Une jeune femme avec un air songeur, comme c'est souvent le cas sur ces tableaux de peintres symbolistes. Elle tourne presque complètement le dos au spectateur de la peinture. Sa robe très longue et élégante, pleine de fioritures, est le reflet de cette époque et du style arts déco. L'instant d'avant elle regardait vers le mur mais elle a été distraite et s'est autorisée à tourner la tête d'un quart de tour, comme pour regarder vers la fenêtre.

Une femme rêveuse ou en proie au spleen. Une jeune femme de la bourgeoisie, travaillée par un souci. Ou bien une femme qui vient d'être secrètement punie, dans l'intimité d'une maison.

Son visage est pâle, las, empreint d'ennui. Depuis combien de temps garde-t-elle la posture ? Son maître ne l'a pas encore autorisée à quitter l'endroit. Le salon doit être feutré, cossu, plein de tentures. Ses yeux ne sont plus rougis ; ses larmes sont sèches, évaporées. Mais sous sa robe retombée, ses fesses pommelées que ne marque pas l'étoffe sont encore striées de zébrures rouges, rosies par le cuir cruel et implacable ; elle essaie d'en oublier la cuisson et sa culpabilité.

Portrait de Mrs. Frances Leyland
Symphonie en couleur chair et rose : portrait de Mrs. Frances Leyland, 1871-1874.
James Abbott McNeill Whistler.
Huile sur toile, 195,9 cm × 102,2 cm. New York, The Frick Collection.