Arrivés à bon port

Nous étions bien arrivés et reçus comme des princes par des amis que je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer depuis de longs mois malgré que nous travaillions pour la même compagnie. Helena occupait le poste de DRH dans le service du recrutement des officiers navigants, et Patrice – son mari – était commandant de bord sur Airbus A319.

— Pat, Liebling… Si tu allais montrer leur chambre à nos invités pendant que je finis de préparer la table pour le dîner ?
— Je peux te donner un coup de main, proposa immédiatement Ingrid.
— Non, ça ira, va plutôt avec eux. Comme ça tu visiteras un peu…

Patrice nous guida vers la porte-fenêtre donnant sur le jardin, qui ressemblait plutôt à un parc illuminé par des puissants projecteurs savamment camouflés dans les plantations.

Chalet tout en rondins de style finlandais
Au fond, sous les arbres, un petit chalet tout en rondins de style finlandais

Arrivés à lui, Patrice tourna la clé qui se trouvait sur la serrure, ouvrit la porte et actionna l'interrupteur. Une lumière diffuse illumina un salon meublé d'une table en pin verni entourée de six chaises. Sous la fenêtre, un sofa. Une cheminée artificielle s'était allumée en même temps que la pièce.

— Voici votre logis pour la nuit. Au moins vous serez tranquilles ! annonça Patrice en me faisant un clin d'œil. Ici à droite vous avez la salle de bain, et juste à côté la chambre à coucher.

Il ouvrit les portes les unes après les autres pour nous montrer l'installation.

La salle de bain était typique pour un petit chalet de ce type. Un lavabo au mitigeur chromé, avec une tablette au-dessus pour y placer les ustensiles de toilette. Une douche à l'italienne d'un mètre sur un et demi avec un rideau pour éviter les éclaboussures, et dans un coin un cumulus fournissant l'eau chaude et le chauffage pour les radiateurs du salon et de la chambre à coucher.

Quant à la chambre à coucher, un lit double en 140 couvert d'une couette épaisse garnie de véritable duvet d'oie et une penderie. Sur le côté, un banc assez large pour accueillir une valise et un sac de voyage. De chaque côté du lit, une petite table de chevet en pin supportant une lanterne électrique imitant les lampes à pétrole d'antan.

— Ce n'est pas une suite du Ritz mais ça permet de dormir tranquille, commenta mon copain.
— Mais c'est formidable ! s'exclama Ingrid. Qu'en penses-tu, Schatz?
— Tu as tout à fait raison, chérie : c'est très bien… et même plus que bien !

Après nous avoir montré notre logis pour la nuit, Patrice nous précéda jusqu'au salon de la villa.
La table était dressée et Helena nous attendait avec un verre de whisky à la main.

— Qu'est-ce que je vous sers ?
— N'importe quoi, mais sans alcool s'il te plaît, lui répondis-je.
— Un cocktail de fruits exotiques, ça te va, Adam ?
— Formidable ! Merci.
— Et toi, Ingrid ?
— Je prendrai comme toi : un petit whisky.
— Moi pareillement, annonça le maître de maison.

La soirée se passa tranquillement, à la bonne franquette.

Je savais qu'Helena parlait parfaitement le français, toutefois avec une pointe d'accent teuton. Par contre, j'eus la surprise de la soirée lorsque j'entendis pour la première fois Ingrid répondre en français à une plaisanterie que venait de faire mon copain sur les femmes allemandes.

Durant le repas, les femmes discutaient de la formation et des changements futurs qui allaient s'opérer au sein de la compagnie. Elles conversaient en allemand. Quant à nous les hommes, on se remémorait le « bon temps » dans l'Armée de l'Air, bien sûr… et en français, cocorico oblige !

Helena remit à Ingrid les deux cartes magnétiques pour notre chambre à la résidence hôtelière de la compagnie où nous devions être hébergés durant les trois semaines de formation, puis elle nous détailla en quoi consistait cette instruction.

Les PNC seraient plus nombreuses à bord car il y aurait théoriquement plus de passagers. Elles devraient prendre connaissance et s'exercer aux sécurités à bord et aux évacuations des passagers et des personnels en cas d'amerrissage ou d'incendie à l'atterrissage. Pour les pilotes, ça consistait en de nombreuses heures sur simulateur de vol (au sol), puis au final en un vol réel avec un instructeur/examinateur.

La soirée se termina vers une heure du matin. Notre couple d'amis nous accompagna jusqu'au chalet qui allait nous servir de logis pour la nuit, après avoir récupéré dans le coffre de la voiture nos « charrettes » contenant nos affaires de toilette. Après nous avoir souhaité une agréable nuit, ils nous laissèrent seuls.

Il régnait à l'intérieur du chalet une température agréable. Nous passâmes directement dans la chambre à coucher. Sitôt à l'intérieur je fermai la porte donnant sur le salon. Ingrid se pendit à mon cou, et nos lèvres se réunirent dans un langoureux baiser. Elle sentait bon le parfum phare de Karl Lagerfeld ; cette femme me plaisait de plus en plus. J'étais vraiment amoureux – chose rare car depuis mon divorce datant de 1982 – et cela en dépit de mes nombreuses conquêtes féminines tout aussi belles les unes que les autres. Jamais je ne m'étais senti autant en plénitude qu'en cet instant-là, et ce depuis que j'étais revenu de Concarneau. Qu'avait-elle donc de plus que les autres ? Elle était belle, elle présentait comme une Dame, savait se tenir en société, avait de la conversation, était intelligente, posée, et sexuellement elle me donnait tout ce dont j'avais envie.

Depuis qu'elle était montée à bord la première fois, j'avais été attiré par son visage, sa beauté, son maintien et son autorité naturelle de cheffe de cabine. Elle savait, sans tomber dans l'autoritarisme que certaines femmes adoptent aussitôt qu'elles accèdent à des postes de responsabilité, se faire respecter et aussi se faire apprécier.

Avec nous – les officiers navigants – tout en assurant son service avec sérieux et gentillesse, elle avait toujours gardé ses distances, a contrario de certaines de ses prédécesseurs féminins qui « chassaient les pilotes ». Quant à nous, nous voyions en elle une femme mariée qui, tout en étant sympa, ne mélangeait pas le travail et le flirt.

Aux escales, lorsque nous devions passer la nuit à l'hôtel, les PNC avaient l'habitude de sortir en boîte le soir pour se distraire, et parfois faire du shopping en groupe. Ingrid prenait ses repas avec nous au restaurant de l'hôtel, participait aux conversations, donnait son avis sur les situations diverses auxquelles un équipage pouvait être confronté à bord durant le vol. Lorsque cela se produisait – rarement, j'en conviens – elle réglait cela à sa façon sans pour autant venir dans le cockpit demander au boss (le commandant de bord) d'intervenir. Elle me paraissait être la femme idéale que j'avais toujours désirée et souhaitée.

— Je file sous la douche, chéri.
— Je viens avec toi ? lui proposai-je avec un sourire coquin.
— Je ne préfère pas ; comprends-moi : il faut que je fasse une toilette intime, ce qu'une femme préfère faire toute seule, sans témoin…
— Tu portes toujours ton Tampax improvisé ?
— Tu plaisantes, j'espère ! Aussitôt arrivés, j'ai pris une serviette hygiénique et une nouvelle culotte dans mon « baise-en-ville » et suis allée faire une rapide toilette dans les WC d'Helena. Tu prendras ma place après.

N'ayant rien à redire, je commençai à dénouer ma cravate et à me déshabiller.

Ingrid ne fut pas longue ; elle revint enveloppée d'une serviette de bain nouée au-dessus de ses seins, et après m'avoir fait un bisou rapide sur la bouche elle ouvrit la volumineuse couette et s'allongea toute nue dans le lit.

— J'ai failli attendre mon commandant… me dit-elle en français, riant de cette bonne blague. Dépêche-toi, Liebling, je suis en train de geler sans toi dans ce grand lit !

Riche de cette promesse pleine de réjouissances, je passai dans la salle de bain. Sous le jet bienfaisant de la douche, lorsque je passai le gant de toilette sous mes génitoires, une érection durcit mon sexe qui se mit à la perpendiculaire de mon abdomen. « Décidément, pensai-je tout bas, je rajeunis ! Ou alors Ingrid doit secréter un fluide d'amour car jamais encore je ne me suis senti aussi affamé d'une femme. »

M'étant séché les cheveux, un drap de bain autour de la taille, je regagnai la chambre à coucher.
Ingrid avait pris place sur le côté gauche du lit. Elle était couverte jusqu'au menton, et seul son visage apparaissait. Elle regardait dans ma direction avec un sourire que je trouvai un peu moqueur.

— Tu comptes aller au cirque ce soir, mon amour ? me demanda-t-elle en français.
— Non. Pourquoi ?
— Parce que je vois que tu as déjà dressé le chapiteau, mon cœur !

En effet, mon sexe en érection faisait un beau chapiteau sous le drap de bain.

— Quel est le programme ? demanda-t-elle.
— Celui que tu choisiras, chérie.
— Il ne faudra pas trop tarder, Liebling : Helena m'a dit qu'il fallait qu'on se présente à la direction de la formation avant midi. L'après-midi nous aurons un speech du directeur d'exploitation.
— Et la formation commence quand ?
— Après-demain, comme prévu, à 8 heures. Allez, viens vite te coucher : te voir tout nu devant moi me donne des frissons partout…
— Des frissons d'envie ou de froid ?
— Devine…

Je m'allongeai à ses côtés. Ingrid avait ouvert la couette pour que je puisse entrer dans le lit. Elle était totalement nue. Par contre je remarquai qu'elle avait étalé une serviette éponge sous elle afin de protéger le drap de toute tache accidentelle due à nos fluides. Dès que je me fus allongé, ma compagne sur tourna vers moi, plaça sa cuisse gauche sur la mienne en la remontant suffisamment pour toucher ma verge. Son bras gauche se posa sur ma poitrine et son visage s'approcha du mien jusqu'à ce que nos lèvres se rejoignent, s'entrouvrant pour laisser libre cours à nos langues qui se rencontrèrent vite pour s'effleurer, pour jouer à « attrape-moi si tu peux » dans nos bouches. Elle fermait les yeux. Sa main me caressait le sein, jouant avec mon téton tandis que nos bouches étaient grandes ouvertes, échangeant nos salives.
Je ne sais combien dura cet échange de tendresse. À un moment donné elle me souffla dans l'oreille :

Ich liebe Dich, Adam. Du machst mich total Verrückt. (Je t'aime, Adam, tu me rends totalement dingue.)
— Moi aussi je t'aime, Ingrid, comme je n'ai encore jamais aimé personne !
— Même pas ton ex-femme ?
— Ce n'était pas pareil ; avec toi c'est différent. Je ne sais pas comment te l'expliquer.
— Et pourtant vous avez fait une fille…
— Oui. Je l'aimais, c'est certain, sinon je ne me serais pas marié. Mais ce n'était pas pareil qu'avec toi. Je ne me l'explique pas.
— Enfin, das ist Vorbei (c'est fini, c'est du passé), trancha-t-elle.
— J'ai une question qui me vient à l'esprit depuis cet après-midi, si tu permets.
— Je t'écoute, mon cœur.
— Depuis mon retour de Bretagne, nous faisons l'amour fréquemment mais nous ne prenons pas de précautions…
— Alors chéri, je vais te rassurer tout de suite. Il ne faut pas que tu te prennes la tête avec ça : je ne pourrai jamais être enceinte.
— Ah bon ?
— Je me dois d'être franche avec toi. Lorsque j'étais à l'université, à la fac de droit commercial à Cologne, j'ai eu une aventure avec un prof. Que veux-tu, quand on est jeune on ne pense pas comme à notre âge. Nous n'avions pas pris de précautions la première fois. Nous avons couché quelques fois ensemble, et je me suis retrouvée enceinte. À 19 ans, je n'étais pas prête à assumer mon rôle de maman, et le prof était marié. Comme la loi allemande interdisait les interruptions de grossesse sauf dans les cas de viol, je suis partie me faire avorter dans une clinique aux Pays-Bas. Et par la suite, lorsque j'ai fait un contrôle auprès du professeur Gerther à la fac de médecine de Cologne, on m'a annoncé que suite à cette interruption de grossesse mes trompes étaient devenues totalement imperméables, et par conséquence que je ne pourrais plus jamais être enceinte. Si tu avais voulu un bébé, je suis désolée, mon amour.

Je sentis sur son visage des larmes couler ; j'allai les cueillir avec mes lèvres. Je ne savais pas quoi dire. Parfois le silence vaut mieux que de fausses consolations, mais il peut aussi être interprété comme un acte d'accusation. Je la serrai plus fortement contre moi et elle se laissa faire comme si elle voulait incruster son corps dans le mien.

— Tranquillise-toi, ma chérie. Jamais je ne te reprocherai quoi que ce soit. J'ai une fille de mon précédent mariage avec laquelle je n'ai aucun contact car sa famille maternelle a monté un rempart entre elle et moi, de peur qu'elle apprenne la vérité sur la personne qu'a été – et qu'est toujours d'ailleurs – sa mère. Pour le moment, toi et moi nous avons une profession que nous aimons. Il va falloir que nous concilions cette profession avec notre vie privée. Pour le moment immédiat et pour quelques années encore, il n'y a aucune place pour un bébé : nous n'aurions pas le temps de nous en occuper. Et si plus tard nous devions prendre une décision, il sera toujours temps d'envisager une adoption.

Le visage d'Ingrid était sur ma poitrine ; je sentis sa main descendre sur mon abdomen. Elle avait avancé sa cuisse sur la mienne de façon à être aux trois quarts allongée sur moi.

— J'adore ta poitrine, chéri. Elle est douce, elle n'a pas de poils.

Je la tenais par les épaules, collée contre moi. Ma main est passée sous son bras pour lui caresser le côté du sein. La peau était soyeuse, douce… une invitation à une caresse sensuelle. Le parfum de ses cheveux remplissait mes narines. Je sentis sa main se saisir de ma verge et l'envelopper sans bouger. Seul son index posé sur mon gland le caressait d'un mouvement léger, sensuel et plein de délicatesse. La sensation était indéfinissable, et je sentais mon membre tressaillir chaque fois que son doigt passait sur le frein. On aurait dit une fellation sans la bouche, une masturbation du gland sans objectif de faire jouir : juste pour le câliner, pour le flatter, avoir le plaisir de le tenir dans sa main avec une peur latente qu'il ne s'échappe ou change de forme.

— Tu aimes, chéri ? me demanda-t-elle en levant sa tête pour m'offrir ses lèvres.

Je n'eus que le temps de répondre « J'adore » que nous étions en train de nous embrasser. Ingrid avait changé de position. À présent totalement allongée sur moi, ses cuisses ouvertes enveloppaient mon bassin et ses seins s'écrasaient sur ma poitrine. Mes mains posées dans son dos la serraient fort contre mon corps tout en la caressant. L'une d'elle avait atteint le haut de ses fesses qui commençaient à remuer lentement d'avant en arrière. Ma verge en totale érection s'était d'elle-même (ou alors avait-elle été aidée par un savant mouvement des hanches de ma compagne ?) allée se loger entre ses cuisses qu'elle avait refermées aussitôt qu'elle avait senti son sucre d'orge venir se placer là où elle le désirait. Il butait contre ses grandes lèvres qui, vu la position, étaient lubrifiées dans une invite sans équivoque. Mon gland butait contre l'entrée du vagin qui déjà se préparait à le recevoir en produisant son lubrifiant naturel.

Ingrid souleva légèrement son abdomen afin de laisser le passage nécessaire à sa main. Elle prit délicatement mon sexe et le plaça à l'entrée de son vagin tout en donnant un mouvement de descente à son corps afin de l' introduire. Sentant que ma verge était entrée, j'accompagnai d'un mouvement du bassin son cheminement dans ce fourreau d'amour, tout chaud, visqueux à souhait.

— Ne bouge pas… me chuchota Ingrid à l'oreille. Laisse-moi te faire l'amour, mon chéri.

Je ne bougeai pas. Consentant à cette immobilité, j'acceptai de recevoir, de ressentir cette occasion de connaître la volupté du don qui m'était offert. Ingrid alternait des mouvements du bassin d'avant en arrière jusqu'à presque faire sortir mon sexe de son corps, mais savait s'arrêter avant cela pour se l'introduire à fond. Je ressentais parfois les parois de son vagin se resserrer autour de mon gland, puis une ondulation qui ressemblait à celle que font les vahinés au cours de leur danse sensuelle, le hula.

J'étais aux anges. Je fermai les yeux, attentif aux sensations de ce moment sacré.

Alors que les bras d'Ingrid étaient posés sur mes épaules et que sa bouche était soudée à la mienne, j'eus la sensation que sa respiration s'accélérait, devenant plus profonde et rauque. Je ne pus m'empêcher de donner des coups de bassin afin de la pénétrer plus profondément. La respiration haletante laissa place à des mots, dans un mélange d'allemand et de français :

Och jaaaaa! Je viens, Liebling! Komm, je t'aiiiiime…

Tout son corps se raidit soudainement, comme tétanisé. Au même moment, sans crier gare, un éclair me passa devant les yeux et je jouis en elle dans un orgasme fulgurant. Je ne bougeais plus. Elle non plus. Nous étions là, deux corps immobiles, respirant à peine, appréciant, dégustant le summum du plaisir que deux êtres amoureux puissent s'offrir. Nous restâmes ainsi l'un sur l'autre.

Lorsque je pris ses lèvres pour un baiser, je remarquai qu'elle venait de s'endormir. Sa respiration était régulière, légère. Elle bougea la tête pour la placer sur mon épaule, et nous partîmes ainsi tous deux ensemble pour un merveilleux voyage au pays de Morphée.