Pacte avec un ange déchu

Enfin c'est vendredi ! La semaine a été longue, et le week-end sera le bienvenu.
Je regarde la pendule : j'ai l'impression de voir les aiguilles avancer au ralenti. À peine dix heures, et sur mon bureau commencent à s'entasser les dossiers de vacances des employés de ma boîte. Au moins l'amoncellement de travail m'empêche de penser à vendredi dernier.

« Jamais je n'aurais imaginé être capable d'un truc pareil… »

Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'il m'ignore complètement depuis lundi. Nos rares rencontres restent courtoises, sans aucune allusion à notre entretien, aux documents que j'ai modifiés et lui ai remis. Je pousse un profond soupir et commence à archiver quelques dossiers.

— Pourquoi est-ce que ça me stresse autant ? murmuré-je.
« Tu meurs d'envie de te retrouver sous ses ordres, mon petit agneau. Aurais-tu peur qu'il te rejette maintenant ? »
« Ce ne serait pas plus mal que ce soit maintenant ! Au moins, tu pourras bosser tranquillement. Et tu ne souffriras pas. »

— Oui, c'est clair : s'il ne me harcèle pas, je serai tranquille.

Alors que je suis accroupie près d'un casier, j'entends frapper à la porte de mon bureau. Je tourne la tête et vois un coursier appuyé contre l'encadrement de la porte, le regard porté sur mes cuisses. Je regarde dans la même direction et vois que ma jupe est suffisamment relevée pour laisser apparaître la dentelle de mes jarretelles. Je souris intérieurement et me redresse lentement.

— Salut, besoin de quelque chose ?

Il hausse un sourcil.

— Oui, votre signature.
— Pas de souci.

Je referme le casier du pied et me penche exagérément par-dessus mon bureau pour attraper un stylo. Je sens ma jupe remonter sur le haut de mes cuisses… et le coursier, derrière moi, se rince probablement l'œil. Je parviens à attraper mon stylo du bout des doigts.

— Le voilà, le coquin.

Il me tend alors une grosse enveloppe et l'avis de réception à signer. Je le lui rends avec un beau sourire. Il le saisit, gêné, et tourne rapidement les talons vers la sortie. Je vois Mathieu traverser l'open-space et s'arrêter discuter avec Richard. Les deux hommes se tournent vers moi, Richard en hochant la tête et Mathieu posant sur moi son regard de chef de meute.

Je soupire et referme ma porte pour aller m'installer derrière mon bureau. Je sors l'enveloppe de mon tiroir et la pose devant moi. Des passages du contrat me reviennent à l'esprit : « L'élève accepte de se faire guider par son Maître. Elle accepte de lui faire confiance et d'obéir à ses ordres et recommandations sous risque de sanctions. »

« Quelles pourraient être ces sanctions ? Fessées ? Fouet ? Jusqu'où est-il capable d'aller ? Jusqu'à quel point pourrais-je tout supporter et accepter ? »

« L'élève qui entreprend une éducation doit connaître ses obligations et formuler – sinon ses désirs – des espoirs et des buts. »

« Je ne connais même pas mes désirs, encore moins mes buts… »

« L'élève fonctionne mieux lorsque les paramètres sont définis, ce qui lui donne la confiance d'avancer vers un abandon à son Maître. Ce n'est ni une acceptation de la bêtise ou du machisme, mais l'abandon de soi pour mieux être guidée et vivre ses désirs. »

— En serais-je seulement capable ? marmonné-je.

Je reprends le post-it bleu et relis le message écrit de sa main : « Ce contrat n'a aucune valeur légale mais une forte valeur symbolique. Il permet de définir l'orientation de nos séances, qu'elles durent quelques heures ou plus. Il donne un but commun et aide à choisir la bonne décision pour le plaisir. »

— Aucune valeur légale, hein ? murmuré-je.

D'après le contrat, si je le signe, j'accepte de m'offrir entièrement à lui où, quand et comme il le souhaite, et même à d'autres hommes s'il le décide. Ce point-ci me fait tiquer ; l'autre point est le sexe anal, que je n'ai jamais pratiqué. Non pas parce que ça me dégoûte, mais parce que je n'en ai jamais eu l'occasion.

— Une marque d'appartenance ? Bracelet de cheville, piercing, collier… ce n'est plus de la soumission, mais de l'esclavage…
« Non, car la soumission est l'acceptation de ce statut. » glisse sournoisement Rationnel.
« Pas mieux ! » jubile Animal.
— La ferme, vous deux !

Je range le contrat dans l'enveloppe et prends le dossier « Devoirs du Maître et de la soumise. »

— Voyons… Obéissance, confiance, honnêteté, fidélité, don de soi, humilité, envie d'apprendre… Bref, des qualités que l'on peut retrouver chez un employé de n'importe quelle entreprise, finalement, mais ramenées au plaisir et à un seul homme. Et lui, dans tout ça ? demandé-je en cherchant les « Devoirs du Maître. » Écoute, dialogue, respect, humilité, intégrité, blablabla… équité, maîtrise de soi… bienveillance… bah, toutes les qualités que l'on peut chercher chez un supérieur hiérarchique.

Je sors maintenant ma copie de la check-list. Il s'agit d'une liste de pratiques sexuelles imposées à la soumise par le Maître, répertoriées dans un tableau sur quatre pages. À chacune d'entre elles je dois apparemment indiquer si je l'ai déjà fait ou non, si j'aimerais le faire, mes craintes et mes aversions. J'y trouve de tout : du simple menottage au ligotage en suspension, de la pénétration à la dilatation, de la fessée à la privation de sommeil. Il y a tous les degrés de perversion possibles et imaginables… même si certains dépassent mon imagination et mes craintes, comme l'insertion d'aiguilles, l'étouffement, le marquage de la peau et j'en passe. La première fois que j'ai lu cette liste, j'ai été si horrifiée que je l'ai balancée loin de moi.

— Je ne peux pas croire qu'il aime ce genre de choses ; c'est… abominable !
« C'est un pervers. Il est dangereux. »
« C'est une liste standard. Je suis sûr que si tu regardes sur le net, tu trouveras la même, mot pour mot. »

Je l'ai cherchée sur Internet ; ce monde m'épatera toujours… et pas toujours dans le bon sens du terme : on y trouve tout et n'importe quoi… enfin, surtout n'importe quoi. Mais cette liste figure sur plusieurs sites BDSM qui me semblent assez sérieux. Je me suis même inscrite sur un groupe de discussion sur le net dont les débats m'ont permis d'y voir plus clair.

— Donc oui, elle est standard, mais ça ne veut pas dire qu'il aime tout ça.

J'ai barré mes aversions et surligné en orange mes craintes et en vert ce que j'accepte sans réserve. Je suis surprise de la quantité de lignes surlignées en vert.

« Perverse ! »
« Connaisseuse… »

— Curieuse.

Plongée dans mes doutes, je suis surprise par la sonnerie de mon téléphone de bureau. Je regarde le numéro affiché : Richard. Je décroche.

— Clémence, excuse-moi de te déranger. On a un souci pour ce soir. Tu peux venir dans mon bureau ?
— J'arrive.

Je raccroche. Le ton de Richard n'augure rien de bon pour cette fin de journée. Je regarde la pendule : quatorze heures quinze. Je me lève et gagne le bureau de Richard. Il me fait signe de m'asseoir. Je prends place dans un fauteuil en face de lui ; il semble vraiment désolé.

— Je suis navrée, Clémence. J'espère que tu n'as pas de projets pour ce soir.
— Pas encore.

Je comptais étudier les documents de Mathieu ce soir, en rentrant. Si Richard commence à me parler comme ça, c'est qu'il y a un souci.

— Monsieur Guillermo veut voir la compta du CE. Mais Arlette est absente aujourd'hui.

Arlette est ma collègue au CE. Elle m'a tout appris de la comptabilité. Après elle, je suis la seule à connaître tous nos dossiers. Et difficile de dire non car Richard est très sympa et m'a souvent dépannée quand j'en ai eu besoin…

— Il veut ça pour quelle heure ?
— Fin d'après-midi. Il passe dans tous les services aujourd'hui. Il termine par le nôtre.

Je hoche la tête avec un sourire. Décidément, je ne peux rien lui refuser. Richard pousse un soupir de soulagement.

— C'est vraiment gentil de ta part, Clémence.
— OK. Bon, ben j'y retourne alors.

De retour à mon bureau, je range soigneusement les documents dans l'enveloppe, et celle-ci dans mon tiroir. Je sors les dossiers « Compta » et prépare un petit résumé, avec les balances des comptes des années précédentes. Mes dossiers étant à jour, cela ne me demande pas beaucoup de temps.

Vers quinze heures trente j'ai terminé, et j'ai même le temps de faire une pause. Je me lève, m'étire longuement avant de quitter mon bureau. Je papote avec quelques collègues qui finissent leur pause autour de la cafetière et me sers un café. C'est alors que je le vois sortir du bureau de Richard. Très élégant en costume noir et chemise pourpre agrémentée d'une cravate assortie. Il se tourne vers moi, un sourire poli sur les lèvres.

— Dix-sept heures. Dans mon bureau.

Je me contente de hocher la tête. Son ton est sec et maîtrisé, très professionnel. Il a l'habitude d'être obéi au doigt et à l'œil. Je m'appuie contre la table en croisant les bras sur ma poitrine.

— Aucun souci, Monsieur.

Il s'approche de moi. Je sens son parfum enivrant, son haleine parfumée au café. Il se penche vers moi jusqu'à ce que sa bouche soit au contact de mon oreille. Sa main libre caresse ma cuisse.

— J'ose espérer que tout sera à la hauteur de mes attentes, Mademoiselle Delaie.
— Vous n'aurez rien à y redire, Monsieur.
— Vraiment ? me chuchote-t-il sensuellement à l'oreille. C'est ce que nous verrons.

Sa voix me fait frissonner : à la fois pleine de menaces et de promesses. Je retourne à mon bureau, des fantasmes plein la tête.

À cette idée, je sens l'excitation gagner mon entrejambe. J'écarte un peu les cuisses et glisse ma main sur mon pubis pour caresser doucement mon abricot. Je ferme les yeux, imaginant sa main à la place de la mienne, ses doigts coulisser dans mes chairs humides, mon clitoris au garde-à-vous, affamé de caresses. Je revois derrière mes paupières closes ses assauts à Avignon, dans l'ascenseur, dans la chambre de l'Oiseau bleu. Je laisse échapper un soupir. Je remonte complètement ma jupe sur ma taille et pose une cuisse sur mon accoudoir, écartant un peu plus mon abricot juteux. Je me caresse un sein. J'en pince doucement le téton tandis que mes doigts se faufilent dans le moelleux chaud et humide de mon corps. Je gémis de plaisir.

Les yeux fermés, je revois des bribes de nos rencontres. Au fur et à mesure que les images me reviennent, mes doigts s'enfoncent plus profondément en moi et je me pince plus fort. Je sens mon jus couler sur la serviette que je pose sur le cuir de mon fauteuil lorsque je suis en jupe. Je ne crains pas de me laisser aller à mon plaisir solitaire. Je me mords les lèvres pour m'empêcher de jouir trop fort.

J'ouvre brusquement les yeux lorsque j'entends toquer à ma porte. Je me réajuste en vitesse en me tortillant sur ma chaise. J'ai à peine le temps de fermer un bouton de ma chemise que la porte s'ouvre sur Mathieu, qui s'appuie contre le chambranle, les bras croisés.

— On peut y aller ?

Je me lève et prends mes dossiers sous le bras.

— Je vous suis.

Il ne me regarde pas dans les yeux mais un peu plus bas. Mon regard s'abaisse sur mon chemisier, et je me rends compte que les deux premiers boutons sont toujours défaits. Négligemment, mes doigts se promènent sur le bord de mon chemisier. Il prend appui avec son bras contre le chambranle de la porte, d'un air dégagé.

— Mais après vous, j'insiste.

Pour une raison que j'ignore, je sais qu'il sait ce que je faisais derrière mon bureau. Et cette idée m'excite beaucoup.

Je le frôle légèrement en passant devant lui. Je fais de mon mieux pour conserver mon sang froid, mais je suis excitée de me retrouver seule avec lui. Je me demande s'il va faire allusion à nos précédentes rencontres, mais je déchante assez rapidement : à peine installé à son bureau, il me demande de lui faire un compte rendu des activités du CE. Il ne m'interrompt que très rarement, pour obtenir une précision. Je pense avoir fait le tour des comptes et soupire de soulagement, me disant que c'est enfin terminé. Je regarde l'heure : dix-neuf heures. Je vais enfin pouvoir rentrer. Et de nouveau, une déception : la sonnerie de son téléphone résonne dans la pièce.

— Bonsoir… Oui… Parfait… Je vous attends au cinquième étage… Merci.

Il repose son téléphone sur la table, avec un sourire.

— J'espère que vous aimez le japonais, dit-il en se levant. J'ai commandé un plateau de sushis et de makis.
— Vous connaissez bien mes goûts, Monsieur.
— J'ai bien étudié votre dossier, répond-il en quittant la salle de réunion.

Je me fige un instant. J'ai la sensation qu'une chape de plomb s'est abattue sur mes épaules. Un doute s'insinue en moi… non, une crainte plutôt.

« Jusqu'où est-il allé dans mon dossier ? J'espère que ses recherches n'ont pas été trop loin… »

Je n'ai pas envie qu'il découvre qui sont mes parents, avocats bien en vue sur Paris. Mais je me suis éloignée d'eux ; j'ai mis près de cinq cents kilomètres entre eux et moi, alors le risque est faible.

« Non, il ne fera pas le lien… et puis, qu'en ferait-il ? »

Je regarde la porte qui s'est refermée sur lui. Cinq longues minutes s'écoulent avant son retour. Il revient un grand plateau entre les mains. Je me hâte de lui faire de la place sur le bureau. Avec un sourire, il m'invite à prendre place. Je passe près de lui et le frôle nonchalamment. Il pousse un petit soupir.

Je m'installe sur le fauteuil et croise les jambes, révélant un peu plus la lisière de mes bas et la naissance de ma peau. Mathieu s'assoit en face de moi. Ses yeux se promènent de mes chevilles à mes genoux, sur mes cuisses, ma poitrine. Je prends une paire de baguettes et saisis un sushi au saumon, mon préféré. Je pose une tranche de gingembre mariné dessus et le porte à ma bouche. Son regard ne lâche pas la petite boulette de riz surmontée de fines tranches de poisson et de gingembre.

— Vous… avez quelque chose à me demander ? m'enquiers-je avant de manger mon sushi.
— Souhaites-tu parler de notre contrat ?

« Changement de ton et de personnage : le directeur adjoint a cédé la place au Maître. »

J'avale ma bouchée de riz et la fais descendre avec une gorgée de thé vert. Je prends une profonde inspiration et me tortille les doigts de nervosité.

— Je comprends bien que je dois me soumettre à vos ordres. Est-ce que cela s'appliquera ici aussi ?
— Oui, sous réserve que cela ne perturbe pas ton travail.
— D'accord. Donc, les week-ends ?

Il prend une gorgée de thé et son temps pour me répondre. J'ai remarqué qu'il faisait souvent cela, laissant penser qu'il cherche une réponse alors que je sais qu'elle est toute prête.

— Nous les passerons ensemble. Du vendredi soir au dimanche soir. Mon chauffeur t'attendra au parking de la direction et te conduira à l'endroit que j'aurai choisi. Il te raccompagnera chez toi le dimanche soir, avant vingt heures pour que tu puisses passer une nuit calme et reposante.
— D'accord.
— D'ailleurs, dit-il en fouillant dans sa poche et en me tendant une clé, voici la clé de l'ascenseur qui te permettra d'accéder au second sous-sol. Veille à ne pas être vue quand tu t'y rendras. Tu descendras d'abord au rez-de-chaussée puis, si tu es seule en bas, tu le reprends jusqu'au parking.
— Comme ça si quelqu'un de mon service me voit prendre l'ascenseur, il en déduira que je suis descendue à l'accueil.
— Parfaitement.

Je prends la clef et la range immédiatement dans mon sac. Je reprends le fil de mes idées.

— Vous demandez que je sois entièrement épilée, poursuis-je en le regardant hocher la tête. Cela ne me pose pas de problème. Puis-je garder la même esthéticienne ?
— Oui, cela ne me pose pas de problème non plus.
— Merci, Monsieur. Dans un paragraphe, il est écrit que je dois, si vous l'exigez, servir d'autres personnes.
— C'est exact.
— Serez-vous toujours présent ?
— Tu ne le souhaites pas ? demande-t-il d'un ton calme.
— Je n'ai pas dit cela, Monsieur, réponds-je un peu trop vite. Ne vous méprenez pas, Monsieur, s'il vous plaît. Je comprends qu'en devenant votre soumise, cela implique de vous obéir. Mais cela implique aussi que vous me protégiez, n'est-ce pas ?
— Encore exact. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire. Mais cela ne sera pas pour sitôt.
— Merci, Monsieur.

Je respire profondément pour me calmer. Voilà une première chose de faite. Il prend un maki qu'il trempe dans la sauce soja avant de le gober. Ses lèvres se referment si sensuellement sur celui-ci que j'en oublie ce que je veux dire.

— Autre chose ?
— Euh, oui, Monsieur. Il est aussi indiqué que je dois porter la marque de mon appartenance. Chaîne de cheville, collier, tatouage, piercing…
— Au quotidien, une chaîne avec un pendentif que j'aurai choisis, et un collier de soumise quand je le déciderai. Rien de plus ne sera nécessaire.
— Merci, Monsieur.

Je suis soulagée de ne pas avoir à marquer mon corps de manière définitive.

— Autre chose ?
— Oui, Monsieur. Dans la liste des pratiques, j'ai surligné en vert celles que j'accepte volontiers, en orange celles que j'accepte mais que je crains, et rayé celles que je refuse.
— Oui, j'ai bien vu. Cela ne pose pas de problème. Je ne les pratique pas toutes non plus. C'est un listing standard pour cerner les désirs, les craintes et les aversions des personnes soumises. J'estime que tu n'es pas dans l'obligation de tout accepter.
— Oui, c'est ce que j'ai vu au cours de mes recherches sur le sujet, Monsieur. Il y a des choses qui me dégoûtent, comme boire de l'urine, être humiliée ou être traitée comme un animal ; d'autres qui me font extrêmement peur, comme les insertions de gros objets, les dilatations, les blessures. Il y en a dont j'ai peur, mais que si j'ai confiance en vous je suis prête à essayer.
— Vraiment ? Lesquelles ?

Je rougis à l'idée de lui donner des exemples, mais c'est moi qui ai lancé le sujet, alors je me vois mal faire marche arrière.

— Hmm, que vous m'exhibiez, me suspendiez, m'attachiez…
— Hmm, fait-il, semblant plus intéressé que jamais. Au moins, tes choix correspondent à ce que j'apprécie. Quant à tes craintes, je t'aiderai à les apprivoiser.
— Merci, Monsieur…
— Autre chose ?

« N'a-t-il donc que cette question à la bouche ? »

— Oui, Monsieur : comment dois-je vous appeler ? Maître, ou Monsieur ?
— Hmm… tu as poussé ta réflexion assez loin, dit-il, semblant satisfait. « Monsieur », pour le moment : cela évitera tout lapsus au travail. Est-ce tout ?
— Je pense que oui, Monsieur.
— Très bien. Je rédigerai un nouveau contrat et te le donnerai à signer demain.
— Bien, Monsieur.

Il repose sa boîte et ses baguettes avant de me faire signe de m'approcher. Je me lève et me plante devant lui, les pieds légèrement écartés.

— Cela t'effraie-t-il ? T'excite, peut-être ?

Il pose le doigt en plein dessus : être à la fois effrayée et excitée par la soumission entière et complète à un homme. C'est bien cela. J'esquisse un sourire.

— Les deux, Monsieur. Je suis consciente de poser le pied dans un monde qui ne m'est pas familier, avec des règles auxquelles je ne suis pas habituée. Je pense avoir compris quels sont mes devoirs envers vous et les droits que vous m'accorderez. Mais… j'ignore pourquoi ou comment ça se fait, mais j'ai confiance en vous et ne désire qu'une chose : aller au-delà de cette simple connaissance.
— Bien. Je vais commencer ton éducation. Tu es une soumise par nature et tu n'as besoin que d'un Maître pour te guider.
— Un Maître… murmuré-je, comme une chienne avec un collier ?
— Hmm, certains le voient comme ça, en effet. Je trouve cela assez… insultant. Je préfère le sens d'éducateur, pour te révéler à toi-même et t'amener au plaisir. Te sens-tu prête ?
— Oui, Monsieur.

Les mots jaillissent de ma bouche comme s'ils n'attendaient que son signal.

— Alors déshabille-toi.

Sans aucune hésitation, je commence à déboutonner mon chemisier et le laisse tomber à mes pieds, dévoilant ma poitrine soutenue par un ravissant soutien-gorge en dentelle mauve. Il me sourit, satisfait.

— La soumission est le plus grand cadeau qu'un humain puisse offrir à un autre. Ce cadeau est précieux, et l'accepter c'est aussi accepter la responsabilité de faire grandir la personne qui l'offre et de lui apporter équilibre, plaisir et bonheur.
— Pourquoi moi, Monsieur ? demandé-je alors que je fais tomber ma jupe le long de mes cuisses.
— Parce que… c'est comme ça.

D'un geste brusque il me tire vers lui et me fait asseoir sur ses cuisses. Ses mains dégagent mes seins de leurs bonnets pour les malaxer avec fermeté. Je bascule la tête en arrière pour offrir ma poitrine à ses caresses. Sa bouche s'empare de mon mamelon et le tète avec force en le mordillant. J'aime comme il aspire un téton tandis qu'il pince l'autre avec force. Mon cœur bat plus rapidement sous l'effet de l'excitation.

Ses mains redescendent sur mes cuisses pour remonter sur mes fesses. Il continue de me téter comme un bébé avide, me mordille de plus en plus fort. Sa main glisse sur mon sexe et ses doigts se faufilent entre mes chairs humides. Il caresse mon clitoris et dessine de petits cercles tout autour. Il saisit mes lèvres humides et les frotte l'une contre l'autre. Je me soulève un peu. Il m'écarte la vulve et glisse son index et son majeur en moi tandis que son pouce caresse mon clitoris plus intensément. Ils s'enfoncent profondément, me faisant gémir de plus en plus fort alors que son autre main s'occupe tour à tour de mes seins, les malaxe, les pince, les tapote.

D'un coup, il retire ses doigts, me soulève par les fesses et me bascule sur son bureau, dégageant le peu de dossiers qu'il y avait posés plus tôt. Il retire mon string et admire mon amande, grande ouverte devant lui. Il promène son doigt sur ma peau.

— Voilà une chose que je n'aurai pas à exiger. Caresse-toi.

Je pose un pied sur le fauteuil et me pétris les seins des deux mains. Je dessine le contour de mes aréoles du bout des doigts avant de les saisir et de les pincer, en tirant légèrement dessus. Il reste à m'observer, semblant se régaler du spectacle. Mes mains descendent alors sur mon ventre, puis mon pubis. D'une main j'écarte mon abricot ; de l'autre je caresse mon clitoris avant d'enfoncer mes doigts dans mon antre humide de désir.

— Appréciez-vous ce que vous voyez, Monsieur ? lui demandé-je avec le secret espoir de le satisfaire.
— Ça ira pour le moment.

Il s'agenouille entre mes cuisses. Il prend le temps d'explorer mon entrejambe et mon intimité offerte. Des deux mains il ouvre encore plus mon amande en poussant sur mes cuisses avec ses coudes. Il dépose des baisers sur les grandes lèvres, sur les petites, les aspire une à une, m'arrachant des soupirs de plaisir alors qu'il aspire plus fort. Sa langue s'immisce entre mes chairs ; elle cherche avec avidité mon bouton de plaisir. Ses doigts m'écartent de plus en plus pour s'introduire dans mon vagin… il en enfonce deux et les fait bouger en moi. Sa main libre glisse sur mon ventre, entre mes seins jusqu'à ma bouche, dans laquelle il insère son index. Je ne résiste pas à l'envie de le sucer.

— Oui, tu aimes ça… dit-il en dessinant le contour de ma bouche du bout du doigt.

Il ressort ses doigts et les promène sur mes seins, humidifiant mes tétons de mon jus. Il se lève. Lentement, il ouvre sa fermeture Éclair. Son regard se pose sur ma bouche, puis sur le sol. Sans un mot, je m'agenouille devant lui. Son membre en érection jaillit comme un diable de sa boîte ! Et quel diable… tendu, affriolant, dressé juste pour moi. Je le saisis et commence à le lécher à partir de son gland turgescent. Ma langue monte et descend le long de son sexe tendu. Ses doigts glissent dans mes cheveux, me les caressant longuement.

J'ouvre la bouche et l'y enfourne. Je le suçote, l'aspire, l'asticote avec ma langue. Petit à petit, je l'enfonce profondément dans ma bouche, le mordille à chaque fois que je le fais sortir. Je lui caresse les testicules, lui pince la peau. Ses gémissements m'encouragent à poursuivre. De mon autre main je caresse ma vulve avant d'y faufiler un doigt.

Il me repousse et m'ordonne de m'asseoir sur le bureau. Je lui obéis plus docilement que je ne l'aurais cru possible. Il s'approche de moi, pose son sexe tendu sur le mien, me caresse avec, titille ma vulve gonflée avant de me pénétrer brusquement d'un coup de reins. Ses mains saisissent mes hanches pour me caler contre lui. Il s'enfonce doucement, profondément en se penchant sur moi. Je sens son souffle chaud sur ma peau. Ses mains descendent à l'intérieur de mes cuisses pour les écarter encore plus. Je m'offre complètement à ses assauts. Chaque poussée m'arrache un cri de plaisir, mes seins ballottent.

Son pilonnage devient de plus en plus fort, de plus en plus brutal, et j'adore ça. Je me caresse les seins d'une main tandis que de l'autre je titille mon clitoris, ma vulve, passant de temps en temps mes doigts sur son membre qui ne cesse ses allers-retours.

Il se retire brusquement et me laisse pantelante, essoufflée. Brusquement il me tire par le bras, et en moins d'un instant je me retrouve sur le ventre sur la table. Il me claque les fesses ; plus que de la douleur, j'en ressens un grand plaisir.

— Encore…
— N'exige pas, répond-il en claquant plus fort.

Malgré son ton sévère, il ne se fait pas prier, et sa main s'abat brutalement sur mes fesses, une fois, deux fois, trois fois… chaque claque m'arrache un cri dans lequel se mêle douleur et plaisir.

Il saisit mes hanches et s'enfonce profondément en moi. Ses mouvements sont brutaux, mais j'adore ça. Il me fesse plusieurs fois pour accompagner sa pénétration. Je me sens défaillir. Je m'accroche au bord de la table pour ne pas m'effondrer. Il ralentit un instant. Le pilonnage reprend de plus belle ; j'ai l'impression d'exploser. Je ne peux retenir un cri de jouissance alors qu'il enfonce ses doigts dans mes hanches et qu'il se déverse en moi avec un râle rauque. Il se relève, me dominant de toute sa hauteur et de son autorité naturelle.

— Oh ouiiiiii.

Je n'arrive plus à bouger, épuisée, haletante. Il m'aide à me redresser et me pousse dans le fauteuil. Sans douceur, il pose mes cuisses sur les accoudoirs, comme à la soirée.

— Je n'en ai pas fini avec toi.

Il se rapproche et se met à genoux devant moi. Les jambes bien écartées, je lui ouvre ma vulve encore plus. Je sens sa langue s'insinuer entre mes lèvres. Ses mains s'agrippent à mes fesses, les malaxant fermement. Ses doigts retrouvent le chemin de mon antre pour s'y enfoncer profondément.

Je m'accroche au fauteuil. Je sens mon jus s'écouler lentement, tacher probablement le cuir du fauteuil. Ses doigts s'enfoncent de plus en plus : un, deux, trois. Son pouce caresse mon clitoris hypersensible. Mon corps explose littéralement sous ses caresses obscènes, et je m'agrippe à ses cheveux en criant ma jouissance. Je ferme les yeux, essoufflée, trempée…

Lorsque je rouvre les paupières, son membre de nouveau dressé s'offre à mon regard.

« Mais comment fait-il ? »

Il me prend à nouveau avec brutalité. Chaque coup de reins m'arrache un cri de plaisir. J'ai l'impression d'avoir les chairs en feu, que ma vessie va exploser, à moins que ce ne soit mon jus qui va s'écouler. Je m'accroche désespérément aux accoudoirs. Dans un râle, je le sens jouir à nouveau en moi. Ses doigts s'enfoncent dans ma chair. Il va pour se retirer quand je lui agrippe le bras.

— Non… poubelle… vite…

Je sens une énorme pression dans mon bas-ventre. Heureusement, il réagit assez vite. Il attrape la poubelle vidée quelques heures plus tôt et la dépose juste sous mes fesses. Je n'arrive plus à me retenir. Je sens la pression baisser par petits jets sonores contre le plastique.
Je me sens rougir de honte : c'est la première fois que mon corps réagit comme ça. Je crains de croiser le regard de Mathieu. Je sens sa main me caresser le genou. Je finis par lever les yeux.

— Waouh, je ne m'étais pas attendu à ça…
— Je… suis… désolée… Monsieur.
— Ne le sois pas. C'est un régal pour les yeux.

Il m'aide à me relever et me regarde remettre mes seins dans leurs bonnets. Au moment où je vais prendre mon string, il l'attrape.

— Il est pour moi. À partir de demain, plus de string. Pour la lingerie au quotidien, on verra au fur et à mesure.
— Bien, Monsieur, réponds-je en enfilant ma jupe.
— Tu ne le regretteras pas, je te le garantis.
— Merci, Monsieur.

Il esquisse un sourire séducteur, à la limite de la perversité. Le sourire d'un ange déchu qui ne souhaite que m'entraîner avec lui dans son monde de luxure et de déchéance.