(Louise) Le défilé

Le bruit de la porte de mon appartement se fait entendre. Thomas est enfin de retour. Je me retourne, prête à le recevoir. J'avais tellement hâte de le retrouver et de reprendre les choses là où on les avait arrêtées le week-end dernier ! Son père étant sorti d'affaire, il est temps de fêter cela. D'autant plus que j'ai une autre très bonne nouvelle à lui annoncer.

Sauf que Thomas ne franchit pas le seuil tout seul : sa garce de sœur est à ses côtés. Je cache ma mine déçue. J'aurais préféré qu'il ne me l'amène pas chez moi. Mais bon, après les derniers jours qu'ils ont vécus, je préfère me montrer compréhensive. Je jette un bonjour à la garce et embrasse mon homme fougueusement. Une chaleur se réveille déjà dans mon ventre. J'ai hâte de me retrouver seule avec lui.

— Comment vas-tu ? questionné-je mon homme.
— Bien mieux maintenant, me sourit-il en me tenant dans ses bras.
— Et toi ? demandé-je à sa sœur par simple politesse.
— Ça va, répond-elle le regard baissé.

Thomas m'embrasse dans le cou et me caresse le dos. Il a l'air très en forme, très amoureux. Me voilà encore bien plus impatiente mais Élodie reste figée là, le regard détourné. Elle semble un peu nerveuse et embarrassée. Qu'attend-elle, bon sang ?

— Louise, hésite-t-elle, je voulais te dire quelque chose…
— Oui, vas-y, l'encouragé-je devant sa réticence à continuer.
— Je… je suis désolée… désolée pour tout ce que je t'ai fait subir.
— Pardon ?

Je n'en crois-je pas mes oreilles.

— J'ai été vraiment horrible avec toi. Tu as fait de ton mieux pour le club des nymphes et… pour Thomas. Moi… j'ai tenté de te prendre tout ça. J'ai été égoïste. Désolée.

J'en reste sans voix. Suis-je en train de rêver ? Le doute m'assaille un instant. Je ne pensais pas entendre des excuses d'Élodie de toute ma vie. Ce n'est pas possible ! Le monde tourne à l'envers, ou alors j'ai débarqué dans une dimension parallèle. Suite à mon silence éberlué, Élodie décide de poursuivre :

— Je vais dissoudre mon club et je conseillerai aux sirènes restantes de se joindre à toi. Quant à moi, je resterai de mon côté. Tu n'auras plus rien à craindre de moi, je te laisserai tranquille. C'est la moindre des choses que je peux faire pour me faire pardonner, si un jour tu souhaites me pardonner.

Quoi ? Non seulement elle s'excuse, mais en plus elle dépose les armes. Elle est vraiment sincère, alors ? Il n'y a pas de coup fourré ? Thomas me sourit. Il a l'air de la croire sur parole. Elle est sa sœur, il est donc celui qui la connaît le mieux. S'il la pense honnête, alors je peux lui accorder ma confiance. Alors, c'est donc vrai… Purée, l'accident de son père a dû lui faire un sacré choc ! Il fallait bien ça pour qu'elle se remette en question aussi radicalement.

— Élodie, je te remercie sincèrement pour tes excuses et j'apprécie vraiment que tu sois prête à dissoudre ton club mais… quoi que tu puisses en penser, tu restes une nymphe. Tu l'as toujours été et tu le seras toujours. Je refuse donc que tu t'isoles dans ton coin et je te prie d'accepter, toi aussi, de revenir dans mon… notre club.
— Tu… tu es sûre ? hésite-t-elle.
— Bien évidemment. Ta place est à nos côtés.
— Merci beaucoup, Louise… J'accepte… et encore désolée pour tout.

Je ne suis pas encore prête à lui pardonner, mais ceci est un premier pas vers une réconciliation. Elle a fait un geste en faveur de la paix, alors j'en fais un à mon tour. Et puis je n'oublie pas qu'on a toujours une élection à faire gagner à Boris ; avoir une alliée du poids d'Élodie sera un net avantage. Il faut que nous soyons solidaires face à Nathan et les siens. J'espère juste que je n'aurai pas à le regretter.
Finalement, Élodie se décide à partir en s'excusant une dernière fois. Je me jette sur Thomas et l'embrasse passionnément.

— Alors, heureuse ? sourit-il.
— Sous le choc, surtout. J'ai encore du mal à y croire.
— Normal : tu viens tout juste de rencontrer la toute nouvelle Élodie, mais tu vas t'y habituer, tu verras ! Mon père va mieux, ma sœur fait son mea culpa, je suis revenu près de toi ; rien ne pourrait me rendre plus heureux !
— On parie ? souris-je.
— Quoi ? Qu'est-ce qui pourrait encore mieux aller ? demande-t-il, intrigué.
— J'ai reçu un mail d'Aliénor. Elle et Sarah seront bientôt de retour en France. Elles vont loger ici le temps que leur stage de fin d'études commence.

Vu le sourire béat qu'il affiche, j'en déduis que le pari est gagné.


Ça y est, le grand jour est arrivé ! Tant de boulot pour organiser cette soirée, et enfin nous y voilà. J'ai une boule à l'estomac et suis en même temps tout excitée. Gérard Darme a mis à notre disposition une grande pièce afin que nous puissions nous changer. Un grand miroir permet même de vérifier notre tenue ou notre maquillage. Le seul souci, c'est qu'avec le renfort des sirènes, nous sommes plus que prévu. C'est la première fois que nous faisons une activité ensemble depuis la fusion des deux clubs, et je dois avouer n'être pas rassurée. Même si Élodie ne m'a laissé aucune raison de douter d'elle depuis son mea culpa, ça reste Élodie ; je reste méfiante vis-à-vis de tout coup fourré qu'elle pourrait jouer.

— Non, Lula, rouspété-je une nouvelle fois, je t'ai déjà dit que cette série de robes ne t'était pas destinée. Les tiennes sont dans cette rangée.
— Mais moi je préfère celle-là ! proteste-t-elle.
— Ce n'est pas grave, Louise, me fait Ondine, nous faisons à peu près la même taille. Nous pouvons échanger une robe ou deux.
— Très bien, concédé-je, mais assurez-vous de suivre ce qui était prévu au maximum, sinon on va avoir des problèmes d'organisation.

Je retire mon soutien-gorge avant d'enfiler ma robe. Nous nous sommes mises toutes d'accord qu'aucune d'entre nous n'en porterait. Ça ne pourra que mettre les éventuels donateurs dans de bonnes conditions. De toute façon, beaucoup de robes ne le permettent pas, ou plutôt en porter rendrait cela inesthétique. Pareil pour les culottes ou autre cache-sexe : certaines robes, les plus moulantes notamment, rendrait mieux sans tissu en dessous. Mais pour cela, c'est plus au cas par cas, et pour celles qui veulent. On a prévu aussi des porte-jarretelles. Notre but est avant tout d'émoustiller la libido des riches messieurs qui nous attendent impatiemment. On reste des nymphes après tout, et c'est pour la bonne cause.

Laure Dietch, notre prof de compta qui nous a beaucoup aidés pour l'organisation, a voulu participer à la soirée en tant que soutien logistique. Elle aide notamment les filles à enfiler les robes les plus compliquées. Tandis que j'ai la poitrine à l'air, Laure jette de petits coups d'œil intéressés vers mes seins, du genre de ceux que marraine me jetait avant de se montrer câline et de finir par me brouter le minou. Curieusement, j'ai envie de prendre mon temps pour me revêtir. Nous nous échangeons un regard et comprenons que chacune n'est pas dupe du jeu de l'autre.

Devant la glace, Anzhelina tournoie dans une robe épaisse à l'allure assez ancienne. Le vêtement, rempli de froufrous et d'autres éléments décoratifs, comprime légèrement sa poitrine et donne l'impression que ses seins vont déborder du décolleté. Anz sourit et pouffe devant son reflet.

— Je suis une véritable princesse ! s'exclame-t-elle toute joyeuse.

Et elle qui rechignait au début à, je cite : « […] jouer aux pimbêches anorexiques dans des robes de filles pourrie-gâtées. » se comporte maintenant en gamine qui vient de découvrir une magnifique robe. C'est en effet une Miss Punk totalement transformée que nous avons là. Elle n'a plus grand-chose de punk : ses cheveux – qui ont retrouvé depuis quelque temps leur teinte naturelle – sont coiffés en une sorte de chignon complexe qui lui donne beaucoup de classe et qui complète son look de « princesse ». Son maquillage est plus léger que d'habitude et moins noir.

Je jette un coup d'œil à mon ancienne Némésis pour voir comment elle se comporte. Elle est en train d'échanger plusieurs de ses robes avec celles de Natacha et d'Elisa. Visiblement, elle est en train de se réserver les plus sexys. Elle se sent soudain observée.

— Quoi, se justifie-t-elle en se retournant vers moi, tu as bien dit que l'on pouvait changer de robes si on le voulait ?

Je ne cherche pas à débattre et la laisse faire son marché, même si j'aurais préféré que tout le monde s'en tienne à ce qui était prévu. Tant qu'elle se tient tranquille et évite les sales tours, on ne va pas trop lui en demander.

— Êtes-vous prêtes ? demande la voix de Darme à travers la porte après avoir toqué. De mon côté, tout est déjà prêt. La presse est là, les potentiels donateurs aussi. La salle est comble.

J'observe l'ensemble des filles présentes. À part quelques retardataires, toutes sont prêtes pour la piste. Je confirme notre disponibilité et franchis la porte quelques secondes après. En tant que présidente, il a été décidé que je serais celle qui ouvrirait la marche.

Mon cœur bat la chamade tandis que je rentre à l'arrière de la scène. Une musique punk dont je ne me souviens plus du nom retentit. Curieux choix pour un défilé que l'on doit à Anz. « Cette chanson va les réveiller. » a-t-elle argumenté. « Ils ne vont pas s'attendre à ça, et du coup ils vont comprendre qu'il ne faut pas qu'ils s'attendent à un défilé classique, qu'il faut qu'ils se préparent à en prendre plein les yeux. »

Je m'avance sous la lumière de forts projecteurs qui m'aveuglent presque. Je crois n'avoir jamais été aussi stressée. Mes mains tremblent mais j'essaie de ne rien laisser paraître. « Ce n'est qu'un simple aller-retour ; tu t'avances, tu te montres et tu repars. » Je tourne en boucle cette litanie dans ma tête pour me donner du courage.

Cette première robe est plutôt sage, bien qu'un peu moulante. Elle me descend jusqu'en bas des jambes. Elle n'est pas non plus décolletée. En revanche, n'ayant pas l'habitude de me promener sans soutien-gorge, la finesse du tissu sur mes seins libres me donne une sensation agréable. J'ai l'impression que tout le monde peut déjà remarquer cette absence. Me voilà enfin sur le devant la scène, et les lumières m'aveuglent moins. Darme ne mentait pas quand il disait que la salle était pleine ; je vois que notre communication a été efficace. Sous le regard de tout ce monde, je suis fière de moi et mes seins se mettent à pointer.

Il est temps de faire demi-tour et de laisser la place à ma vice-présidente. Je croise donc Anz et son regard déterminé. Elle me fait un clin d'œil. La voilà qui s'avance sur scène d'un pas conquérant. Je rejoins les coulisses, souffle un coup pour faire diminuer le trac et prends une flûte de champagne. Marie et Anita me demandent comment cela s'est passé.

— Génial !

Elles sourient et trinquent avec moi. Pendant que tout le monde défile, j'ai le temps de me changer avant mon deuxième passage.

Anz revient peu après que Marie ait disparu. Elle semble aussi très excitée. Elle vide rapidement un verre de champagne avant de se changer pour une robe un peu plus moderne. Elle décide déjà de faire sauter la culotte et se dote de porte-jarretelles.

— C'est bien, c'est truc là ; je devrais en mettre plus souvent.

En effet, celui-ci rend bien, décuplant son pouvoir érotique déjà placé très haut. Je décide moi aussi de m'habiller. La robe, d'un rouge très vif, possède un dos nu. Vais-je aussi faire sauter ma culotte ? Ma seconde robe étant aussi courte et la scène étant située plutôt en hauteur, je décide que non. Il ne faudrait pas que je me dévoile trop, tout de même. Après Marie, c'est au tour d'Anita, puis d'Élodie, Natacha et ainsi de suite. Les filles disparaissent les unes derrière les autres pour revenir toutes avec un grand sourire.

Lorelei étant la dernière à revenir, il est temps pour moi de retourner sur scène. Cette fois je suis moins stressée, d'autant plus que le champagne m'a bien aidée à me détendre. Tout se passe bien, il n'y a plus qu'à profiter. Jouer les mannequins sera probablement une expérience qui ne se répètera pas souvent.

Au tout devant de la scène, je m'affiche dans des poses un peu plus sensuelles que lors de mon premier passage. J'observe un peu les têtes dans le public. Beaucoup d'hommes ont l'air de prendre leur pied. Je crois que l'on peut déjà confirmer notre succès.

Me voilà à faire déjà demi-tour. C'est trop rapide. J'aimerais pouvoir m'afficher juste un peu plus longtemps. Je croise une nouvelle fois Anzhelina et son air déterminé. Une lueur féline brille dans ses yeux. Juste devant la porte de notre local, Darme discute avec Coralie et Delphine. Il tient à avoir des retours afin de s'assurer que tout se passe bien. Les filles le rassurent et lui affirment s'amuser. Je lui confirme moi aussi notre joie de participer et les laisse tous trois pour aller me prendre une autre flûte de champagne.

J'observe ma troisième robe de la soirée : elle est argentée, pailletée, et remonte encore plus haut sur les cuisses que la précédente. Une douce chaleur me picote le ventre. Cette fois, c'est décidé, je retire ma culotte ; et si quelqu'un dans le public devait s'en rendre compte, eh bien tant pis ! Laure m'envoie un clin d'œil complice.

Mon troisième passage met trop longtemps à mon goût à arriver. Je dois réfréner mes ardeurs pour ne pas courir sur scène. Je sens une certaine moiteur entre mes cuisses et mes seins pointent comme jamais. Je n'avais pas prévu que je prendrais autant de plaisir à m'exposer ainsi. Sur le devant de la scène, mes poses se veulent de plus en plus lascives. Je ne serre pas les cuisses, même si les hommes les plus proches peuvent espérer une jolie vue. Je jette justement un coup d'œil curieux vers ce premier rang. Un type, plutôt jeune, est rouge comme une tomate et semble ne plus savoir où se mettre. Je rougis à mon tour et souris, fière de mon effet.

À mon retour, je trouve une nouvelle fois Darme en train de discuter avec des filles, Noémie et Ondine ce coup-ci. La différence, c'est que maintenant il a franchi la porte des loges. Dans cette pièce, plusieurs filles sont en train de se changer alors qu'il est là, et personne ne trouve quoi que ce soit à redire. D'ailleurs Ondine a la poitrine à l'air juste sous ses yeux. Pas gênée non plus par sa présence, je retire ma robe et me fous moi aussi à poil. Je jette un coup d'œil à notre homme qui n'en perd pas une miette. Vu la bosse qui lui déforme le pantalon, il doit se féliciter d'avoir fait appel à nous.

J'avais prévu deux robes pour mon dernier passage. Comme je trouvais l'une d'elles vraiment très osée, j'en gardais une seconde si des fois je ne me serais pas sentie chaude. En vérité, je suis bouillante. Va donc pour la robe osée. Elle est audacieuse, surtout au niveau de son échancrure qui descend jusqu'au nombril et qui, par conséquent, ne cache pas grand-chose de la poitrine. De plus, elle ne descend guère plus bas que la précédente. Je décide pour ce final de revêtir, moi aussi, un porte-jarretelles. Je crois ne m'être jamais sentie aussi sexy et désirable.

Avant mon dernier passage en piste, d'humeur joyeuse je décide d'échanger un dernier verre avec ma fillote. Liz semble plutôt surprise mais accepte de boire une gorgée. Contrairement à la plupart de nos camarades, elle n'a pas ôté sa culotte mais, à ses dires, elle prend beaucoup de plaisir et se dit ravie d'aider ainsi les plus défavorisés. Je l'embrasse sur la joue et la quitte pour me rendre sur scène.

Je suis vraiment très excitée. Le regard lubrique des hommes me déshabille mais j'aimerais que ce soient des mains viriles. Dès que je rentrerai à l'appartement, Thomas va prendre cher ! Je vais l'user jusqu'à la moelle. Debout devant tous ces gens, je ne rêve que de me faire prendre par mon homme… et pourquoi pas par le robuste Boris, tant qu'on y est ! Ils ne seront pas assez de deux pour calmer mes ardeurs ; sauf que Boris risque d'être déjà dans la ligne de mire de ma vicieuse vice-présidente…

Encore une fois l'expérience est trop courte, mais le public a l'air conquis. Plusieurs hommes semblent vouloir sauter sur la scène pour me baiser violemment. Il me plaît d'imaginer qu'ils le fassent. Je me dirige vers les coulisses alors que je sens une goutte de cyprine couler le long de ma cuisse.

Je ne suis pas surprise de retrouver une nouvelle fois Darme dans notre loge, ni de le voir le pantalon aux chevilles tandis qu'Anita est agenouillée devant lui pour astiquer son phallus dressé. Visiblement, il n'y a pas que moi qui suis prise d'une dévorante fringale ! Je me contente cependant d'observer le spectacle. Au bout d'un moment, je rappelle tout de même à ma trésorière qu'elle doit aller sur scène. Elle abandonne avec regret ce pénis à l'aspect savoureux tandis que Marine se jette dessus pour prendre le relais. Notre ami se montre de plus en plus vacillant et finit par expulser une grosse quantité de foutre sur le visage de la fillote d'Elisa. Plusieurs gouttes de nectar viennent s'écraser sur la robe qu'elle était censée porter pour son dernier passage. Tant pis, les taches évocatrices titilleront davantage la libido de notre cher public.

Une fois les dernières filles passées, il est temps d'entamer la seconde partie de la soirée. Un buffet va être servi et un concert aura lieu sur scène. C'est maintenant que les gens vont pouvoir laisser un don ou, s'ils le souhaitent, acheter une robe. Darme nous a demandé de rester aussi pour cette partie, notre atout charme pouvant se révéler encore un avantage. Bien entendu, nous avons accepté.

Nous allons toutes dans la grande salle où nous nous diluons parmi les invités. Je me rends au buffet, me sustente de petits fours et me rafraîchis d'une nouvelle flûte de champagne. Plusieurs hommes me félicitent pour le défilé ; je les remercie d'un sourire chaleureux.

— Bonsoir, m'apostrophe une jeune femme plutôt charmante. Éléonore Damingo, de La gazette de Méronze. Vous êtes bien Louise Leonne ? J'aimerais vous poser quelques questions.
— Oui, bien sûr, avec plaisir.

J'avais presque oublié la presse. Oh mon Dieu, j'espère qu'ils ne vont pas trop en montrer dans les journaux ! Je réponds à ses questions, parle de moi, de mon parcours, de comment m'est venu le désir d'aider des associations humanitaires et de toute l'organisation qu'il y a derrière cette soirée. C'est à un véritable interrogatoire, assez interminable et fastidieux qu'elle me soumet. Mais bon, je prends mon mal en patience : nous les avons fait venir pour ça, après tout !

Libérée de ma journaliste, je me mêle à la foule et repère plus loin Élodie en train de faire la belle devant deux hommes richement habillés. Prise de curiosité, je m'avance discrètement pour voir de quoi elle est en train de discuter. Me tournant le dos, elle ne me voit pas arriver.

— … oui, je me suis toujours intéressée au sort des plus défavorisés. Je suis continuellement choquée par les gens qui ne font rien alors qu'ils ont la possibilité d'agir. Alors, quand notre chère présidente nous a fait part de son désir de s'impliquer dans cette noble cause, j'ai été la première à lui apporter mon soutien et…

Je manque de m'étrangler ! Décidément, la garce n'a pas changé tant que ça. Mais au moins elle ne casse pas de sucre dans mon dos, c'est déjà ça. Elle cherche juste à bien se faire voir devant de riches donateurs ; je n'arrive pas à vraiment lui en vouloir. En ayant assez entendu, je m'éloigne.

Je discute avec une dame assez âgée qui me félicite pour ma prestation. Elle s'intéresse elle aussi à mon parcours et évoque succinctement le sien. Je crois déceler quelques indices suggérant un passé tumultueux. Visiblement, étant jeune, elle aurait bien pu joindre le club des nymphes s'il avait existé.

Peu après cette conversation, Anzhelina me saute dessus, toute guillerette. Elle me dit avoir trouvé son stage pour cet été. Depuis le temps qu'elle cherchait, la voilà rassurée.

— Dans quelle boîte ? lui demandé-je, curieuse.
— Je ne sais plus… Lemblay quelque chose, ou un truc comme ça. Enfin, peu importe ; j'ai le numéro de Chris, je retrouverai donc facilement le nom de l'entreprise.
— Chris ?
— Oui le président de Lemblay machin-truc. Tu verrais le canon que c'est… j'ai cru que j'allais le manger sur place ! Bon, allez, j'te laisse, je vais me prendre un verre. Ha-ha, j'adore cette soirée !

Moi aussi j'aime cette soirée. Je rencontre plein de personnes sympathiques, le champagne est bon et la musique est agréable. Un vieux monsieur très galant me propose une danse. Je me vois mal la lui refuser devant la douceur de son regard. Bercée par la douce mélodie, je me laisse guider dans ses bras. Il est très courtois et n'arrête pas de vanter ma beauté. Il vient même de révéler que je lui rappelle sa tendre épouse décédée. Je suis touchée par son émoi, alors je ne fais rien quand ses mains s'égarent sur mon postérieur. Je me contente de poser ma tête sur son épaule et de le laisser profiter de mon fessier offert. La danse se termine. Il me gratifie d'un sourire chaleureux. Je dépose un baiser appuyé sur sa joue avant de le laisser.