Conspiration

Au sommet de la colline, nous avons une vue sur tout le village. À vrai dire, il n'est pas vraiment grand. La plupart des bâtiments sont de petites habitations à l'aspect misérable : toits troués, murs ternes qui s'effritent et végétation sauvage. Les seuls édifices notables sont une petite église, un grand bâtiment qui ressemble à un bar et deux énormes entrepôts près des quais où est inscrit en lettres capitales « INDUSTRIES SOLO ». Les vieux rafiots amarrés au port sont à l'image des habitations, peut-être même pires ; c'est à se demander comment ils arrivent à flotter.

— Bon, par quoi on commence ? demandé-je.
— C'est simple : on chope une personne au hasard et on l'interroge pour obtenir des infos sur le Phénix Noir, les rebelles ou la sorcière qui se fait passer pour Athéna.
— Et si elle refuse de nous parler ?
— J'ai les moyens de faire parler n'importe qui.
— Ah ouais ? Un pouvoir du genre sérum de vérité ?
— Non, plutôt un pouvoir du genre « dis-moi ce que je veux savoir ou je t'arrache les bras » !

Le regard de la Vierge est sévère. Nul doute qu'elle est tout à fait sérieuse. Je plains celui ou celle qui tombera entre ses griffes.

— Et si ça ne marche pas ?
— Eh ben je lui arrache les bras, pardi ! Et j'enchaîne sur la suivante.

Oui, c'est bien ça : elle est tout à fait sérieuse… cinglée, aussi. Ah, quelle femme !

— Tu abattrais un civil innocent sans broncher ?
— Dans un village de rebelles, personne n'est innocent.
— Ça, ce n'est pas à nous d'en juger. Et puis un civil ne représente aucune menace. On ne va quand même pas se mettre à craindre des civils ?
— Leur parole peut être du poison. Si nous ne les faisons pas taire, ils répandront l'hérésie. Même un innocent crucifié peut servir d'exemple et d'avertissement. Au pire, son sacrifice peut toujours permettre de racheter les péchés du villageois tout comme celui de notre sauveur le Christ a permis de racheter ceux de l'humanité.

Purée… j'ai beau être amoureux d'elle, je la trouve vraiment perchée très haut. Il va falloir que je trouve un moyen de la juguler.

— Et pendant que tu tortureras la première personne, nos véritables ennemis, alertés par les cris de douleur, auront toute l'occasion de fuir.
— Oh… Tu proposes quoi ?

Non, ai-je vraiment réussi à lui clouer le bec ? Je n'y crois pas ! Bon, me voilà malin, moi, maintenant. Qu'est-ce que je lui propose ? Vite, trouvons quelque chose avant qu'elle ne me traite une nouvelle fois de crétin… Ah, j'ai une idée.

— S'il y a des chevaliers dans ce village, à cette heure-ci, ils ne peuvent être qu'à un seul endroit : la taverne. Rendons-nous-y incognito pour repérer les lieux et tâchons déjà d'écouter leurs conversations avant de leur rentrer dedans.
— Y aller incognito ?
— Bah oui, planquons nos armures dans un coin et allons-y habillés en civils.

Elle semble soudain paniquer et son visage vire au cramoisi.

— Hein ? Quoi ? Tu veux que je retire mon armure ? Non, c'est mort !
— C'est la meilleure solution, insisté-je.
— Non, c'est non. Je n'enlèverai pas mon armure.

Mais bon sang, elle est pénible à la fin ! Mon plan est bien meilleur que le sien, elle ne peut que le reconnaître ; alors pourquoi joue-t-elle les capricieuses ? Qu'est-ce qu'elle cache, à la fin ? Oh, je crois comprendre…

— C'est parce que tu es toute nue sous ton armure ? la taquiné-je d'un air malicieux.
— Hein ? Non, non, non, non…. s'agite-t-elle, encore plus rouge.
— Allez, avoue, rigolé-je.

À voir l'état de gêne dans lequel elle est plongée, je n'ai nul doute de ne pas être tombé loin. Du coup, me voilà bien curieux de découvrir les trésors qui se cachent sous cette armure d'or. Je ressens même une pointe d'excitation naître.

— Non, c'est juste que…commence-t-elle à avouer… je suis en sous-vêtements. Il fait trop chaud dans ce maudit pays.
— C'est vrai qu'une armure d'or n'arrange pas la situation. J'ai des capes dans mon barda : tu pourras t‘envelopper dedans pour te cacher.
— Bon… OK… cède-t-elle. Retourne-toi, alors.

J'obéis après lui avoir donné une cape. J'entends les morceaux d'armure tomber les uns derrière les autres. Comme je paierais cher pour avoir des yeux derrière la tête… La savoir quasi-nue derrière moi me donne des ardeurs bien dures. Je jetterais bien un coup d'œil en arrière, mais je suis sûr qu'elle me le ferait payer durement.

— Si tu parles de ça à qui que ce soit, je te tue !
— Motus et bouche cousue, promets-je.

J'ai moi aussi retiré mon armure et enfilé ma cape qui me sert aussi à cacher la bosse de mon entrejambe. Nous cachons nos armures au pied d'un grand buisson et sous un tas de branchages. Marie dévale la colline, soulevant un nuage de poussière, et atteint l'entrée. Je me précipite à sa suite pour ne pas rester à la traîne. Notre arrivée attire l'attention d'habitants vagabondant dans les rues, des femmes pour la plupart. Des murmures s'élèvent de toute part. Même sans les armures d'or, deux inconnus ne passent pas inaperçus.

La Vierge s'arrête et pointe du doigt les deux entrepôts côtiers. J'observe une nouvelle fois l'enseigne sans comprendre pourquoi elle me montre ça. « INDUSTRIES SOLO » ? Mais attends, « Solo »… Pourquoi ce nom me dit quelque chose ?

Nous poursuivons donc notre route jusqu'au bar du village où nous pénétrons. Un mélange de tabac, de pisse et de vomi embaume l'air sans avoir l'air de déranger la clientèle. J'observe les alentours et, bingo, vers le fond de la salle un chevalier d'argent discute avec deux de bronze. Nous échangeons un regard complice avec Marie et allons nous installer à une table proche de la leur, assez près pour écouter leur conversation.

— Putain, mais je leur avais dit à ces idiots de ne pas y aller ! C'était encore trop tôt, mais ils n'en n'ont fait qu'à leur tête, affirme l'une des trois voix sans grande discrétion.
— Mais c'est l'autre pétasse qui les a envoyés. Ils n'ont pas eu trop le choix.
— Ah, celle-là, peste le premier, je m'en passerais bien. Elle ne vaut pas mieux que les chevaliers d'or. Si elle pouvait clamser pour de bon, j'en serais très heureux.
— Chut, parle pas trop fort : un de ses espions pourrait t'entendre.
— Et puis elle fait partie de nos alliés. Sans eux, nous aurons beaucoup de mal à rétablir la justice au sein du Sanctuaire.
— Ouais, c'est sûr qu'on ne vaincra pas les chevaliers d'or sans leur aide.

Je leur tourne le dos, mais Marie a une vue imprenable sur le groupe. Je la vois les observer. Moi, je profite que son attention soit portée ailleurs pour surveiller les pans de sa cape dans l'espoir qu'ils s'écartent et me permettent de voir un bout de peau et, avec un peu de chance, la naissance d'un sein. Oui, je sais, j'ai toujours été faible devant les charmes féminins, et ce n'est pas en étant amoureux que ceci va s'arrêter.

Marie griffonne quelques mots sur une serviette de table qu'elle me tend : « Chevalier d'argent Amar de la Boussole, chevaliers de bronze Teuthras du Compas et Phrixus du Fourneau. » Cela correspond à trois chevaliers manquant à l'appel. Visiblement, nous avons affaire à une rébellion bien plus sérieuse qu'il n'y paraissait lors de la dernière attaque.

Alors que j'imagine avoir la capacité de voir au travers de la cape de Marie, la demoiselle me donne un coup de pied dans un tibia. Je crois être découvert, mais non, elle me fait signe de regarder vers l'entrée. Un nouveau chevalier vient de faire son apparition : un chevalier noir dont l'armure ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de bronze de la Dorade. L'homme, un Asiatique chauve de très grande taille à l'allure patibulaire, se dirige vers la table des rebelles.

— Que nous vaut le déplaisir de ta visite, Satoshi ? demande la grosse voix.
— Surveille tes paroles, maudit chevalier d'argent, car c'est Sartienpa qui m'envoie. Elle vous transmet l'ordre de vous rassembler avec les autres là où vous savez : la grande bataille ne va plus tarder.
— La grande bataille ? Et en l'attendant, ta maîtresse se permet de gaspiller des vies inutilement. Celles des nôtres, en plus.
— Ce n'est pas à toi de juger des stratégies du Phénix Noir. Tu n'as qu'à obéir si tu tiens à ta tête.
— Tss… Allez, les gars, mettons-nous en route puisque Madame l'exige !

Les trois rebelles se lèvent et suivent le chevalier noir. Après avoir réglé leurs boissons, les voilà dehors. Nous nous levons à notre tour et essayons de les suivre discrètement. Ils s'avancent en direction des quais, mais soudain le chevalier de la Dorade Noire s'arrête et se retourne dans notre direction. Nous avons été repérés.

— Si vous ne voulez pas mourir, je vous conseille de faire demi-tour tout de suite.

Marie retire la longue capuche qui lui cachait partiellement le visage.

— Et moi je vous conseille de vous rendre et de répondre à toutes nos questions.
— C'est le chevalier de la Vierge ! panique le chevalier d'argent.
— Du calme ! reprend la Dorade Noire. Ils ne sont que deux et nous sommes quatre. Nous avons l'avantage numérique.
— Alors donc vous choisissez le combat ? Pas étonnant de la part d'hérétiques.
— Moi, ça me va, souris-je.
— Euh, t'es qui, toi ? me fait l'un des chevaliers de bronze.
— Comment ça, qui je suis ? Je suis Francis du Bélier !
— Le Bélier ? Je ne comprends pas… Pourquoi t'opposes-tu à nous ? Quelqu'un comme toi devrait être de notre côté.
— Des types m'ont déjà dit ça il n'y a pas longtemps. C'était peu avant que je ne les extermine.

De colère, le chevalier d'argent Amar de la Boussole me charge. J'évite le coup malgré la rapidité de l'adversaire. Nul doute qu'il est d'un bien meilleur niveau que les trois bronzes rebelles qui ont eu la stupidité de penser qu'ils pouvaient renouveler l'exploit des cinq légendaires. Nos trois autres ennemis ne restent pas inactifs puisqu'ils chargent Marie. J'ai hâte de découvrir ce que vaut le prétendu plus puissant chevalier d'or. C'est le moment de montrer à ma partenaire que je suis moi aussi puissant : je dois donc éliminer mon adversaire rapidement. Je charge mon cosmos à son maximum, prêt à déchaîner mes pouvoirs.

— Il nous les faut vivants ! me crie Marie. On doit les interroger.

C'est vrai, elle n'a pas tort. Flûte, je vais donc devoir me retenir. Tant pis, je vais me contenter d'un combat rapproché. Je charge mon adversaire avec assez de puissance dans le poing pour mettre à terre un chevalier de son niveau, mais malgré ma vitesse, je le manque. Surpris, je ne me laisse cependant pas dérouter et enchaîne les coups. Rien à faire, à chaque fois je tombe à côté. Merde, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il n'est pourtant pas si rapide.

Un violent coup dans l'estomac me surprend. Non seulement il m'évite, mais en plus il réussit à me toucher. C'est quoi ce délire ? Bon, rien de grave pour le moment, mais je dois rester prudent, d'autant plus que je n'ai pas mon armure avec moi.

De son côté, Marie semble plutôt dépassée pour le moment. Elle ne se bat qu'avec ses jambes, ses mains étant trop occupées à tenir les pans de la cape pour éviter de trop dévoiler son corps. À trois contre elle et étant obligée de se restreindre, elle se contente pour le moment d'éviter les attaques et de se défendre. J'avoue surveiller du coin de l'œil son combat en espérant avoir une occasion de voir ses trésors cachés ; c'est peut-être pour ça que mon adversaire a réussi à me toucher.

Bon, concentrons-nous sur Amar. Nouveaux coups, nouveaux échecs. Putain, il commence à m'agacer celui-là ! Il est plus lent que moi, alors pourquoi tapé-je toujours à côté ? Aïe ! Je me prends un violent coup dans la mâchoire, puis deux dans l'estomac. Un bond en arrière pour prendre un peu de recul sur le combat. Amar sourit narquoisement tandis que je crache une flopée de sang.

— Crétin ! me hurle Marie. Il brouille tes perceptions avec son cosmos. C'est pour ça que tu loupes tous tes coups.
— TOURBILLON DE LA DORADE NOIRE !

Satoshi, le chevalier noir, lance une puissante attaque dans le dos de ma partenaire. Je n'ai pas le temps de voir si elle l'a évité que l'immense tourbillon aquatique atteint sa position, détruisant tout sur son passage. Sans armure d'or, cette attaque pourrait lui faire très mal. Soudain un pied s'écrase sur l'épaule de Satoshi qui hurle de douleur. Marie, toujours indemne, vient de l'atteindre par les airs. Elle a sauté pour éviter la technique ennemie et en a profité pour contre-attaquer.

Toujours en prise avec mon adversaire, je me concentre sur son cosmos plutôt que de faire confiance à mes sens, mais rien n'y fait : là encore je galère à le toucher, bien qu'un coup ne passe pas loin.

— UPSIDE DOWN ! crie Amar.

Merde alors ! Qu'est-ce qu'il se passe maintenant ? J'ai l'impression que tout tourne, que le sol et le ciel sont inversés. J'essaye d'avancer, je recule ; j'essaye d'aller à gauche, je vais à droite. Tout est inversé. Putain, ça fout la gerbe son truc !

Une vive douleur me transperce le bas-ventre, me faisant hurler de douleur. Amar m'a touché ; j'ai été incapable de le voir arriver. Trop c'est trop ! Il me gonfle, celui-là. Tant pis pour le capturer vivant, il va prendre cher. Mon cosmos s'enflamme à son paroxysme et je laisse échapper toute ma colère.

— DÉFLAGRATION ATOMIQUE !

La terre se secoue tandis que ma rage se répand dans une puissante explosion. Le bâtiment à côté de moi subit de plein fouet le souffle qui le fait éclater dans un fracas assourdissant. L'avantage de cette attaque, c'est que je n'ai pas besoin de savoir exactement où est mon adversaire. S'il est à portée, c'est que je l'atteins. J'aime bien les attaques qui ne font pas dans la dentelle.

On dirait que cela a été utile puisque je retrouve l'usage normal de mes sens. Mais sous ce nuage de poussière et de cendres, je ne repère pas mon ennemi, alors je reste sur mes gardes. Ce n'est que quand la fumée se dissipe qu'Amar apparaît : son cadavre gît au sol, transpercé par une épaisse poutre. C'en est réglé de lui.

Marie et ses adversaires se sont éloignés de ma zone. Bien qu'amochés, aucun de nos trois ennemis n'a encore déposé les armes. Visiblement, Satoshi de la Dorade Noire et Teuthras du Compas couvrent Phrixus du Fourneau qui prépare une puissante attaque.

— J'ai tué le chevalier d'argent sans le faire exprès, crié-je en direction de Marie.
— Crétin, va ! On ne peut rien te demander. Je t'avais dit qu'il nous les fallait vivants.
— Bah, il en reste encore trois à interroger, ça devrait aller.
— DANSE DES FLAMMES DU FOURNEAU ! hurle finalement Phrixus.

C'est une attaque impressionnante pour un chevalier de bronze ; rien à voir avec les minables pouvoirs des trois assaillants du Sanctuaire. Marie, qui a été distraite par notre échange, se prend l'attaque de plein fouet. Elle a cependant le temps de gonfler son cosmos pour limiter les dégâts. La vague de flammes passée, le chevalier de la Vierge se tient toujours fièrement dressé contre nos adversaires.

Aucune égratignure ; mais, à la surprise de tous, sa cape ne s'en tire pas aussi bien puisqu'il n'en reste que quelques minables lambeaux calcinés. Enfin son corps se dévoile sous mes yeux ! Des formes parfaites et généreuses enfermées dans de jolis sous-vêtements de dentelle d'une blancheur virginale. Quel spectacle merveilleux… j'en ai les sens tout chamboulés. Ma partenaire hurle de rage quand elle s'aperçoit, après tout le monde, de l'état dans lequel elle se trouve.

— Bande de décadents ! vocifère-t-elle. Oser déshabiller une pieuse femme, vous allez me le payer ! MALLEUS MALEFICARUM !

De son poing jaillit une immense énergie sombre qui défonce tout sur son passage, traçant un sillon profond dans le sol. Les trois chevaliers ennemis sont pulvérisés ainsi que tout ce qui se trouve sur plus de cinq cents mètres. J'ai beau avoir des attaques de bourrin, je n'en reste pas moins abasourdi par la violence de celle-ci : de ses trois adversaires, il ne reste que trois cadavres fumants.

— Il nous les fallait vivants, tu disais ?
— Tais-toi ! crache-t-elle sur la défensive. Ils m'ont trop soulée.
— T'inquiète, souris-je. Je comprends parfaitement, lui dis-je en lui tendant ma cape pour qu'elle se couvre.
— Si jamais tu racontes ce qu'il s'est passé…
— Oui, je sais, tu me tues. Cela restera notre secret… Bon, on fait quoi maintenant qu'on a détruit notre seule piste ?
— Tu fais exprès d'être si con ou quoi ? Ces impies n'étaient pas notre seule piste ici. Dis-moi, as-tu bien vu les deux entrepôts de Solo Industries ? C'est pas faute de te les avoir montrés, pourtant.
— Oui, je les ai vus. Et alors ?
— T'es vraiment grave comme mec : Solo, c'est une famille fortement liée à Poséidon, l'un des ennemis récurrents d'Athéna. Ce dernier a pour habitude de choisir sa réincarnation dans cette famille ayant fait fortune dans le commerce maritime. Comme par hasard, ce village qui porte la marque du seigneur des mers accueille des rebelles. Coïncidence ? Je ne crois pas !

C'est pour cela que ce nom me disait quelque chose ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, nous investissons le premier bâtiment. À part quelques centaines de kilos de poisson pas frais et une odeur pestilentielle qui me rappelle le palais du Grand Pope, nous ne trouvons rien d'intéressant. C'est au second qu'un nouvel indice apparaît. Des tas de journaux sont entreposés ici. Qu'est-ce qu'un journal peut bien faire ici ? Je m'approche pour regarder plus en détail. Je reconnais la charte graphique du Vrai Journal. Il y a plusieurs numéros. Je prends le plus récent.

— C'est quoi ce journal ? demande Marie.
— Le Vrai Journal, un nouveau quotidien qui est diffusé depuis peu au Sanctuaire et dans la région. Sa ligne éditoriale est très critique envers la politique du Sanctuaire.

J'ouvre les pages et feuillette vite fait. Je tombe sur un article qui me concerne visiblement : « Il est où, le Bélier ? ». Cela fait toujours plaisir de voir qu'au moins j'ai une place de choix dans ce journal, même s'il raconte pas mal de merde.

— Alors on trouve un journal anti-Sanctuaire dans un village de rebelles et dans un entrepôt qui est fortement lié à Poséidon. De plus en plus intéressant, tout ça…
— Tu penses que Poséidon est derrière tout ça ? Harvey m'a affirmé que son âme était enfermée dans une urne bien gardée.
— C'est le cas. Mais ce n'est pas une raison pour innocenter les Solo. Peut-être complotent-ils pour affaiblir le Sanctuaire jusqu'à temps d'avoir l'opportunité de libérer leur maître. Fais voir un peu ce qu'ils disent dans le journal.

Elle m'arrache le quotidien des mains et commence à lire.

— Hé, mais ils parlent de toi ! se surprend-t-elle.
— Ouais. En général, ils se servent de moi pour leur propagande. Ils me dépeignent comme un chevalier qui se bat pour l'intérêt du peuple.
— Vraiment ? Dois-je en conclure que tu es un rebelle ? Il vaudrait mieux que je t'élimine maintenant, au cas où…
— Ah non, non ! paniqué-je. Tout ça, c'est parce que je ne m'entends pas avec le chevalier des Poissons. C'est tout. Je n'ai pas grand-chose à faire d'eux.
— Du calme, je plaisantais… Tiens, c'est intéressant : as-tu vu le nom de la journaliste qui a écrit l'article ? Marina Solo. Comme par hasard une Solo !

Marina Solo ? Ah, mais oui, je me souviens maintenant pourquoi ce nom me disait quelque chose : c'est la jolie journaliste que j'ai croisée au salon de l'Agriculture.

— Nous avons donc une nouvelle piste. Il faut en savoir plus sur les Solo. Le siège de l'entreprise est à Athènes ; rendons-nous là-bas pour enquêter sur eux.