Posologie pour Nathalie

Aujourd'hui c'est la superbe cadre commerciale, Nathalie, qui a rendez-vous avec moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve cette femme fort belle. Elle n'a aucun des critères que je cherche habituellement chez une femme, mais je la trouve belle. Elle est grande (moi pas trop), elle est fine (trop à mon goût), elle a une petite poitrine (je préfère trop que pas assez), elle est plus âgée que moi (cela ne gâte rien, mais j'ai une préférence pour plus jeune). Bref, physiquement, elle ne devrait pas me plaire. Intellectuellement, par contre, elle est proche de ce que j'aime chez les femmes : indépendante, sûre d'elle, battante, intelligente, et un je sais quoi… moqueuse.
Vous l'avez compris, elle me rend fou. De plus, je ne sais pas comment m'y prendre pour la faire adhérer au projet d'entreprise.

Elle sonne enfin ; j'ouvre et découvre une femme encore plus attrayante que lors de nos précédents rendez-vous. Elle est plantée devant la porte, juchée sur des talons vertigineux, une jupe très courte (mais ses magnifiques jambes le lui permettent), un chemisier blanc ouvert jusqu'au troisième bouton, et ses cheveux – noirs de jais – libres sur ses épaules.

— Croyez-vous vraiment que l'hypnose aidera dans mon cas ? me lance-t-elle à peine entrée.
— Bonjour ; oui, je crois : vos collègues ont apprécié.
— Oui, oui, mais ce ne sont que deux dindes, l'une prétentieuse et l'autre coincée.

Elle semble terriblement agacée.

— Personne ne vous impose cette séance ; si vous n'avez pas le temps…

Elle me coupe, et d'un geste de la main écarte ma réponse.

— J'ai pris mon après-midi, alors j'ai le temps ; mais je ne comprends pas l'intérêt de cela.

Je lui indique le canapé où elle se laisse tomber en soufflant.

— Vous m'avez dit avoir déjà été hypnotisée ? Cela a-t-il fonctionné ?
— Non… Si, plus ou moins… J'ai arrêté de fumer, mais je ne crois pas que…

Cette fois c'est moi qui la coupe et je lance :

— Nathalie, dormez !

Elle tombe alors sur le côté, endormie. Amusant : son précédent hypnotiseur a implanté le même ordre que moi (et qu'une majorité des charlatans comme moi). Comme pour ses collègues, je commence de manière professionnelle :

— Vous dormez profondément et vous entendez ma voix, seulement ma voix. Vous êtes bien. Vous vous sentez reposée et disposée à m'écouter. Que pensez-vous de vos collègues ?

Elle répond sans même un moment de réflexion :

— Yves est un connard ; il ne digère pas que je gagne plus que lui. Les deux autres sont des dindes que je peux manipuler. La petite de la gestion, je l'imagine salope, mais cachée derrière une fausse timidité ; quant à l'autre pouf du marketing, elle a dû sucer pour y arriver.

Intéressant, mais cela ne me fait pas avancer.

— Et vous, comment pourriez-vous évoluer ?
— Au niveau du boulot, je me débrouille seule et je vais y arriver. Au niveau perso, il me faudrait un mec, un vrai mâle qui me domine ! Je fais peur aux hommes ; ceux qui m'approchent sont trop mous, trop gentils, trop dociles.

Voilà une intéressante révélation. Reprenons donc notre séance.

— Nathalie, je vais maintenant compter de 10 à 0 ; quand je prononcerai le dernier chiffre, vous vous réveillerez en pleine forme, en pleine possession de vos moyens et convaincue qu'il est nécessaire de vous entendre avec vos collègues.
— Dix. Vous êtes bien, toujours endormie, vous m'écoutez. Yves a le même objectif que vous : réussir, soyez en sûre.
— Neuf. Vos deux collègues ont elles aussi envie de réussir, avec vous. Votre sommeil est toujours aussi profond.
— Huit. Vous sentez cette chaleur envahir votre bas-ventre ; cela vous chauffe et éveille un désir profond et impérieux. Dorénavant, lorsque JE prononcerai les mots : « Nathalie, dispo pour moi. » ce désir vous reprendra et ne sera assouvi qu'après que vous ayez été traitée et baisée comme une chienne soumise.
— Sept. Lorsque je prononcerai la phrase : « Nathalie, vous êtes une bonne soumise. », vous deviendrez instantanément mademoiselle N, soumise à mes désirs et prête à tout pour me satisfaire.
— Six. Vous êtes toujours aussi bien ; vous vous sentez reposée, et aussi excitée. À partir de maintenant, vous éprouverez régulièrement l'envie de faire de nouvelles séances d'hypnose avec moi.
— Cinq. L'excitation fait de vous une petite chienne à ma seule disposition ; quand je dirai : « Nathalie, vous êtes une vraie pro ! », vous reprendrez le cours normal de votre vie.
— Quatre. Petit à petit, vous revenez vers la conscience ; vous avez passé un agréable moment.
— Trois. Vous allez oublier ce que je viens de vous implanter dans la tête ; vous ne vous souviendrez que d'un agréable moment.
— Deux. Vous êtes pleinement consciente, prête à tout et parfaitement sereine.
— Un. Vous ouvrez les yeux.

Elle ouvre ses grands yeux noirs et me regarde fixement.

— Que m'avez-vous fait ?
— Rien.
— Je vous avais dit que cela ne marcherait pas avec moi !

J'ai quand même envie d'essayer. Au mieux, je vais m'amuser ; au pire, je prends une baffe.

— Nathalie, vous êtes une bonne soumise.

Alors qu'elle avait déjà tourné les talons, elle s'arrête net et sans même se retourner elle me dit lentement :

— Qu'avez-vous dit ?
— J'ai dit : « Nathalie, vous êtes une bonne soumise. »

Elle se retourne vers moi ; ses yeux sont encore plus noirs qu'avant. Elle me fixe avec un air méchant ; je soutiens son regard. D'un coup elle baisse les yeux et me dit doucement :

— Que souhaitez-vous ?
— Appelez-moi « Maître ».