Une soirée pas catholique dans la cité des Papes (2/2)

Je m'installe de nouveau au bar et commande un autre cocktail. Des images de Nath' prise par ces deux hommes me reviennent à l'esprit, font renaître l'excitation en moi.

« Que ce doit être bon d'être prise comme ça… »

Je me sens piquer un fard en revoyant dans mon esprit le film de leur trio et en m'imaginant à sa place. Je regarde autour de moi, à la recherche de mon amie, mais je ne la trouve pas. Il ne me reste plus qu'à l'attendre tranquillement assise au comptoir ; elle m'y retrouvera bien. Je prends une longue gorgée de piña colada et apprécie le liquide frais, épais et parfumé qui s'écoule le long de ma gorge. Je le sirote tranquillement quand une voix m'interrompt :

— C'est dommage qu'une si jolie femme doive se satisfaire seule à ce genre de soirée.

Je lève les yeux et vois le visage souriant du serveur. Mes joues s'enflamment encore plus.

« Oh mon Dieu ! La honte ! »
« Je te l'avais bien dit ! »
« Pfff… il a aimé. »
« Mais qui d'autre a pu me regarder ? »

— J'espère que vous ne m'avez pas oublié.

Je lui souris en retour, un peu embarrassée, en posant mon verre sur le comptoir. La proposition est plus que tentante, mais j'ai envie de rester un peu seule. Je réfléchis rapidement à une réponse adaptée quand une voix chaude et profonde me devance :

— Désolé, mais mademoiselle est prise.

Je frissonne au son de cette voix. Mon corps se fige brutalement, manquant de renverser mon verre qu'une large main repose sur le comptoir. Cette voix, dans laquelle pointe une autorité naturelle que le serveur ne peut combattre, m'envoûte immédiatement. Il me salue, dépité, avant d'aller servir d'autres invités impatients de passer leur commande.

Je n'ose pas bouger. Je ne parviens pas à lever les yeux. Je peux sentir sa présence écrasante qui me domine. Je ne peux pas détacher mon regard de ses chaussures noires, légèrement brillantes, l'ourlet de son pantalon qui tombe parfaitement sur son cou-de-pied, le pli de la jambe impeccablement marqué. Je reste tétanisée, sentant le poids de son regard sur moi.

— Quelle surprise de vous trouver ici, reprend la voix tandis que son propriétaire s'assoit. Une bière, s'il vous plaît.
— Bien, Monsieur, répond la voix d'une serveuse, cette fois.

Je me mordille la lèvre. Je ne sais pas quoi faire. Je l'entends bouger. Je sens l'odeur boisée de son eau de toilette m'envelopper alors qu'il se penche vers moi.

— Je ne vais pas vous manger toute crue, me murmure-t-il. Même si vous êtes appétissante.

Je relève brutalement la tête, les sourcils froncés.

— Monsieur, je ne vous permets pas !

Ses lèvres charnues s'étirent en un sourire ravageur. Mon regard peine à quitter ses lèvres charnues, un appel au vice. Il semble plus âgé que moi, entre quarante et quarante-cinq ans max. Son visage est assez carré, son teint hâlé, le nez légèrement dévié sur la droite, comme s'il avait été cassé, encadré d'une paire d'yeux d'un noir profond dans lesquels j'ai l'impression de sombrer.

— Ah, enfin vous réagissez, me lance-t-il sur un ton moqueur avant de prendre une gorgée de bière fraîche.

Je n'arrive pas à détacher mon regard de sa pomme d'Adam qui monte et descend à chaque gorgée. Comment est-ce que je peux trouver ça si sexy ? Il transpire la classe par tous les pores de sa peau. Il repose son verre et m'offre un sourire aussi énigmatique que ravageur. À faire fondre une pierre, ce sourire !

— Vous m'avez offert un magnifique spectacle tout à l'heure.

Il dit cela sans ironie, un brin taquin. Je me sens rougir jusqu'aux oreilles et prends une gorgée de cocktail pour me donner une contenance. D'une voix étranglée, j'essaie de changer de sujet :

— Vous… vous connaissez Paul ?

Mon hésitation agrandit son sourire. Je me sens fondre de l'intérieur. Il hausse les sourcils.

— Vous découvrirez que notre monde est assez petit. Tout le monde connaît tout le monde ici… ou presque, dit-il en me pointant du doigt avant de poser son verre.
— Votre… monde ?
— Vous n'y semblez pas à votre place. Je me trompe ?

Je laisse ma tête tomber au-dessus de mon verre.

— Est-ce… aussi évident ?

Il me relève la tête de sa main sous mon menton.

— Quand je vous ai vue entrer, dit-il en reprenant sa bière, j'ai eu l'impression de voir un agneau entrer dans le cercle des loups. Il fallait voir les regards que les hommes ont posés sur vous.

Je frissonne rien que d'y penser.

— Vous avez raison, je n'ai pas ma place ici.

Je me lève brusquement pour fuir dans la chambre et m'y enfermer à double tour, mais une main ferme enserre mon poignet pour m'arrêter dans mon geste. Mes sourcils se froncent à nouveau.

— Veuillez me lâcher, Monsieur, dis-je en baissant les yeux.
— Redites-le-moi en me regardant dans les yeux.

Je me sens prise au piège. Je ne vais pas y arriver. Je me mordille la lèvre à nouveau.

— Veuillez… me lâcher, Monsieur, s'il vous plaît.

Mon ton commence à manquer de conviction.

« Pourvu qu'il cède avant moi… »
« Il ne le fera pas, murmure Rationnel, inquiet. »
« Oh non, il ne le fera pas ! ajoute Animal, excité. Il n'est pas près de te lâcher. »

— Vous n'en avez pas envie, n'est-ce pas ?

Mon regard finit par croiser le sien : noir, profond, magnétique, déterminé. Cet homme obtient toujours ce qu'il veut, j'en suis persuadée.

— Je vous en prie, asseyez-vous… Clémence.

Je tressaille en l'entendant prononcer mon prénom.

— Que… comment ?
— Paul, répond-il simplement.
— Ah, bien sûr, réponds-je en me rasseyant, intimidée par son regard. Vous… vous avez un avantage sur moi, Monsieur.

Il esquisse un sourire énigmatique avant de reprendre une gorgée de bière. J'attrape mon verre et prends un peu de cocktail. Un silence gêné s'installe. J'ignore ce qu'il me veut. Mes doigts commencent à trembler alors que je repose mon verre.

— Ne vous inquiétez pas : je vous protégerai de ces loups affamés.

Je déglutis péniblement.

— Et… qui me protégera du chef de la meute ?

Il éclate de rire.

— Il semble que vous m'ayez bien cerné.

Il glisse un regard vers la baie vitrée. Je suis son mouvement et vois Nath', qui nous observe d'un air sévère, les bras croisés sur la poitrine.

— Mais j'ai l'impression qu'une tigresse veille sur son petit, dit-il en levant son verre dans sa direction.
— J'ai de la chance, oui.

Savoir que Nath' est là, même à l'autre bout de la grande salle, me rassure énormément. Cet homme m'impressionne encore plus maintenant que je le vois. Sans être une bombe anatomique, il est très séduisant. Une aura autoritaire émane de lui, ne faisant qu'augmenter son charme. C'est le genre de type à avoir toutes les femmes à ses pieds d'un claquement de doigts, j'en suis persuadée.

— Non, ce soir, je crois que c'est moi qui en ai. Je ne pensais pas vous retrouver ici.
— Un pur hasard…
— Croyez-vous vraiment au hasard ?

Il laisse sa phrase un instant en suspens. Que sous-entend-il ? Est-ce organisé ? Comment aurait-il pu savoir que je venais ? Par Paul, avec la liste des invités ? Je n'arrive pas à imaginer que le gentleman qui nous a accueillies ait pu divulguer une telle information. Je me reprends et esquisse un sourire timide.

— Peut-être trouverez-vous meilleure compagnie auprès de ces jeunes femmes qui vous dévorent du regard.

Je lui indique un groupe de trois jeunes femmes, plus sexy les unes que les autres, dans des tenues plus que provocantes, lui envoyer des regards et des sourires tout aussi aguicheurs.

« Bien joué. Essaie de détourner son attention. »
« Tu n'es pas convaincante, il ne marchera pas. »

— Ce soir, il n'y a qu'une femme qui m'intéresse et elle est assise en face de moi.
— Moi ? hoqueté-je de surprise. Monsieur, ne vous moquez pas…
— Détrompez-vous, Clémence. Je ne me moque pas, loin de là.

Mon prénom sonne agréablement sur ses lèvres. Je me surprends à espérer l'entendre le prononcer encore. Je déglutis péniblement.

— Ce n'est pas gentil, Monsieur.
— Je n'ai jamais dit, me chuchote-t-il en se penchant sur mon oreille, que j'étais quelqu'un de gentil, Clémence. Juste que je ne me moque pas de vous.

Je frissonne encore en l'entendant dire à nouveau mon prénom. Je l'ai toujours détesté, ce prénom, mais là, prononcé par ses lèvres, je l'adore.

— Et puis je ne connais même pas votre prénom, hasardé-je pour changer de sujet.
— Je compte bien garder cette longueur d'avance, dit-il en rapprochant encore ses lèvres de mon oreille, Clémence.
— Ce n'est pas du jeu, lui murmuré-je à l'oreille en retour, Monsieur.

Il glisse sa main sur ma cuisse. Il écarte doucement les pans de ma robe jusqu'à la dentelle de mes bas. Ses doigts explorent lentement le haut de ma cuisse. Je me sens parcourue de doux frissons.

— Qui dit que c'est un jeu pour moi, poursuit-il alors que sa main remonte sur ma taille. M'accorderiez-vous cette danse ?
— Je ne suis pas très bonne danseuse, réponds-je en espérant le décourager.
— Je me ferai un plaisir de vous guider, dit-il en me tendant la main.

J'hésite un instant.

« Ça ne t'engage à rien, murmure Animal. »
« Je ne peux pas le nier, avoue Rationnel, de nouveau battu. »

Je glisse ma main dans la sienne. Ses doigts se referment sur les miens, les enveloppant entièrement. Sa main est forte et chaude, mais aussi légère et délicate. Il pourrait me broyer les doigts s'il le souhaitait. Laissant mon cocktail à moitié bu, je me lève et me laisse entraîner au milieu des autres couples. J'entends quelques murmures sur notre passage, mais j'imagine qu'ils sont plus destinés à mon cavalier qu'à moi. D'un geste souple, il me fait tourner devant lui et sa main libre se pose sur ma taille. Il garde une légère distance entre nous. J'ai beaucoup de mal à me détendre : je suis une piètre danseuse, raide comme un manche à balai.

— Détendez-vous, me conseille-t-il. Je vous guiderai aussi longtemps que vous le désirerez.

Ses mots me font frissonner. Pourquoi ai-je la sensation qu'ils ont un double sens que je n'arrive pas à percevoir ? Pourquoi est-ce que je vois le mal partout maintenant ?

Sa main glisse de ma taille au creux de mes lombaires pour me serrer contre lui. Je ne peux pas lutter, car je n'en ai pas envie. Je pose mes mains sur ses épaules et ferme les yeux pour profiter de son étreinte. La joue contre son épaule, je m'enivre de son odeur.

Autour de nous, des couples dansent langoureusement, se caressent plus ou moins discrètement, entament les préliminaires de leurs ébats. Je sens la chaleur de sa peau à travers sa chemise. Lentement, je sens mon corps se détendre contre le sien. Ses mains et son bassin guident mes mouvements. J'ai l'impression d'être une marionnette entre ses mains.

« C'est si bon de se laisser aller… »

Mes mains se glissent derrière sa nuque. Sa langue me caresse déjà le lobe de l'oreille, m'arrache des frissons. Ses mains me caressent lentement le dos. J'ignore si c'est le spectacle que m'ont offert Nath' et ses deux partenaires ou bien mon plaisir solitaire, ou encore de savoir que cet inconnu a pris plaisir à me regarder, mais je sens l'excitation me gagner rapidement.

Il me fait tourner pour plaquer mon dos contre son torse. Ses mains glissent sur mon corps, l'une vers mon décolleté, l'autre entre mes jambes. Je me cambre pour me coller un peu plus contre lui. Autour de nous, les couples nous jettent des regards gourmands, continuent à se caresser mutuellement, mais curieusement cela ne me dérange pas. Sa main droite ouvre mon décolleté, dénudant mes seins nichés dans leurs balconnets. Je gémis lorsqu'il les caresse l'un après l'autre. Son autre main me caresse le pubis et il glisse un doigt jusqu'à mon clitoris. Je laisse échapper un gémissement tandis qu'il me pince le clitoris et mon téton. Il me fait me retourner contre lui.

— Vous saurez que je ne suis pas très partageur, Clémence.
— Bien, Monsieur, me contenté-je de répondre, ne trouvant rien d'autre à dire.

Sa main glisse le long de ma cuisse jusque sous ma robe, pour la remonter contre la sienne et me plaquer le bassin contre le sien. À travers le tissu de son pantalon je sens son sexe contre le mien. Je ne peux m'empêcher de me frotter contre lui. Mes lèvres humides glissent sur sa fermeture éclair. D'une main, il me caresse un sein, me pince le téton, tandis que de l'autre il me tire doucement les cheveux. Ses lèvres parcourent de nouveau mon cou jusqu'à mon oreille que son souffle chaud chatouille.

— Te rends-tu compte à quel jeu tu joues, Clémence ?

Je suis surprise du tutoiement soudain, mais je ne me démonte pas. Mon corps a brutalement envie du sien.

— Qui dit que c'est un jeu pour moi ? lui demandé-je en reprenant ses propres mots.

Il rit en me léchant la peau. Sa langue descend jusqu'au lacet de mon bustier entre mes seins. Il en attrape l'extrémité avec ses dents et tire dessus pour en défaire le nœud. Il délace petit à petit mon vêtement pour me libérer la poitrine qu'il caresse d'une main tandis que l'autre glisse jusqu'à mon sexe. Il me pince délicatement les lèvres, les fait glisser l'une sur l'autre. Une bouffée de chaleur m'envahit.

— Ça ne choquerait personne si je te prenais maintenant.

Il glisse un doigt entre mes lèvres. Je regarde autour de moi : plusieurs couples ont les yeux fixés sur nous. Je devrais me sentir gênée, mais les regards sur nous m'excitent encore plus.

— Je crois que certains d'entre eux m'ont déjà regardée tout à l'heure, dans la pièce…

Il m'attrape le poignet et m'entraîne en dehors de la salle. Je le suis, excitée, sans dire un mot. Il m'entraîne vers la première pièce dont la porte est ouverte. Je me fige brusquement. Il s'arrête net, m'adressant un regard surpris. Je secoue la tête et tourne mon poignet dans sa main.

— Tu ne veux pas ?
— Si… mais… je préfère ma chambre, lui murmuré-je à l'oreille, intimidée par ma propre audace.

Je l'entends hoqueter, et cette fois c'est moi qui lui attrape le poignet pour l'entraîner à l'étage jusqu'à ma chambre. Avec fébrilité, j'ouvre la porte. À peine entrés, il la referme brutalement derrière nous et me plaque contre le mur. Je me suis déjà retrouvée dans cette situation avec Daniel, mais cette fois… cette fois… je ne veux pas le repousser. Il me libère de son emprise et m'entraîne vers le fauteuil qui trône près de la fenêtre. Les rideaux de la fenêtre sont grand ouverts et la lumière de la pleine lune inonde la chambre et le fauteuil, comme s'il avait été placé là à dessein. Il me fait reculer jusqu'à ce que je le sente derrière mes jambes. Le velours de l'assise me caresse les mollets. Mes mains se portent à sa ceinture, mais il m'arrête.

— Je m'occupe de toi.

Résignée, je laisse mes mains tomber le long de mon corps. Il défait la ceinture de ma robe et la fait glisser le long de mon corps avant de l'envoyer valser au loin. Il observe avec attention, se passant la langue sur les lèvres. Il glisse ses bras autour de ma taille pour me coller contre lui et s'empare de ma bouche. Sa langue force le passage de mes lèvres et explore langoureusement ma bouche. Ses mains descendent jusqu'à mes fesses et les malaxent fermement. Je laisse échapper un soupir tandis que sa main droite glisse sous ma cuisse gauche et la remonte contre son bassin. L'autre main glisse dans le creux de mon dos. Je me cambre pour lui offrir la plus belle vue possible sur mon corps. Il me sourit.

— Caresse-toi.

Il me plaque plus fermement le bassin contre le sien. Je sens son sexe dur et gonflé avant qu'il me pousse dans le fauteuil. Il n'a pas besoin de répéter son ordre : mes mains glissent d'elles-mêmes sur mon corps. Je saisis mes seins à pleines mains, les malaxe avec délicatesse. Je me pince les tétons, les fais pointer sous son regard gourmand.

Il affiche un regard concupiscent. Je sens ses mains passer sous mes cuisses et les poser sur les accoudoirs. Il recule de quelques pas, comme pour m'admirer. Je glisse alors mon index entre mes lèvres, le suce délicatement, et de l'autre je me caresse les seins, les tétons que je pince avec délicatesse. Puis mes mains descendent sur mon string. Ma respiration s'accélère lorsque j'écarte le délicat triangle de tissu.

Il se débarrasse de sa veste de smoking et vient s'agenouiller entre mes cuisses. Il prend mes mains pour les poser chacune sur un genou. Il tire mon bassin pour le rapprocher du bord de l'assise. Je renverse la tête en arrière pour laisser ses lèvres courir le long de mon cou, jusque sur ma poitrine. Ses lèvres suçotent mes tétons qui durcissent entre ses dents lorsqu'elles les mordillent. Mes gémissements se font plus sonores alors qu'il me tète un sein et me malaxe l'autre.

Ses lèvres quittent mon mamelon pour descendre sur mon pubis. Il défait les petits nœuds qui retiennent mon string pour le retirer. Ses doigts écartent mes lèvres entre lesquelles s'engouffre sa langue. Je me cambre de plaisir tandis qu'il me mordille la peau, si sensible dans cette zone, et aspire les petites lèvres. Je sens mon jus couler sur ses doigts et goutter doucement sur le sol. Ses lèvres remontent pour agacer mon clitoris et le sucer. Je frémis de plaisir sous cette caresse. Je pose mes mains sur sa tête pour l'inviter à me lécher plus profondément. De ses doigts il écarte un peu plus mes lèvres tandis que sa langue s'enfonce encore plus. Je gémis de plus belle.

Alors qu'il se redresse, ses doigts prennent le relais, s'enfoncent profondément dans mon vagin. Il appuie la paume de son autre main sur mon pubis. Lorsque je le regarde, je vois un sourire de satisfaction s'afficher sur son visage. Mes muscles se contractent autour de ses doigts, ce qui renforce mon plaisir. Il glisse un troisième doigt, m'arrachant un cri de surprise et s'empare de l'un de mes seins de sa main libre. Je me tortille sur le fauteuil quand il se met à me téter l'autre sein. J'en ai les larmes aux yeux. J'ai l'impression que mon corps va exploser entre ses mains. Sans doute me sent-il trop tendue car ses doigts quittent mon sexe assez brutalement.

— Non… murmuré-je faiblement.

J'entends le zip d'une fermeture éclair que l'on défait et sens le poids de son sexe sur le mien. Mais il ne me pénètre pas tout de suite. Il se penche sur moi et me glisse à l'oreille :

— Supplie-moi.

Je sais que je ne devrais pas, mais je me sens faible entre ses mains. Je suis à sa merci. J'en veux plus, j'en ai besoin.

— Prenez-moi, Monsieur.

Il hausse un sourcil.

— Encore.
— S'il vous plaît, faites-moi vôtre.

Je sens son gland entre mes lèvres, prêt à s'enfoncer.

— T'offres-tu à moi ?
— Je m'offre à vous, Monsieur.

« Mais qu'est-ce que je dis ? Qu'est-ce que je fais ? »
« Arrête maintenant ! hurle Rationnel. »
« Trop tard ! répond Animal avec jubilation. Tu es cuite, petit agneau ! »

Je ne résiste pas à l'envie de glisser mes mains sur mon sexe pour me caresser. Il se saisit de mes poignets et les plaque d'une main contre le dossier du fauteuil, au-dessus de ma tête, avant de me tirer un peu plus au bord de l'assise. J'ai presque les fesses dans le vide, les cuisses plus écartées que jamais ; une exquise douleur remonte jusqu'à mon sexe ouvert.

Il glisse sa main libre dans mon dos, et d'un brusque coup de reins il s'enfonce en moi. Il me pénètre avec force, mais sans précipitation. Il a l'intention de faire durer le plaisir. La brutalité dont il fait preuve m'excite beaucoup, toujours à la limite de la douleur. Chaque coup de reins m'arrache un cri.

— Vas-y, me dit-il. Ça ne gênera personne ici.

Je me sens secouée dans tous les sens. Je gémis de plus en plus fort. C'est à peine si je reconnais ma propre voix. Il se retire brusquement. Je sens mon jus couler doucement entre les lèvres, mouiller le revêtement du fauteuil. Il y a quelques jours, cela m'aurait mise mal à l'aise, mais là, je m'en moque. Tout ce qui m'importe pour le moment, c'est le plaisir qu'il me donne. Je me tortille, essaie de me libérer de sa main, mais il renforce sa prise sur moi.

— C'est moi qui décide quand tu es libre. Tourne-toi.

Avec maladresse, je m'exécute et me mets à genoux sur l'assise du fauteuil. Sa main me caresse les fesses, me pince de temps en temps. Il se saisit de mes cheveux, me les tire avec fermeté.

— Tu es excitante comme ça.

Son autre main me malaxe un sein, m'en pince le téton.

— Il y a tellement de choses que j'ai envie de te voir faire…
— Ordonnez, et j'obéirai.

« Qu'est-ce qu'il te prend de lui répondre ça ? hurle Rationnel. »
« Ça vient tout seul, sans que tu le contrôles, parce que… tu en as juste envie, murmure Animal. »
« Jamais un homme ne m'a fait cet effet ! »

Il se presse contre moi, m'empoigne les seins, les malaxe sans douceur. L'une de ses mains descend vers mon sexe. Entre deux doigts, il titille mon clitoris, m'arrache des cris de plaisir. Je n'en peux plus. Sa main glisse sur mon sexe avec insistance.

— Je n'ai jamais vu une femme comme toi. J'adore.

Je n'arrive même pas à répondre car ses doigts me pénètrent profondément. Mon bassin suit ses mouvements. Je sens son pouce étaler mon jus sur mon anus avant de le caresser avec force. Il en fait le tour, le presse. Il engage légèrement son doigt.

— Non, Monsieur, pas là s'il vous plaît !
— Hmmm… tu n'as jamais été sodomisée ?
— N-non, Monsieur, avoué-je, honteuse.

Honteuse de quoi ? De la question qu'il m'a posée ou de la réponse que j'ai dû lui donner ?

— Ce n'est pas grave, nous verrons une autre fois.

Je lâche un râle alors qu'il me pénètre à nouveau. Je sens mon jus couler à l'intérieur de mes cuisses. Ses va-et-vient s'accélèrent, deviennent plus brutaux. Ses doigts s'enfoncent dans ma chair. Chaque assaut me fait crier de plaisir. Je n'en peux plus, je suis à bout de souffle. Ses bras enlacent ma taille tandis que sur un dernier coup de reins il se lâche en moi. Son râle résonne dans mon oreille.

Petit à petit, je le sens de moins en moins en moi. Il se retire. Je m'effondre contre le dossier du fauteuil. Sa main me caresse les cheveux, mais je suis incapable de bouger. Ses bras m'enveloppent et me soulèvent avec douceur. Je sens son souffle chaud contre mon oreille. Il me dépose sur le lit avec tout autant de délicatesse que s'il avait peur de me casser en mille morceaux.

— Tu es superbe quand tu t'offres comme ça, dit-il en me déshabillant complètement. J'espère bien aller plus loin avec toi.

Il dépose un chaste baiser sur mon front avant de rabattre la couette sur moi. Ses derniers mots sonnent comme une promesse de nouveaux plaisirs tandis que je l'entends quitter la pièce. Je me recroqueville sous la couette. Mon corps semble partagé entre une grosse fatigue et un désir exacerbé.

Pour le moment, je ferme les yeux et me laisse emporter par une douce torpeur.


Lorsque le petit matin me surprend, je suis emmitouflée dans la couette, dans la même position où il m'a déposée. Mon corps est tout endolori de la soirée. Je n'ai jamais passé une nuit aussi mouvementée. Me demandant si je n'ai pas rêvé, je me redresse lentement. La tête me tourne un peu. Je jette un coup d'œil autour de moi et vois le fauteuil de nos ébats baignant dans les doux rayons du soleil. Se dessinent sur le dossier les contours de ma robe et de mon bustier.

« Un bon point pour lui, constate Rationnel. Il est ordonné. »
— Pas de bon matin, steuplé… marmonné-je en me recouchant.
« Ha-ha ! Du mal à t'en remettre, hein ? jubile Animal. Tu as bien profité, petit agneau. »
— La ferme, vous deux ! Foutez-moi la paix.

Prise d'une grande flemme, je me tourne sur le côté et referme les yeux. J'ai l'impression de me sentir toute légère, comme sur un petit nuage tout moelleux que je n'ai absolument pas envie de quitter.