle prend tout de même le temps de se montrer délicate et attentionnée. Je soupire de plaisir.

— Fais moi l'amour, vite !

C'est marrant ; j'avais tellement rêvé de cet instant que je pensais que ce serait moi le plus impatient, mais j'ai plutôt le désir de prendre mon temps, de savourer chaque seconde qui file. Je me plie tout de même à sa volonté, me positionne au-dessus d'elle et la pénètre avec douceur. Ses bras s'enroulent autour de moi et me plaquent contre sa poitrine gonflée tandis que mon sexe se glisse de plus en plus profondément en elle. Maëlle laisse un « Oui… » de bonheur s'échapper. Je souris et l'embrasse. Mes lèvres glissent ensuite vers son cou.

Mon sexe coulisse en elle. Je ne pensais jamais ce jour devenir possible, ce bonheur accessible, et pourtant il est là. C'était une folie de se lancer sur cette voie, mais je ne regrette rien. Même éphémère, cet instant en vaut la peine.

Je suis son admirateur, un rôle qui est devenu plus que réel. Elle n'aura aucun remords, pas comme si elle avait eu une vraie relation sexuelle avec son père. Et moi, j'aurai eu le droit à cette joie au moins une fois sans craindre de conséquences néfastes. Juste un souvenir merveilleux que nous garderons tous les deux bien au chaud.

— Encore, encore, encore… gémit-elle.

Oui, tant que le temps nous le permet, ma belle. Je continue mon assaut sur ce corps de braise. Une main me claque les fesses et s'y accroche avec fermeté. Je continue de lui faire l'amour et embrasse ses lèvres, sa nuque, ses seins. J'aimerais me démultiplier pour la recouvrir entièrement de baisers, mais ce serait encore insuffisant pour exprimer tout mon amour.

Nos corps se mêlent dans une harmonie parfaite. Nos mouvements sont synchronisés. Nous ondulons l'un contre l'autre. Ce moment, je voudrais qu'il ne termine jamais.

Mais la fin approche. La fin de ce corps-à-corps, mais aussi de toute cette histoire. Et même si nous allons recommencer à faire l'amour d'ici la fin de l'après midi, il y a comme un goût d'adieu légèrement amer : à coup sûr, ces moments me manqueront. C'est la fin, je la sens venir.

D'un autre côté, ce n'est pas plus mal. Je cherchais depuis un moment à me détacher de mes désirs incestueux. Maintenant que c'est terminé aussi bien avec son père qu'avec son admirateur, je vais pouvoir passer à autre chose et reprendre ma vie ; mais ma fille me manquera. Ce lien privilégié que je pouvais avoir avec elle, il ne sera plus car maintenant c'est un autre homme marche à ses côtés. L'oiseau a quitté le nid et me laisse seul. C'est Lionel qui lui importe désormais. Je les imagine ayant une brillante carrière ensemble, se marier et m'offrir des petits-enfants, tout ça loin de mon foyer vide. Bien sûr, ils passeront me voir de temps en temps, mais ce ne sera plus jamais comme avant. C'est la vie !

Avec le plaisir qui me transperce, je ne sais pas comment j'arrive encore à penser à tout ça. Le moment est magique mais des pensées déprimantes hantent mon cerveau. Le flot d'endorphine n'est pas suffisant pour effacer mes craintes.

— Jouis en moi ! crie-t-elle. Je veux te sentir jusqu'au bout.

Allez, je fais l'effort de me vider la tête pour la dernière ligne droite. Je dois la laisser vivre sa vie, c'est tout ce qui importe, c'est tout ce que je devrais avoir en tête. Je l'embrasse avec passion. Elle semble si belle, souriante, heureuse, si… vivante ! Oui, c'est ça, elle vit un instant important de sa vie, et c'est moi qui ai l'honneur de le lui offrir. Je jouis !

L'orgasme la prend en même temps que moi. Mon cri de bonheur étranglé fait écho au sien. Trop distraite, elle n'aura sûrement pas reconnu ma voix.

Je m'allonge à côté d'elle. Mes doigts continuent de jouer avec les lignes de son corps tandis que l'excitation retombe. Le bonheur, lui, est encore là.

L'après midi est bien entamé mais encore long, et très vite Maëlle me demande de la prendre à nouveau. Nous en profitons jusqu'au bout. Le bonheur est aussi intense à chaque fois, et la déchirure de la fin proche m'apparaît plus douce. Je crois que je commence à me faire à l'idée.

Vient tout de même ce moment tant redouté. J'ai la larme à l'œil avant de sortir de la chambre en entendant son « Merci, et adieu. » Je reviens sur mes pas pour l'embrasser une dernière fois et disparais. En sortant de l'hôtel, je fais bien attention à ne pas tomber sur Lionel.

La tête encore pleine de pensées contradictoires, je préfère marcher au bord de l'eau avant de rentrer. Je ne sais plus si je dois être heureux ou triste de cette fin. Ma fille va m'être enlevée, me souviens-je, amer. Je vais perdre ce lien privilégié qui nous unissait. Ce n'est pas l'admirateur : c'est le père qui souffre. Il faut qu'elle vive sa vie, me rappelé-je juste pour me calmer.

Finalement, je rentre à la maison. Les deux amoureux sont déjà là. Ma fille me reçoit à l'entrée ; lui est assis dans le salon. Elle me saute dans les bras. Je suis étonné d'un tel accueil.

— Le film t'a plu ? lui demandé-je.
— Oui, il était excellent !

J'enlève ma veste (j'ai laissé l'imper dans la voiture) et la vois gesticuler sur place, comme impatiente.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— La bande-annonce de Ninja Attack V est sortie. Vu les premières images, il a l'air encore plus nul que le précédent. J'ai hâte de le voir !
— Ah, parce que tu veux le voir alors que tu as détesté le précédent ?
— Ben oui, nous nous sommes bien marrés à le revoir. Je suis sûre que celui-là va offrir de grands moments de n'importe quoi.
— Tu me diras ça ; je ne sais pas si je suis d'humeur à aller le voir.
— Bah alors, avec qui je vais aller le voir si tu ne viens pas ? boude-t-elle.
— Et ton petit-ami ?
— Mais Ninja Attack, c'est notre truc à tous les deux ! Je veux le voir avec personne d'autre que toi. Juste toi et moi…

Alors que je la regarde, mon cœur fond. Je croyais le lien privilégié que j'avais avec elle rompu ; il n'en est rien. Maëlle est ma fille, et jamais personne ne pourra changer cela. Je la serre dans mes bras.

— On ira le voir ensemble, promis. Je t'aime, biquette, plus que tout au monde.
— Moi aussi, papa.