La tentative de réconciliation

Comment expliquer l'orage qui a grondé sur moi à mon retour ?

— Où étais-tu passée ? Qu'est-ce que tu as foutu de toute la nuit ?
— J'ai marché, j'avais besoin de faire le point. D'oublier que notre couple part à la dérive.
— Tu me prends pour un imbécile ! Tu crois que je vais avaler ça ? Rien ne va jamais comme tu le veux, hein ! C'est trop compliqué de te dire que je marne à longueur de journée pour que madame ne manque de rien ! Sans pognon, on ne vit pas vraiment bien ; tu devrais savoir cela, non ?
— Et c'est sur un matelas de fric que tu seras heureux ? Quand tu seras tout seul, parce qu'à force de me délaisser et de n'être jamais présent, ça va bien finir par arriver. Tu peux me croire : je ne vais pas attendre la fin du monde pour profiter de la vie, et ton argent n'y changera rien ! C'est à prendre ou à laisser.
— Bon, on continue de s'engueuler ou on discute tranquillement ?
— Je pense que ça ne tient qu'à toi, finalement ; mais tu ne veux jamais écouter ce que j'ai à dire. Et je ne serai plus jamais ta bobonne : ce temps-là est terminé !

Puis les choses se sont légèrement calmées, et Alain et moi avons repris plus ou moins une vie normale. Mais c'est aussi le retour à la routine, celle du petit coup du soir ou du matin, sans fantaisie. J'essaie de lui expliquer ce que j'aimerais, mes fantasmes. Je tente de savoir s'il veut partager les siens, mais chaque fois que j'aborde le sujet soit il se tait, soit il me prend pour une folle. Puis un samedi matin une dispute éclate à nouveau, toujours sur le même sujet.

— Alain ! Bon sang, pourquoi ne m'écoutes-tu jamais ?
— Mais je ne fais que cela, et tu te plains toujours ! Notre vie me plaît, à moi. Que voudrais-tu que je demande de plus ?
— J'ai besoin d'autre chose. D'être une femme, d'être désirée, regardée, que nous fassions autre chose que ces petites parties de jambes en l'air « au-papa-et-à-la-maman » ! Je veux vivre autre chose que ce que tu m'offres là, justement. Avec toi, si possible ; mais sans, si tu persistes dans ton entêtement.
— Ce n'est pas possible ! Ma femme est devenue une salope ! Tu veux faire la pute ? Te faire baiser par d'autres mecs ? T'envoyer en l'air comme une truie ? Tu crois que c'est cela, vivre une vraie vie ?
— Tu ne vois donc pas que tu n'arrives plus à me faire jouir avec tes petits coups de queue du soir ou du matin ? Que j'aspire à faire l'amour d'une autre manière, et que j'aimerais que toi aussi tu connaisses cela ? C'est avec toi que je désire ce changement ; mais si tu insistes à faire comme si tu ne voyais rien, eh bien tant pis pour toi ! Je saurai me débrouiller seule. Je veux vivre une autre facette de cette vie.
— Merde ! Tu ne te contentes jamais de ce que l'on te donne, non plus… Alors dis-moi ce que tu veux réellement ! Mais sois bien consciente que je ne sais pas si je serai capable de t'offrir ce que tu désires vraiment.
— J'aimerais te voir, moi, faire l'amour avec une autre femme, te regarder être caressé, peut-être même te voir te faire sucer par un autre homme. Éventuellement, même te voir le faire.
— Quoi ? Tu veux faire de moi un pédé ? Ça ne tourne pas rond dans ta caboche, hein. Tu es bonne pour l'asile !
— Arrête ! Ne recommence pas ! Tu veux des explications, et dès que j'essaie de t'en donner une ou deux, tu prends la mouche et te voilà au bord de l'insulte. Calme-toi et laisse-moi parler, au moins.
— Tu voudrais me voir me faire mettre ? Tu m'imagines avec une bite dans le cul ?
— Ça te gêne peut-être de me mettre la tienne, toi, hein ? Là, pas de souci ! Ça, c'est normal ; mais la réciproque, c'est un crime !
— Mais ce n'est pas pareil…
— Ah oui… Dis-moi pourquoi c'est bien de sodomiser sa femme, mais de ne pas imaginer que ce soit possible pour toi. Et puis, je ne te demande pas de le faire ! Mais sucer ou te faire sucer, ça devrait être dans l'ordre des choses ; recevoir un couple pour faire l'amour à quatre, toi avec la femme et moi avec son homme. C'est au-dessus de tes forces ? Tu as intérêt à vraiment y réfléchir, parce que je suis au bord du départ, là ! Je te promets que je ne vais plus résister longtemps.
— Bon, bon, on reparlera de tout cela un autre jour.
— C'est ça, botte en touche, comme d'habitude ! Mais si tu ne me donnes pas rapidement une réponse, je te jure que je fais ma valise et que tu t'astiqueras tout seul.
— Pff…

L'altercation a été rude, et c'est presque sans m'en rendre compte que j'ai lancé cet ultimatum. Bien sûr, Alain est parti, comme à chaque fois qu'il sent qu'il perd pied. Et moi, eh bien me voici encore en rogne ! Une rage sourde, une colère qui monte partout dans mon moi profond. Je lui en veux de ne jamais vouloir ne serait-ce qu'écouter, dialoguer. Je me dis que c'est fini ; je ne serai plus sa chose à part entière. Pour lui, c'est difficile d'admettre que je peux avoir d'autres rêves, d'autres envies que les siennes. Je ne veux plus vivre comme cela, je me le promets !

Finalement, nous cohabitons sous le même toit, comme des colocataires. Mais pendant toute la semaine qui suit cet accrochage verbal, je ne le laisse pas m'approcher, et il ne peut se satisfaire. Bien entendu, j'avoue que j'ai du mal à résister à ces envies qui m'étreignent le soir, à ce besoin de sentir mon corps vibrer sous sa queue. Mais j'ai pris une résolution et je m'y tiens. Je pense qu'il craquera avant moi ; enfin, je l'espère… Nous mangeons dans un calme relatif, mais c'est difficile de n'entendre que le bruit des couverts qui cognent sur les assiettes. Les silences sont lourds à supporter.

Mais au bout d'une semaine, le dimanche soir, Alain met de la musique et vient se coller contre moi.

— Si nous faisions la paix ? Tu ne veux pas discuter un peu avec moi ? Tu parles, et je te promets de t'écouter. Je ne peux rien te garantir d'autre, sauf t'écouter.
— Ce ne sera déjà pas si mal, mais tu pourras vraiment ne pas me reprendre à chaque mot ?
— Au moins, je veux essayer. Vas-y, dis-moi ce que tu attends de moi ; je ne veux pas te perdre.
— Bien. Tout d'abord, moi non plus je ne veux pas te quitter, sauf si tu m'y obliges. Maintenant, je voudrais que nous ayons ensemble des projets, et pas seulement des plans pour une sortie, un voyage ou je ne sais quoi. Je voudrais que tu comprennes que j'ai besoin de m'épanouir dans une autre vision de notre sexualité. Jusque-là, tu me suis ?
— Oui, bien sûr. Mais bon, m'imaginer que tu puisses… avec un autre !
— Tu sais, il paraît que les couples libertins sont bien plus unis que les autres ; et puis, je ne veux qu'essayer. Si ça ne marche pas, au moins nous ne mourrons pas idiots. Nous pourrions juste commencer par un club libertin, pour voir ce que c'est.

Gros soupir d'Alain.

— Ne souffle pas comme ça, je ne te demande pas la lune. Il paraît que ces endroits ne sont que des bars améliorés où les gens peuvent assouvir leurs fantasmes, que la courtoisie et le respect sont de rigueur.
— Tu m'as l'air bien d'être renseignée sur le sujet ! Tu y es déjà allée sans me le dire ou quoi ?
— Ne sois donc pas idiot… Je n'ai rien fait de tel, mais tu le mériterais ! Je ne veux plus de tes petits quarts d'heure à me toucher deux fois, à éjaculer puis à dormir dans la foulée.
— Ça, Maryse, je l'ai bien saisi ! Tu veux le grand jeu, le sexe à l'état pur ; mais moi, dans tout cela, que vais-je y gagner sauf à devenir cocu ?
— Ah, le voilà lâché, le grand mot ! Mais moi je veux aussi te voir, te regarder faire l'amour, entendre une autre femme crier sous toi. Voir et entendre, tu comprends ? Tu peux imaginer ce que cela pourrait avoir de jouissif pour moi ? J'ai vu comme tu bandes rien que devant un film de cul sur Canal+ ; alors je suis certaine qu'en réel, cela serait encore plus excitant pour nous deux.
— Je suppose aussi que tu as déjà préparé ton affaire ? Tu as planifié tout cela, et pas que dans ta tête…
— Non ! Je ne voudrais pas être déçue par ton refus. Je te demande d'y réfléchir, et ensuite nous aviserons tous les deux. Toi et moi pour une première fois. Je ne désire que cela pour le moment : seulement que tu y songes, que cette idée s'incruste dans ton esprit.
— Bon, je te promets d'y penser. Je te jure que je vais peser le pour et le contre, et je te donnerai une réponse.
— C'est bien. Je t'aime, tu le sais, et je te fais vraiment confiance.

Alain s'est littéralement collé contre moi et sa main qui a pris la mienne ne me lâche plus.

— Je peux te caresser ? Tes seins, ton ventre, ta bouche m'ont manqués…
— Oui, tu peux me toucher, mais tu ne bâcles pas cette fois-ci notre partie de jambes en l'air. J'aimerais que tu me donnes du plaisir, ce soir, un énorme plaisir !
— Promis ; je vais faire de mon mieux. Viens m'embrasser. Viens, ma belle salope ! Alors comme ça, on veut se faire tringler par un autre mec ? Madame veut se faire baiser devant moi ?
— Non, j'aimerais que nous fassions l'amour à quatre ; que toi aussi tu joues avec un autre corps que le mien. Mais ça t'excite, finalement, on dirait ? C'est quoi ce truc tout dur, là, sous ma main ?

Sa réponse se perd dans un gémissement inaudible. J'ai vraiment envie de lui, mais je sens qu'il n'est pas en reste. Sa bouche vient à la rencontre de la mienne, et je ne refuse rien de ce baiser qui m'échauffe le sang. Je ne retire pas mes doigts de la tige raide, et il glousse tout en continuant à m'embrasser. Nos salives se mêlent, se mélangent, et j'adore finalement ce baiser ! Il a un goût de renouveau. Je crois deviner que mon petit laïus l'a émoustillé au plus haut point. Les grands discours sont désormais inutiles. Nos corps se recherchent, se retrouvent dans une danse singulière, celle des amants heureux de se retrouver.

La bouche qui visite la mienne me colle plus encore, laissant battre la mesure à nos langues avides. Puis, quand nos lèvres ivres de redécouvrir d'autres espaces pourtant mille fois reconnus se décident à divaguer sur des monts et des vallées frémissants, je me cramponne à lui. Alain parcourt lentement les plages qui vont de mon cou à mes seins, y revenant à maintes reprises comme pour s'assurer qu'il n'a omis aucune parcelle de peau. Ses doigts, pleins d'allant, vont et viennent sur les monts roses, pinçant au hasard les tétons bruns qui me font bondir sous des sensations retrouvées.

Je masturbe doucement cette bite bien chaude qui emplit ma menotte. Il se crispe parfois en reculant son bassin, signe qu'il ne veut pas que j'aille trop vite. Je règle donc mes allers et retours sur les mouvements de ses hanches. Mais lui persiste, et mes bouts de seins sont à la limite douloureux ; pourtant il continue de les triturer comme il ne l'a jamais fait sans doute. Mon Dieu, que j'aime quand il me fait l'amour de cette façon ! Puis ses dents remplacent la pince de ses doigts. Il agace, sans vraiment mordre, les pics bruns qui soulèvent ma poitrine au rythme des sensations qu'il me procure.

— Alors, Maryse, c'est bien ce que tu veux ? Te faire baiser comme une chienne ? Te voilà comme ma salope offerte ! Tu en veux ? Eh bien, tu vas être servie ! Je te jure que tu vas pouvoir crier tout ton content.
— Oh oui, vas-y ! J'aime ça ! Tu ne peux même pas savoir comme ça me fait du bien !
— Attends, tu n'as encore rien vu. Je ne fais que commencer : le meilleur reste à venir.
— Hum, des promesses, toujours des promesses…

Je me tords sous les caresses, sous les mordillements. Il sait y faire quand il veut. Puis, sans crier gare, il me prend par le bras, me pousse sur le côté, et je me retrouve à genoux sur le tapis, juste devant la cheminée. Il se lève, finit de me dévêtir, fait la même chose pour lui. Ensuite il se sert de sa chemise pour me lier les poignets. Je suis à quatre pattes et il est maintenant debout, nu devant moi.

— Voilà ! Maryse l'esclave ! Maryse la salope ! Maryse qui va subir les outrages de son mari ! Demande-moi pardon ! Allez, je veux t'entendre supplier ! Vas-y, ma petite pute ! Et tu m'appelles « Maître ». Je t'écoute. Alors, ça vient ? Tu veux des choses ? Elles se paient, et c'est cash ! C'est moi le mâle, et c'est mon jeu, c'est mon soir ! Tu auras les tiens, de jours, mais là, c'est moi qui décide, qui commande !
— Oui Maître. Ordonne et j'obéirai.
— Tu n'as rien à dire, rien à réclamer ! Je vais faire de toi la salope que tu veux devenir ; nous allons donc commencer tout de suite. Compris ?
— Oui.
— Oui qui ? Il va falloir t'y habituer, sinon je te tannerai le cuir !
— Oui, Maître.
— C'est bien. Baisse la tête et lèche mes pieds ! Je vais faire ce que je veux de toi. J'ai envie de t'entendre pleurer, gémir. Reste comme cela, je reviens.

Je m'exécute, je lui suce les doigts de pieds. Alors Alain me laisse là, en plan dans le salon. Je ne me retourne pas, je suis trempée ! Notre discussion semble avoir agi sur lui. Il a quitté la pièce et j'entends s'ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur le jardin. Je tremble de cette attente, je ne suis plus qu'envie et impatience. Il est rapidement de retour, et ce qu'il tient à la main m'effraie presque ; une longue tige verte et jaune : une branche du saule pleureur.

D'abord, la longue tige souple court sur mon dos et me donne des frissons. Elle monte, descend sans à-coups ; seule la pointe frôle mon épiderme. Alain ne dit plus rien, se contentant d'un sourire énigmatique, mais sa queue est bandée au maximum : je la vois qui remonte vers son nombril, fière et tendue. Puis la ramure revient le long de ma colonne vertébrale, se frottant sur moi. Je ne remarque rien dans le regard de mon mari. Aux coins de ses lèvres, un étrange rictus achève de me désarmer.

— Baisse la tête ! Pose ton front sur le tapis.

Je fais ce qu'il me demande, ne sachant pas trop où il veut en venir. Il se déplace, et la badine le suit. Elle est désormais sur ma croupe. Longeant mes fesses, doucement, il la remue. Puis elle revient entre les deux, la pointe s'insinuant dans la raie de mes fesses. Les chatouillis sont indescriptibles. J'en ai le souffle un peu court. Le manège dure une éternité. Je n'en peux plus de cette attente. Je voudrais le toucher, sentir sa bite bien raide ; je voudrais qu'il me lèche la chatte. Je voudrais, je voudrais…

Mes doigts se recroquevillent dans les fibres du tapis. Je ne sais plus où j'en suis, tellement cela me fait de l'effet ; c'est trop bon ! La baguette a délaissé mon corps, mais c'est pour mieux y revenir ; et cinglante, cette fois.

— Tiens ! Tu veux des sensations nouvelles ? Eh bien en voilà ! Alors, ma salope, une bonne dérouillée avec cette cravache improvisée et tu vas en avoir, des choses à raconter… Tu vas la connaître, cette extase dont tu parles tant.

Le premier coup a claqué sur ma peau, pas vraiment douloureux, mais il m'a simplement surprise. Puis les suivants sont plus appuyés, arrivant n'importe où sur ma croupe tendue. Je ne les refuse pas, ne les évite pas ; de toute manière, ils viennent toujours là où je ne les attends pas. Mes fesses commencent à cuire sous les impacts de plus en plus prononcés. Je crie, mais c'est plus d'envie que de douleur.

— Oh, mon chéri… Oui, vas-y, c'est bon ! J'aime ça… Continue ! Plus fort, s'il te plaît, fais-moi mal !
— Tu vas être servie ; de quoi te passer tes envies de pute ! Quand tu ne pourras plus t'asseoir pendant huit jours, on verra si tu voudras encore te faire mettre par je ne sais qui !

Brusquement, le coup qui m'atteint n'est plus sur mes fesses. Il est plus bas, juste sur ma fente qui s'échauffe vite. Là, c'est plus sensible, et je mords une de mes mains pour ne pas crier. Il sait qu'il a frappé fort, alors il jette la badine sur le côté. Il m'attrape par les cheveux et me relève la tête. Il est debout devant moi. Son vit durci se frotte sur mon visage. Il m'impose cette trique dure ; je me sens poussée par ses mains contre son sexe en érection. Mes joues s'enfoncent dans cette masse raide, chaude, et je sens les poils autour de cette bite qui se fourrent dans mes yeux.

— Salope ! Salope, vas-y ; sors-la, ta langue ! Vas-y, suce-moi la pine ! Allez ! Ouvre ta bouche que je te la plante dans le gosier.
— Euh… oui…
— Tais-toi ! Tu ne dis rien, sale pute ! Tu n'as plus rien à dire ! Tu veux jouir autrement ? Eh bien ça va être ta fête, je te le jure. Obéis !

J'ai à peine sorti le bout de ma langue que déjà la queue se rue à l'entrée de ma bouche. Elle se fraye un passage en force entre mes mâchoires que je dois desserrer. Elle entre, interminablement ; jamais sans doute n'est-elle allée aussi profondément dans cet endroit. Je suffoque, j'en ai mal aux muscles. Il ne s'arrête que lorsque la totalité est à l'intérieur. Ses petites boules frappent mon menton. Et il me maintient ainsi durant de longues secondes. J'ai des haut-le-cœur, à la limite de vomir. Puis il ressort presque entièrement, mais c'est pour mieux revenir.

Finalement, son manège se répète plusieurs fois ; il semble toujours stopper avant que je ne sois complètement suffoquée par la tige qui me remplit. Il grogne en poussant sa bite dans ma bouche alors que ses mains dans mes cheveux continuent d'exercer une poussée soutenue. Petit à petit, je réagis positivement à cette prise de bec pas si innocente. Mon corps réagit favorablement à ses sollicitations plutôt brutales, et je ne peux plus rien contrôler. Sur mes cuisses, je sens couler la lave qui sort de mon ventre.

— Alors, Madame est contente ? Elle se fait troncher par la bouche ? Tu as moins de morgue, là. Tu ne la ramènes plus, on dirait… En attendant, tu avais raison sur un point : c'est trop bon, pour moi. Je devrais te baiser comme ça un peu plus souvent. Maintenant, nous allons passer aux choses sérieuses.

Il a raison : j'aime cette envie qu'il fait naître en moi. Je sais que je suis conquise par cette autre forme d'amour plus… physique, plus brutale. Ensuite, il retire cette chose qui me fait baver au sens littéral du mot, m'ordonne de rester à quatre pattes. La moquette est douce et la position pas trop malaisée. Lui s'éloigne de quelques pas ; je ne vois rien de ce qu'il fait derrière moi. Quand il revient, c'est pour me poser sur le cou un collier de cuir pareil à ceux que l'on met aux chiens.

La chemise qui me retient les bras liés dans le dos m'est retirée. Où diable a-t-il bien pu trouver ces morceaux de chaîne qu'il me fixe à chaque poignet ? Peu importe. Ce qui compte, c'est qu'il m'attache les mains après les pieds de la table basse, et qu'en position agenouillée je ne suis plus qu'une femelle à sa disposition. Une écharpe de soie noire, sortie tout droit de mon dressing, vient obscurcir complètement ma vision. C'est comme s'il avait tout prévu, s'il avait tout prémédité. Et moi qui le croyais à cent lieues de ce que j'aimais !

Doucement, avec presque de la tendresse, ses mains me caressent. Elles débutent dans mes cheveux, descendent sur ma nuque, grattant lentement des ongles bien limés sur les parties de la peau que les doigts frôlent simplement. Je suis envahie par un sentiment de bien-être, par une envie qui me donne des frissons. Lui, sans un mot, sans à-coups, continue le long périple de ses attouchements étranges et je me mets à gémir. D'abord, ce n'est qu'un léger soupir qui franchit mes lèvres, un murmure à peine audible ; puis doucettement, le son s'amplifie au rythme de ces traînées rouges qu'il doit laisser sur mon épiderme.

De la nuque, le chemin emprunté pourrait être direct et glisser vers le bas de mon dos, mais ce n'est visiblement pas ce qu'Alain veut. Il va, vient, repart, recommence, repasse dix fois, vingt fois sur les mêmes endroits, ne se lassant pas de flatter, de cajoler chaque centimètre carré de cet envers que je ne peux voir. Mon angoisse n'est plus de mise, mon envie devient folle. Mon sang bout dans mes veines. Au bout de longues minutes de ce traitement, mes plaintes sont quasi continuelles. Puis survient la phase suivante, celle où, toujours à genoux, je l'implore pratiquement.

— Oh… Ne t'arrête pas. Continue. Oui, c'est trop bon ! Oh ! Je t'aime. Oui… encore. Ne me laisse pas comme ça ; prends-moi ! Vas-y, baise-moi ! Je suis ta salope, ta chienne ! Fais de moi ce que tu veux. Je t'en supplie, tringle-moi ! Vas-y, salaud, baise-moi, enfile-moi !
— Tu n'as rien à demander : je te donnerai ce que tu mérites. Inutile de m'implorer ! Tu aimes l'amour « vache » ? Eh bien, tu vas être servie. C'est moi le maître du jeu, et tu es à ma disposition, pas l'inverse.

Je me tais, mais mes soupirs doivent faire sûrement trembler les murs. Il persiste à me faire vibrer d'attente, folle d'excitation. Pour une fois, il sait retenir cette envie qu'il doit avoir, il ne précipite aucun de ses gestes ; lenteur alterne avec douceur, et puis rime avec rudesse aussi quand sa main sur mes fesses plaque ses doigts tendus. Le jeu dure une éternité, et la tache sous moi ne fait que s'élargir alors que mes soupirs sont conséquents.

— Bien ! Maintenant, ma petite chienne, viens donc sucer mon os ! Allez, tourne-toi et lèche la queue du monsieur !

Il me pousse sa bite dans la bouche alors que je suis au bord de l'explosion. Le gland rose est comme une délivrance ; j'attends depuis trop longtemps cette arrivée, et même dans la bouche, le plaisir me submerge. Pour une fois, c'est moi qui ne l'attends pas. L'orgasme qui me secoue l'oblige à reculer ; il n'arrive plus à me retenir. Mon corps remue de partout, sans que je puisse endiguer ces mouvements désordonnés. La montée de ce plaisir envahit toute la pièce ; elle l'oblige à garder sa queue loin de mes dents qui pourraient bien, dans un réflexe, mordre son engin toujours raide.

Je perds toute notion de temps, d'espace, et je me retrouve allongée sur le ventre, encore toute secouée de spasmes qui finissent leurs contractions, tout en bas de mon ventre. Alain, accroupi au-dessus de moi, finit de se masturber en grimaçant. La longue traînée laiteuse qui gicle de son vit rouge se répand sur mes épaules, atteint aussi la lisière de ma chevelure. De sa main libre, il me donne une claque légère sur les fesses.

— C'est bon, tu as gagné. Trouve-nous un couple, des partenaires qui aiment ta façon de vivre le sexe : je veux bien essayer. Une fois au moins, juste pour te faire plaisir. D'accord ?

Puis il se penche, et ses lèvres viennent effleurer mon dos. Dans ma semi-inconscience, je dois esquisser un sourire. Celui de cette première victoire ! Un sourire qui laisse penser que notre vie va enfin changer. Pour un premier essai, du moins.