Épilogue

Il ne reste désormais plus aucune trace de l'abbaye de Ker Ozen.

Pourtant, dans les monts d’Arrée, une petite chapelle située au sommet d’une colline pourrait peut-être attester de la présence de cet édifice, d’autant que se trouve juste à proximité de la chapelle un étrange cercle d’une bonne vingtaine de mètres de diamètre qui entoure une sorte d’autel cylindrique. Était-ce là que les moines et les sœurs jouaient à la ronde, tête-bêche, lors de leurs soirées orgiaques ?

Il subsiste également un autre lieu, en forêt de Brocéliande, dénommé « Le jardin des moines ». Une légende raconte ceci : « Autrefois, des moines de la région passaient leur temps à festoyer avec les seigneurs locaux. Un jour de débauche, Saint Méen les surprit et tenta de les ramener à une vie plus monacale, mais ils le chassèrent en se moquant de lui. La punition divine ne fut pas longue à arriver : ils furent aussitôt changés en pierres sur le lieu même de leurs ripailles. »

De nos jours encore, au début du mois d’octobre, le jour de la saint Serge se déroule le « pardon du Père Igor », où une relique du bon Père est portée en procession par des religieuses à travers la lande bretonne entre les trois chapelles qui, vues du ciel, figurent un triangle équilatéral. L'Abbé Lelurette, qui préside depuis peu cette cérémonie, ne saurait dire quelles sont les origines de ce pardon – qui semble dater de plusieurs siècles – ni ce que peut bien contenir ce fameux reliquaire.

Récemment, à l’occasion de ce pardon, certaines rumeurs émises par un dénommé Yellow Pullover (voir note bas de page) prétendraient que le Père Igor se serait réincarné sous l’aspect d’un jeune homme d’une quarantaine d’années qui se comporterait comme un monarque arrogant et qui, lors d’un passage dans notre région, n’a pas manqué de nous traiter d’illettrés.

Une autre rumeur émanant d’un descendant de Pat Troppieux, qui l’aurait rencontré, affirme que le Père Igor s’est réincarné et vivrait désormais dans une région éponyme, oubliant à tout jamais impôts et taxes, préférant désormais prendre du plaisir en caressant des chattes.

Après la cérémonie religieuse, suivie de la quête de l’Abbé Hennepé, tout le monde se retrouve dans la grande prairie située juste au centre de ce triangle, où se tient alors le grand fest diez précédant le fest noz ; là, musiques et chants celtiques entraînent la foule de danseurs en une longue sarabande endiablée dont les participants ne manquent pas d'aller se restaurer sous le grand chapiteau où l'on peut déguster crêpes, galettes, frites, saucisses et merguez, et même du foie gras aux truffes du Périgord, tenu efficacement et dans la bonne humeur par le célèbre maître queux Al-Ouilda Rachid.

In the town where I was born
Lived a man who sailed to sea
And he told us of his life
In the land of submarines
So we sailed up to the sun
Till we found a sea of green
And we lived beneath the waves
In our yellow pull over

We all dress with a yellow pull over
Yellow pull over, yellow pull over
We all dress with a yellow pull over
Yellow pull over, yellow pull over