La continuité

Le divorce a été plutôt pénible. L'avocat que j'ai pris voulait absolument faire passer Alain pour un tyran, un bourreau. Il m'a seulement obligée à me défendre en refusant le dialogue. Mais cette guerre des nerfs m'a quelque part usée et m'a donné, par contre, une sorte de courage. Effacées, ces années de vie commune ? Non, mais largement estompées par un acharnement réciproque à défendre les maigres acquis de cette période. Puis il y a eu le déballage de linge sale : « Ce n'est pas moi, c'est toi ! » ; « Non, c'est lui ! » Pas vraiment comme cela que ça s'est passé ? Que si ! L'arbitre, une femme juge, avait un point de vue pas très impartial, mais sa condition de femme l'a sans doute, sans le vouloir, portée à abonder dans mon sens.

C'est fini ! Le couperet est tombé sur des torts partagés. Ça ne veut rien et tout dire. J'ai vu des larmes dans les yeux de mon mari ; non, ex-mari. Mais elles n'étaient sans doute pas pour moi, car son regard m'aurait crucifié s'il l'avait pu. Cette haine, dans des yeux qui m'avaient si souvent couvée de leur amour, quelle désolation ! Quand j'ai voulu m'approcher, à la fin de ce combat aussi inutile qu'idiot, Alain a filé par une autre issue. Le voir partir sans se retourner, sans un geste pour moi, je crois que ça m'a fait un mal atroce. Mon conseil et le sien se sont parlé entre deux portes ; j'ai continué mon chemin. Puis quand Maître Guillot est revenu vers ma voiture, il avait le sourire. Pas moi !

— Vous recevrez un chèque de votre mari dans le courant de la semaine. Il souhaite que cette affaire en reste là et ne désire plus avoir de contacts avec vous. Bien entendu, vous aurez également la note du reliquat de mes honoraires. Je vous souhaite une excellente journée.
— Merci. Au revoir, Maître.

Mon cœur n'a pas vraiment envie de me laisser rire. On ne supprime pas une si longue période de sa vie – et très heureuse, qui plus est – d'un simple trait de plume, par une minuscule signature au bas d'un jugement. Je sais, je sens bien qu'il me faudra des mois, des années pour me reconstruire et j'imagine que, pour Alain, il en sera de même. Je ne veux pas pleurer, mais cette boule au fond de ma gorge m'oppresse, m'angoisse, me tiraille les tripes. Sans trop savoir ce que je fais, je roule, au gré de mon humeur. Plus que morose, je réalise soudain que ma voiture se trouve vers ce chalet, celui de ces années de bonheur, et que c'est une connerie monumentale. Alors j'écrase le champignon, m'éloignant volontairement de ce temps désormais révolu.

C'est chez Adeline que je décide de m'arrêter. Ça fait un sacré bail que nous nous sommes vues. Alors que je vais pour appuyer sur la sonnette, Marcel, avec son sourire, m'ouvre la porte.

— Maryse ! Bon sang, tu es encore plus jolie que dans mes souvenirs !
— Bonjour, Marcel.
— Entre. Entre donc ! Adeline est au marché, elle ne devrait pas tarder à rentrer. Tu as une petite mine, ce matin. Des ennuis ?
— Non, pas plus que d'ordinaire ; je reviens seulement du tribunal… J'ai besoin d'en parler, alors je pensais le faire avec ta compagne.
— Ouais, ton divorce ? Elle m'en a touché deux mots. C'est toujours un peu triste de voir deux êtres qui se sont aimés se déchirer.
— Surtout que nous nous sommes entendus si bien pendant…
— Allez viens, on va boire un coup. Ça te fera du bien !
— En tout cas, ça ne peut pas faire plus de mal que la peine que j'ai.
— Un électrochoc alors. Un bon whisky-Coca ? Tu vas le sentir passer : il va te calmer.
— Entendu. Qu'est ce que tu deviens depuis ce temps ? Et ta femme ?
— Adeline va bien. Elle me fait un peu la gueule, tout cela parce que je dois repartir en tournée dans trois jours et pour trois mois au moins. Je vais en Belgique, au Luxembourg, et comme ce n'est pas tout près, pour rentrer… je ne pourrai pas trop souvent. Elle va me manquer. Il faut bien faire bouillir la marmite.
— Je te comprends, mais je me mets aussi à sa place. Mais rassure-toi : je viendrai la voir, ou c'est elle qui me rendra visite.
— C'est vrai, elle m'a dit que tu avais acheté une jolie villa en bordure de la forêt. Mais elle n'a pas été capable de me dire ce que tu faisais comme boulot. Je pense que c'est avec l'argent que ton mari te devait que tu as pu t'offrir cette belle bicoque.
— Ben, pas vraiment, et je ne suis pas non plus très fière de mes activités. Mais c'est difficile d'en parler ouvertement.
— Ne me dis pas que tu fais des choses illégales ; pas toi, je ne te croirais pas.
— Je ne sais pas si elles sont hors la loi… Mais pas très… morales. Disons que je reçois pas mal d'hommes. Ceux-ci peuvent, pour un peu d'argent, s'offrir un peu de bon temps dans mon lit ; et comme je ne découche pas…
— Non ! Je ne peux même pas imaginer que tu puisses faire la…
— Pute ? C'est bien le mot auquel tu songeais ? Tu peux le dire, ça ne me froisse plus depuis longtemps. Oui : pour quelques centaines d'euros, un mec peut passer plus ou moins longtemps avec moi. Je ne lui refuse rien s'il y met le prix.
— Ben merde ! Alors là, tu me sidères, pour ne pas dire que tu me troues le cul.
— Remets-toi ; ça ne fait pas mal et on s'habitue à ce genre de sport, d'autant plus qu'il offre pas mal d'avantages. J'ai énormément de liberté et je vis bien. Je n'en ai jamais parlé avec ta douce Adeline, des fois que ça lui donne des idées…
— Je ne crois pas qu'elle ferait cela. Mais si un jour… j'aimerais qu'elle me raconte par le menu une de ces entrevues. Je t'admire, malgré ma répulsion pour les prostituées. Tu vois, durant mes longues soirées solitaires, alors que je pourrais aisément la tromper, je mets un point d'honneur à ne pas le faire.
— Tu oublies juste un instant le soir de notre rencontre ? Ce n'était pas la tromper, ce soir-là ?
— Non : justement, elle était au courant et elle était d'accord à condition que je te ramène ici, à la maison. Souviens-toi comme elle en a bien profité aussi, de notre petite réunion. Et toi également, autant que je m'en souvienne.
— C'est vrai… De toute façon, avec l'argent que mon mari va me donner, je pense que je raccrocherai les gants. Mais vois-tu, Marcel, j'ose avouer que j'y prends une certaine forme de plaisir. Et je me contrefiche de choquer les âmes sensibles, les bonnes mœurs et autres pudibonderies de personnes coincées. Que ceux qui veulent se sortir de situations scabreuses se bougent le cul, et tout ira pour le mieux. Qu'ils s'occupent aussi de leurs affaires sans se mêler parfois de celles des autres.
— Comme j'aimerais parfois qu'Adeline ait cette forme de courage ! Je m'imagine bien rentrer un soir et qu'elle me raconte une histoire de cul avec un mec qui l'aurait payée. Je sais bien que ça n'arrivera jamais, mais on a quand même le droit de rêver.
— Bien entendu, mais c'est ma vision de choses, pas celle de ta compagne. Après, chacun vit comme il le veut.
— Je peux te poser une question ? Exprimer un vœu ?
— Vas-y ; pourquoi tu te gênes avec moi ?
— Tu ne voudrais pas… enfin, ce ne serait pas possible…
— Quoi ? Accouche, merde !
— Tu ne voudrais pas la prendre avec toi une seule fois, juste pour qu'elle puisse me le raconter ?
— Tu veux dire qu'elle assiste à… une de mes rencontres ?
— Oui. Mais si elle participait, ce serait… le pied pour moi. Comme là, en ce moment… Tu comprends que seulement en parler avec toi me fait bander comme un cerf ?
— Je me disais bien aussi…
— Alors, tu serais d'accord ou pas ?
— Ce genre de chose, c'est à toi, à toi et à elle d'en parler entre vous ; et si elle se décide à dire oui, alors pourquoi pas ? Mais ce n'est pas mon rôle d'aller au-devant d'Adeline pour qu'elle se sente concernée. Si c'est elle qui vient m'en parler, je lui dirai que je suis d'accord, mais je ne ferai pas les premiers pas : j'aurais trop l'impression de lui forcer la main.
— Je te comprends, et te promets de lui en toucher deux mots. Mon Dieu, si elle pouvait me faire ce plaisir ! Tu ne voudrais pas… juste me faire une petite pipe ?
— Je suis hors de prix, et tu n'aurais pas les moyens d'assumer. Et puis il y a… elle ; et là, je ne bougerai pas, pour tout l'or du monde.
— Entendu, n'en parlons plus alors ; mais imagine comme je vais lui faire l'amour quand elle va rentrer.
— Bien, alors je te laisse. Tu lui diras de m'appeler, que je suis passée la voir. Bisou, mon Marcel.
— Bisou à toi, belle cochonne… Et tu peux compter sur moi pour passer ton message.

Je suis partie, et depuis la fenêtre, j'ai vu que Marcelino continuait à me regarder. Dans ses yeux, j'ai senti qu'il fallait que je parte : il était tendu, et cette situation risquait de n'apporter que des choses regrettables. Son envie, par exemple, puis ses questions plus du tout anodines. Ensuite, il y avait cette respiration qui avait tendance à s'accélérer, cette manière trop lubrique de m'observer, à la dérobée. Je suis certaine qu'Adeline va avoir un coup de chaleur quand elle va rentrer. Je ne sais pas si c'est une bonne chose de lui avoir raconté ma manière de gagner ma vie. Enfin, je ne pense pas qu'il soit capable de… Je me méfierai plus, à l'avenir. Je me sens cependant soulagée par cette conversation-confession.

À la maison, je m'étends sur mon lit ; je n'ai aucune envie de manger quoi que ce soit. Je ne suis pas certaine qu'une quelconque nourriture passerait. Le sommeil que j'aimerais trouver ne vient pas lui non plus et je me tourne, me retourne sur la couverture. Rien n'y fait ; pas moyen de me détendre un tant soit peu. C'est le voyant rouge du téléphone qui clignote, qui soudain attire mon œil. Alors d'un bond je me redresse et appuie sur la touche du répondeur. L'appareil se met à ronronner, puis une voix jeune, masculine, m'entre dans l'oreille :

« Bonjour. Je suis Dominique, une connaissance de Paul. Il m'a dit que vous pourriez éventuellement être disponible en soirée. Comme je passe sur votre secteur pour une nuit, peut-être aurais-je l'honneur de vous rencontrer ? Si c'est possible, pourriez-vous me rappeler au numéro suivant ? Merci. »

S'ensuivent dix chiffres que je note sur le bloc placé à côté de l'appareil. J'hésite entre me recoucher et faire l'autruche, ou recomposer le numéro. Finalement, après quelques instants passés à tergiverser, je saisis le combiné. La première sonnerie me surprend alors que j'ai à peine terminé de faire le dernier chiffre. À la seconde, la voix résonne dans le bigophone :

— Allô ! Allô ! Bonjour ; à qui ai-je l'honneur ?
— Bonjour, je suis Maryse. Vous m'avez appelée de la part de Paul.
— Ah oui. Vous avez un timbre de voix agréable. Je déduis de votre appel que vous êtes disponible ce soir.
— Oui : un peu de compagnie ne me fera pas de mal non plus. À quelle heure pourriez-vous vous libérer ? Si vous pouvez, bien sûr.
— Cela ne me pose pas de problème. Dites-moi votre heure et je suis à vous.
— Vingt heures vous conviendraient ?
— C'est parfait, j'en suis heureux. Si vous voulez bien me donner votre adresse…
— Oui. Vous avez de quoi noter ?

Je dicte à mon interlocuteur l'adresse de ma maison et je raccroche avec un soupir. J'ai pas vraiment envie de cette visite, mais bon ; si on ne faisait que ce que l'on veut dans la vie… bien peu de choses seraient accomplies. Je jette un coup d'œil sur ma pendule, et finalement je me dis que le seul endroit où je me sentirai à l'aise, c'est encore ma salle de bain. Je me défringue rapidement, puis la cabine et son eau tiède m'accueillent avec un réel plaisir. Je passe mes mains sur ce ventre qui, malgré les années, est d'une platitude exagérée. Ne pas avoir eu d'enfant a sûrement contribué à ce que ce dernier reste aussi ferme également. Une boule de nylon mauve reçoit une généreuse rasade d'un gel odorant, et mes doigts maintenant promènent la chiffonnade sur l'ensemble de mon corps.

C'est d'une douceur qui me paraît du meilleur effet. Je me laisse bercer autant par les attouchements du gant improvisé que par la musique du jet qui crache sur mes épaules son liquide incolore et bénéfique. J'ai toujours aimé ces séances où le temps n'a plus de prise sur moi. Je resterais des heures durant sous l'eau qui m'inonde de la tête aux pieds, puis je savonne cette chevelure brune qui me donne l'air d'une lionne. Vient ensuite le cérémonial du séchage. Frictions et massages avec l'éponge à la texture agréable, encore un bon moment où j'oublie tout. L'heure me rattrape cependant et il me faut finir cette remise en forme par un savant maquillage : pas question de ne pas faire honneur à mon visiteur.

Je passe dans mon salon, après une dernière vérification qui m'indique par le biais du miroir que je suis exactement comme je le désire. Je contrôle les alcools, prépare de la glace et ouvre un paquet de biscuits salés. Voilà, tout est prêt pour vous, monsieur Dominique l'inconnu. Cette soirée est en votre honneur. Je savoure un instant de répit mais la sonnette me tire de cet engourdissement passager. Ah ! Que voici un homme très, trop en avance. Mais c'est sans importance : ça va sans doute m'éviter de m'endormir. Mais il est pressé parce qu'il sonne une seconde fois, d'un coup c'est vrai, plus bref que le précédent. Alors je traverse le salon et ouvre la porte.

— Maryse, comment vas-tu, ma belle ? Surprise ?
— Adeline… un peu, oui ; j'attends justement une visite. Mais bon, entre ; j'ai encore un peu de temps pour toi.
— Marcel m'a parlé de ton passage et de ta mauvaise mine.
— Tu vois, je vais mieux et…
— Bon sang, tu sors ? Quelle classe ! Mon Dieu, et moi qui pensais te faire plaisir… Je n'insiste pas si je te dérange.
— Mais non ! J'aurai toujours quelques minutes pour une amie telle que toi. Tu es la bienvenue.
— Merci. Tu sais, il m'a fait aussi une scène bizarre. Il n'a pas vraiment crié, mais il m'a tenu des propos dont je ne suis pas certaine d'avoir bien cru la teneur.
— Ah ! Raconte-moi donc cela.
— Une question d'abord, juste pour confirmation… ton job, c'est quoi exactement ?
— S'il te l'a dit, quelle autre réponse attends-tu ? Je suis une pute ; une pute de luxe, c'est vrai, mais une pute quand même. Voilà. Satisfaite ?
— Ça a le mérite d'être plus clair en moi. Et bien sûr, il aurait aimé que…
— Oui, que tu participes ; mais je n'ai pas voulu donner mon accord. Cette décision, elle ne peut que t'appartenir.
— Tu rencontres un… mec, un client ce soir ?
— Oui ; ça te gêne à ce point ? Tu sais, je ne fais que ce que nous avons fait avec Paul, toi et moi. La seule différence, c'est que quelques billets vont changer de poche. Sinon, les faits sont les mêmes.
— C'est un point de vue qui se défend. Tu as parlé à Marcel de Paul ?
— Pour qui me prends-tu ? Salope peut-être, mais langue de vipère et balance, jamais.
— Ouf ! Pendant quelques minutes, à mon retour, j'ai cru qu'il était au courant. Mais il n'a jamais prononcé le prénom de notre ami ; alors je me suis tue également. Bon, alors je te laisse et je reviens un autre soir pour discuter fermement de ce que tu appelles « mon accord ».
— À ton aise ! Mais je ne te chasse pas : tu peux aussi rester avec… nous… si le cœur t'en dit.
— Et je devrai faire quoi exactement ?
— Mais ce que tu voudras ; regarder, participer : ce sera selon ton envie, ton humeur, sauf si Marcel t'attend ; et là, il n'y a toujours que toi pour répondre à cette question.
— Bon. Mais il est comment, ton type ?
— Je suis comme toi : je n'en sais rien. Le contact ne s'est fait qu'au téléphone, pour le moment.
— Et tu n'as pas la trouille ? Je crèverais de peur, moi !
— Quand nous sommes parties l'autre soir avec Paul, il n'y avait pas de risques, à ton avis ?
— Ben… je n'avais pas réfléchi à ce genre de possibilité.
— Tu veux prévenir Marcel que tu restes ou l'avertir que tu rentres chez toi ?
— C'est bon ; je vais passer la soirée avec vous et il aura la surprise demain, quand je lui relaterai notre nuit.
— Alors, tu prends un verre ? Il reste dix minutes avant l'arrivée de ce Dominique ; mets-les à profit pour savoir sur quel pied danser.
— Un Martini ; et avec de la glace, de préférence. Pour la couleur, je m'en fiche ! Ce que tu as sous la main.
— Madame est servie. Ton « dry » est rouge.

Nous rions comme deux collégiennes. Je retrouve un peu de tendresse pour cette grande et belle femme d'un blond presque trop parfait. On papote, on discute, et le temps n'a plus de prise sur nous. Mais le carillon nous rappelle à son bon souvenir. Vingt heures : l'exactitude personnifiée, cet homme-là ! Je file vers l'huis, et quand je l'entrebâille je trouve mon client, hilare et désinvolte. À ceci près que ce que j'ai devant moi n'est pas un client, mais une cliente. Le petit mouvement de recul que je fais ne lui a pas échappé.

— Pardonnez-moi ; je suis bien Dominique. Je peux entrer ? J'aurais dû vous expliquer… mais nous n'avons pas vraiment eu le temps de bavarder. Alors, veuillez me pardonner pour l'ambigüité de…
— Non, seulement un peu surprise, mais j'ai aussi quelque chose à vous avouer ; nous serons quittes ensuite.
— Bien. Alors je vous écoute.
— Une de mes amies aimerait se joindre à nous. Y voyez-vous un inconvénient majeur ?
— Pas du tout, bien au contraire. Mais ne va-t-elle pas elle aussi se trouver surprise de me voir ?
— Je pense qu'elle aime les femmes autant que les hommes. Inutile de préciser qu'elle ne serait pas mon amie si tel n'était pas le cas. Ne restons pas dans l'entrée, passez au salon ; vous y trouverez donc Adeline.

La jolie rousse qui avance est chaussée d'une paire de talons aiguille d'une hauteur vertigineuse. Mais cependant ses longues jambes fines sont idéalement galbées. Elle traverse les quelques mètres qui mènent à mon salon en balançant une paire de fesses du plus bel effet. Moulées dans une jupe ultra courte, je les devine fermes et rebondies sur l'arrière, un peu à la manière de ces culs de belles Noires. La veste assortie qui couronne l'ensemble qu'elle porte lui va à ravir. Un régal pour les yeux. Féline, elle se faufile dans le corridor et disparaît, comme happée par l'ouverture du salon. Sa voix me parvient, presque étouffée, alors qu'elle s'entretient avec Adeline. Je range le manteau de la belle qui vient d'arriver chez moi avant de rejoindre les deux pies dont j'entends les murmures.

J'admire le décolleté de la dame qui s'est posée du bout des fesses sur l'accoudoir du canapé. Elle a des jambes magnifiques. Une voix troublante à la Garou donne une étrange masculinité à cette jolie plante. Son chemisier tendu laisse présager deux seins à faire pâlir Adeline elle-même, alors que de ce côté, sans mentir, la Nature l'a largement pourvue. Je sens bien que, du reste, mon amie est attirée par cette inconnue qui mène le dialogue comme si elles se connaissaient depuis toujours. Elles se taisent à mon approche, et j'ai cette impression désagréable de soudain être de trop.

— Ne vous gênez pas pour moi. Vous avez fait connaissance, j'en suis heureuse.
— Votre amie Adeline est une perle, ma chère Maryse. Vraiment, je suis ravie de vous rencontrer toutes les deux. C'est à vous que je remets ceci ?

La femme me tend une enveloppe. À son épaisseur, je sais que je n'ai pas besoin de compter. Le rectangle blanc atterrit délicatement sur la petite table basse entre les fauteuils et le sofa.

— Merci. Vous voulez que nous débutions notre jeu maintenant ?
— Je crois qu'Adeline est moi avons déjà débuté, mais à trois il ne devrait en être que plus intéressant. J'ajouterai quelques…
— C'est bon, nous verrons. Comment voyez-vous la suite ?
— J'adorerais que vous et votre amie dansiez pour moi. Vous pouvez me faire ce plaisir ?
— C'est vous qui payez ; alors… le roi c'est… vous !
— Oh, s'il vous plaît… ne parlons pas d'argent ; j'aimerais tellement que cela se passe en douceur et entre gens de bonne compagnie. J'oserais presque dire entre amies.
— Mais les amies de nos amis ne sont-elles pas déjà nos amies ? Je mets un peu de musique et nous dansons… pour vous, mais tellement pour nous également.

La platine diffuse maintenant une musique douce, quelques slows langoureux ; Adeline et moi sommes enlacées sur la piste improvisée. Je sens contre mes seins les doudounes de cette belle qui se laisse guider, qui tourne au rythme des notes. Elle cale sa tête au creux de mon épaule et se laisse bercer par les accords qui nous enivrent. Je vois la jeune femme sur le canapé sourire au spectacle de nos corps serrés l'un contre l'autre. Elle a un air heureux. Sa minijupe rouge est remontée sur ses genoux et elle ne fait rien pour la redescendre. L'espace d'un instant, à chaque tour je peux – mais sans doute qu'Adeline aussi – apercevoir une culotte blanche tout en haut de ces longues cuisses gainées de noir.

Plusieurs danses nous entraînent dans une ronde tendre, et mes lèvres comme par hasard se posent sur la nuque de ma cavalière. Elle rejette la tête en arrière pour offrir plus de prise à ce baiser. Je l'entends glousser, et mes yeux se ferment alors que d'autres mains viennent enserrer le corps d'Adeline pour se refermer sur mes épaules. Notre chorégraphie se fait à trois ; la blonde est au milieu de nos deux corps. Deux bouches se penchent en même temps sur ce cou gracile qui se laisse faire. Elles sont si proches l'une de l'autre qu'une frange de cheveux roux de notre invitée se mêle aux mèches brunes des miens, emportant quelques-unes de celles d'Adeline. Puis, suivant une courbe musicale aux inflexions affectueuses, je me penche plus encore et mon souffle en rencontre un autre, tout aussi chaud.

Maintenant, ce sont deux gloss d'un rouge tellement différents qui se mélangent alors qu'un bout de langue malicieux s'évertue à longer les miennes touts en restant collé à la nuque de notre amie. Adeline glousse et se cabre. Sa peau est douce comme un pétale de fleur. Mais les lèvres de la rousse pourchassent ma bouche, elles la cherchent, suivant une trace invisible. Implacablement, elles reviennent à la charge, traversant les espaces dénudés de ce défilé aux saveurs épicées. Les mains ne sont pas non plus restées inactives, s'employant à caresser mon épaule pour l'une, et perdue sur le corps de la femme qu'elle garde prisonnière pour la seconde. Finalement, à force de suivre la piste, la bouche retrouve la mienne.

Nos jambes qui jusque là tentaient de suivre le tempo musical n'arrivent plus à s'accommoder des accords parfaits, elles ne sont plus synchronisées sur la musique. Nous nous emmêlons joyeusement dans un méli-mélo qui nous fait rire aux éclats. Alors nous nous écartons l'une de l'autre, et chacune de nous tenant l'épaule de sa voisine, nous tournons en rond en fredonnant l'air de la chanson. À la fin de la danse, nos trois têtes se trouvent l'une contre l'autre dans un étrange triangle. C'est Adeline la première qui roule une pelle à Dominique alors que je les serre toutes les deux sur les côtés de ma poitrine. Je vois en gros plan ces deux langues qui s'enroulent dans un baiser lascif, je suis ces bouches qui se mangent avec gourmandise, qui se soudent, ne se libérant que de courts instants, et seulement pour reprendre un peu d'air.

Les bras qui entouraient mes épaules sont partis. Les deux filles ont oublié jusqu'à ma présence, prises par la violence de ce baiser passionné. Mais je réclame une part du gâteau. Je me faufile derrière la rousse qui maintient contre elle ma blonde amie. J'appuie, pour lui rappeler que je suis aussi de la fête, mon ventre sur ses fesses rebondies. Elle les tortille immédiatement pendant qu'un autre slow débute par des sons magiques. Une autre danse, étrange celle-là, commence alors que nos corps, eux, s'échauffent. Le tapis sur lequel nos pieds tentent de se mettre au diapason de la mélodie – sans succès, je l'avoue – nos pieds se touchent, se montent parfois dessus, et l'une ou l'autre pousse un petit gémissement bizarre.

Une de mes mains, fébrile, s'est lancée dans la délicate opération de l'ouverture du zip qui ferme la jupe rouge de Dominique. Compliqué de trouver celui-ci, et plus encore de faire glisser vers le bas cette fermeture qui n'a d'Éclair que le nom. Quand c'est fait – et il faut un temps certain pour réaliser le tour de force d'ouvrir le maintien de cette fichue jupe – le micro-vêtement glisse le long des jambes de mon invitée. Ses bas, attachés à un vrai porte-jarretelles, me donnent un coup au cœur. Les visages des deux danseuses ne se quittent plus. Elles vivent leurs baisers, les enchaînent en continuant de tourner, heureuses d'être ensemble. Un simple pas en arrière et les formes de l'une laissent la place à celles d'Adeline. Je répète donc la même phase de jeu avec la femme blonde, et sa jupe aussi s'enfuit sur le tapis.

Un bien beau spectacle que ces deux femmes qui dansent en bas sur la piste de mon salon. Leurs corps n'en forment pratiquement plus qu'un seul. Leurs chevelures se mélangent, leurs doigts se cherchent, et je suis pratiquement une étrangère à ce ballet nocturne. Je me coule sur un fauteuil et observe sans bruit ce manège féminin. J'admire les mains qui remontent sur les épaules, tiennent le cou de Dominique, cramponnant la tête de peur sans doute que les bouches se séparent. Elles sont belles, ces danseuses folles qui me donnent envie. Mais elles aussi se mettent en appétit par des baisers brûlants, par ces palots de rêve. Comme la musique change, Adeline se redresse, m'aperçoit sur le siège et soudain se sent coupable… de je ne sais quoi.

— Eh bien ! Tu es toute seule comme une malheureuse… J'ai soif ! Pas toi, Dominique ? On boirait bien un coup.
— Sers-nous donc ! Adeline, tout est sur la desserte, là. La glace, dans la cuisine, au réfrigérateur.
— Ce sera pour ces dames ?
— Une vodka-orange pour moi.
— Oui, tiens, la même chose que Maryse pour moi, s'il te plaît Adeline.

Silencieuse, souple, elle coule vers le frigo et nous entendons tinter les glaçons qui tombent dans les verres. Je regarde la jolie frimousse de la rousse alors qu'elle a replié ses jambes sous ses fesses.

— Tu aimes ça ?
— Quoi donc ?
— Les porte-jarretelles. Moi, j'ai du mal à les supporter ; je préfère les Dim-Up.
— Je n'en porte pas souvent, seulement quand je sors dans des soirées… chaudes. Je ne me sens pas très à l'aise avec les élastiques des bas d'aujourd'hui.
— Alors les filles, on parle chiffons ?
— Non. Enfin, oui… Maryse m'entraîne sur mes sujets de prédilection : les vêtements de femme.
— Ah ! Alors là, vous avez une complice : j'en suis aussi, si vous voulez de moi.
— Hum… Toi, tu vas devenir mon plat préféré. Je vais te goûter à toutes les sauces !

Plus j'écoute la voix de cette Dominique, plus je suis perplexe. Elle ne va pas avec ce physique tellement féminin. Elle ne quitte pas du regard Adeline : celle-ci semble bien lui avoir tapé dans l'œil. La blonde n'est pas en reste. Elle se coule contre la rousse sur le canapé, dans une pose qui en dit long sur la suite des événements. Je ne vais pas m'en plaindre, si elle fait le travail à ma place. C'est elle qui cherche même en revenant embrasser sur la bouche Dominique, qui ne résiste pas du tout. Je vois, avec un sourire, ces étranges caresses qui recommencent. Voyeuse attentive de ce bouquet changeant, c'est assez plaisant de regarder ces deux femelles qui se bécotent.

Les mains de mon amie sont sur la poitrine qu'elles dénudent, et une paire de seins affolants sort d'un soutien-gorge non moins sexy. Rapidement, elles sont les deux torse-nu, et leurs visages à tour de rôle se dirigent vers ces collines proéminentes. Je suis des yeux également la main de la blonde qui descend vers la culotte. Elle marque un temps d'arrêt sur le cratère ourlé du nombril pour finir par le délaisser au profit de la fourche encore hermétique de la rousse. Adeline continue à faire glisser le triangle de nylon, mais son geste se coupe net dans son élan. Elle arrache sa bouche du sein qu'elle tétait, se recule avec une sorte de cri, comme si elle venait de se faire piquer par on ne sait quelle bestiole.

— Mais… mais… comment est-ce possible ?
— Ben, je croyais que vous aviez deviné, toutes les deux…
— Regarde, Maryse… Tu savais ? Et tu ne m'as rien dit ?
— Je devais savoir quoi ? Bon sang, que vous arrive-t-il ? Bon, alors, qu'est ce qu'il y a ? Vous allez me le dire à la fin ?

D'où je me tiens, je ne vois rien de suspect. Dominique se lève lentement. Alors là, et seulement à ce moment-là, j'aperçois ce qui vient de faire pousser un tel cri à Adeline : la culotte féminine descendue sur les cuisses, je vois s'élancer vers le nombril de la rousse une verge impressionnante. Si les seins sont de toute beauté, la bite qu'arbore notre invitée est tout aussi… stupéfiante. Je saisis pourquoi sa voix ne convenait pas à ce physique de poupée. Dominique est un homme, et du coup, ce sont ses seins qui sont… qui apparaissent comme des intrus dans la scène que j'ai devant moi. C'est la première fois que visiblement Adeline rencontre ce mélange des deux sexes. Mais j'avoue que pour moi, il s'agit également d'un baptême.

Revenue de sa surprise, mon amie reprend le flambeau – enfin, le dard – entre ses doigts.

— Elle est quand même drôlement grosse… Merde, je ne crois pas en avoir déjà vue une de cette taille !

La messe est dite, et son air gourmand me permet de déduire que cette queue ne changera rien à nos plans. Elles – mais peut-être devrais-je dire « il et elle » – ont repris leurs baisers. Finalement, je souris de cet intermède qui me ravit. Faire l'amour avec deux femmes ne me rendait pas plus que cela folle de joie. Avec ce genre d'homme, le jeu devient… agréablement séduisant. Comme elles continuent à se fourrer leur langue dans la bouche, je reprends mes observations. D'une main agile, Adeline branle lentement la tige dont elle a bien du mal à faire le tour avec les doigts. Mais ce n'est pas cette circonférence qui m'interpelle : c'est plutôt la longueur du cylindre. Elle doit bien mesurer plus de vingt centimètres. Hum, elle me donne faim à moi aussi…

La tête blonde s'est laissé descendre le long de la poitrine exubérante de ma cliente. Elle est allée vers le pistil qui reste d'une rigidité ahurissante. Agenouillée maintenant devant le sofa, je sais qu'elle va prendre en bouche ce mât que sa main secoue toujours.

— Viens ! Maryse, ne reste donc pas à l'écart. Ne me dis pas que de savoir que je suis un mec te fait peur.
— Pas du tout, mais j'apprécie la vision de ma copine Adeline qui va te sucer. Je dois dire que j'aime voir cela. C'est terriblement excitant, finalement, je m'en rends compte, là. Vous êtes beaux, tous les deux.
— Sans doute ! Mais approche : je veux que tu sois aussi de la fête.

Je fais les trois pas qui me séparent de ces deux corps enlacés. Comme pour exprimer la continuité du discours de Dominique, Adeline m'attrape par le poignet, m'attire vers elles deux. La manière de me tirer par le bras tout en délicatesse m'oblige à me courber, et je suis immédiatement entraînée dans le bain. Un tourbillon de vertige, mélange d'envies et de désir, me noue les tripes. J'ai soudain le ventre qui se gonfle d'impatience ; je veux, moi aussi, toucher, sentir la chair tendue qui palpite. Mon visage se rapproche de la tête d'Adeline ; toutes deux, nous débutons une fellation double. Je commence par lécher la hampe de bas en haut, et quand ma langue touche les lèvres de la blonde, elle repart en sens inverse.

À un certain moment, nous nous retrouvons elle et moi juste sur le gland, et nous nous roulons une pelle avec cette énorme perle à partager. Dominique a posé ses mains sur nos têtes, caressant nos cheveux, semblant vouloir faire durer l'étrange embrassade double. La frénésie qui nous secoue n'a pas de fin. Folle, je pense le devenir, rien que de sentir ce velours sous ma langue perturbée par la salive de mon amie. Un petit bonheur bien agréable ; et quand pour la première fois j'enfourne le gland que me laisse pour un instant Adeline, je ne peux pas le faire entrer de la moitié de sa longueur dans ma gorge. Son propriétaire s'est maintenant couché sur le dos.

Alors la musique, qui sur la platine continue d'emplir la pièce, me donne un coup de chaud. Je me déplace légèrement, m'écarte des corps, simplement pour me dévêtir. Elle-Il me sourit. Et alors que nue totalement je reviens au corps-à-corps, je me laisse porter par mon envie. Mes pieds de part et d'autre du visage de mon hôte, je me laisse fléchir sur mes jambes. Ma chatte vient au contact de ce visage et je m'accroche aux merveilleux nichons qui pointent de toute leur forme. C'est la langue de Dominique qui prend place entre mes cuisses, qui me chatouille au début et finit pas ouvrir ma fente. Je redeviens une salope en attente de sexe, une pute qui veut donner autant qu'elle reçoit.

Adeline n'a fait qu'avancer un peu son ventre. Elle enfourche celui sous elle et s'empale littéralement sur le pieu qui s'engouffre en elle. Elle souffle fortement, grimace de sentir ce truc énorme écarter ses chairs. L'engin a bien de la peine à pénétrer totalement entre les lèvres serrées de la blonde. Ensuite elle adopte des mouvements cadencés, montants et descendants, cavalière émérite qui surprend sa monture. Dominique ne peut plus bouger. Mon poids sur le visage et celui de mon amie sur son ventre, il lui reste ses mains de libres. C'est avec l'une d'elles qu'il entrouvre mes fesses et me plante un doigt dans l'anus. Une langue en rut et un majeur en action, je me sens fondre… possédée totalement par le sujet.

C'est Adeline qui me redresse, se colle à moi, cherche ma bouche, m'embrasse comme si c'était le seul moyen de calmer ses soupirs. Elle persiste à se dandiner sur la bite qui rentre malgré sa longueur jusqu'aux couilles et ressort pratiquement toute à chaque fois. Mais il lui arrive d'avoir un sursaut et de me mordre la langue, sans doute sous la douleur de cette queue qui lui arrache le ventre. L'autre homme-femme sous elle geint de belle façon, et je sens ce doigt qui dans sa cible tressaute et racle les parois. Rien n'arrête ce feu qui m'engloutit, rien ne prévient non plus ma jouissance. Alors j'éclate dans la bouche du mignon. Et cette ondée doit être communicative puisqu'Adeline tremble de partout, et la tête projetée en arrière, elle râle des mots sans suite.

Elle se pousse sur le côté pendant que Dominique, le sexe toujours tendu, me roule sur le côté. Il s'extirpe d'entre mes cuisses, se redresse à demi et m'appuie sur la tête, me forçant sans violence à me mettre dans une position plus adaptée à ce qu'il désire de suite. Je me retrouve à genoux, la raie des fesses trempée de mes propres sécrétions. Je ne comprends le but de l'opération que lorsque la tige raide bute contre mon œillet délaissé par le doigt. Le gland se presse avec fermeté contre la porte sombre et il pousse tranquillement. Je mords la moquette, mes ongles griffent les longs poils de celle-ci et mon amie me tient la tête.

— Oh oui, vas-y, encule-la ! Elle est belle quand elle est prise. Mets-lui ta belle bite dans les fesses. Ramone-la ; j'ai envie de la voir bouger son joli cul. Je veux en prendre plein la vue ; je pourrai, ma belle, raconter demain des choses à mon Marcel. Il en bandera sans doute pour les trois mois qu'il sera absent. Je lui dirai combien j'ai aimé être baisée par un homme-femme. Mais je lui narrerai aussi comment tu t'es fait sodomiser.
—… Je ne comprends rien à toutes vos…
— Pas grave : ce n'est pas à toi que je parle. Continue, encule-la, mieux que ça ! Fais rentrer ton énorme bite dans le cul de cette salope. Ah ! Tu sens cela ? Tu imagines ce truc qui te rentre dans… C'est beau, ce que tu prends dans le cul, ma douce Maryse. J'aime ça ! Tiens, donne-moi ta main… Là ! Laisse-toi aller ; pendant qu'il te bourre le fion, caresse-moi la chatte. Tu vois comme je suis trempée ?
— Ah… ah, ah… c'est trop bon…

C'est à mon tour de hurler, de crier à pleins poumons ; mes doigts trempent dans la soupe tiède de la foufoune de la blonde, mais je n'ai guère le loisir de les faire jouer avec ce bénitier ruisselant. Les coups de reins sont si nombreux, si rythmés que je ne peux plus gérer mes propres sensations. Je subis totalement ce joug de mon amant ; il me pistonne si bien que je me perds dans un labyrinthe fait de couleurs, de tons qui me donnent le vertige. Et soudain, à nouveau cette lave qui monte de mes entrailles. Alors que je hurle, ma tête ballotant à droite et à gauche, je ne peux plus que laisser gicler de ma chatte une sorte de jet qui me fiche la trouille.

— Bravo ! Regarde-moi ça : cette cochonne… elle se vide sur sa moquette ! Tu la limes bien ! Continue, Dominique. Baise-la encore, encore et encore. Peu importe l'endroit, vas-y : elle adore le cul, et moi je suis heureuse pour elle.

L'homme aux seins de femme se retire brutalement de l'étroit fourreau, et j'ai comme un immense vide, une énorme envie… de pleurer aussi. Et curieusement, la seule image qui me monte à l'esprit, c'est celle de… celle des yeux d'Alain, juste après le tribunal. Une longue traînée de foutre jaillit de la queue encore tendue. Elle m'inonde le dos. Quelques larmes de cette giclée atteignent le visage de mon amie, toujours aussi excitée, qui rit aux anges et passe ses doigts sur ma colonne vertébrale pour y cueillir quelques gouttes. Elle passe ce qu'elle a récupéré sur ses lèvres, s'en délecte de la pointe d'une langue gourmande. Puis elle recommence le cycle, mais cette fois elle dirige sa main vers ma bouche. Et je lèche les doigts remplis de ce foutre d'homme-femme.

Alors que tous trois nous sommes allongés sans bouger, nos souffles reprennent un rythme normal, très lentement.

— Wouah ! Vous avez été bonnes, toutes les deux. Quel pied, mes amies ! Je ne regrette pas la visite. Paul peut se vanter de connaître les deux meilleures salopes de la ville.
— Contente alors que ça t'ait plu à ce point. Mais elle est un peu grosse pour moi, ta… bistouquette. Une fois, ça passe, mais je ne crois pas que je m'y habituerai vraiment.
— Tu comprends pourquoi je n'ai pas de femme ? J'ai recours à des filles vénales pour les deux plaisirs que vous venez de m'offrir. Merci à toutes les deux, vraiment merci, du fond du cœur.
— Et toi, Adeline, te voici devenue comme moi… une pute. Quel effet ça te fait ?
— Je crois que je vais y prendre goût. Nous pourrons recommencer ? Tu seras mon guide.
— Sûrement pas. Je crois que l'argent de mon mari va me permettre de faire autre chose ; je garderai le cul pour le plaisir, mais plus pour gagner du fric.
— Non, ne me dis pas cela le jour où je découvre… On en reparlera demain. Tu veux bien ne pas prendre une décision trop hâtive ? J'ai besoin de toi. Oh, ma belle, je crois que j'ai trouvé ma voie…
— Bon, les filles, je ne veux pas vous paraître trop… mais je dois vous quitter. C'était divin. Tu veux bien venir une seconde avec moi, Adeline ?

Il se rhabille rapidement et sort de sa poche une liasse de billets qu'il tend à mon amie. Elle s'en saisit, tourne la tête vers moi et, constatant que je ne dis rien, elle sourit et l'embrasse sur les lèvres.

— Tu es un amour ! Merci, Dominique.
— De rien, ma belle : toute peine mérite salaire.
— Ben, comme peine… il y a pire, je crois.

Sur ces paroles déconcertantes, la rousse redevenue une femme quitte ma maison. Adeline revient vers moi, toujours aussi nue qu'une Ève au premier jour, et attrape nos deux verres.

— Je les remplis ? Les deux ! Même punition que tout à l'heure ?
— Si tu veux…

Quand elle est de retour près de moi, je suis toujours allongée sur le ventre, le nez dans la moquette. Elle passe le cul du gobelet sur mon dos. C'est frais, c'est agréable. J'en ai la chair de poule.

— Franchement, ça m'ennuierait que tu arrêtes ce genre de sport. C'était fabuleux, ce truc qui entrait et sortait de toi. Je ne sais pas ce que va en penser Marcel ; mais moi, je crois que je vais persister. Je pense aussi que, comme toi, je vais prendre un appartement, et il va devoir se chercher une autre confidente. Disons que depuis un moment, l'idée de vivre seule me trotte dans la tête…
— Ah bon ? Il va penser que c'est ma faute !
— Parce que cela t'importe ce qu'il peut penser ? Moi, pas le moins du monde.
— Alors, si tu veux, tu peux venir t'installer ici : il y a bien assez de chambres, et je me sentirai moins seule.
— D'accord : vendu ! À partir de demain, je vis avec toi.
— Attention ! Je ne serai jamais une vraie lesbienne.
— Rassure-toi ; moi non plus : j'aime trop la bite pour ça.
— C'est bien, comme cela ; je crois que nous sommes sur la même longueur d'onde. Viens ; une douche, et au lit !
— Parfait. En route pour autre chose, pour de grandes choses…