(Nathan) Le rideau tombe

Le soleil printanier resplendit à l'extérieur. Nous avons donc prévu des casse-dalle histoire de manger dehors et profiter de la chaleur. Manuel, David et moi sommes assis à une table. Nous nous faisons tourner un thermos dans lequel nous avons planqué du rhum. La discussion tourne autour de la campagne de Simon. Notre objectif était de faire un brainstorming de tout ce qu'on peut faire pour améliorer son image. Nous ne sommes pas très inspirés. Le vrai problème ce sont les nymphes, leurs petites manigances et leurs mensonges éhontés nous mettent d'énormes bâtons dans les roues. C'est une plaie, ces filles. Notre discussion a donc dévié sur ces maudites catins. Nous nous plaisons à imaginer toutes les façons de les mettre à genoux.

Simon fait son apparition avec deux membres de son équipe.

— Hey Préz', me lance-t-il, elles sont dans notre salle, Louise et Élodie. Elles discutent avec Lorelei.
— Ah oui ? fais-je, intéressé. C'est peut-être le moment d'avoir une petite conversation avec ces garces. Vous venez les gars ?

Simon est un bon type, bien obéissant. Je lui avais demandé de surveiller les nymphes en première année et de guetter chaque occasion où nous pourrions nous retrouver seuls avec elles. Je motive mes gars et nous nous mettons en route. La porte de la salle est restée ouverte. Nous entendons leur discussion à l'intérieur. Apparemment, les deux anciennes présidentes sont en train de conseiller Lorelei sur sa toute nouvelle fonction. Nous entrons.


Pourquoi lui ?

Lors de ma première déception amoureuse, je suis tombé sous le charme de Nina, notre femme de ménage. C'est elle qui m'a initié au sexe, d'abord en me suçant puis en m'offrant sa chatte. Je l'ai aimée, puis j'ai découvert qu'elle n'était qu'un pion de mon père. C'est là que j'ai pris conscience que les femmes n'étaient que des putains incapables d'aimer, que des garces manipulatrices. Je n'ai plus jamais fermé les yeux sur le vice qu'elles tentent de cacher en elles. J'ai pris la salope par derrière et je lui ai montré que c'était moi le chef. Il y a eu de nombreuses fois après ce jour-là, et la salope s'est toujours soumise à mes désirs. Ça a duré tant qu'elle travaillait pour nous. Après ça, elle a disparu et nous n'avons plus eu de ses nouvelles.


— Hey, salut les filles, comment allez-vous ? fais-je avec un air faussement sympathique.
— Qu'est-ce que tu veux ? se méfie Louise.
— Oh rien, juste discuter.
— On est plutôt occupées, là, déclare Élodie.
— Et puis nous n'avons rien à te dire, ajoute Lorelei.
— Ce n'est pas grave, souris-je. Moi j'ai une petite histoire à vous raconter. Vous n'avez qu'à m'écouter. Connaissez-vous la légende de Joseph de Lustensthein ? C'est une histoire que nous racontait un de nos profs quand j'étais au lycée. C'était au moyen-âge. Quand exactement ? Je ne m'en souviens pas. Dans le village de Rudenforf, le comte venait d'épouser une jeune et magnifique femme. Était-elle noble ? Nul ne le savait. Personne ne savait d'où sortait son épouse. Elle était arrivée un jour au château et le comte était directement tombé sous son charme. Rapidement, la santé de l'homme déclina et c'est son épouse qui assuma la régence. Elle s'entoura d'une dizaine de conseillères, toutes aussi étranges qu'elle l'était. Dans la même période, une série d'événements bizarres eurent lieu : personnes disparues, animaux sacrifiés, récoltes pourries, inscriptions étranges. Joseph de Lustensthein, jeune chevalier qui avait abandonné argent, titre et terres pour louer son épée au service de l'Église, eut vent de ces récits. Il suspecta l'œuvre de la magie noire et décida de mener l'enquête. Très vite, il fut persuadé être sur la bonne piste et commença à chasser l'ennemie de Rudenforf. Il piégea, captura et fit juger deux des sorcières qui finirent sur le bûcher. Malheureusement pour notre courageux chevalier, ses perfides ennemies n'avaient pas dit leur dernier mot ; elles lui tendirent une embuscade. Notre vaillant homme mourut donc sous les flèches de bandits à la solde des sorcières. Cependant, son noble sacrifice servit d'exemple aux habitants du village : ils se soulevèrent et renversèrent la comtesse. Elle et toutes les siennes finirent sur le bûcher.
— C'est un joli conte, quoique un peu morbide, mais que veux-tu qu'on en ait à faire ?

Je m'avançai vers elle et posai mes mains sur ses épaules.

— Ma chère Lorelei, c'est juste pour vous faire comprendre qu'il n'est pas encore trop tard pour que vous ne vous mêliez plus de ces élections. Je sais que vous pensez avoir déjà gagné le combat, mais tôt ou tard cela se retournera contre vous et vous payerez au centuple votre ingérence. Ne suis donc pas l'exemple de tes deux présidentes-modèle ici présentes, et apprends à rester à ta place, ou bien tu pourrais le regretter.
— Tu oses menacer la présidente ? peste Élodie.
— Non, c'est juste un conseil pour lui éviter des ennuis plus tard. Si elle est sage, elle persuadera Boris de se retirer des élections.
— Tu es pathétique, Nathan, cracha Louise. Tu crois que tu nous fais peur ?


Pourquoi lui ?

J'ai été follement amoureux de Maryline. Mais j'ai découvert qu'elle n'était pas ce qu'elle prétendait être. Vénale, elle me manipulait dans le but que je la couvre de cadeaux et, alors qu'elle prétendait être vierge et se réserver pour le mariage, elle se faisait troncher dans sa chambre à l'internat du lycée. Les choses ont évolué quand j'ai changé de visage. Je l'ai mise en face de ses mensonges et j'ai réclamé ma part. Elle m'a emmené dans les chiottes du lycée où elle m'a sucé et branlé entre ses énormes nichons sur lesquels j'ai fini par éjaculer. Le lendemain soir, je la prenais dans sa chambre. Maryline s'est révélée être une bonne grosse soumise qui adorait qu'on la défonce dans tous les sens et qu'on l'insulte allègrement. Notre aventure a continué jusqu'à la fin du lycée. Nous nous sommes perdus de vue après. Elle s'est donnée, mais jamais elle ne m'a aimé.


Je me tourne vers Louise et m'avance, affichant mon plus beau sourire narquois. Elle me défie de son regard de lionne. Je l'observe de la tête aux pieds et tourne autour d'elle, tel un prédateur qui jauge sa proie. Elle se tient droite et fière, reste impassible, mais il me semble distinguer de légers tremblements. Elle a beau essayer de le cacher, elle sait qu'elle est à ma merci.

— C'est de ta faute, tout ça, lui soufflé-je. C'est toi la responsable de tout. Tout se serait bien passé si tu avais accepté de te mettre à genoux ce soir-là, juste avant la soirée parrainage. Mais non, tu n'as voulu en faire qu'à ta tête. Mais même pour toi il est encore temps de faire marche arrière, ma chère Louise. Il est encore temps de te mettre à genoux et de nous sucer comme tu aurais dû le faire ce soir-là.
— Rêve toujours !

Je me colle dans son dos et lui attrape violemment un bras pour l'empêcher de fuir. Le sourire au bord des lèvres, je sors un canif et appuie le long de sa gorge. La voilà du coup moins téméraire. La nervosité et la peur agitent ses membres que je tiens fermement. Mes gars semblent surpris mais aucun ne bouge, si ce n'est David qui montre lui aussi des signes de nervosité.

— Euh, Préz', ça commence à aller trop loin cette histoire. Tu ferais mieux de ranger ça.
— Ta gueule, David ! crié-je tandis que je sens l'angoisse gagner de plus en plus ma proie. Tu ne vois pas que nous sommes en pleine discussion ? Occupe-toi plutôt de t'assurer que cette porte reste bien fermée.

Il hésite. Son regard cherche de l'aide parmi les autres mais personne ne bouge. Qu'est-ce qu'il s'imagine, ce con ? Je ne compte pas utiliser ma lame. Je m'amuse juste à leur faire un peu peur, histoire qu'elles comprennent une fois pour toutes qui est le chef ! Il commence à vraiment m'agacer, celui-là, à contredire de plus en plus mes actions. Mais, comme d'habitude, il se soumet à ma volonté et tourne la clé dans la serrure de la porte. Voilà, tout est bien comme ça. Nous ne serons pas dérangés.


Pourquoi lui ?

Quand Élise, la petite blonde sexy, amie et colocataire de Maryline, a vu comment je m'occupais de sa pote, elle a soudain nourri un intérêt pour moi. Je l'ai vue tenter de se montrer sympathique et se trémousser quand ma copine avait le dos tourné. Un soir que Maryline était sous la douche, la blonde s'est avancée vers moi et s'est agenouillée pour me sucer. Après ça, je l'ai niquée plusieurs fois aux toilettes, toujours dans le dos de Maryline. Ça la faisait mouiller un maximum de se faire malmener par le mec de son amie. Le lycée s'est fini et je l'ai recroisée quand j'étais en prépa. Elle avait trouvé un mec et se disait folle amoureuse. Mais un soir en boîte, la dame m'a laissé l'enculer. Encore une garce incapable d'aimer.


— Alors, ma petite Louise, lui murmuré-je dans l'oreille, quelle est ta décision maintenant ?
— Va te faire f…
— Nathan, tu es vraiment un idiot pathétique ! soupire Élodie.

De colère, je lâche Louise et me dirige vers cette dernière. Je pointe mon canif dans sa direction.

— Tu crois être supérieur à nous mais tu ne serais rien si je ne t'avais pas sorti de ton trou ! dit-elle, nullement impressionnée par ma lame. J'ai fait de toi le président des élèves car cela nourrissait mes intérêts. Je t'ai soutenu une bonne partie de l'année car cela servait aussi mes intérêts. Maintenant, mes intérêts sont de vous renvoyer dans l'ombre, toi et ton prétendant au BDE, et te voilà en train de chuter. J'ai fait de toi ce que tu es et je vais te balayer comme tu le mérites.
— Je ne m'en vanterais pas tant si j'étais toi ! sifflé-je sur un ton menaçant.
— Tu crois m'impressionner ? Tu veux que je me mette à genoux et que je vous suce tous les six ? Tu as raison : si tu dois t'en prendre à quelqu'un, c'est à moi !
— Élodie, non ! la supplie Louise.
— C'est bon, Louise, ça va aller. Cela me permettra de passer le temps et d'oublier cette ennuyeuse conversation.
— Et si on oubliait cette histoire de pipe et qu'on discutait entre personnes civilisées, calmement et sans menace ? lance David en s'approchant doucement.
— Retourne à ta place, lui ordonné-je.
— Préz', écoute, ce n'est pas raisonnable. Nous n'arriverons à rien comme cela.
— Retourne à ta place, j'ai dit, lui ordonné-je en pointant le couteau.

D'un geste vif, il chope ma main et tente de me faire lâcher ma lame. Ma réaction est rapide : je ne me laisse pas surprendre, me défais de son emprise et le frappe à l'estomac d'un coup puissant. David recule de deux pas puis se fait immobiliser par Manuel et Simon.


Pourquoi lui ?

J'ai branlé, palpé, baisé, niqué, enculé de nombreuses filles depuis que je suis sorti du lycée. Je me suis fait sucer par de nombreuses bouches, parfois deux en même temps. Je me suis branlé dans des seins de toutes tailles. J'en ai rencontré des garces, des salopes, des putes, des garages à bites, des suceuses de compétition. J'ai conquis, soumis, dominé, dévergondé des filles plus sages. J'ai initié des jeunes pucelles et j'en ai fait des débauchées comme les autres. J'ai joui de nombreuses fois de ces filles et en ai profité autant que je le pouvais. Certaines se sont accrochées à moi, mais jamais aucune ne m'a aimé.


— Putain, David, crié-je. Je te croyais de notre côté ! Qu'est-ce qu'il te prend, bon sang ?
— T'as perdu la tête, Nathan ! J'aurais dû le voir tout de suite que tu étais complètement cinglé.

« Moi, cinglé ? Pour qui il se prend ? Je n'ai fait que chercher à faire régner l'ordre dans cette école. Je n'ai voulu que rétablir l'ordre naturel des choses. Ce sont ces garces qui font perdre la tête à tout le monde. Elles les séduisent pour mieux les manipuler et les soumettre à leur volonté. Sorcières ! Il fallait quelqu'un pour les remettre à leur place. » De colère, je lui frappe un grand coup au visage. Il crache un peu de sang.

— Je m'occuperai de ton cas plus tard, David. Je te jure que tu vas me le payer !

D'un seul coup la porte s'ouvre en grand et rentrent en trombe Thomas et Sylvain. Je croyais que David l'avait verrouillée ! Et comment ont-ils su ce qu'il se passait ? Mon trésorier les aurait-il prévenus ? Mais comment ? Peut-être par SMS quand j'avais le dos tourné. Il a donc aussi fait semblant de fermer la porte. Maudit soit ce traître ! Les deux hommes courent vers moi, le regard noir ; je réagis plus vite et prends Élodie en otage.

— Un pas de plus et je lui repeins sa robe en rouge, les menacé-je.
— C'est fini pour toi, Nathan, déclare Thomas. La police va arriver d'une minute à l'autre. N'aggrave pas ton cas et relâche ma sœur.
— Quoi ? La police ? réagit l'un des potes de Simon. Merde, Nathan, j'ai jamais voulu ça, moi. J'me casse !

Le poltron se tire en courant, suivi de peu par l'autre pote de Simon tandis que Louise et Lorelei partent se réfugier derrière leurs deux laquais. Thomas bluffe avec la police, et les voilà déjà qui font dans leur froc. Putain, quelle bande de lâches ! Entre eux et David, aucun n'est capable d'aller jusqu'au bout des choses ? Suis-je le seul à voir la nature perfide de ces filles ?


Pourquoi lui ?

J'ai découvert les nymphes dans cette école. Je pensais avoir tout vu en terme de garces, mais les nymphes étaient d'un tout autre niveau. Elles n'avaient vraiment aucune limite mais, à ma grande surprise, beaucoup d'entre elles se sont montrées bien plus réticentes à se soumettre. Seule Élodie a fait mine de se soumettre, mais uniquement pour me garder dans son camp. Elle m'a aussi envoyé sa vice-présidente que j'ai pu saillir plusieurs fois. Mais les choses ont évolué : la garce a commencé à m'interdire l'accès à certaines de ses filles, puis elle a carrément changé de camp. Morgane s'est aussi laissé baiser, mais pas longtemps. Elle s'est très vite retournée contre moi. Louise n'a jamais voulu se soumettre et Sarah a eu l'audace de m'humilier en public. Elles se sont toutes liguées contre moi. Ce n'est donc pas elles qui m'aimeront.


Thomas avance d'un pas ; j'augmente la pression sur la gorge de sa sœur. L'assurance de cette dernière n'est plus aussi ferme que tout à l'heure.

— Recule, connard, ou je lui tranche la gorge !
— Fais ça et t'es un homme mort, me menace-t-il.

Je le regarde, surpris par cette menace. « Lui ? Faire de moi un homme mort ! C'est une blague ou quoi ? Ce pauvre type, ce chien des nymphes, il pense vraiment me faire peur ? » J'explose de rire, me moque de sa pathétique bravoure. Mon hilarité me fait cependant relâcher légèrement mon emprise sur Élodie. Elle profite de ce moment d'inattention pour me foutre un violent coup de coude dans les côtes et s'enfuir. À peine ai-je eu le temps de reprendre mes esprits que Thomas se jette sur moi.

Tout s'accélère. Plus loin, Sylvain frappe Manuel au visage. Le coup permet à David de se libérer. Simon charge mais se prend le poing de David dans le visage. Côte à côte, mon trésorier et Sylvain affrontent Simon et Manuel. De mon côté, Thomas, enragé, continue de me pendre pour cible. Il enchaîne des coups rapides et impressionnants, mais ce n'est pas suffisant pour me déstabiliser. Contrairement à lui, j'ai encore mon sang-froid et je sais parfaitement ce que je fais. La main serrant mon canif, je donne quelques coups en avant pour le faire dégager et reprendre ainsi l'avantage du combat.

Thomas bondit en arrière et crie tandis qu'un jet de sang gicle. Affolée, Louise accourt vers lui mais il lui fait signe de reculer. La blessure lui ayant atteint le bras ne semble que superficielle. Il me jette malgré tout un regard noir. Je lui réponds par un sourire moqueur. Nous nous tenons face à face, prêts à en découdre une bonne fois pour toutes tandis que les autres continuent de se mettre sur la gueule.

Je charge, lame tendue. Il évite le coup, chope ma main armée et me fout un coup de coude en plein visage. Bon sang ! Je ne l'ai pas vu venir celui-là. Sous le choc, je lâche mon arme et crie de rage. Sonné par le coup et la douleur qui m'élance encore, il me faut un court instant pour revenir au combat. Profitant du moment, il me frappe plusieurs fois dans le ventre. Chacune des ondes de choc me brûlent jusqu'au fond de mes entrailles. Bientôt mon abdomen n'est qu'un torrent de magma bouillant. « Putain de conard ! »

J'ai sous-estimé sa capacité à se battre. Visiblement, il est un adversaire rapide. Non, je ne me laisserai pas dominer par un petit merdeux. Je refuse. « Quel fumier ! Il va me le payer ! » J'enchaîne moi aussi plusieurs passes vives. Je rends coup pour coup. Je frappe à m'en briser les poings. Nous sommes tous deux plongés dans un combat acharné et furieux. Je touche ses côtes, il me frappe au visage. Je hurle. Coup de poing dans son menton, coup de genoux dans mon ventre. Je crache du sang.

Mais je suis bien meilleur que lui et plus endurant. Ma hargne est la plus grande. Elle est telle que la douleur qui m'élance ne m'apparaît plus que comme un lointain écho au fond de mon crâne ; peut-être un effet de l'adrénaline. Tous mes sens sont dirigés vers ce sale con. Peu à peu, je le vois se fatiguer. Je reprends donc l'avantage. Il est temps d'achever mon adversaire. Enfin ! Je frémis de plaisir à l'idée de le mettre à terre.

Sur le côté, je repère juste à temps Louise qui tente de m'assommer en abattant une chaise sur ma tête. J'évite sa vulgaire attaque et la dégage violemment plus loin. Elle se mange une table dans sa chute. Pris de rage de me voir m'en prendre à sa copine, Thomas retrouve un gain d'énergie et me charge. Le coup me désarçonne et je me retrouve à terre. Ma tête heurte violemment le sol. Ma vision se brouille. Des tambours résonnent dans mon crâne. C'est maintenant à Thomas de me dominer. Avec une fureur monstre, il fait pleuvoir des coups sur ma tronche. Argh ! Je sens mon sang couler. La douleur est horrible, abominable, atroce. Trop, c'est trop : j'abandonne.

Restant inerte, un voile obscurcit mes sens. Au bord de l'inconscience, j'arrive à peine à percevoir mon environnement. Il me faut faire un monstrueux effort de concentration pour deviner ce qui se passe. L'accalmie me fait réaliser que Thomas a retrouvé son calme. Il sait qu'il vient de remporter le combat. Plus loin, je comprends que David et Sylvain ont eux aussi maîtrisé leurs adversaires. J'entends Thomas se relever et se précipiter vers Louise pour la prendre dans ses bras.

— Tu vas bien ? discerné-je comme un son lointain. Il ne t'a pas fait mal ?
— Non, ça va. Et toi ? Oh, mon Dieu, tu saignes ! s'inquiète l'autre.
— Ce n'est rien, la rassure-t-il.
— Lorelei, appelle les pompiers ! crie Élodie. Thomas est blessé.

La salle récupère ses couleurs. Les sons ne sont plus étouffés. Je retrouve peu à peu mes esprits. Lorelei compose le numéro des secours et explique ce qui vient de se passer avant de raccrocher. Je les vois toutes les trois s'agiter autour de lui avec un air inquiet.

Pourquoi lui ?

Il était détaché, discret, timide, et sans que personne ne s'y attende le voilà qui se tape Sarah, la plus grande des garces. Suite à ça, il finit en couple avec Louise. Il a forniqué avec Lorelei cette année. Sa putain de sœur l'a même appelé pendant les jeux érotiques où il a fini par la baiser. La rumeur prétend que ce ne serait pas la seule fois où ils ont fait ça ensemble. Il a couché avec toutes les nymphes les plus influentes, peut-être même qu'il les a toutes niquées. Je suis bien plus beau que lui, plus athlétique, plus grand, j'ai un visage plus agréable, de plus beaux yeux. Je suis aussi plus charismatique, mais c'est lui que la plupart de ces garces insoumises choisissent. Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? Elles sont là, Louise, Lorelei et Élodie à l'entourer, à s'assurer qu'il va bien. Elles ne font pas semblant et s'en préoccupent vraiment. Elles tiennent vraiment à lui. Elles l'aiment. Il ne les a pas soumises, et pourtant elles se sont données d'elles-mêmes. Elles se sont tournées vers lui naturellement. Pourquoi lui ? C'est injuste. Je n'ai jamais connu ça, moi. Pourquoi lui ?

Je tourne la tête sur le côté et repère ma lame près de moi. Sans que personne ne fasse attention à moi, je tends une main affaiblie vers le canif. L'avoir de nouveau en main me redonne une sensation de toute-puissance. Je me lève et charge Thomas. Quelqu'un hurle un grand « NON ! » derrière moi, mais c'est trop tard pour faire réagir le petit chien des nymphes. Il n'a pas le temps de se retourner avant que je lui plante mon couteau dans le bas du dos. Ma lame s'enfonce dans sa chair et le sang gicle ; je jubile et pousse un cri de victoire. Je suis prêt à enchaîner les coups, mais quelque chose me heurte violemment l'arrière du crâne. Tout devient noir.